Marins et aviateurs ont pour obligation de bien gérer leur temps. Il leur faut prendre soin de faire en permanence la « synthèse de toutes les données dont ils disposent » pour mieux faire face aux défis de l’espace ou de l’Océan.
Par Guy Labouérie.(*) Brest, le 9 août 2014.©
Dans une nouvelle série d’analyses [1] assez fidèle à cette pensée de Bossuet « Qui se met à penser devient hérétique … » sur ce site [2] l’amiral Guy Labouérie (2s) poursuit sa réflexion, cette fois sur le temps et son empreinte. Marins et aviateurs ont pour obligation de bien gérer leur temps. Il leur faut prendre soin de faire en permanence la « synthèse de toutes les données dont ils disposent » pour mieux faire face aux défis de l’espace ou de l’Océan. Distinguant pour les marins « les temps de base en trois grands ordres: le temps de la mer auquel ils tous sont soumis, le temps des hommes embarqués sur le navire et le temps des choses ou des techniques et des matériels », Guy Labouérie n’oublie pas pour autant qu’il leur faudra se soumettre à « la pression de l’immédiat » qui « pèse parfois lourdement dans le cas des flux tendus à respecter quoi qu’il arrive.»… « La capacité de gérer en permanence l’immédiat de l’environnement et de son évolution avec le terme ou le long terme de la finalité fait que le Pilote ne confond jamais « mer du vent » et « houle de fond » … On ne rattrape jamais sans douleur une fausse appréciation du Temps, les populations s’en aperçoivent bien plus rapidement que ne le croient leurs dirigeants… Tout Projet qui se trompe sur le Temps ne peut atteindre son objectif… Seul un retour à une véritable culture du Temps et du courage indispensable qui lui est lié dans une société par ailleurs entraînée dans une accélération continue », permettra à celle-ci de se développer harmonieusement. A défaut de pouvoir un jour « apprivoiser le temps », on pourrait au moins l’enseigner comme notre auteur le suggérait dans ses « leçons de l’Océan ».[3]
Chacun connaît la phrase de Mitterrand « donner du temps au temps » dont on ne sait s’il s’agissait d’un éloge de l’immobilisme ou au contraire de la nécessité de réfléchir avec le bon tempo avant d’agir…
Le temps est une dimension mystérieuse qui nous est imposée et à laquelle on ne peut échapper par sa base calendaire, heures, jours, années, impavide dans son déroulement, impitoyable dans ses effets terminaux, et en même temps apparemment extérieure aux multiples autres particularités temporelles tout aussi réelles. Elles recouvrent des concepts tels que: simultanéité, relativité, répétitivité, immédiateté, contemporanéité, vitesse, accélération, dérives, fiabilité, ralentissement, succession, immortalité, etc. qui sont toutes des aspects différents et complémentaires du Temps. La littérature sur ce sujet est immense dans toutes les professions comme dans le vocabulaire qui le décline en multiples qualificatifs : temps réel, immédiat, partagé, différé, virtuel, individualisé, protégé …. On en invente des qualificatifs chaque année.
Amiral Guy Labouérie – Photo © JFD
Ce mystère du temps a été à l’origine de toutes les mythologies et les religions pour qui, émergeant d’un chaos initial indéterminé, le temps est initialement ordonné vers la vie, vers la construction, l’action, le développement de l’univers et privilégie tout ce qui est nouveau, découverte, ouverture, accompagnant l’homme dans sa croissance. Il a donc une orientation, un sens que les diverses religions interpréteront différemment, soit vers une possibilité de sur-vie ultérieure soit vers la “néantification”, que ce soit par dissolvation ou par indifférence, tandis que les idéologies n’y verront que l’aboutissement d’un égalitarisme généralisé hors du temps c’est-à-dire la mort de l’humain, être dans le temps.
En réalité pour la personne comme pour la collectivité tout se joue autour des trois grandes distinctions classiques « passé – présent – futur ». Une de nos tentations habituelles est de vouloir séparer ces trois moments, espérant y trouver des points de repère précis pour savoir non seulement où l’on est exactement mais surtout qui l’on est, alors qu’ils sont insécables en chacun de nous. Les plus grands esprits se penchent sur ce “présent” avec bien des interprétations démontrant, ou niant, que l’homme est un et libre dans son temps présent. Ce “maintenant” est le seul moment réel, en même temps que toujours en devenir et toujours en disparition:
“ Dès qu’il s’agit des hommes, tout, absolument tout, sans la moindre exception, est toujours donné au présent….Aucun homme, jamais, n’a rien vu, rien entendu, rien senti, rien fait rien pensé qu’au présent….il anticipe ce qui sera, mais il anticipe dans le présent. Il se souvient de ce qui a été mais il s’en souvient dans le présent.”[4]
Cet ensemble « passé- présent- futur » est propre à chaque personne comme à chaque groupe humain, chaque société, chaque culture, et il n’évolue que peu au cours du temps calendaire. Aussi peut-on parler à leur propos de signature, ou empreinte temporelle, aussi spécifique qu’une empreinte digitale, acoustique, génétique ou autre. Toutefois si ces dernières sont toutes d’ordre physiologique il s’agit ici de bien autre chose, d’une signature dans le domaine de la Pensée et de l’Action se déployant dans l’Espace/Temps/Information. Cette signature marque avant tout l’unité de l’homme, sa singularité, et celle de sa société même lorsque nous voulons nous en défaire, singularité toujours menacée dès lors que son passé ne lui est pas enseigné ou que son avenir n’existe plus. Elle se construit année après année avec les composantes essentielles de la Mémoire, racines familiales, sociales, professionnelles, et la nécessité d’une histoire sans laquelle nous sommes perdus, émiettés, éclatés, histoire qui doit être présente à tout moment dans la conduite de la pensée et de l’action, aussi bien la nôtre que celle de l’Autre, simple ou multiple.
“Chaque personne, chaque entreprise, chaque pays a sa signature temporelle”
Si on casse, quel qu’en soit le processus, chez la personne, le groupe, la société, cet ensemble “passé-présent-futur”, on amorce une énergie de destruction par déstabilisation interne. Ce fut le cas de l‘irruption des Conquistadores en Amérique du Sud ou de la conquête de l’Ouest par les Étasuniens. La rupture fut tellement brutale, particulièrement en Amérique latine que des peuplades entières n’ont plus trouvé aucune raison de vivre, aucun avenir, dans un monde qui leur échappait et où leur culture volait en éclats. Il en est de même de l’esclavage toujours actuel en maints pays, parfois même dans certaines prisons comme Guantanamo, et surtout dans l’absolu de l’horreur des camps de déportation spécialement ceux de la Shoah, du Goulag, du Lao-gaï et autres abominations, dont le ressort profond est de casser la personne par la disparition du Temps. On retrouve le même phénomène dans le refus d’assumer leur passé de bien des Nations, ou du moins de leurs élites, y compris des passés glorieux, qui trouveraient pourtant dans leur mémoire lointaine beaucoup d’éléments leur permettant une insertion et un développement plus faciles et plus riches dans notre monde.
A l’opposé, si on augmente quel qu’en soit le processus, la fusion de ces trois termes, leur cohérence, leur unité, on ouvre alors une énergie étonnante de réflexion et d’action, cela étant vrai à titre individuel comme collectif. Le résultat en sera positif ou négatif suivant la valeur du processus retenu pour obtenir cette fusion et les critères adoptés pour en juger! Inventer un passé mythique glorieux peut conduire à des catastrophes, l’énergie étant alors entièrement faussée. C’est le cas aujourd’hui de ces pays aux frontières artificielles héritées des colonisations et sans passé national réel quoi qu’en prétendent leurs dirigeants ou leurs flatteurs, tandis que leurs citoyens cherchent désespérément leur identité dans les difficultés quand ce n’est pas dans l’horreur, ce qui pose de très difficiles problèmes d’unité nationale et d’avenir ainsi que de tranquillité internationale.[5] Il en est de même dans tous les pays soumis à des dictatures et idéologies mortifères niant l’identité culturelle ou spirituelle de chaque membre pour en faire un produit unique toujours identique… avec un décalage de plus en plus accusé avec les réalités du moment.
Aussi la première condition de réussite de tout projet, y compris le sien propre dans sa vie personnelle, est-elle alors simple à énoncer mais très complexe à maîtriser: il faut connaître son empreinte temporelle et celles de toutes les personnes et tous les organismes en cause dans son Projet, y compris, pour les plus importants, les signatures temporelles de la nébuleuse globale de l’Autre. C’est d’autant plus difficile que l’espace d’activité est désormais celui de la Planète-Océane multipolaire et hétérogène. On comprend facilement à quel point une formation purement bureaucratique ou technocratique ne prépare en rien désormais à la prise en temps voulu, (le moment décisif du cardinal de Retz, le « maintenant » véritable), de décisions et de responsabilités importantes pouvant devenir vitales pour une personne comme pour un pays. De ce point de vue il devient urgent de revoir entièrement la formation et le choix des candidats aux élections dans la plupart de nos pays occidentaux. Ces élections atteignent leurs limites comme le montrent nos crises, évolutions, risques… avec l’incapacité des élus de les assumer. Le cas français est assez tragique en ce domaine car il s’y ajoute une question générale de système politique également à bout de souffle. On trouve dans l’Histoire et la Culture de chacun des pays, de chacun des grands groupes de populations, toutes les caractéristiques qui permettent d’établir leur signature temporelle collective. On baptisait il y a encore peu de temps cette caractéristique d’une personne ou d’un peuple par le mot “tempérament” que connaissent bien les vieux couples et sur lequel s’appuie ou devrait s’appuyer toute politique internationale car s’il est bien de parler d’influence ou de soft power cela commence par une connaissance approfondie des empreintes temporelles des divers acteurs, et d’autant plus que l’on a moins de moyens de tous ordres en soutien. Cela éviterait bien des erreurs avec la Russie…
Une grande difficulté toutefois est qu’il n’existe pas d’appareils de mesure de cette signature, dont la connaissance repose sur l’expérience, le refus des impressions subjectives par l’appréciation méthodique continue des situations que l’on veut dominer et par la culture, en tant que “capacité de se situer” (André Siegfried). Une source que Saddam Hussein aurait eu intérêt à consulter se trouve, par exemple, dans les films “western” qui indiquent bien que le délai de réaction du “bon” cow boy tend très vite vers zéro au-delà d’un certain nombre d’avanies. Cela est toujours vrai. Celui de l’Europe est par contre inexistant puisqu’il ne peut pas y avoir signature temporelle de l’Union Européenne en tant que telle, parce qu’elle ne sait pas, ou ne veut pas dire à travers ses élites politiques, autour de quel Projet elle pourrait se constituer, projet impossible à partir du moment où elle refuse d’affirmer ses racines et son histoire ce qui la jette dans un trouble grandissant où surnage l’égoïsme des États…
Qui ne connaît pas ou ne s’efforce pas de connaître ces signatures temporelles a peu de chances de pouvoir dominer les difficultés qui se présentent dans un pays ou même simplement de comprendre ce qui s’y passe. C’est le cas de presque tous les commentaires sur les “Chines” ou les “Indes”, mondes protéiformes difficiles à caractériser par un singulier! Les Britanniques l’avaient compris depuis longtemps. On peut et doit étendre cette notion à l’ensemble de la planète, dans toutes les activités humaines, collectives et individuelles. On repère partout ces signatures, par exemple dans les cultures militaires où l’on reconnaît immédiatement, en le lisant ou en l’écoutant, à quelle armée et à quel pays appartient un officier. Mais c’est aussi le cas dans toute autre activité, comme dans l’art où les œuvres, en peinture à base d’expression de l’espace et en musique à base de mouvement, sont significatives des signatures temporelles de leurs auteurs, ce qui permet de les identifier en tant que tels que ce soit au coup d’œil initial ou à la première phrase musicale. Il en est ainsi de tous les peuples. Il en est de même de chaque entreprise. Cette empreinte temporelle doit intégrer l’Espace dans lequel se déploient la personne, le groupe, la société, l’État… et l’Information dont ils disposent. On observe alors qu’il existe au niveau collectif quatre grandes familles d’empreintes temporelles correspondant à quatre façons d’envisager le temps et ce que l’on peut faire pour agir avec, sur, et le cas échéant contre lui :
– le temps immobile, temps des intégrismes, des conservatismes, des corporatismes …, par refus du présent, fascination du passé, peur de l’immédiat et des conséquences des progrès technologiques, conception pouvant aller vers toutes les “soumissions” depuis celle des “drôles de guerre” qu’elles soient militaire ou économique… jusqu’aux plus abominables, les idéologiques.
– le temps circulaire des mondes paysans et jardiniers avec les illusions du perpétuel recommencement et des réincarnations, conduisant à la prédominance du court terme répétitif au détriment du long terme quand ce n’est pas dans les tentations des paralysies-réincarnations-néantifications quelle qu’en soit la raison.
– le temps ordonné à un but, celui des “marins” Grecs, conduisant à l’esprit d’entreprise puis à la conquête du monde par l’Europe maritime, et quelques siècles plus tard au rationalisme et au scientisme, et à l’extrême la “flèche du temps” de Prigogine, avec des dérives possibles vers le désintérêt ou la prédestination déterministe.
– un temps finalisé comme histoire, celui de l’Ancien Israël, des christianismes, de certaines philosophies avec le rôle fondateur essentiel d’une mémoire vivante et ses racines qui assurent l’identité, la différentiation et l’élan…le cas échéant vers un autre monde, sortant parfois de l’épure humaine avec les idéologies et théocraties!
Ces quatre perceptions du temps se retrouvent à des degrés divers en chaque personne, chaque entreprise, chaque groupe, chaque peuple, chaque Nation, et se composent de façons très variables suivant les circonstances dans lesquelles se trouvent plongés tous les humains concernés. L’approche des signatures correspondantes n’est possible que par la Mémoire et la Culture, c’est-à-dire un travail quotidien d’information, vers l’arrière et vers l’avant, d’autant plus important et précis que l’on aspire à des responsabilités plus importantes. On en constate la nécessité partout. Cela est particulièrement perceptible lors de la projection à l’extérieur de leur pays, ou de leur culture d’origine, de personnes hors de leur Espace/Temps/Information habituel, en activité d’exportation ou d’interventions diverses, commerciales, militaires, humanitaires…. Ce travail n’est rien d’autre que le mouvement de la pensée, hors desquels il ne peut y avoir ni vie ni création.[5] C’est l’esprit d’entreprise qu’il est facile de perdre et très difficile à reconquérir, la France en fait l’expérience, car cela nécessite l’effort de tous en commençant par les responsables politiques et administratifs.
Le “choc” des cultures ou des civilisations dont on parle régulièrement ne peut résulter que de la méconnaissance de nos histoires respectives parce que derrière ce couple indissociable “passé-présent-futur” il y a le ressort infiniment puissant du rapport de la Violence et du Temps. Chaque fois que l’on tente de ralentir ou d’accélérer le temps de l’Autre, c’est une violence que l’on inflige.[2] Cela est vrai, aussi bien dans l’éducation des enfants que dans la conduite d’une entreprise, d’un pays et bien sûr dans la guerre. La Révolution, ou tentative d’accélération de l’histoire, et l’intégrisme, qui essaie de la retarder, ont un point commun, celui d’ouvrir la violence et les destructions, nécessitant ensuite des années pour en amortir les effets. Cette tentation du temps, tout le monde la connaît. On en trouve des exemples partout en particulier pour forcer la Nature, avec les abus des agricultures quand ils jouent sur le “temps” de maturation des plantes et des animaux. Les conséquences en sont les prions de la “vache folle” pour citer la plus spectaculaire, mais bien d’autres se profilent à l’horizon.
A l’inverse, chaque fois que l’on veut ralentir le temps des hommes et des sociétés, on fait peser sur eux une chape de plomb empêchant leurs mouvements, physiquement certes mais plus encore, psychologiquement, intellectuellement, affectivement, spirituellement. Cette chape est de plus en plus aujourd’hui celle de la non-information avec, le cas échéant, comme cela se voit avec les passeports intérieurs et les cartes d’identité dans certaines parties du monde, le non-mouvement physique ou le non-mouvement social. Cela se traduit par une tension interne grandissante ayant souvent des conséquences extérieures d’agressivité et de violence verbale ou physique, comme en Russie et plus près de nous l’Iran et l’Algérie et d’une façon générale malheureusement la plupart des pays musulmans.
Il y a une proposition inverse à ne pas passer sous silence, à savoir que celui qui est incapable de dominer sa violence est incapable de dominer le Temps, le sien propre ce qui peut le conduire assez vite en prison, et celui des autres ce qui est grave à la tête d’un groupe, d’une entreprise et désastreux à celle d’un pays. C’est un fait habituel chez les dictateurs, accompagnant obligatoirement la pression qu’ils font peser sur leurs peuples. Il n’y a pas de dictateurs doux, calmes et réfléchis. Que ce soit Hitler, Staline, Mao ou bien d’autres leur incapacité à dominer leur violence personnelle et collective les rend inaptes à conduire leurs peuples vers le développement et la richesse et les entraîne vers les pires extrémités, même “si les cris de leurs victimes ne les atteignent jamais, eux les vrais bourreaux” (J. Thomas).
Les lamentables et affreux spectacles de ces centaines de milliers d’enfants martyrisés, brutalisés, violés, de ces millions de femmes battues etc. à travers le monde, illustre cette déroute de l’homme dès lors qu’il n’est pas capable de maîtriser sa signature temporelle. Sans insister sur la question de savoir ce qui est premier, il serait sage, pour tous ceux qui se penchent sur ces noires horreurs, de s’interroger sur ce qui est une “maladie d’horloge” et pas seulement sur la faute de la société, de la grand-mère, des parents ou de l’école! Si ces éléments interviennent peu ou prou, il n’est pas sûr que jusqu’ici on ait donné à la capacité de maîtrise du Temps personnel sous sa forme complète l’importance qu’elle revêt de fait. Il serait d’autant plus important de s’y intéresser que l’excès de quantité et de rapidité de l’information, avec la pression de l’immédiat, rend plus difficile cette maîtrise. Celui qui ne peut suivre cette accélération se sent en permanence agressé par des phénomènes qu’il ne comprend pas, surtout s’il vit dans une autre culture que la sienne. C’est l’immense question des immigrations et une des tâches les plus lourdes aujourd’hui que d’expliquer le Temps, celui des personnes dans leur diversité, celui des citoyens, celui de son peuple, celui des autres peuples et l’École devrait lui réserver une place de choix avec la lecture, l’écriture, le calcul et l’information. Seule une véritable Démocratie serait capable de le faire, nous en sommes encore très loin.
Guy Labouérie
(*) Après avoir commandé l’École Supérieure de Guerre Navale et quitté la Marine, l’Amiral Labouérie s’est consacré à l’enseignement en Université et à des études de stratégie générale et de géopolitique. Élu à l’Académie de Marine, il a été notamment professeur à l’École de Guerre Économique, membre du comité stratégique de l’Institut de Locarn en Bretagne et est souvent intervenu dans diverses écoles et entreprises sur les questions de géopolitique et de stratégie.
[1] Voir l’index des papiers de l’amiral Labouérie.
[2] Voir « Les leçons de l’Océan: (2) le Temps » de Guy Labouérie (16 avril 2005).
[3] Voir Jean d’Ormesson “ La douane de mer ” aux ÉditionsGallimard (1993). Au-delà de ses immenses qualités toute l’œuvre de Jean d’Ormesson est aussi, pour peu que l’on y prête attention, un passionnant traité philosophique sur le Temps.
[4] C’est vrai en Europe dans les Balkans et en Afrique avec l’Algérie, les grands Lacs, etc.
[5] Un exemple désolant de ce qu’il ne faut pas faire : la suppression par l’Élysée d’une conférence remarquable de Bernard Lugan prévue pour des officiers devant agir dans le Sahel tourmenté… On la retrouve heureusement sur Internet. La rétention d’information ou la censure sont le signe d’une grande faiblesse… !
[6] Le 9 juillet dernier, Bernard Lugan diffusait le communiqué suivant : « Le 24 juin 2014, à la demande des Armées, je devais présenter « L’interaction religieuse, culturelle, historique et géopolitique entre les cinq pays de l’Afrique du Nord et ceux de la bande sahélo-tchadienne » aux Attachés de Défense français en poste dans la quinzaine de pays concernés, plus le Nigeria. Le but de cette intervention très spécialisée était de donner à nos AD une nécessaire vision globale ainsi que des clés de lecture dépassant les frontières de leurs affectations respectives. Quelques jours avant la date prévue, un ordre comminatoire téléphoné depuis l’Élysée contraignit les organisateurs à décommander la prestation bénévole qui m’avait été demandée dans l’urgence et pour laquelle, compte tenu de l’actualité et des enjeux, j’avais annulé des engagements prévus de longue date. Alors que la complexité des situations locales et régionales nécessite une connaissance de plus en plus « pointue », non idéologique et basée sur le réel, la présidence de la République, avec un sectarisme d’un autre temps, a donc privé les Attachés de Défense français d’une expertise à la fois internationalement reconnue et nécessaire à la bonne compréhension des zones dans lesquelles ils servent… J’ai attendu des explications. Comme elles ne sont pas venues j’ai donc décidé de publier ce communiqué afin que le public sache que des héritiers de la « section des piques » gravitent dans l’entourage immédiat du chef de l’État d’où ils lancent les « colonnes infernales » de la pensée sur les esprits libres. Le prochain numéro de l’Afrique Réelle que les abonnés recevront au début du mois d’août contiendra le texte de mon intervention censurée qui sera naturellement amputé des éléments confidentiels que je réservais à l’auditoire spécifique auquel elle était destinée. Les « tchékistes » de l’Élysée le découvriront en primeur puisque la présidence de la République est abonnée à l’Afrique Réelle et qu’elle reçoit mes communiqués… » (NDLR)
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