Poutine Photo-Credits Platon CC
Françoise Thom

La paralysie de la volonté

Sous Poutine s’est achevé le processus de fusion du pouvoir avec la criminalité organisée. La dynamique expansionniste s’est intensifiée en se dotant du camouflage d’un messianisme idéologique. La Russie n’est un État qu’en apparence. En réalité, c’est un agrégat de bandes criminelles gravitant autour d’un parrain tout puissant. Cette structure mafieuse du pouvoir russe s’est mariée sans peine avec la pratique impériale : pour Poutine, l’essentiel est le contrôle des élites des pays cibles, comme un parrain — le capo di tutti capi — surveille ses lieutenants. De là son obsession des « révolutions de couleur », qui lui font perdre la face en détrônant ses satrapes. Considérer le régime de Poutine comme « nationaliste » c’est faire un contresens majeur. […]

Général Carl Gustaf Emil Mannerheim
Françoise Thom

Where is the Will of the West?

Under Putin, the process of merging power with organized crime was completed. At the same time, the pace of expansionist dynamics has accelerated, under the camouflage of an ideological messianism. Russia is a state in appearance only. In reality, it is an aggregate of criminal gangs revolving around an all-powerful godfather. This mafia-like structure of Russian power has merged organically with imperial practice: for Putin, the main thing is to control the elites of target countries, just as a godfather, the capo di tutti capi, supervises his henchmen. Hence his obsession with “color revolutions”, which make him lose face by dethroning his satraps. To regard Putin’s regime as “nationalist” is to seriously misread the situation. […]

« China, Russia, North Korea, Iran & Hamas Epo © Cartoon
Françoise Thom

Why Putin Chooses Chaos

Françoise Thom’s latest analysis on DeskRussie was well received, as was « The second front: how Russia wants to undermine Western support for Ukraine ». Who benefits from the crime? Who benefits from the destabilisation of today’s world, if not Vladimir Putin and his supporters: China, Iran, North Korea, not forgetting Hamas, who want to establish a new world order? The Valdaï speech illustrates this desire to « destroy the international order to replace it with chaos » in order to « indulge in unrestrained depredations », as Françoise Thom puts it. Russia’s support for Hamas displayed by Putin and his propagandists is the latest illustration… As President Biden reminded us, in Ukraine as in Gaza, Putin is in charge. Putin’s speech at Valdaï deserves to be better known ! It has an air of déjà vu about it… […]

Timbre à l'effigie d'Andreï Jdanov
Françoise Thom

Pourquoi Poutine choisit le chaos

La dernière analyse de Françoise Thom diffusée sur DeskRussie a connu un certain retentissement, tout comme « le deuxième front : comment la Russie veut saper le soutien occidental à l’Ukraine ». A qui profite le crime ? A qui profite une déstabilisation du monde actuel sinon à Vladimir Poutine et à ses soutiens: la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, sans oublier le Hamas pour instaurer un nouvel ordre mondial ? Le discours de Valdaï illustre cette volonté de « détruire l’ordre international pour instaurer à sa place le chaos » afin de « se livrer sans contrainte à des déprédations » comme le dit Françoise Thom. Le soutien de la Russie au Hamas affiché par Poutine et ses propagandistes en est la dernière illustration… Comme la rappelé le président Biden, en Ukraine comme à Gaza, Poutine est à la manœuvre. […]

Ivan le terrible et Nicolas II
Françoise Thom

Le vortex d’autodestruction dans l’histoire russe : d’Ivan le Terrible à Poutine

La frénésie de destruction et d’autodestruction qui s’est emparée du régime poutinien à partir de 2012 est un phénomène mystérieux, même à l’aune du comportement des dictatures. Mais lorsqu’on se penche sur l’histoire russe, on s’aperçoit que ces accès de furie dévastatrice sont récurrents et semblent régis par un scénario immuable qui traverse les siècles. Le régime de Poutine se reconnaît volontiers dans celui d’Ivan le Terrible, ce qui transparaît dans les tentatives de l’historiographie officielle russe de réhabiliter ce tsar, reprenant la voie tracée par l’historiographie stalinienne. Ivan le Terrible a été noirci à tort par les témoins étrangers, nous dit-on, alors que ses mérites sont immenses. […]

2023-0517_Patrick Chappatte_Ukraine
Françoise Thom

Le deuxième front : comment la Russie veut saper le soutien occidental à l’Ukraine

« La guerre d’attrition menée par Moscou est un Katyń au ralenti, poursuivant le même but que l’exécution des officiers polonais au printemps 1940 : détruire les cadres de la Pologne (aujourd’hui de l’Ukraine) indépendante ». La Russie n’a nullement renoncé à son projet initial d’installer un gouverne-ment pro-russe à Kyïv. Et, pour parvenir à ce résultat, elle mène un travail de sape auprès des Ukrainiens eux-mêmes, mais aussi en infiltrant les cercles de décision occidentaux, à Washington et dans les capitales européennes. Empêcher le soutien occiden-tal à une victoire finale de l’Ukraine et décourager les Ukrainiens de se battre jusqu’à la victoire, tels sont les objectifs russes qu’analyse et dénonce Françoise Thom. […]

Dessin de Patrick Chappatte ©
Françoise Thom

The Second Front

If there is one lesson that the Kremlin’s leaders have learned from what happened after February 24, 2022, it is that without the West and without Ukraine, Russia sinks into insignificance. Once again, we find ourselves faced with American ignorance of Russian diplomatic procedures. Of course, there is the familiar refrain: don’t humiliate Russia. Can you imagine that in April 1945, the Allies’ main concern was to “allow Hitler to save face”, “not to humiliate Germany” ? According to historian Françoise Thom, Russia has not renounced its original plan to install a pro-Russian government in Kyiv. As our eyes are riveted on the battlefield in Ukraine, we tend to forget that Russia continues to wage a parallel war against the West, this one largely invisible, just as in 1941-1945 Stalin was not fighting the Wehrmacht only… […]

Siloviki_Sergei-Ivanov-Nikolai-Patrushev
Françoise Thom

Russia: The End of Consensus

According to French historian Françoise Thom, the image of an almost monolithic Putinist system now turns out to be an illusion. Putin has prevailed because he promises two things: fabulous wealth for those who serve him, and the restoration of Russia as a great power. Today, however, he has wrecked any chance of economic prosperity, and equally damagingly, has exposed Russia’s so-called return to great power status to be a bluff. Many signs indicate the “Putin consensus” is crumbling. There is talk of the emergence of a “Peace Party”. Yet the central issue over which two groups of the Russian elite are split is the policy of a break with Europe: the unconditional Putinists support a “pivot to China” and the “systemic liberals” educated by history, have understood that, without Europe, Russia is doomed to sink into insignificance. […]

Evgueni Prigojine
Françoise Thom

Russie : la fin du consensus

L’apparence encore quasi monolithique du système poutinien ne doit plus faire illusion. Poutine s’était imposé parce qu’il promettait deux choses : un fabuleux enrichissement à tous ceux qui le servaient et la restauration de la Russie comme grande puissance. D’après Françoise Thom, Vladimir Poutine a sabordé la prospérité économique, et pire encore, révélé le bluff de cette soi-disant puissance russe restaurée. Les indices de l’effritement de ce « consensus poutinien » se multiplient. La politique de rupture avec l’Europe se trouve au cœur du clivage entre ces deux groupes qui constituent l’élite : les poutinistes inconditionnels partisans du « pivot vers la Chine » et les « libéraux systémiques » instruits par l’histoire, qui ont compris que, sans l’Europe, la Russie est condamnée à sombrer dans l’insignifiance. […]

Astolphe de Custine_Portrait.jpg
Françoise Thom

Un visionnaire : Adolphe de Custine (Suite)

Comment comprendre la catastrophe qui ronge la société russe depuis plus de deux siècles sans lire ou relire le livre visionnaire d’Astolphe Louis Léonor, marquis de Custine ? De retour en France, le marquis publie « La Russie en 1839 » un témoignage qui avait « fortement énervé le tsar » nous dit Françoise Thom, au moins autant qu’il avait déçu le gouvernement français qui l’avait missionné en Russie pour « s’inspirer du modèle russe ». De Custine, édifié par ses découvertes, en avait tiré une conclusion sans appel : « Cet empire malgré toute son immensité n’est rien qu’une prison dont la clé est entre les mains de l’empereur; un tel État ne vit que de victoires et de conquêtes, et en temps de paix rien ne peut se comparer au malheur de ses sujets » … « Une passion forte et débridée pour la conquête bouillonne dans le cœur du peuple russe.» […]