Lors du sommet de l'OTAN à Prague, Jacques Chirac a souhaité que désormais les Français soient à même de fournir des états-majors intégrés OTAN ou EU. La NRF était lancée et avec elle des défis pour nos trois armées qui seront relevés en 3 ans.
Les moyens militaires des pays membres de l'Alliance sont normalement placés sous commandement et contrôle nationaux, sauf lorsque ceux-ci sont affectés, en tout ou en partie, à l'OTAN, pour l'exécution de missions militaires décidées d'un commun accord, car l'OTAN ne dispose en permanence sur le plan militaire que d'un nombre limité de QG et de forces.
L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a fait l'objet d'une véritable transformation au cours de ces dernières années. L'Alliance s'est élargie après l'adhésion d'anciens pays de l'Europe centrale et orientale et a noué des "Partenariats Pour la Paix" (PPP) avec des pays comme la Russie ou l'Ukraine.
La fin de la guerre froide, l'émergence de nouvelles menaces et la multiplication de conflits armés, souvent éloignés du théâtre européen, ont rendu indispensable une "transformation" de l'OTAN entraînant une évolution sans précédent de ses capacités opérationnelles pour être en mesure de relever de nouveaux défis. Dans un grand dossier rassemblé pour le numéro de juillet-août de la revue Défense [1] avec l'aide des Officiers de presse des SIRPA Air, Terre, Marine, des Forces Spéciales et du QG CRR Fr à Lille, Joël-François Dumont (*) avait expliqué la genèse de la NRF décidée lors du Sommet de l'OTAN qui s'est tenu à Prague en 2002, dont nous reproduisons ci-dessous le seul extrait concernant la NRF et la Marine nationale.
Depuis le début, la France a soutenu cette initiative de l'Alliance atlantique, Paris, sur le plan militaire, souhaitant maintenir une "aptitude à planifier et conduire des opérations interalliées d'envergure". Elle a même enrichi le concept NRF [2] en y apportant des contributions significatives. Elle a également créé des états-majors de réaction rapide pour exercer, à terme, le commandement des différentes composantes de la NRF. Qu’il s’agisse du Corps de Réaction Rapide français de Lille pour la composante terrestre, certifié le 8 juin 2007, du COMFRMARFOR de Toulon, pour la composante maritime, qui a obtenu sa certification en décembre 2005 ou du CDAOA de Taverny, pour la composante aérienne, certifié au printemps 2005.
Trois états-majors qualifiés désormais pour diriger des opérations placées aussi bien sous commandement de l'OTAN que de l'UE. Après la brillante réussite de l'Armée de terre, c'est à la Marine nationale de se qualifier à son tour avant de prendre le 1er janvier prochain le commandement de la Force Aéromaritime de Réaction Rapide de l'OTAN. ccccccUn "MCC" est composé d'une centaine de personnes embarquées à bord du Tonnerre : il est placé sous les ordres du contre-amiral Alain Hinden, COMFRMARFOR. [3] Cette NRF pourra compter jusqu'à 25.000 hommes. Elle doit pouvoir être "déployée rapidement et à tout moment sur alerte de l'OTAN, partout où cela sera nécessaire dans un délai de cinq jours pour assurer des opérations pouvant durer un mois". Une vraie "première" pour une marine qui a, elle aussi, subi des réductions de format avec la professionnalisation des armées et qui est engagée dans la rénovation de ses moyens, mais dont la fierté sera d'entrer à son tour dans le club très fermé des certifiés NRF et HRF. Naples, le 10 décembre 2007.
Depuis le mois de janvier 2007, la France fournit la capacité amphibie de la composante maritime de la Nato Response Force (NRF). Plus qu’une mise à disposition de moyens, la marine nationale est à la tête des forces amphibies au sein d’une structure commandée par un amiral espagnol. Pour la première fois, la marine nationale est entrée « dans le tour d’alerte NRF » aux côtés des Britanniques, des Espagnols, et des Italiens. L’interopérabilité de la marine avec l’OTAN est complète.
Embarquement d'un LCAC à bord du BPC Tonnerre lors des exercices de certification
Depuis octobre 2005, notre pays dispose en effet d’un poste de commandement capable de commander la composante navale d’une force de réaction rapide de l’OTAN. La France a été dernièrement la nation hôte de l’exercice " Brilliant Midas 06 " de certification par l’OTAN de la NRF 8 dirigée par l’Espagne.
La première rotation de la force, qui comptait 9 500 hommes environ, a été inaugurée le 15 octobre 2003, une année à peine après l’annonce de sa création par le Secrétaire américain à la défense, Donald Rumsfeld. Cette force de réaction fonctionne par rotation. Les pays membres de l’OTAN affectent des moyens auprès de celle-ci pour une période de six mois. La participation à la NRF est précédée par une mise en condition de six mois pendant laquelle les moyens des unités sont évalués au cours d’exercices complexes. L’état-major de commandement amphibie (Commander Amphibious Task Force : CATF) fourni par l’état-major de force aéromaritime de réaction rapide français (HRF(M) HQ) et l’état-major de CLF fournit par la 9° brigade légère blindée de Marine ont obtenu la certification OTAN lors de l’exercice Brilliant Midas 06 qui s’est déroulé au début du mois d’octobre au large des côtes méditerranéennes françaises. La France a ainsi prouvé qu’elle était capable d’assurer le commandement d’une opération amphibie au sein de la NRF 8. Cette certification met notamment l’accent sur l’interopérabilité, les capacités opérationnelles, la logistique, l’aptitude à se projeter. Pour les systèmes d’information et de commandement, c’est un challenge de haut niveau puisque pas moins de 150 ordinateurs reliés à différents réseaux fonctionnent et cohabitent au sein du PC embarqué a bord du Mistral… Quant au commandement opérationnel de la NRF, il est assuré en alternance par le Commandement OTAN des forces interarmées de Brunssum et de Naples et par le quartier général interarmées de Lisbonne.
Le Bâtiment de projection et de commandement à Beyrouth (BPC) Mistral
Le 18 octobre 2006, l’amiral Alain Oudot de Dainville, chef d’état-major de la marine, auditionné par la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées sur le projet de loi de finances pour 2007, a « jugé la gestion de la crise au Liban riche en enseignements… Elle a constitué la première opération interarmées conduite par le centre de commandement des opérations maritimes de niveau opératif HRF (High Readiness Force), certifié en 2005, comme noyau du commandement des forces maritimes. Les capacités du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral en matière de commandement et d’opérations amphibie ont été confirmées. Par ailleurs, l’opération Baliste a souligné l’importance des frégates d’escorte pour assurer la protection d’une force sous la menace de missiles. Les bâtiments et leurs équipages ont montré leur polyvalence et leur capacité d’adaptation, alors que les missions ont évolué au gré de la situation diplomatique et sur le terrain. La souplesse et la réactivité d’une force en mer, associées à sa liberté de mouvement, offrent une large palette d’options au chef d’état-major des armées. Enfin, les relations avec les services de soutien, au plus près des forces, ont contribué à cette réactivité. Le Mistral, qui n’est pas encore admis au service actif, a ainsi été équipé, sans délai, en moyens de transmission et de commandement. » [4]
Le Siroco ravitaillant la FINUL dans le sud-Liban pendant les bombardements de l’été dernier
Après avoir rappelé que l'été dernier, « en moins de dix jours après le début de la crise au Liban, une force navale composée de deux bâtiments amphibies et de deux frégates d’escorte était sur place. L’opération Baliste a permis, dans un premier temps, d’évacuer 7 700 ressortissants, d’acheminer 500 tonnes de fret humanitaire et de soutenir la FINUL. Ensuite, cette force a dirigé et soutenu le détachement du génie chargé de la reconstruction des ponts vitaux pour le Liban, par la mise en place des structures Bailey. Elle a pris part également à la surveillance des côtes libanaises, au sein de la FINUL. Depuis début octobre, ce dispositif maritime est allégé : une frégate est maintenue dans la zone d’opérations, tandis qu’un bâtiment amphibie reste en alerte. » [4]
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Participation de la Marine Nationale à la NRF 8 :
– un État Major Amphibie de type CATF
– 8 bâtiments : Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral, les transports de chalands de débarquement (TCD) Siroco et Orage, les frégates Cassard et Guépratte, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Meuse et les chasseurs de mines Pégase et Verseau.
– L’Armée de Terre fournit une force « d’entrée en premier » de 650 hommes ainsi que les véhicules et les hélicoptères qui peuvent être projetés depuis nos bâtiments amphibies.
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L’emploi d’une force de réaction rapide
Au début du mois de décembre 2006, le secrétaire général de l’OTAN a déclaré l’ensemble de la NRF « fully operational and ready for a full range of missions » La rotation de la NRF à laquelle la France participe est donc la première force de réaction à pouvoir être employée pour l’ensemble des missions assignées à une force de réaction rapide, plutôt cantonnée jusqu’à présent dans des opérations à dominante humanitaire.
Joël-François Dumont
(*) Auditeur à l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN).
[1] Défense est la revue bimestrielle de l'Union des Associations des Auditeurs de l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN). Abonnements: BP 41-00445 Armées.
[2] La force de réaction de l'OTAN (NATO Response Force) ou NRF est une force à haut niveau de préparation, faisant appel aux technologies de pointe et composée d’éléments des forces terrestres, aériennes, navales et spéciales que l’Alliance peut déployer rapidement partout où cela sera nécessaire. Elle est capable de s’acquitter de missions dans le monde entier en accomplissant toute la gamme des opérations, qu’il s’agisse d’évacuations, de gestion des catastrophes, de lutte contre le terrorisme et en faisant office de « force d’entrée initiale » pour des forces de remplacement plus importantes. À l’heure actuelle, la Force compte 17 000 hommes. Il est prévu qu’elle atteigne sa capacité opérationnelle finale en octobre 2006 ; elle comptera alors quelque 25 000 hommes et pourra commencer à se déployer dans un délai de 5 jours et soutenir des opérations pendant 30 jours et plus si elle est réapprovisionnée. Cette force donne à l’OTAN les moyens de réagir rapidement n’importe où dans le monde à divers types de crises. Elle est aussi le moteur de la transformation de l’OTAN sur le plan militaire. (Source: OTAN).
[3] Le 4 avril dernier, le contre amiral Alain Hinden, adjoint au commandant de la force aéromaritime française de réaction rapide (COMFRMARFOR) a pris le commandement de la Task Force 150 (TF150) en océan Indien et mènera avec son état-major les opérations à partir du bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Somme. Il succède dans ces fonctions au commodore britannique Bruce Williams. La France a commandé à plusieurs reprises la TF 150, notamment dans le cadre de l’Euromarfor (septembre 2003, septembre 2004, août 2005). Plusieurs bâtiments français sont actuellement intégrés à la TF 150, en plus du BCR Somme bâtiment support de l’état-major, la frégate anti-sous-marineDupleix fait partie du dispositif et l’aviso Enseigne de vaisseau Jacoubet a quitté son port base de Toulon le 10 avril dernier pour rejoindre la zone. (Source: DICoD).
[4] Compte-rendu n°6 de l'Audition du chef d’état-major de la marine.
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