Amiral Alfred Thayer Mahan_022
Amiral Christian Girard

L’amiral Alfred Thayer Mahan, le Clausewitz américain

A l’heure où l’hyperpuissance américaine vacille, et sème le chaos dans l’économie mondiale, il peut être utile de revenir à l’inspirateur de l’impérialisme américain et au conseiller du président McKinley. l’amiral Alfred Thayer Mahan. C’est ce que fait l’amiral Girard dans l’article qui suit dont la rédaction est antérieure à la réélection de Donald Trump. Il montre que l’actuelle politique américaine a des racines lointaines et une continuité qui sont souvent méconnues, notamment pour son tropisme asiatique. […]

Donald Trump et le dollar — Photo IA © E-S
Amiral Christian Girard

Quelle stratégie face aux États-Unis ?

Samuel Huntington conclut, en 2004, son livre magistral sur l’identité des États-Unis en envisageant leur avenir sous la forme de trois hypothèses. Soit l’Amérique s’ouvre au monde et l’Amérique devient le monde, soit l’Amérique va vers le monde et le monde devient l’Amérique, soit, plus probable, l’Amérique se recentre sur son identité originelle, se ferme vis-à-vis de l’extérieur, revient d’une façon ou une autre à ses valeurs fondatrices, celles du protestantisme contes-tataire, isolationniste et messianique des pères fondateurs. Ce qui est en train d’advenir semble bien correspondre à cette dernière vision envisagée il y a plus de vingt années par le célèbre professeur. Elle manifeste, par-delà l’arrogance des nouveaux diri-geants américains, la réaction à un sentiment de vulnérabilité et de faiblesse de l’hyperpuissance face à l’évolution du monde, la nostalgie d’un temps et d’un monde révolus. S’il s’agit bien de retrouver une grandeur passée, c’est que la situation actuelle est mauvaise : perte des valeurs morales et religieuses, désindustrialisation, surendettement, trajectoire bud-gétaire insoutenable. […]

Amiral Christian Girard
Amiral Christian Girard

Une initiative des démocraties libérales face à la nouvelle situation géopolitique

Plusieurs articles récents de spécialistes des États-Unis montrent que les décisions prises par le président Trump s’inspirent de, et s’inscrivent dans, un projet idéolo-gique alliant les néo-conservateurs et les libertariens américains. La fracture provoquée au niveau par les États-Unis est de caractère idéologique, voire culturel. Elle traversait déjà la société américaine et avait déterminé l’issue de l’élection présidentielle. Le récent discours du vice-président américain à Munich l’a prouvé sans aucun doute. Par-delà le rejet du « wokisme » et de ses excès, du sujet la liberté d’expression et du contrôle de la Tech, l’enjeu réel est celui de la démocratie libérale elle-même. Face à cet enjeu, la personnalité controversée du président n’est pas la seule cause de la situation actuelle comme le système médiatique le fait croire. Elle n’en est que le révélateur. Pourquoi cette dimension a-t-elle été ignorée dans ses conséquences immédiates et potentielles du côté européen jusqu’au dernier coup d’éclat de Donald Trump ? […]

Dessin de Patrick Chappatte publié dans la Tribune Dimanche (©)
Amiral Christian Girard

Début 2025, la véritable fin du concept d’Occident ?

Depuis sa prise de pouvoir en janvier, l’équipe Trump dynamite jour après jour aux États-Unis, et dans le monde encore réputé libre, tout ce qui symbolise et fonde une Alliance bâtie des valeurs politiques et morales avant d’être une organisation militaire. Cette Alliance que certains imaginaient éternelle mais dont de rares visionnaires, comme De Gaulle, anticipaient la possibilité de la voir dénaturée et dépérir.

De F-D. Roosevelt en 1945 à Donald Trump en 2025, de Yalta en février 1945 à Bruxelles et Munich en février 2025, que de résonances ! On a su qui conseillait Roosevelt : Harry Hopkins, dévoué à Staline et à ses services. On lui doit d’avoir organisé à Yalta le partage de l’Europe au profit de l’URSS, malgré Churchill. Comment ne pas se poser la question de savoir qui aujourd’hui conseille Trump ? Les pays de l’Union européenne, le Royaume Uni vont-ils enfin sortir se réveiller et réagir ?
These are the two big questions ! […]

Volodymyr Zelenski - Photo Dmitri/X
Amiral Christian Girard

Point de situation de la guerre d’Ukraine

Au début de l’hiver météorolo-gique 2024-2025, l’hiver est égale-ment politique pour l’Ukraine, avec la perspective de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump en janvier 2025.
L’incertitude sur l’issue du conflit se double d’un fort pessimisme. L’Ukraine pourra-t-elle tenir sans le soutien américain ?
Les récentes décisions de Joe Biden — autorisation de frapper le territoire russe avec des missiles ATACMS et livraison de mines anti-person-nel — arrivent bien tard pour produire un réel effet stratégique à court terme. Elles constituent un desserrement des contraintes exercées sur la stratégie ukrainienne par les Occidentaux mais ne traduisent pas son réel affranchissement, souhaité ici depuis plusieurs mois. Il demeure inaccessible à court terme.
Point de situation après l’élection de Donald Trump avec  le Vice-Amiral Christian Girard (2S) qui voit les États-Unis laisser aux pays européens la charge du soutien de la guerre d’Ukraine. Une éventu-alité à laquelle les pays de l’UE et le Royaume Uni doivent urgem-ment se préparer, […]

Koursk © Patrick-Chappatte
Amiral Christian Girard

Percée vers Koursk : une nouvelle stratégie ukrainienne ?              

Depuis l’échec de la contre-offensive ukrainienne de 2023, la situation semblait figée sur le front terrestre malgré les faibles et couteuses avancées actuelles des forces russes dans le Donbass en direction de Pokrovsk.
La percée ukrainienne en direction de Koursk constitue une surprise stratégique dont les déterminants ne sont pas clairement identifiés: affaiblis-sement local russe, identifi-cation par le renseignement ukrainien d’une zone de moindre résistance adverse, renforcement des capacités offensives ukrainiennes, nouvelle stratégie ukrainienne?
Pour l’amiral Girard, cette percée tactique qui est une prise de risque, actuellement favorable à l’Ukraine, constitue une rupture dans le déroulement de la guerre sans que l’on puisse aujourd’hui dire si elle sera déterminante pour l’issue du conflit. Elle soulève d’importantes interrogations. La première est celle de sa finalité Elle apparaît en première analyse comme une prise de gage en vue de négociations diplomatiques ultérieures. […]

Cailloux Strategiques
Amiral Christian Girard

Deux questions politico-stratégiques pour le XXIe siècle

« Si vis pacem para bellum » : telle est la première expression du principe de dissuasion en matière de défense, même si l’interprétation la plus courante de cet antique précepte est celle de la nécessité de posséder de forces de défense crédibles. Cette dernière a bien pour finalité de protéger la paix en dissuadant le ou les adversaires potentiels. La mise au point d’armes nucléaires de plus en plus puissantes a donné une force spécifique à ce principe par la menace de destructions tellement fortes qu’elle devrait empêcher tout adversaire « raison-nable » de prendre l’initiative d’ouvrir des hostilités à un niveau qui justifierait leur emploi… Une politique de défense ne saurait s’appuyer sur la seule dissuasion. Les forces de dissuasion doivent être de « non-emploi ». […]

Amiral Christian Girard
Amiral Christian Girard

Le croisement des guerres

Le massacre commis par les isla-mistes tadjiks au Crocus City Hall à Moscou a rappelé qu’au moins trois guerres ouvertes, relative-ment proches de la France et de caractéristiques bien différentes, sont en cours aujourd’hui dans le monde: la guerre d’Ukraine, celle qui oppose Israël et le Hamas et celle que poursuit le projet isla-miste. D’autres théâtres d’affron-tement existent aujourd’hui dans le monde au Soudan, en Birma-nie, en République démocratique du Congo dont on parle peu comme le rappelle l’amiral Christian Girard, Il existe aussi des forts risques de guerre ailleurs, avec en premier lieu, l’île de Taïwan menacée par la Chine. Limitons-nous aux 3 premières guerres citées. Pour la France et l’Europe, réduisons l’analyse aux 3 pôles d’action réciproquement hostiles deux à deux : l’Occident, la Russie, le projet djihadiste. Il devient alors nécessaire de dé-passer les modèles classiques d’affrontement ami-ennemi en tenant compte des relations qui peuvent s’établir entre les oppo-sitions réciproques des 3 pôles précédents. […]

Amiral Christian Girard
Amiral Christian Girard

Ukraine : rupture ou continuité ?

Un fort sentiment d’inquiétude commence à se manifester face à la guerre d’Ukraine parmi les dirigeants français et européens, mais également au niveau de l’opinion publique. Ce sentiment est sans doute à l’origine du quasi retournement des positions affi-chées par le président de la République en France… 
Nous appelions, il y a quelques mois déjà, à la définition d’une stratégie des pays occidentaux face à la Russie, complète et unifiée, qui irait au-delà du simple objectif de l’empêcher de gagner, pour s’accorder sur des objectifs positifs, collectivement approuvés, dont le but serait de briser l’agres-sion russe, sur le plan des moyens, mais également, et plus fondamentalement, sur celui de la volonté d’agression, objectif plus difficile à atteindre, mais sans lequel l’arrêt de l’action militaire ne peut être qu’un état provisoire, donc précaire. […]

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Amiral Christian Girard

Vilnius : jeu de rôles, contradictions, myopie ou hypocrisie ?

Les Occidentaux veulent-ils la vic-toire de l’Ukraine? Si oui, leur stratégie ne doit pas contraindre celle de l’Ukraine. Attendent-ils, espèrent-ils — voire craignent-ils — que le président Zelensky ne s’émancipe de leur tutelle? Lui seul fait réellement la guerre… L’amiral Christian Girard est de ceux qui pensent que « ce sommet de Vilnius n’a pas permis de clarifier la stratégie des Occiden-taux qui demeure plus politique que militaire, plus défensive qu’of-fensive. » A croire que, plus qu’une victoire de l’Ukraine, certains redoutent davantage une défaite de la Russie… […]