Pensez l’Océan : Relire l’amiral Nimitz

Deux marins d’exception ont marqué la vie de marin de l’amiral Guy Labouérie (2s), aujourd’hui disparu. Deux « hommes d’action dans la pensée militaire » qui ont également réussi à s’imposer comme « des hommes de pensée dans l’action » : les amiraux Alfred Mahan et  Chester Nimitz. 

Pensez l’Océan : Relire l’amiral Nimitz

Deux marins d’exception ont marqué la vie de marin de l’amiral Guy Labouérie (2s). Deux « hommes d’action dans la pensée militaire » qui ont également réussi à s’imposer comme « des hommes de pensée dans l’action » : les amiraux Alfred Thayer Mahan (1840-1914) et Chester William Nimitz (1885-1966). Deux hommes qui, au fil des ans, sont devenus des « repères » dans beaucoup de domaines. Aux États-Unis, si chacun connaître le rôle que Mahan et Nimitz ont joué à des moments tragiques de l’histoire de l’Amérique, en France, ces deux hommes semblent appelés à rester méconnus. Notre « spécificité » française en matière de réussite y est sans doute pour quelque chose. L’amiral Guy Labouérie (2s) a consacré de nombreux articles au premier [1] et un livre au second,[2] ce qui ne constitue pas un hasard pour un stratège dont la réputation a dépassé les frontières de l’hexagone. 

Au cours de l’année 2005, l’amiral Labouérie a publié notamment treize articles sur « l’histoire de Midway » sur ce site, sur cette bataille de Midway qui restera la plus importante bataille aéronavale de tous les temps.[3] L’intérêt de cette rétrospective, au-delà de l’aspect historique, résidait bien évidemment dans les leçons que l’amiral en tirait avec le recul des années pour les appliquer à la réalité d’aujourd’hui. Comme on peut tout demander à un homme de pensée et d’action,[4] hostile aux idéologies, sauf de rester les bras croisés quand il voit des manquements graves qui se produisent, constatant des comportements qui ne privilégient ni la réflexion ni le dialogue, il n’est pas étonnant que face aux immenses défis de l’Océan, le regard du marin soit parfois critique. D’où cette nouvelle série d’analyses qui reflète parfois la pensée de Bossuet « Qui se met à penser devient hérétique … », diffusée chaque mois sur ce site. JFD

Par Guy Labouérie.(*) Brest, le 22 juin 2014.© 

Après le « peuple de veaux » aurait dit le Général, serions-nous en train de devenir sous la pression conjuguée du manque de courage de nos politiciens et de l’irénisme d’associations innocentes et ignorantes, un peuple de « couards ? »… C’est ce vers quoi nos politiciens entraînent petit à petit notre pays en refusant à leurs concitoyens de se défendre autrement qu’en paroles contre des agressions de plus en plus fréquentes, de plus en plus violentes, et pouvant prendre demain des formes bien plus dangereuses. C’est une question difficile avec deux aspects très différents même si par indifférence ou inconscience nos dirigeants les mélangent sans nuances. Il y a un aspect individuel se déroulant sur le territoire national dans un cadre législatif défini, et un aspect collectif extérieur où ce sont nos militaires qui sont concernés. A vouloir mélanger les deux quand on ignore à peu près tout de la géographie, de l’histoire et plus encore de la conduite d’opérations à terre comme en mer, on risque au minimum bien des déboires et au pire de véritables désastres.

Le vice-amiral d'escadre Guy Labouérie (2s) -- Photo © Joël-François Dumont -
« Qui se met à penser devient hérétique … » (Bossuet) — L’amiral Guy Labouérie à Porspoder

A l’évidence il n’est pas question de laisser chacun s’équiper en armes diverses comme aux États-Unis avec leurs milliers de morts. Par contre le fait de nous avoir seriné pendant quarante ans qu’en cas d’agression physique il ne faut surtout pas se défendre et se laisser dépouiller gentiment plutôt que de se faire dérouiller voire de perdre la vie, viols y compris pour certaines, a conduit à l’immobilisme de wagons entiers de RER, métro ou autres lieux où personne ne bouge pour porter secours à une personne agressée. Ce faisant on offre aux petits voyous un certificat d’impunité dont nous avons tous les jours des exemples et où le déprimant et faux terme d’ « incivilités » ne peut qu’irriter les victimes : de qui se moque-t-on et quel refus de la réalité avec un tel vocabulaire que seul Chevènement a eu le courage de dénoncer? Or désormais l’augmentation des attaques à main armée de commerçants ou d’habitations conduit à une aggravation de ce sentiment d’impunité à partir du moment où celui qui se défend est soit condamné à indemniser le cas échéant le criminel s’il le blesse soit à se retrouver sous la « garde » de ceux dont le métier aurait été d’empêcher l’agression soit à tout accepter comme un mouton.

Nous finissons par être dans un monde à l’envers où bien des citoyens ne portent plus plainte la sachant inutile et où la Loi s’intéresse plus au criminel qu’à la victime surtout si elle est tuée ce qui permet de l’oublier rapidement en mettant ceux qui protestent sur le « mur des cons », révélateur d’un décalage total et inquiétant entre les citoyens, les forces de sécurité et surtout la Justice.… Quant à compenser financièrement cette incapacité et cette injustice cela ne fait que renforcer la méfiance des citoyens face à la politique de sécurité publique et faciliter le développement des partis extrémistes comme le montrent toutes élections depuis trente ans ce qui aboutira à l’incroyable élection présidentielle de 2002 où la France se retrouvera seul pays au monde dont le président aura été élu par son opposition et dont malheureusement on commence à percevoir la possibilité que cela recommence. Aussi chaque citoyen agressé peut-il avoir l’impression qu’il est passé au compte profit et pertes, victime d’un manque de courage politique et d’action que l’on tente de justifier par le recours habituel aux discours et aux statistiques. Cela ne peut qu’encourager les agresseurs de tout niveau et dégoûter nos concitoyens considérés et méprisés comme de simples numéros. Quand on sait les plaintes des touristes, en particulier asiatiques, sur ces phénomènes on peut penser que nous sommes loin de maîtriser ce qui pourrit la vie de trop de citoyens et pas seulement dans les grandes villes, tandis que la criminalité internationale se fait de plus en plus présente partout.

Dans un pays qui en tous domaines refuse le changement même indispensable et dont on comprend qu’il ne peut accepter de revoir instantanément cette désolante politique du « tais-toi, et meurs s’il le faut pour la paix sociale », on pourrait au minimum faire cesser la peur et les mensonges qui l’entourent et l’empêchent d’évoluer. Car tout est mensonges en ce domaine comme en bien d’autres : mensonges sur l’École, mensonges sur les agressions, mensonges des statistiques, mensonges sur la politique pénale, mensonges sur les prisons, mensonges sur l’efficacité des enquêtes, mensonges sur Schengen, mensonges sur l’Europe, etc. A défaut de ce minimum de courage on risque, après les premières organisations actuelles de surveillance sans armes dans certaines localités, de voir émerger des milices qui seraient la négation du « vivre-ensemble » qui devrait pourtant rester notre but. Toute vie d’une personne est difficile et fragile, ce l’est plus encore d’une Nation mais ce n’est pas une raison pour laisser ses citoyens dans un ensemble de règles lui interdisant de fait de se défendre, vues les conditions impossibles pour leur défense légitime, y compris pour les forces de police, conduisant pratiquement à laisser faire voire à mourir avant d’avoir la possibilité de réagir.

Si la situation de la défense, légitime ou pas, est déjà difficile à apprécier à l’échelle de la personne sur le territoire national, c’est un tout autre problème que d’en traiter sur le plan international. En effet quand un gouvernement décide d’une opération militaire sur terre ou sur mer pour défendre ses intérêts ou ceux de ses alliés, nous ne sommes plus dans la situation qui prévaut sur le plan intérieur entre gendarme, loi nationale, terrain national et agresseurs divers… On ne peut mettre sur le même pied, ni juridique ni militaire, des agresseurs allant du terroriste aux unités de combat ce qui serait s’exposer à toutes les interprétations pacifistes et tous les abandons. Dans les opérations militaires on ne peut fonder la légitime défense, comme on le fait à l’Intérieur, seulement sur l’appréciation des dégâts subis et l’égalitarisme dans la riposte. C’est nier l’atteinte à la Souveraineté et aux intérêts du pays incarnés par la décision de déployer ses forces en mer comme à terre ce qui n’a rien à voir avec l’espace national de la lutte entre gendarmes et voleurs, il est nécessaire de le rappeler à certains usagers du « politiquement correct».

Le militaire n’est ni un policier ni un gendarme travaillant sous une loi nationale sur le territoire national, ni un casque bleu de l’ONU dont le rôle est de s’interposer entre les combattants dans un autre pays… ce qui est une affaire différente fonction de la charte des Nations Unies. C’est bien pour cela que les États-Unis n’acceptent pas que leurs militaires arborent un casque bleu. Le militaire quelle que soit son armée d’appartenance est l’incarnation de la « politique de la Force » de son pays. On n’attaque pas des forces de combat par inadvertance ou méprise car leur présence est trop visible et officielle. L’attentisme à la riposte à l’attaque d’une unité de combat risque de conduire à la catastrophe et de donner un argument supplémentaire aux forces adverses pour tenter de détruire par surprise les forces engagées ruinant la crédibilité du pays y compris celle de la dissuasion. Et l’habituelle réponse à niveau ordonnée par les gouvernements sous la pression d’organismes divers et de partis politiques incapables de prendre la véritable mesure de leurs décisions n’a aucun sens car cela correspond au choix du laisser-faire et de prendre le premier coup, sans avoir aucune idée des dégâts humains, matériels et politiques qu’une telle politique peut induire… Cela aboutira au Liban à l’explosion du Drakkar et ses cinquante morts, en ex-Yougoslavie à la sinistre comédie des débuts de notre intervention avec désarmement de nos soldats et sur mer à notre divorce avec nos deux plus anciens Alliés qui n’ont pas la même définition de la légitime défense. Il y a sur ce sujet des différences d’appréciation considérables avec les Anglo-américains dont les vues sur la légitime défense active tordent d’indignation, sans aucun souci des hommes sur le terrain, les politiciens et idéologues sans compétence comme sans réflexion qui ont une vision aberrante de la planète et des relations internationales entre pays de cultures profondément différentes. De ce point de vue 1968 aura été un véritable drame dans la plupart des pays européens qui y auront perdu tout sens des responsabilités de leurs gouvernants… C’est manifestement clair chez nos politiciens toujours transis de peur à la moindre alerte, suite de la dérive continue d’un pacifisme à base gaucho-écologique, etc. visant à détruire une certaine idée de notre pays pour lui substituer celle d’un monde idyllique “où tout le monde est beau, tout le monde est gentil” (Jean Yann), alors que l’histoire est tragique comme le rappelait Raymond Aron à propos de Valéry Giscard d’Estaing. On comprend mieux le mépris du général de Gaulle pour notre classe politique.

Si l’opération initiale du Mali s’est effectuée dans de meilleures conditions de ce point de vue espérons qu’il en est de même en RDC bien qu’aucun projet politique digne de ce nom n’y soit apparent. Dans une opération de 14 mois en océan indien, l’opération Prométhée, engagée en Juillet 1987 les directives gouvernementales pour l’ouverture du feu et la légitime défense sont arrivées huit mois plus tard en Mars 1988, délai confirmant que nos diplomates sont inconscients de ce qui se joue réellement sur le terrain, la vie de marins français leur étant probablement totalement étrangère et donnant le sentiment que l’on paralyse petit à petit nos propres moyens militaires. Les commandants sur place y ont pallié comme toujours se sachant certes « fusibles » mais acquérant du même coup une liberté d’action sans laquelle il n’eut pas été possible de satisfaire dans les meilleures conditions la mission donnée par le gouvernement. Cette notion de fusible est désolante comme expression du refus de responsabilité des autorités politiques… Si pour les gouvernants la mort éventuelle n’est que politicienne ce n’est pas le cas de nos militaires sur leurs terrains d’opérations, Afghanistan et tant d’autres depuis 1945. L’évolution actuelle du ministère de la Défense enlevant de plus en plus de responsabilités aux militaires pour les remplacer par des civils incompétents sur le plan global de la chose militaire n’est pas un bon signe de ce point de vue de même que les tentations de judiciarisation auxquelles on s’est pour le moment opposé… l’ensemble pouvant aboutir avec les diminutions financières à une démobilisation dangereuse des militaires en même temps qu’une chute du recrutement qualitatif. Il est plus que temps d’y réfléchir pour un pays qui se veut majeur dans ce domaine alors que monte le sentiment que, texte après texte, on est en train d’instiller chez les militaires un sentiment de culpabilité devant le fait qu’ils ont des armes et qu’ils pourraient être amenés à s’en servir. Ceux, associations diverses, politiciens idéologiquement sous influence, financiers et technocrates « myopes et le nez contre » (Saint-Exupéry), etc. qui militent dans ce sens œuvrent contre notre pays et le conduisent vers des lendemains qui ne chanteront pas.

Il semble que pour des raisons très différentes, nos dirigeants politiques toutes tendances confondues en soient revenus depuis longtemps et pour la plupart des sujets à l’ancien « Messieurs les Anglais tirez les premiers » dont on sait qui a gagné causant de terribles massacres aux élites du moment. Seulement alors qu’à l’époque les motivations d’une telle attitude étaient stupidement fondées sur un sentiment de castes orgueilleuses, aujourd’hui c’est la « peur du politiquement correct » qui saisit élites et médias, politiquement correct dont le Président tchèque vient de rappeler à juste titre qu’il s’agit simplement de « lâcheté politique. » Si déjà en politique intérieure cette attitude pose de sérieuses difficultés, cela serait plus grave en opérations extérieures. Si l’usage de la force militaire doit être contrôlé par le politique et retenu autant que faire se peut, une fois décidé et ordonné il doit être efficace et dissuasif sinon il est inutile de déployer des forces militaires. Par ailleurs, et c’est peut-être le plus inquiétant, quarante ans de refus de réaction et d’affirmation de qui nous sommes ne nous ont pas permis voire, nous ont interdit de caractériser et nous défendre contre les nouvelles attaques silencieuses et destructrices qui ne cesseront d’augmenter dans un monde fermé sur lui-même, où les idéologies mortifères, les ambitions, le pouvoir et l’argent continueront leur travail de démolition.

Ayons le courage de prendre non seulement la mesure de ces agressions qui s’étendent contre tout le monde occidental et qui se manifestent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, mais plus encore de penser les mesures à prendre pour redonner à notre pays une sécurité globale et une fierté qui paraissent amoindries depuis l’épuisement humain de 14-18 et de plus en plus abandonnées après la défaite globale de 1940 dont malgré de Gaulle nous ne nous sommes toujours pas relevés. Les tristes records d’impopularité de tout le personnel politique, des syndicats, des magistrats, de l’éducation nationale et de trop de journalistes, en sont l’illustration saisissante profondément anormale pour un pays comme le nôtre.

L’amiral Nimitz,[5] le vainqueur de la guerre du pacifique,[6] disait que « ou bien l’on se bat ou bien l’on danse. »[7] Depuis trop longtemps nous ne faisons plus que danser comme la Cigale de La fontaine avec les résultats que l’on connaît qui touchent toutes nos populations en développant en outre maintes attaques contre leur sécurité non seulement physique mais aussi historique, intellectuelle, sociale, spirituelle… Quand va-t-on se décider à penser et à agir ? Quand retrouvera-t-on du courage véritable pour aborder l’avenir dans sa réalité et non pas celui des lendemains d’idéologies qui ont pour point commun le malheur de ceux à qui on veut les appliquer?

Guy Labouérie

(*) Après avoir commandé l’École Supérieure de Guerre Navale et quitté la Marine, l’Amiral Labouérie s’est consacré à l’enseignement en Université et à des études de stratégie générale et de géopolitique. Élu à l’Académie de Marine, il a été notamment professeur à l’École de Guerre Économique, membre du comité stratégique de l’Institut de Locarn en Bretagne et est souvent intervenu dans diverses écoles et entreprises sur les questions de géopolitique et de stratégie.

Voir du même auteur:

[1] Voir « Les leçons de l’Océan: (9) Mahan, l’anti-Clausewitz » (04-05-2005)

[2] Lire « Penser l’Océan avec Midway » (05-11-2007), livre publié aux Éditions L’esprit du livre.

[3] Celle-ci était alors enseignée dans toutes les académies militaires du monde à l’exception notable de notre école navale ! En France, les écoles de Saint-Cyr Coëtquidan et de Salon de Provence enseignaient Midway, mais pour des motifs qui continuent d’échapper à nos terriens et à nos aviateurs, notre marine avait mis à l’index deux batailles navales : Midway et la bataille de Koh Chang. Cette seconde bataille demeure inconnue des Français. Si TF1 avait consacré autant d’émissions de télévision sur Koh Chang (0 à ce jour) que sur Koh Lanta (186 à ce jour), la France n’aurait pas besoin qu’on lui rappelle qu’elle est toujours une (grande) nation maritime…. Pourtant, cette bataille de Koh Chang est, comme le souligne l’historien de marine Jacques Mordal, « la seule bataille navale livrée et gagnée au cours des deux Guerres Mondiales par une force navale française, sur des plans et avec des moyens exclusivement français.» Dans ses Mémoires de guerre, le général de Gaulle évoquait « la brillante victoire navale du 17 janvier 1941 au cours de laquelle le croiseur La Motte-Picquet et quelques avisos français ont envoyé par le fond la flotte du Siam », alliée alors aux Japonais… Victoire à la suite de laquelle le capitaine de vaisseau Régis Bérenger fut promu contre-amiral. Un fait d’armes qui reste méconnu en France, très certainement parce qu’il a été remporté par « la marine de Vichy ». On retrouve néanmoins le nom de cette bataille pour quelques rues et places et quelques mémoriaux en Bretagne, en Vendée et bien sûr à bord du croiseur « Lamotte-Picquet » actuel. Pour ceux qui ont fréquenté l’association des anciens des forces navales françaises libres, ces marins français d’Extrême-Orient, réduits à une certaine neutralité, ont terminé pour la plupart la guerre du côté allié…

[4] Voir « A propos de « Stratégie » (12-02-2005)

[5] Voir « Midway (1) : une OPA hostile ratée » (30-09-2005). Quand on parle de Midway, on se doit d’évoquer le rôle éminent de l’amiral Chester Nimitz, l’artisan pour ne pas dire le chef d’orchestre d’une victoire qui restera comme l’une des plus belles pages de gloire des marins de l’US Navy, une page écrite avec le sang de très nombreux engagés volontaires. Sans leur sacrifice et cette victoire américaine dans le Pacifique, le débarquement américain n’aurait jamais pu avoir lieu en 1944 en Normandie, mais au moins deux à trois ans plus tard. A Washington, au lendemain de l’attaque surprise japonaise contre Pearl Harbor, « les têtes changent. Pour l’Amérique blessée et atteinte dans son honneur, l’isolationnisme n’est plus qu’un lointain souvenir: l’heure est à la vengeance. L’Amérique était déjà en guerre en Europe, elle n’a pas d’autre choix que d’ouvrir un deuxième front dans l’immensité du Pacifique. La machine industrielle va fonctionner à plein rendement. Et avec elle les hommes sauront se montrer à la hauteur des circonstances. L’Amiral Chester Nimitz, le premier, à qui le président Roosevelt confie le commandement en chef du Pacifique. Nimitz a su se servir d’un nouvel outil qui fera pencher la balance du côté américain, le Renseignement qui va connaître une véritable révolution technique avec le développement de la cryptologie, à l’insu des Japonais. Chester Nimitz lancera une première opération qui galvanisera l’Amérique et traumatisera le Japon: ce sera le raid Doolillte qui démontrera à la face du monde que le Japon était devenu vulnérable à son tour. Puis ce sera la bataille de la mer de Corail, qui précédera Midway, et ainsi de bataille en bataille, l’Amérique et ses Alliés entraîneront le Japon à capituler.

[6] Voir « Midway (7) : Les réactions américaines après Pearl Harbor » (19-11-2005)

[7] Voir « Midway (10) : Le dispositif américain » (10-12-2005)

Lire également du même auteur : dans la série « les leçons de la bataille de Midway »

Penser l’Océan avec Midway : Relire l’amiral Nimitz
Midway (13) : Commentaires généraux
Midway (12) : La bataille du 4 juin 1942
Midway (11) : Appareillages et transits des forces
Midway (10) : Le dispositif américain
Midway (9) : Le plan d’opération japonais
Midway (8) : Projets japonais après Pearl Harbor
Midway (7) : Les réactions américaines après Pearl Harbor 
Midway (6) : Lacunes mises en évidence par Pearl Harbor et conséquences 
Midway (5) : La montée vers la guerre
Midway (4) : La situation immédiate
Midway (3) : Le terrain
Midway (2) : Retour sur le passé: effet mémoire
Midway (1) : Une OPA hostile ratée

Chroniques de Guy Labouérie en 2014 :

A propos de décision  (22-08-2014)

Empreinte temporelle… (09-08-2014)

L’affaire Mayotte (27-07-2014)

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Relire l’amiral Nimitz (22-06-2014)

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Europe et géopolitique ? (01-02-2014)

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Dans la série « analyse stratégique »