Aux États-Unis, le divorce semble consommé entre Donald J. Trump et Elon Musk. Les différences entre les deux hommes l’ont donc emporté sur les intérêts communs. Entre la carpe et l’éléphant, rien ne va plus. Qui va l’emporter car il ne peut y avoir qu’un vainqueur… Qui va perdre, assurément, les États-Unis d’Amérique.

« Une mauvaise fée aux mille visages s’est penchée sur le berceau de l’humanité : la connerie. Elle chemine avec nous, fidèle entre les fidèles, se réinventant au fil des siècles et des cultures. Elle fustige les différences, réduit en esclavage, attise la violence, cultive la cruauté, dévoie les avancées technologiques, trahit les espoirs politiques, gangrène les idéologies, et saccage la planète. Elle suivra notre espèce jusqu’à la tombe, et la creusera peut-être…» Jean-François Marmion [1]
par Joël-François Dumont — Paris, le 6 juin 2025 —
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Le premier constat est que l’élection de Trump, loin d’avoir resoudé la société américaine, n’a rien arrangé. La société américaine, plus divisée que jamais, reste tétanisée. Entre une gauche démocrate qui est défaite et une droite qui ne demande qu’à se morceler davantage, rien ne va plus.
L’administration Biden a certes maintenu l’économie américaine, mais politiquement les révélations sur les insuffisances de Jo Biden après le naufrage de Pamela Harris ont plombé les Démocrates encore plus durablement. Qui va surgir de ce néant ? Qui aura le courage d’éliminer le wokisme pour reconstruire un parti de gouvernement ? Qui saura faire le ménage ? Aux États-Unis les appareils des partis ne fonctionnent pas comme chez nous. La logique est différente. qui vivra, verra !
La bataille Musk-Trump précipite les choses
Côté républicain, ceux qui ont fermé les yeux sur les multiples violations par Trump des fondamentaux de la vie politique américaines seront jugés « complices ». Ils sont aujourd’hui doublement menacés. Par Musk à l’extérieur dont il ne faudrait pas sous-estimer le pouvoir de nuisance. Mais aussi à l’intérieur, par la droite américaine qui constate que si elle venait à exploser, c’en serait fini d’un parti qui a joué un rôle fondamental dans l’édification d’un pays qui a longtemps été la première démocratie. Un phare qui n’éclaire plus rien aujourd’hui.
Quelle issue pour juguler toutes ces crises ?
Nombreux sont ceux qui pensent qu’il n’y « a plus de sortie par le haut possible » !

La société américaine ne pouvant plus rien proposer de sain, aucune sortie par le haut n’est désormais envisageable.
L’impression est que le paquebot commence à sombrer. Lentement mais inexorablement.
La collision avec l’iceberg n’a pas empêché le navire de flotter cinq longs mois, mais l’eau prend de toute part. Les musiciens accompagnent le dernier tango en jouant, mais le chef d’orchestre, visiblement, est absent.
Une occasion pour Steve Bannon de durcir le trumpisme en mobilisant les extrêmes. J.D. Vance se dit peut-être que son heure est arrivée plus vite que prévu.
Donald Trump sur son ours — Photo © IA/e-S
Mais rien ne dit que ceux qui rêvent, au Congrès, de lancer une procédure d’impeachment de Donald Trump, à gauche mais aussi à droite, pourrait avaliser la succession d’un Trump carbonisé par un Vance jugé pire que son maître, un homme qui n’a pas que des amis.
Méfions nous de toute Schadenfreude
Cela dit, il faut absolument éviter toute « Schadenfreude ».[2] Nous souffrons des mêmes maux que les Américains : des leaders narcissiques et infantiles, la corruption, une indifférence au bien public, un fanatisme partisan, un provincialisme borné sans oublier une bêtise envahissante. Les rats quittent le navire… Le bras de fer entre Trump et Musk est allé trop loin pour que le soufflet puisse retomber. La menace de Musk de divulguer des preuves avec des vidéos sur les liens unissant Epstein et Trump est explosive.
Le pouvoir des juges en attendant le réveil de la presse
Les juges aux États-Unis de gauche et de droite depuis quelque temps unissent leurs efforts pour décortiquer les ordres exécutifs du président Trump. Dernière décision, elle date de ce matin, la justice américaine vient de suspendre la décision de refuser désormais un visa aux étudiants américains. La fragilisation de l’économie américaine sur le plan mondial par la désorganisation organisée par l’administration Trump n’a rien arrangé.

Reste maintenant à savoir si le pouvoir économique va s’opposer au pouvoir politique et, si oui, comment !
Le feuilleton de l’été sur les étranges lucarnes
Nous avions au quotidien une télé-réalité d’une triste médiocrité, nous avons maintenant la série. Nous n’avions pas de feuilleton pour l’été, maintenant nous l’avons ! Le prochain épisode, ce soir, après le coup de téléphone que devrait, normalement, échanger les amis inséparables d’hier devenus des ennemis engagés dans une lutte à mort pour survivre politiquement et aussi économiquement ! Aux dernières nouvelles, Donald aurait (déjà) changé d’avis et décidé de se débarrasser de la Tesla rouge qu’il avait achetée sur ses deniers pour l’offrir à la Maison-Blanche dans un grand moment de générosité. La journée n’est pas terminée… Pour combien de temps, on ne sait pas, mais cela va faire monter les enchères chez les parieurs qui ont délaissé les combats de coq pour les combats de con ! Depuis que le parlement a bordellisé le langage, on peut se permettre un peu d’audace verbale.
Ceux qui avaient eu l’idée de créer des dîners de cons en France devraient imaginer des banquets pour l’été.
Joël-François Dumont
Voir : « The Trump-Musk Alliance Crumbles » — (2025-0605) —
[1] « Le pire, c’est que nous en sommes plus souvent les complices que les victimes ! Du Néolithique à nos jours, plus de trente historiens nous dévoilent la vérité nue et biscornue sur la connerie.» Lire — sans modération — cette « Histoire universelle de la connerie » de publiée aux Éditions Sciences Humaines (2019).
[2] Le terme français reste à inventer… Ce sentiment s’apparente au sadisme, mais il est passif dans le sens où le spectateur ne prend pas une part active à l’accomplissement du malheur !