Penser l'Océan avec Midway - European Security

L’Océan recouvre 70% de la surface du globe. 3 hommes sur 4 dans le monde vivent sur les côtes. 80% de nos approvisionnements sont acheminés par voie maritime. Il est urgent de « repenser l’océan »…

Lors du colloque « Les Vendéens et la mer : de la grande pêche au Vendée Globe », organisé en septembre 2007 aux Sables-d’Olonne par Alain Gérard et l’équipe du « Centre vendéen de recherches historiques », le vice-amiral d’escadre Guy Labouérie (2S), membre de l’Académie de Marine [1] et auteur de plusieurs ouvrages de référence [2] n’a pas manqué de partager avec son auditoire vendéen son « désir de mer » ancré au plus profond de lui.

penser locean s2 — Penser l’Océan avec Midway

amiral labouerie 100 4045b — Penser l’Océan avec Midway

Son dernier livre, « Penser l’Océan avec Midway » [3] est un nouvel acte de foi en faveur des richesses inexploitées ou mal exploitées de l’océan. Rappelant les propos de Jacqueline Tabarly qui, en 1988, lui disait regretter que « depuis trop longtemps, nos gouvernants, quels qu’ils soient, aient tourné le dos à la mer. Les Français sont des Terriens… et pourtant ils ont des côtes, ils ont des bateaux… Mais ils ne voient en la mer que des plages pour s’amuser et du poisson à manger ». L’élite politique n’a manifestement pas de projet. Qu’il s’agisse des richesses inexploitées ou mal exploitées, les errements se multiplient et l’absence de vision dans le domaine maritime se fait cruellement sentir. L’Océan recouvre 70% de la surface du globe. Trois hommes sur quatre dans le monde vivent sur les côtes. 80% de nos approvisionnements sont acheminés par voie maritime. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes. Alors, comment un pays comme la France – qui a trois façades maritimes – peut-il aussi peu se soucier de l’urgente nécessité de « repenser l’océan » en se dotant, enfin, d’une véritable stratégie maritime, comme seuls les grands pays du monde ont su le faire pour asseoir leur puissance ! L’exemple de Midway mérite d’être médité.

Sur ce site, l’Amiral Labouérie, a publié treize papiers sur la bataille de Midway, sans aucun doute la plus grande bataille aéronavale de tous les temps. Une bataille décisive dont l’issue a permis à l’Amérique de reprendre l’avantage sur la flotte japonaise. Sans cette victoire, qui marquera un véritable tournant dans la guerre du Pacifique, les Américains n’auraient jamais pu débarquer en Normandie en juin 1944. Cette bataille remportée grâce au courage de milliers d’hommes, de marins, d’aviateurs ou de fantassins, dont certains se sont sacrifiés en connaissance de cause, grâce à un commandement exceptionnel, des stratèges remarquables comme les amiraux Ernest J. King ou Chester W. Nimitz et grâce aux travail des « briseurs de codes » secrets japonais, le « groupe Rochefort », sans qui cette victoire eut été impossible. L’intérêt de cette rétrospective, au-delà de l’aspect historique, réside bien évidemment dans les leçons que l’Amiral Guy Labouérie en a tiré avec le recul des années pour les appliquer à la réalité d’aujourd’hui. Paris, le 5 novembre 2007.©

[1] L’Académie de Marine a été fondée en 1752. Dissoute comme toute ses consoeurs pendant la Révolution, elle n’a été réactivée qu’en 1921. Son siège est à Paris.

[2] Citons entre autres : « Stratégie : réflexions et variations« , publié en avril 1993 par l’ADDIM. « Défense et Océans, propos de marin (1969-1994) » publié en octobre 1994 par l’ADDIM et « De l’action » publié aux Éditions Economica.

[3] Publié aux Éditions L’Esprit du Livre le 5 novembre 2007. Cette nouvelle maison d’édition est née et, avec elle, l’espoir de retrouver des ouvrages d’histoire ou de réflexion sur les grandes questions qui touchent à la défense ou encore pour proposer des solutions pour faire face aux enjeux prioritaires dans notre univers mondialisé. En France, depuis la suppression de l’ADDIM, sacrifié sur l’autel des économies par l’ancien ministre de la défense Alain Richard, de telles collections ont pratiquement disparu des présentoirs de nos libraires, au motif qu’elles ne faisaient « plus recette ». Prétendre que ces livres, écrits par des auteurs qui ont souvent été de grands acteurs et dont le témoignage est là pour éclairer l’actualité ou raconter une page d’histoire inédite, n’aurait pas de public en France est faux. La réalité est toute autre: « ce genre littéraire » s’avère beaucoup moins rentable que d’autres. Question de goût, à n’en pas douter, mais aussi d’époque où l’illusoire a ses adeptes. « L’Esprit du livre« , avec sa collection « Stratégie et défense », s’est proposé de relever ce défi en se donnant pour « vocation de contribuer à l’élaboration et à la diffusion de la culture française de défense par l’édition d’ouvrages historiques, de témoignages ou de réflexions. » Dans une époque marquée par une « pipolisation » outrancière, où la vie politique est perçue dans les grands médias « avec une vision réductrice » trop souvent « rabaissée à une sorte de Star Academy » et où « le spectacle prévaut sur le débat et l’image sur l’idée » comme le regrette Jacques Rigaud dans Le prince au miroir des médias, Machiavel 1513-2007, ce challenge ne laisse pas indifférent. Traiter de tels sujets jugés « sérieux » relève trop souvent, malheureusement, d’un défi que beaucoup d’éditeurs n’ont pas les moyens de relever, à de très rares exceptions près, comme les éditions Lavauzelle. Triste époque, quand les médias se prennent volontiers pour un pouvoir et le pouvoir pour un média! La guerre aérienne, l’intelligence économique, les enjeux maritimes, des témoignages vécus lors de conflits, quelles stratégies pour demain, quelles leçons tirer du passé, autant de sujets qui à défaut d’être recherchés par le plus grand nombre ont pourtant un public de qualité. Pour ceux qui comme les amiraux Guy Labouérie ou Christian Girard ont des convictions à faire partager, L’esprit du livre et Internet devraient faciliter cet essor, chose dont nous ne pouvons que nous réjouir.

« L’Esprit du Livre » – 22 rue Jacques Rivière 92330 Sceaux. Pour commander sur Internet: aller sur le site http://www.espritdulivre-editions.com (paiement sécurisé via Paypal); par courrier (chèque ou mandat postal), ou encore en passant commande chez son libraire habituel.