A l’heure où l’hyperpuissance américaine vacille, et sème le chaos dans l’économie mondiale, il peut être utile de revenir à l’inspirateur de l’impérialisme américain et au conseiller du président McKinley. l’amiral Alfred Thayer Mahan. C’est ce que fait l’amiral Girard dans l’article qui suit dont la rédaction est antérieure à la réélection de Donald Trump.[*] Il montre que l’actuelle politique américaine a des racines lointaines et une continuité qui sont souvent méconnues, notamment pour son tropisme asiatique.
par l’amiral Christian Girard (2s) — Paris, le 16 avril 2025 —
Sommaire
Il est intéressant de découvrir, ou de redécouvrir, une personnalité, bien connue dans le monde anglo-saxon, qui l’est beaucoup moins en France : Alfred Thayer Mahan, officier de la Marine des États-Unis, capitaine de vaisseau, promu contre-amiral dix ans après avoir quitté le service actif. Sa carrière maritime n’a rien eu d’exceptionnel, mais il a, en revanche, joué un rôle majeur en tant que penseur de la puissance navale et de son importance dans l’Histoire, si bien que certains l’ont qualifié de Clausewitz américain. Il aurait été le pendant dans le domaine de la guerre navale du célèbre penseur prussien.

Si Mahan n’est pas reconnu comme un géopoliticien, il en est, pourtant et très certainement, l’un des tout premiers.
Il a, de plus, fortement contribué à la naissance de ce qu’il faut appeler la puissance impériale des États-Unis, celle de leur impérialisme fondé sur la puissance navale, le Sea Power, concept, dont il peut revendiquer la paternité et qui constitue le point de départ de sa réflexion.
Ses deux principaux livres sont accessibles en français, la plupart de ses écrits sont disponibles, le plus souvent gratuitement, en anglais sur internet. Les rares spécialistes français de la pensée stratégique maritime s’y sont naturellement intéressés. Ils l’ont commenté sans ménager des critiques que je suis loin de partager. Il n’existe, en France à ma connaissance, qu’un seul livre qui lui soit exclusivement consacré, celui de Jean-José Ségéric paru en 2010, L’amiral Mahan et la puissance impériale américaine.[1]
L’Homme
Intéressons-nous d’abord à l’homme. Il est le fils d’un officier de l’armée de terre, professeur à West Point, catholique d’origine irlandaise, par l’intermédiaire duquel il a certainement été initié à la stratégie napoléonienne et à la pensée de Jomini qui l’a nettement influencé, et d’une mère protestante, à laquelle il est tentant d’attribuer l’origine de la rigidité imputée à son caractère. Il entre à l’Académie navale d’Annapolis en 1856, à l’âge de 16 ans, et en sort trois ans plus tard, second de sa promotion. Il sert dans la Marine nordiste pendant la guerre de Sécession dans des missions de blocus des États confédérés, mais il ne fait pas une carrière très brillante, bien que parfaitement honorable, accédant à divers commandements de bâtiments de combat.

C’est en 1883 qu’il publie son premier livre sur les aspects navals et fluviaux de la guerre de Sécession, soit vingt-quatre ans après sa sortie d’Annapolis. On lui confie alors l’enseignement de la stratégie au Naval War College de Newport, première école de guerre navale créée dans le monde. Cette création, malgré la relative faiblesse militaire des États-Unis dans ce domaine à cette époque, montre qu’ils étaient déjà des précurseurs. Je mentionne en passant que l’École de guerre navale ne fut créée en France qu’en 1896 et qu’elle a disparu en tant que telle en 1993. L’amiral Monaque en a écrit l’histoire [2] après avoir été son avant-dernier chef d’état-major. J’en ai été le dernier professeur de tactique.
C’est en 1890 qu’il publie le livre qui va le rendre mondialement célèbre :The Influence of Sea Power upon History,[3] histoire de l’affrontement sur mer entre la France et l’Angleterre entre 1660 et 1783. Il y décrit de façon très détaillée les multiples combats navals des deux pays et en tire des enseignements généraux, presque indépendamment, d’ailleurs, de la description qu’il fait des batailles, enseignements dans lesquels la géographie physique et humaine est présentée comme le facteur essentiel qui a déterminé l’issue de la confrontation que l’on a pu désigner comme la seconde guerre de Cent ans.
Deux ans plus tard, alors capitaine de vaisseau, il complète son étude avec un autre livre : The Influence of Sea Power upon the French Revolution and Empire.[4] Ces deux titres montrent bien qu’il est d’abord historien. Ce dernier livre conforte sa célébrité. Il effectue alors un voyage triomphal en Europe entre 1893 et 1895 au cours duquel il est reçu par la reine Victoria et l’empereur Guillaume II, ce qui donne la mesure du retentissement international de ses réflexions. Il s’intéresse alors de plus en plus à ce qui n’est pas encore appelé la géopolitique et devient conseiller auprès du président McKinley pendant la guerre hispano-américaine de 1898. Il est président de l’American Historical Society en 1902 et représente les États-Unis à la conférence sur le désarmement de 1905 à La Haye. Il décède en 1914, auteur d’une vingtaine de livres et de près de cent quarante articles.
Le contexte historique
Il faut situer l’homme et ses thèses dans le contexte de l’époque pour comprendre leur succès.
Si chacun peut mesurer, aujourd’hui, les transformations importantes du monde intervenues depuis sa naissance, celles qu’a vécues Mahan au XIXe siècle ne sont pas moins considérables. En 1840, les Etats-Unis comptaient 17 millions d’habitants. Ils en comptaient 76 en 1900 et étaient en passe de devenir, ou étaient déjà, la première puissance économique mondiale à sa mort, au début de la première guerre mondiale. Tout au long du XIXe siècle, les Américains furent tournés vers la conquête de l’Ouest, leur Marine militaire n’étant qu’une force de garde-côtes. Cette conquête s’achevait au tournant du siècle et une grave crise économique sévissait. Il fallait trouver une nouvelle frontière : le grand large permettait de se fixer de nouveaux objectifs. Un parti impérialiste se manifestait sur le scène politique intérieure animé, en particulier, par Théodore Roosevelt, futur président en 1901 après l’assassinat de William McKinley, mais secrétaire d’État adjoint à la Marine dans l’administration du même McKinley au moment de la guerre contre l’Espagne en 1898.

Ce parti était soutenu par l’amorce de ce qui deviendrait le complexe militaro-industriel et qui poussait à la construction d’une flotte de haute mer. Isolationniste à ses débuts, Mahan dit avoir été converti à l’impérialisme par ses études historiques sur le Sea Power. Sa pensée s’est donc parfaitement inscrite dans l’esprit du temps. Il a connu la notoriété de son vivant, contrairement à d’autres penseurs de la guerre comme Clausewitz ou Machiavel.
Le « Sea Power »
La notion de puissance maritime ne fait pas l’objet en France d’analyses conceptuelles élaborées. L’idée qui prévaut est que : « lorsque les uhlans sont à Senlis, la marine ne sert plus à rien». Le triste sort de la flotte française en 1942 pourrait être éclairé à la lumière de cet aphorisme, bien que ce dernier puisse être discuté.
Ce genre de considération n’a pas cours dans le monde anglo-saxon, et d’abord évidement en Angleterre, qui a parfaitement compris très tôt, dès 1600 —Sir Walter Raleigh : « tenir la mer, c’est tenir le monde » — et que « l’empire de la mer est indubitablement l’empire du monde », citation de Mahan extraite de son livre The Problem of Asia and its Effect upon International Policies.[5]

L’empire de la mer découle de la puissance maritime, laquelle dépend, selon Mahan, de divers facteurs comme l’insularité, l’existence de bons ports naturels, la nature de l’arrière-pays, le tempérament national, les institutions, ces deux derniers facteurs étant de nature humaine mais également déterminés par la géographie comme, déjà au XVIIIe siècle, Montesquieu, et bien d’autres avant lui, l’avaient noté à propos des régimes politiques et de leur relation au climat.
Il se livre donc à une comparaison à partir de ces différents critères entre la France et l’Angleterre, pour expliquer la supériorité de cette dernière et ses victoires finales.
The Influence of Seapower upon History 1660-1783 publié en 1892 par Boston: Little, Brown & Co.
Il analyse ensuite la façon dont se manifeste le Sea Power dans le déroulement des événements. Dès la fin du XVIIe siècle, l’Angleterre, n’ayant pas à entretenir une forte armée de terre, était en mesure d’aligner plus de vaisseaux de guerre que la France. Cette dernière devait en outre diviser ses forces en deux escadres, au Ponant et au Levant, et se trouvait démunie de bon port sur la Manche, alors que le port de Brest était sous le proche contrôle des forces anglaises basées à Plymouth ou Portsmouth, en mesure de prévenir toute jonction des forces française avec d’autres forces navales alliées, comme éventuellement les forces espagnoles ou hollandaises. Le souci d’obtenir ou de maintenir un positionnement stratégique favorable des bases navales s’est constamment manifesté du côté anglais et notamment, par l’installation, dès 1704, à Gibraltar, où l’Angleterre se trouve toujours.
Après la défaite de La Hougue en 1692, la Marine française, et les dirigeants politiques français, ont intériorisé leur infériorité sur mer en adoptant la stratégie de la guerre de course qui s’est révélée un échec sur le long terme. Cité par Philippe Masson dans son livre De la mer et de la stratégie.[6] Choiseul rapporte la réponse qu’il reçut de Louis XV à son mémoire sur la Marine : « Le roi me persuada qu’il ne pouvait y avoir une marine en France.». Il y eut toutefois Louis XVI. Sa Marine fut supérieure à celle de l’Angleterre et permit l’indépendance des États-Unis mais elle fut ruinée par la Révolution. Ce contre-exemple, unique, dans la confrontation entre les deux pays, ne remet pas en cause la thèse de Mahan. Trafalgar se révéla être la victoire qui permit Waterloo, après l’épuisement financier et démographique de la France napoléonienne. Car c’est la victoire décisive des forces de haute mer qui assure la domination de la mer pour Mahan, et en conséquence le succès final. Après avoir saisi la plupart des colonies françaises, espagnoles et hollandaises, et capté les flux du transport maritime, l’Angleterre s’était procuré les moyens de financer une grande coalition continentale contre la France.
Pour Mahan, et je cherche toujours dans l’Histoire un contre-exemple — peut-être la guerre du Péloponnèse —, la puissance maritime grâce au « Sea Power » triomphe toujours de la puissance continentale. Dès son premier Influence, Mahan s’écarte de la période historique de référence qu’il a initialement choisie pour valider sa thèse à propos des guerres entre Rome et Carthage. Je me suis autrefois amusé à constater moi-même le lien qui existe entre les aléas de la guerre de Cent ans et le contrôle de la Manche par l’une ou l’autre des parties.
Le géopoliticien
A partir de ses considérations sur la stratégie navale, Mahan s’oriente vers la géopolitique dans des ouvrages comme The Interest of America in Sea Power [7] (1897) et The problem of Asia [8] (1900) qui renforcent sa célébrité.
Il pense la mondialisation déjà à l’œuvre pour s’en féliciter dans l’esprit du temps, c’est-à-dire avec la conscience de la supériorité de la civilisation occidentale et de ses valeurs, tout autant que de celles du modèle américain. Il pousse à l’abandon du protectionnisme économique pour trouver de nouveaux marchés, hors des États-Unis.
Il envisage le possible éveil de l’Extrême-Orient avec les progrès rapides du Japon et le potentiel considérable de la Chine dont il a pleinement conscience, après l’ouverture du canal de Suez en 1869 et celle, future puisqu’elle n’interviendra qu’un an avant sa mort, du canal de Panama. Il n’exclut pas la confrontation entre les civilisations occidentale et orientale dans une vision pré-huntingtonienne.
L’empire britannique est à son apogée à cette époque. Nous sommes en plein Grand Jeu, entre la puissance maritime par excellence l’Angleterre et la Russie, la puissance continentale par excellence également. Il s’agit pour la première d’empêcher l’accès aux mers chaudes par la seconde sur une vaste bande qui va de la mer Noire à la Chine en passant par l’Afghanistan.

Mahan voit dans le Moyen Orient la ligne de moindre résistance qui permettrait à la Russie de progresser vers le golfe Persique. Rappelons ici que la célèbre conférence de Sir Harfold MacKinder, un des fondateurs de la géopolitique, le pivot géographique de l’Histoire [9] développant la théorie du Heartland etde la domination mondiale, date de 1904. Les considérations de Mahan doivent inspirer la politique américaine. Sa première constatation est que, stratégiquement, les États-Unis sont une île continentale, ne pouvant être menacés ni au nord, ni au sud, leurs côtes bordent deux océans. Le futur canal de Panama est d’importance majeure pour eux. Ils doivent en avoir le contrôle. Ils l’auront en 1903. Il sera leur Gibraltar. Mais il faut aussi protéger les voies maritimes vers les ports américains à l’ouest et à l’est. A l’est, en prenant le contrôle de Cuba, enjeu de la guerre avec l’Espagne de 1898, à l’ouest vers l’Asie avec les îles Hawaï et Pearl Harbour, elles aussi annexées en 1898 et plus loin, les Philippines.
Malgré, peut-être à cause, de ce qui se passe aux Philippines, dans lesquelles les États-Unis se livrent à une colonisation de type classique, il déconseille de copier le modèle impérial britannique en occupant de vastes territoires afin de préserver les ressources budgétaires de la Marine.
Son impérialisme est à base de pénétration et d’influence économiques et culturelles, éventuellement appuyées par l’action des Marines. Il s’agit de défendre l’intérêt à long terme des États-Unis qui ne peut, en toute bonne conscience, naïve ou hypocrite, que coïncider avec celui des peuples à choisir leur propre destinée puisqu’il leur en reconnaît le droit.
Mais, c’est surtout en direction de l’Asie que doivent se tourner les États-Unis. Il faut empêcher la Russie d’y prendre une position hégémonique, maintenir la porte ouverte par le commodore Perry au Japon en 1854 et la réclamer en Chine, et pour cela s’allier avec la Grande Bretagne. L’Allemagne et le Japon doivent participer au containment de la Russie. L’Alliance franco-russe doit conduire à exploiter la rivalité entre la France et l’Italie au bénéfice de cette dernière. Enfin la création au Moyen-Orient d’un grand État moderne, allié à l’Occident, permettrait de barrer la route de la Russie vers les mers chaudes.

On ne peut qu’être frappé au vu de l’histoire des XXe et XXIe siècles, et même de ce qui se passe aujourd’hui en Ukraine, par la vision anticipée des grands enjeux de la politique internationale des États-Unis : relation privilégiée avec la Grande-Bretagne, soutien de l’Allemagne et du Japon, importance stratégique du Moyen-Orient. Même la fameuse bascule vers l’Asie de la stratégie américaine est ici annoncée.
Conclusion
Le professeur Martin Motte est très critique de cette pensée qui, dit-il : « est tombé[e] dans le péché originel de la géopolitique, qui consiste à expliquer la puissance, phénomène dynamique, par la géographie, cadre statique.[10] » Il est cependant obligé de reconnaître que « les vues géopolitiques de Mahan furent pionnières et certaines d’entre elles trouvent un écho en notre début de XXIe siècle ». Ce n’est pas rien à mes yeux et je déplore le refus, si courant en France, de comprendre que les événements historiques obéissent à une logique de fond qui dépasse la simple volonté des acteurs. L’efficacité de leur action dépend de la bonne compréhension du monde dans lequel ils agissent, et non simplement des intérêts immédiats qu’ils défendent, le plus souvent inspirés par des vues à trop courte échéance.
Incontestablement, comme l’écrit Herbert Rosinski,[11] stratégiste méconnu, américain d’origine allemande, Mahan fut : « Un génie, et peut-être l’un des penseurs les plus grands et certainement les plus originaux qu’a produit l’Amérique.»[12] Il a été et demeure : « La subconscience navale et impériale des États-Unis.»[13]
Christian Girard
[*] Cet article est la reprise d’une communication de l’amiral Christian Girard à l’Académie du Var (2025-01-10).
[1] Ségéric, Jean-José, L’Amiral Mahan et la puissance impériale américaine, Paris : Marine Éditions, 2010.
[2] Monaque, Rémi, L’École de guerre navale, Paris : Service historique de la Marine, 1995.
[3] Mahan, Alfred T. The Influence of Sea Power upon History, New York : Dover Publications Inc, 1987, facsimile de l’édition de 1894.
[4] Mahan, Alfred T. The Influence of Sea Power upon the French Revolution and Empire, Boston : Little, Brown, and company, 1919, 2 vol, 14e édition.
[5] Mahan, Alfred T. The Problem of Asia and its Effect upon International Policies, London : Elibron Classics, facsimilé de l’édition originale de 1900 par Samson, Low, Marston &Co, Ltd, p.53.
[6] Masson, Philippe. De la mer et de la stratégie, Paris : Tallandier, 1986, p.37.
[7] Mahan, Alfred T. The Interest of America in Sea Power, Boston : Little, Brown, and company, 1897.
[8] Mahan Alfred T. The Problem of Asia, op.cit.
[9] Mackinder, H.J. « The geographical pivot of history », London : The Geographical Journal, 1904.
[10] Motte, Martin. « Mahan, le stratégiste, le géopoliticien et le stratège », Penseurs de la stratégie, Cairn info, p.13.
[11] Rosinski, Herbert, « Commentaire de Mahan », Economica,1996.
[12] Cité par Ségéric, Jean-José, op.cit., note 1, p.191.
[13] Ibid p. 240.
Analyses de l’amiral Christian Girard (2s) :
- « Quelle stratégie face aux États-Unis ? » — Amiral Christian Girard (2s) — (2025-0322) —
- « Une initiative des démocraties libérales face à la nouvelle situation géopolitique » — Amiral Christian Girard (2s) — (2025-0310) —
- « Début 2025, la véritable fin du concept d’Occident ? » — Amiral Christian Girard (2s) — (2025-0216) —
- « Point de situation de la La guerre d’Ukraine » — Amiral Christian Girard (2s) — (2024-1125) —
- « Percée vers Koursk : une nouvelle stratégie ? » — Amiral Christian Girard (2s) — (2024-0902) —
- « Le croisement des guerres » — Amiral Christian Girard (2s) — (2024-0422) —
- « Deux questions politico-stratégiques pour le XXIe siècle » — Amiral Christian Girard (2s) — (2024-0309) —
- « Ukraine : rupture ou continuité ? » — Amiral Christian Girard (2s) — (2024-0309) —
- « L’amiral Alfred Thayer Mahan, le Clausewitz américain » — Amiral Christian Girard (2s) — (2024-0110) —
- « Vilnius : jeu de rôles, contradictions, myopie ou hypocrisie ? » — Amiral Christian Girard (2s) — (2023-0713) —
- « Réflexions sur le cyber dans l’espace aéroterrestre en Ukraine » — Amiral Christian Girard (2s) — (2023-0224) —
- « Vers l’émancipation de la stratégie ukrainienne » — Amiral Christian Girard (2s) — (2023-0603) —
- « Relation et antisymétrie entre les situations de l’Ukraine et de Taïwan » — Amiral Christian Girard (2s) — (2023-0422) —