Peter Navarro — Photo Robert M Golightly Jr. © White House
Quentin Dickinson

Autopsie du chaos

Lors de la présidence Trump I, les esprits éclairés se partageaient en deux camps : ceux qui pensaient, non sans raison, que Donald était plus ou moins déficient dans de trop nombreux domaines et ceux qui penchaient pour un personnage avide, sans scrupules et foncièrement méchant dont la seule motivation était « le fric ». En fait les deux camps avaient raison. Trump II nous montre chaque jour qu’il est capable d’être grossier et malhonnête intellectuellement — il ment presque avec autant d’aplomb que Poutine — mais aussi persévérant pour détruire les structures sur lesquelles s’appuie un État de droit pour mieux faciliter les magouilles en tous genre de ses milliardaires affidés. Un des premiers objectifs de Musk a été de supprimer la commission d’enquête des marchés, l’ISC, une institution financière chargé de surveiller la régularité du marché boursier, pour ne prendre qu’un exemple. Et on a vu le résultat il y a quelques jours avec une opération de délits d’initiés comme on n’en avait jamais vu. […]

Wiiliam McKinley
Quentin Dickinson

Du mauvais usage de l’Histoire

Des nombreux décrets pris par le Président Donald Trump dés son accession à la présidence, il y a un qui a surpris les historiens. Un décret visant à renommer une montagne d’Alaska qui, sous Obama avait retrouvé son nom autochtone de Denali, en mont McKinley du nom de William McKinley, le modèle pour ne pas dire l’inspirateur imaginaire de Donald Trump. Si certains savent que l’ancien représentant de l’Ohio s’est fait connaître au Congrès en faisant voter en 1890 le « McKinley Tariff », des droits de douane moyens de 38 % à près de 50 %. Élu 25e président des États-Unis, chantre déclaré du protec-tionnisme, McKinley fit voter une Loi en 1897 qui allait encore beaucoup plus loin. Le résultat se solda par un désastre économique qui devait entraîner une déroute historique des Républicains aux élections de 1890 ! McKinley avait également lorgné sur le Canada, pendant en faire le 51e État : résultat, le Canada s’est rapproché de la Grande-Bretagne ! Quentin Dickinson revient sur un personnage qui était sur le plan personnel tout le contraire de Donald Trump ! […]

Jeunes migrants africains — Illustration Ia © European-Security
Quentin Dickinson

Destins liés

Traditionnellement fonds de commerce de l’extrême-droite, la méfiance, voire l’hostilité, vis-à-vis de toutes les catégories de migrants s’étend désormais à l’ensemble de la classe politique. On ne fait guère plus la différence entre un voyou en séjour illégal et un réfugié hautement qualifié. Souvenez-vous : du temps de la Guerre froide, l’expression courante qui désignait la ligne de démarcation entre les deux Allemagne, c’était le Mur de la Honte ; or, aujourd’hui, des murs, on en redemande partout. Pour se persua-der de la plus évidente des raisons, aujourd’hui déjà, il suffit de regarder autour de soi : jadis supplétifs de la production industrielle, les immigrés sont devenus des rouages indispensables de l’économie des pays européens ; ils occupent le plus souvent les emplois réputés pénibles ou peu prestigieux que les Euro-péens ne veulent plus occuper. Et cette réalité n’a aucune chance de disparaître, d’autant que la natalité en baisse dans presque tous les pays développés n’est compensée (en partie) que par l’augmentation de la population immigrée, aujourd’hui parvenue à la troisième ou à la quatrième génération, et ayant conservé le choix de fonder des familles nombreuses. […]

Huawei Gate — Photo AI © E-S
Quentin Dickinson

Huaweï-Gate : Le Parlement européen à nouveau discrédité

Ce qu’on appelle le Huawei-Gate, c’est une nouvelle affaire de corruption passive, sans doute à plus grande échelle même que le Qatar-Gate, il y a deux ans et demi, et qui entache un peu plus l’image de marque du Parlement européen. Avec le scandale du Qatar-Gate, comme le suggéréait à l’époque Quentin Dickinson, « l’heure de la tolérance zéro pour le Parlement européen venait de sonner.» La justice belge va devoir, une fois de plus, distinguer les responsables des coupables. Une première certitude, les Institutions européennes sont de nouveau écla-boussées. Pour résumer, le Parquet du Procureur du Roi à Bruxelles assure avoir mis au jour une affaire de corruption active, dont les quinze bénéficiaires seraient des élus actuels ou anciens, et dont les assistants seraient les petites mains. Et tout cela, au profit du géant chinois des télécommunications Huawei, à la recherche de plantureux contrats de déploiement de la 5G dans les pays de l’UE. Les faits auraient débuté en 2021 et se seraient très discrète-ment poursuivis jusqu’à très récemment. L’enquête est menée tambour battant par la justice belge […]

Donald Trump au Groënland — Photo Leonardo AI/E-S
Quentin Dickinson

Main basse sur le continent blanc

Il faut particulièrement se méfier des stratèges auto-proclamés. Se basant sur la théorie du chaos, Donald Trump, à peine élu, décide de « renverser la table », convaincu à la fois de son bon sens, de son génie tactique et d’une expertise incomparable dans le domaine du « deal ». Affirmant que les règles inter-nationales ne servent à rien. sinon à constituer un obstacle au business juteux dont le reste du Monde aurait spolié l’Amérique. Pour les supporters du Make America Great Again, il faut d’urgence rendre à Jules ce qui serait à Jules. « Soit on vous le donne, soit vous le prenez.» Qu’il s’agisse du Panama, du Canada ou du Groënland, en attendant que Donald désigne de nouveaux objectifs stratégiques. Plus c’est simpliste, plus cela marche… Tout changerait donc pour que rien ne change ? Le moment de sidération passé, les partenaires d’hier sont d’abord saisis par le doute. Puis la confusion règne. Rien qui ne fasse plus peur aux marchés ! Wall Street affiche des pertes abyssales américaines, jour après jour. Pendant ce temps, l’Europe se réveille. Bruxelles reconduit ce jour les sanctions contre la Russie, le Canada et le Danemark se rebiffent après les dernières saillies de Trump. De quoi inspirer la chronique européenne de Quentin Dickinson cette semaine. […]

Trump_Zelensky dictateur © Patrick Chappatte
Quentin Dickinson

La grande confusion

« Ne jamais exécuter un ordre. Toujours attendre le contre-ordre, pour éviter le désordre.» Cette maxime chère à Courteline revient à la mode, nécessité faisant loi. Le côté pour le moins versatile de Donald Trump, fait que l’on ne sait plus à quel saint se vouer pour interpréter les déclarations de ce 47e président des États-Unis d’Amérique. Sainte-Rita est débordée. Même les Chinois y perdent leur latin ! « La vérité sort plus facilement de l’erreur que de la confusion », c’est bien connu. Avec Donald, la confusion s’est installée à la Maison-Blanche où Elon Musk, mène le bal, de quoi indisposer les ministres de Trump. Il n’y a pas que le sénateur Claude Malhuret pour voir en ce protégé de Donald un « bouffon sous kétamine ». A Moscou, cette confusion est pain bénie par Saint-Nicolas, Saint patron de la Russie. Des tars à Poutine sans oublier Tolstoï… Les Russes ont su tirer un profit immédiat sur le terrain des concessions unilatérales de Donald Trump à son ami Poutine dont il a repris le narratif ad nauseam. La confusion s’est installée et règne en maître à la Maison-Blanche. La période de sidération passée, le syndrome Trump s’installe dans les esprits. Et les Européens dans tout cela ? […]

Back to Europe _ Statue de la Liberté (IA Photo)
Quentin Dickinson

Désarmant !

Le sommet extraordinaire européen sur les questions de défense et d’aide à l’Ukraine cons-titue un tournant historique. L’Europe entend couper le cordon et assumer son destin. Aban-donnée par les USA pour ne pas dire trahie par Donald Trump et son administration, l’Europe est condamnée à relever le défi. « Pour l’Europe, c’est maintenant ou jamais » comme l’a si bien dit le général Paloméros dans le Figaro. Les vingt-sept ont adopté à l’unanimité hier un plan prévoyant de dépenser 800 milliards d’euros pour leur défense. A Londres le 3 mars, à Bruxelles le 6, les États « unis » sans l’Amérique se cherchaient un leader du Monde Libre pour remplacer Donald Trump qui a tourné la page du lien transatlantique. On se demandait combien de temps il faudrait pour que les Américains se rendent enfin compte du naufrage auquel ils s’exposent. A Wall Street, c’est la chute. Les Échos le mentionnaient lundi déjà, le Monde revient sur le sujet ce jour. Après Tesla, c’est le secteur de l’armement qui est impacté comme le révèle Quentin Dickinson. Comme on dit de ce côté de l’Atlantique, « Bravo l’artiste, plus con que cela, tu meurs » […]

Le-Bureau Ovale transformé en saloon — Photo-©AI-E-S
Quentin Dickinson

Pile je gagne, face tu perds

Le Bureau ovale, censé être un lieu sacré aux États-Unis (pas pour Musk apparemment), est devenu le dernier saloon tendance MAGA où l’on « deale » sous les feux des projecteurs. « Pile, je gagne, Face, tu perds » a remplacé « donne moi ta montre et je te donnerai l’heure »… Ainsi en a décidé le nouveau shérif, entouré de ses adjoints étoilés et de quelques fans méritants. Les journa-listes professionnels (Associated Press) sont aujour-d’hui remplacés par des blogueurs complotistes qui marchent dans la combine. Cette fois-ci, la personne « Most Wanted » était Volodymir Zelensky. Condamné d’avance pour n’avoir pas donné les éléments prouvant que le fils de Joe était impliqué dans des affaires louches en Ukraine. Zelensky était censé céder à vie les richesses du sous-sol de l’Ukraine aux US contre des promesses fumeuses, remercier le shérif et s’excuser avant de démissionner pour laisser la place à quelqu’un de plus souple qui aurait l’oreille de Trump et la langue de Poutine. J.D. Vance, chargé des basses besognes, lancera l’estocade pour relayer un Donald visiblement à court d’argument après son poker-menteur ! […]

Guerres en Europe-Photo BS ©-Ivantsov
Quentin Dickinson

Guerre et Paix en Europe

« Les Européens doivent être lucides » comme le répète inlassablement Emmanuel Macron. A Washington, Républicains et Démocrates, sans l’avouer, partagent la même vision des choses : pour eux, l’Europe n’a qu’à se prendre en mains. Le désengagement américain en Afghanistan aurait du ouvrir les yeux des Européens. La France a préféré rapatrier ses troupes et ses moyens sans attendre une débâcle annoncée, suite au « deal » recherché entre une équipe de Donald Trump, alors président — dans le dos du gouvernement afghan — directement avec les Talibans. La semaine a été longue. Entre les visites d’Emmanuel Macron, de Keir Starmer et de Volodymyr Zelensky à Washington, les Européens et leurs alliés canadien et ukrainien compris devraient se retrouver à Londres pour faire le point et décider. L’heure n’est plus à la parole mais à l’action. aient se retrouver à Londres pour faire le point et décider. L’heure n’est plus à la parole mais à l’action. Comme le dit Quentin Dickinson il est grand temps de bâtir une nouvelle architecture de protection de l’Europe sans plus attendre… […]

A Kiev, 40 pays soutiennent l'Ukraine — Photo © Présidence ukrainienne
Quentin Dickinson

L’Europe au pied du mur

« L’Ukraine fait partie de notre famille européenne. Les Ukrainiens ont exprimé leur désir d’un avenir au sein de l’UE. Nous en avons pris acte en accordant à l’Ukraine le statut de pays candidat et avons lancé les négociations d’adhésion. L’Ukraine a fait des progrès significatifs en matière de réformes liées à l’adhésion, et ce dans les circonstances les plus difficiles qui soient. Nous sommes déjà en train d’intégrer l’Ukraine au marché intérieur de l’UE. L’avenir de l’Ukraine et de ses citoyens se trouve dans l’Union européenne. Dans un contexte international et géopolitique difficile, nous soulignons l’importance de préserver la solidarité transatlantique et mondiale avec l’Ukraine. Nous soulignons la nécessité de veiller à ce que la communauté internationale persévère dans ses efforts pour aider l’Ukraine à parvenir à une paix globale, juste et durable fondée sur le plan de paix ukrainien.» La déclaration des trois prési-dents des institutions de l’UE peut être comprise comme l’acceptation de la nouvelle définition des relations internationales, mais aussi de la volonté d’y définir très rapidement pour l’Europe une place unique, forte, et indépendante. […]