Allocution du général de brigade aérienne Philippe Gasnot, commandant la Brigade d’Appui et de Projection du Commandement des forces aériennes (CFA) lors des 50 ans de l'Escadron d'hélicoptères 1/67 Pyrénées sur la BA 120 "Commandant Marzac" de Cazaux.
Allocution du général de brigade aérienne Philippe Gasnot, commandant la Brigade d’Appui et de Projection du Commandement des forces aériennes (CFA) lors des 50 ans de l'Escadron d'hélicoptères 1/67 Pyrénées sur la BA 120 "Commandant Marzac" de Cazaux. Cazaux, le 4 juillet 2012. Source : Armée de l'Air.
Lecture de l'ordre du jour par le GBA Philippe Gasnot
Anciens du « Pyrénées »,[1] actuels membres d’équipages, mécaniciens, personnels du renseignement, vous avez certainement ressenti, à l’écoute de l’ordre du jour,[2] une grande fierté d’appartenir ou d’avoir appartenu à cette prestigieuse unité.
Depuis l’Indochine et le conflit algérien durant lequel ils ont acquis leurs lettres de noblesse jusqu’à nos jours, l’engagement de l’escadron Pyrénées et des hélicoptères de l’armée de l’Air en général a été systématique lors des différents conflits auxquels la France a dû faire face.
Le GBA Gasnot et le colonel Thierry Gouaichault, CDT la BA 120
Formidable outil, l’hélicoptère, parfois mal compris de par la multitude des tâches qui peuvent lui être confiées, est mis en œuvre et employé par des femmes et des hommes d’exception qui se sont appropriés cette machine, qui défie les lois de la mécanique du vol.
A gauche : Trois pionniers de l'hélicoptère : le capitaine Santini, le médecin-capitaine André et l'adjudant-chef Bartier devant le hangar de Gia Lâm en 1952 et l'adjudant Fayolle en cours d'inspection de la transmission rotor du Hiller 360.
Je pense ainsi aux pères fondateurs des hélicoptères de l’armée de l’Air : le colonel Alexis Santini, premier à réaliser une évacuation sanitaire en hélicoptère, le 16 mai 1950, avant de créer ce qui deviendra l’actuel centre d’instruction des équipages d’hélicoptères et au médecin général inspecteur Valérie André, ayant réalisé 494 missions de guerre en Indochine puis en Algérie au profit des blessés.
Le CNE Valérie André a sauvé de nombreuses vies en Indochine avec son Hiller 360
Le médecin-général Valérie André avec le LCL Fabrice Albrecht, commandant l'EH 1/67 « Pyrénées ».
Le colonel Félix Brunet qui a su inventer en Algérie l’emploi, au cœur des combats, des hélicoptères pour les armées françaises en inventant l’aéroportage des troupes au cœur de l’action et l’extraction des commandos, l’appui-feu avec des armements de sabord, avec l’hélicoptère pirate et le poste de commandement héliporté permettant d’assurer avec efficacité la dépose des commandos et l’appui feu.
Mais vous aurez plaisir à lire cette saga en parcourant ce merveilleux livre de l’Histoire des hélicoptères de l’armée de l’Air [3] qui rend enfin sa vrai place à ces femmes et ces hommes qui ont fait ce qu’est aujourd’hui l’hélicoptère dans l’aéronautique militaire et civile au service des populations.
Le général de Gaulle vient sur le terrain s'entretenir avec le colonel Félix Brunet
Sauvetage en temps de paix, en temps de guerre, évacuations sanitaires, projection au plus près de l’action et extraction des commandos, transport sous élingue, reconnaissance, ravitaillement en vol sur C-130, appui feu… Les modes d’action sont multiples et ce sont avant tout les femmes et les hommes, c'est-à-dire vous tous, qui en êtes les acteurs, plus encore que les appareils, aussi perfectionnés soient-ils, à l’image du Caracal.
Caracal du Pyrénées à l'entraînement avec le CPA 10
Aussi cette capacité d’adaptation est d’autant plus appréciable chez vous que le travail en interarmées et en interalliés est devenu incontournable. Votre engagement au sein du bataillon hélicoptères (Bathélico) de Kaboul, ainsi que votre participation au groupe aéronaval lors de l’opération Harmattan, en témoignent.
Opération Harmattan : tireurs de sabord en position (protection ou récupération d'un pilote de chasse éjecté)
Si maintenir un savoir-faire français de haut niveau est indispensable, ce doit être fait à travers l’interopérabilité et l’interarmées. La capacité de travailler de concert avec nos camarades des autres armées et nos alliés est primordiale dans un cadre de défense qui est de plus en plus européen, à l’image de ce que connaissent déjà vos camarades sur avion de transport.[4]
Le haut niveau auquel vous vous êtes hissés ne saurait perdurer sans un entraînement régulier et réaliste. Sans noircir le tableau, je suis conscient que la situation actuelle n’est pas satisfaisante mais les 2 Caracals du plan de relance vont redonner la souplesse nécessaire pour permettre de former les pilotes lors de la relève de l’été et réaliser les entrainements nécessaires au maintien des compétences, car c’est chaque jour que vous devez être capable de partir secourir les personnes comme lors de Xintia et de vous projeter pour une opération. Je me souviens de ce départ du plot « Personnel Recovery » à bord d’un des porte-hélicoptères, navire de projection de la Marine nationale. Il s’est décidé en 48 heures, vous avez été prévenu le vendredi soir et vous deviez être à Hyères le dimanche soir !
Le léopard rouge : Insigne du 1/67 "Pyrénées
Puma de l'EH1/67 « Pyrénées » en alerte RESCo sur le BPC Mistral en Méditerranée
Le « Pyrénées » est souvent présenté comme une vitrine : vitrine technologique avec le Caracal, vitrine du savoir-faire avec la mission de « Personnel Recovery ». Les nombreuses sollicitations auxquelles vous devez répondre peuvent parfois vous sembler dérisoires ou malvenues à côté de votre engagement opérationnel, mais il faut garder en tête que le rayonnement de l’armée de l’Air et de la France est primordial. Une fois de plus, dans un monde de plus en plus médiatique, le savoir faire et le faire savoir vont de paire.
Revue de troupes avant le défilé par le LCL Legendre
Tout d’abord nos chers mécaniciens sans lesquels nous ne pourrions réaliser nos missions. Quelques soient le temps, l’heure et le lieu, ces amoureux de leur machine, les peaufinent, les choient, les réparent, les préparent pour que leurs pilotes leurs équipages puissent voler en toute quiétude. Cela fait plus de 31 ans que je fais confiance à leur amour de la mécanique et à leur savoir faire et je ne peux que me réjouir de la confiance que j’ai placée en eux.
Tradition oblige : le commandant des troupes défile en tête
Dans ces métiers loin des projecteurs, il y a aussi ceux du renseignement. Ils ont connu au sein de l’escadron l’engagement le plus important en Afghanistan. Infatigables, ils ont toujours œuvré pour la réussite des missions en donnant aux équipages une interprétation tactique de la situation sur le terrain aussi précise que possible. Sans eux, je dois le dire, jamais nous n’aurions réussi nos missions. Ils ont évité que celles-ci se finissent parfois en drame. Tout comme le reste des membres du « Pyrénées », ils ont su faire preuve d’adaptabilité et leurs compétences sont d’ailleurs reconnues en interarmées.
Caracal en Afghanistan
Vous voyez donc bien que les nombreuses contraintes et sollicitations auxquelles vous devez répondre « présents » sont indissociables de la fierté de vos anciens et de vos pairs à votre égard. Soyez fiers, anciens, de votre escadron, de son histoire liée à celle de la France, des femmes et des hommes qui, aujourd’hui continuent votre œuvre.
Vous, personnel aujourd’hui qui armez cet escadron, quelque soit votre spécialité, vous avez la chance, que dis-je, l’honneur et la lourde responsabilité de mener les opérations extérieures les plus difficiles, soyez en fiers tout en restant humbles, l’humilité étant votre principal allié contre un excès de confiance qui, en aéronautique, peut être fatal.
Photo souvenir des anciens commandants d'unité
Votre histoire est faite de la poussière du Djebel, des plaines du Kosovo, de la latérite africaine, de la majesté des cèdres du Liban, des montagnes afghanes et des embruns libyens. Ces couleurs d’une aventure humaine forment un tableau dont vous êtes les sujets, vous pouvez légitimement être fiers du travail accompli et je sais que je peux compter sur vous, vous êtes toujours tous prêts à écrire, dans le grand livre de l’Histoire du transport aérien militaire, de nouvelles pages glorieuses, et à porter haut et fier votre devise d’hélicoptéristes, notre devise désormais pour toute la brigade, et qui résume si bien nos valeurs : « combattre et sauver ».
[1] L'escadron d'hélicoptères 1/67 Pyrénées, unité volante de l'Armée de l'air stationnée sur la BA 120 "Commandant Marzac" de Cazaux, a été constitué à compter du 1er septembre 2000, sur décision du chef d’état-major des armées, en organisme à vocation interarmées, devenant dès lors le pôle d’expertise interarmées de la « RESCo ». Témoignage sur le commandant Marzac (Source : Amicale des Anciens de l'air de la Gironde).
[2] Voir EH 1/67 "Pyrénées" — Cazaux 2012 : Ordre du jour N° 10 du général de corps aérien Guillaume Gélée, Commandement des Forces Aériennes.
[3] Voir « Combattre et sauver : Histoire des hélicoptères de l'armée de l'Air » : Entretien avec le général Michel Fleurence (2s) et le colonel Bertrand Sansu, après la sortie de leur livre « Histoire des Hélicoptères de l’armée de l’Air : 75 ans de voilures tournantes » : 672 pages avec plus de 400 photos. Éditeur et diffusion : Association Hélicoptères « Air » (www.aha.helico-air.asso.fr).
[4] Sous la double impulsion du général Jean-Paul Paloméros, alors Major général de l'armée de l'Air, et de son homologue allemand, le Lieutenant Général Kreuzinger-Janik, Inspecteur de la Luftwaffe, a été créé à Eindhoven le 1er septembre 2010, le Commandement européen du transport aérien militaire (European Air Transport Command, EATC) : Voir « Transport aérien militaire : un exemple d’intégration de forces européennes » (20.10.2010); “Notre devoir pour la nation nous impose de nous projeter à 15 ans, pas à 15 mois” (29.06.2010) et « Le Centre Multimodal des Transports » (27.02.2010).