A Bazeilles, les marsouins de la Division bleue ont sauvé l’essentiel : l’honneur de la Patrie…

En 400 ans, jamais les troupes de marine n’ont manqué au rendez-vous de notre Histoire pour défendre nos couleurs aux quatre coins du monde et sur le sol national: du siège de La Rochelle à l’opération Barkhane…

Source — Ordre du jour n° 5 de Sébastien Lecornu, Ministre des Armées — Fréjus, le 31 août 2022 —
Officiers,
Sous-officiers,
Caporaux-chefs,
Caporaux, marsouins, bigors et sapeurs de marine, dignes héritiers de la Division bleue,

Quand vint l’heure de la dernière cartouche, après que tout fut tenté ; après les assauts, les ruses et les balles ; après les attaques et les contre-attaques, les ordres et les contre-ordres ; après que les hommes ne tombent les uns auprès des autres ; après que la rage de vaincre ne tombe avec eux ; ne restait alors que cette dernière cartouche, qui, une fois brulée, siffla la fin de la mission des marsouins.

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Dans ce combat qu’Emile Zola décrivit dans la Débâcle comme le « pétillement de la fusillade [où] des soldats culbutaient au coin de chaque ruelle, des morts, les uns isolés, les autres en tas, [qui] faisaient des taches sombres, éclaboussées de rouge. Et, [alors qu’] au-dessus du village, grandissait une effrayante clameur, la menace de milliers d’hommes se ruant sur quelques centaines de braves, résolus à mourir ».

Ces braves, étaient des troupes de marine qui formaient la Division bleue.

Dans ce champ de ruines et de flammes qu’était devenu Bazeilles, là où tout avait été anéanti, et alors que l’espoir de la victoire s’échappait dans les panaches des incendies, les marsouins de la Division bleue ont sauvé l’essentiel : l’honneur de la Patrie.

Général Arsène Lambert, Combattant de Bazeilles au Musée des Troupes de marine de Fréjus — Photo © JFD

Dans ce combat qu’Emile Zola décrivit dans la Débâcle comme le « pétillement de la fusillade [où] des soldats culbutaient au coin de chaque ruelle, des morts, les uns isolés, les autres en tas, [qui] faisaient des taches sombres, éclaboussées de rouge. Et, [alors qu’] au-dessus du village, grandissait une effrayante clameur, la menace de milliers d’hommes se ruant sur quelques centaines de braves, résolus à mourir ».
Ces braves, étaient des troupes de marine qui formaient la Division bleue.

Dans ce champ de ruines et de flammes qu’était devenu Bazeilles, là où tout avait été anéanti, et alors que l’espoir de la victoire s’échappait dans les panaches des incendies, les marsouins de la Division bleue ont sauvé l’essentiel : l’honneur de la Patrie.

Face aux Bavarois qui s’ébranlaient en une sourde colonne, la résistance fut féroce et permit de reprendre Bazeilles par deux fois. Quand, dans un changement de commandement, il fut donné l’ordre d’abandonner Bazeilles, ce que leur bravoure avait empêché, leur discipline le permit : et les Allemands prirent la ville. Dans un dernier revirement, on intima à la Division bleue de reprendre Bazeilles, et alors, « les clairons n’avaient eu qu’à sonner, ils retournaient au feu »,[1] à un contre dix.

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« Les dernières cartouches » d’Adolphe de Neuville (1873) au Musée de Fréjus — Photo © Joël-François Dumont

Décidés à ne pas laisser l’ennemi mutiler cette terre, leur Patrie, ils ne furent bientôt plus que quelques officiers et une trentaine de soldats retranchés dans cette auberge que l’histoire retint comme la maison Bourgerie. Blessés ou agonisant, ils y défendirent la France dans une tempête de balles quatre heures durant.

Lorsqu’enfin, la dernière cartouche fut brûlée, cette poignée de braves avaient offert leur cœur à leur mission et leur vie pour la Patrie. C’est l’héroïsme et le courage de ces jeunes marsouins venus de Brest, de Toulon ou de Rochefort que vous célébrez chaque 31 août. C’est l’absolu de leur sacrifice que vous vous rappelez chaque année tel un credo, qui vous guide et résonne en chacun de vous quand vient l’heure du combat.

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Musée des troupes de Marine, Fréjus — Photo © Joël-François Dumont

Cette cérémonie résonne particulièrement cette année, puisque nous fêtons le 400e anniversaire des troupes de marine, et donc, 400 ans de bravoure et de conquêtes.

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Dans ce vaste monde que des générations de marsouins ont fait leur, vos aînés furent déployés depuis les vaisseaux de la France sous toutes les latitudes. Accostant dans tous les ports, hissant et défendant notre drapeau partout dans l’hexagone et dans nos outre-mer : l’histoire de ceux qui vous ont précédé, l’ancre d’or de votre écusson fièrement accrochée à l’uniforme, est une histoire glorieuse faite de victoires nombreuses, de défaites bien sûr, mais toujours guidée par le sens de l’honneur et le sacrifice de vos ainés de Bazeilles.

Au large des trois océans, le destin des troupes de marine est intimement mêlé à celui de nos outre-mer. Traversant l’Histoire, les troupes coloniales d’hier n’ont cessé de se transformer et de s’adapter aux réalités du monde et aux attentes des Hommes.

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Musée des troupes de marine à Fréjus — Photo © Joël-François Dumont

Demeure la vocation première des Marsouins et Bigors projetés à travers le globe pour assurer la protection des Français et la défense de nos intérêts dans le vaste monde ; cette mission est depuis 60 ans complétée par une autre, au service direct de nos compatriotes d’outre-mer, avec les Régiments du Service Militaire Adapté.

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Le 9e RIMA, Quartier de la Madeleine à Cayenne (Guyane) — Photo © Joël-François Dumont

Comme ancien ministre en charge de ces territoires, je sais le rôle important que vous jouez auprès des populations – et particulièrement des jeunes Ultramarins – je sais aussi la confiance qu’ils vous accordent et qui vous valent d’incarner dans nos outre-mer plus que tout autre, la fraternité qui fait la devise de notre République.

En 400 ans, jamais les troupes de marine n’ont manqué au rendez-vous de notre Histoire pour défendre nos couleurs aux quatre coins du monde et sur le sol national : du siège de La Rochelle à l’opération Barkhane – dont nombre d’entre vous du 3ème et du 21ème RIMa viennent de rentrer – en passant par les guerres napoléoniennes, les deux guerres mondiales, la guerre d’Algérie et les conflits plus récents qui ont marqué la fin du siècle dernier et le début du XXIème, les marsouins, « hommes de fer que rien ne lasse »[2] furent sur tous les fronts, « dans l’orage qui gronde ou le rude combat ».[3]

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Éléments du « 8 » en Roumanie — Photo © EMA

A l’heure où de nouvelles menaces surgissent aux portes de l’Europe, « l’âme au danger toujours prête », [4] les marsouins du 8e RPIMa de Castres sont partis défendre les frontières orientales de l’Alliance Atlantique en Roumanie, où la France est Nation cadre pour l’OTAN. Dans ce nouvel ordre mondial, les Français savent pouvoir compter sur leurs troupes de marine, qui en 400 ans se sont adaptées à toutes les menaces, à tous les terrains, et à tous les défis que l’Histoire a dressés devant eux.

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Troupes adaptées à toutes les menaces, tous les terrains et à tous les défis – Musée de Fréjus — Photo © JFD

Marsouins, bigors, sapeurs de marine, soyez fiers de cette histoire ! Continuez de l’écrire en ayant, gravée au fond de vos âmes, la bravoure de ceux de Bazeilles. Continuez de l’écrire en ayant, battant au fond de vos cœurs, l’ardeur de défendre nos couleurs. Continuez de l’écrire, en gardant à l’esprit qu’à chaque cartouche que vous brulez, vous pouvez écrire le destin, et sauver l’honneur de la France.

Vive les Troupes de Marine !
Vive la République !
Vive la France !

  • [1] Emile Zola, « La Débacle »
  • [2] Hymne des Troupes de Marine
  • [3] Bis
  • [4] Ter
Les commémorations des combats de Bazeilles aux Arènes de Fréjus – Source Fréjus TV

Voir également: « Morts en héros pour la France » : La France honore la mémoire des commandos Hubert dans la Cour d’honneur des Invalides (2019-0514)