La décision d’associer des forces militaires terrestres franco-allemandes au sein d’une grande unité a été prise lors du 50ème sommet franco-allemand à Karlsruhe en novembre 1987. Créée le 12 janvier 1989, la « brigade franco-allemande » est subordonnée à l’Eurocorps.
xComme l’Eurocorps, la création de la Brigade franco-allemande, la BFA a permis à la coopération militaire entre la France et l’Allemagne d’entrer dans une nouvelle phase. La décision d’associer des forces militaires terrestres franco-allemandes au sein d’une grande unité a été prise lors du 50ème sommet franco-allemand à Karlsruhe, les 12 et 13 novembre 1987. Les modalités de la création de cette brigade ont été définies lors du 25ème anniversaire de la signature du Traité de l’Elysée, en 1988. La « brigade franco-allemande » a été créée le 12 janvier 1989 et est subordonnée à l’Eurocorps depuis le 1er octobre 1993.
La brigade franco-allemande « a notamment permis des progrès considérables dans le domaine de l’interopérabilité, par exemple en matière d’armement et d’harmonisation des méthodes et des modes d’action. Elle a également servi de modèle à la coopération internationale pour le maintien de la paix dans les Balkans et a prouvé à plusieurs reprises son aptitude opérationnelle lors de différentes opérations de ce type, dans les Balkans en 1997 ou plus récemment, en 2004-2005, en Afghanistan dans le cadre de la Force internationale d’assistance à la sécurité(FIAS).»[1] La BFA peut être utilisée dans le cadre d’actions menées par l’Union européenne ou l’OTAN et « participe activement à la mise en œuvre de la politique de défense et de sécurité européenne.
Si elle consolide toujours son noyau franco-allemand, elle intègre également à sa structure des capacités additionnelles belges et espagnoles et évolue constamment dans sa capacité de commandement d’une structure multinationale.»[1]
Dans le grand dossier de la revue Défense consacré à la relation franco-allemande à l'épreuve du temps, après une présentation de l'Eurocorps,[2] le général Philippe Chalmel (*) explique le rôle de la brigade dont il a le commandement. Nous reproduisons ici ce texte avec l'accord de la rédaction de la revue.[3] Paris le 24 février 2010.©
La brigade franco-allemande a tourné en 2009 une page historique. Sa pérennisation, alors que d’aucuns voyaient son existence même menacée, son rééquilibrage politique et géographique de part et d’autre du Rhin, l’augmentation de ses capacités opérationnelles, placent clairement cette grande unité dans une nouvelle dynamique d’avenir, porteuse d’espoir pour la constitution d’une véritable force armée européenne.
Le 14 juillet 2009, à l’occasion de son 20ème anniversaire, 240 soldats français et allemands de la BFA ont participé au défilé militaire sur les Champs-Élysées.
L’histoire des forces françaises stationnées en Allemagne s’écrivait, jusqu’en 2009, sur une page ouverte à la fin du second conflit mondial, en évolution du statut initial d’occupation. C’est également sur cette page que s’était inscrite la date du 2 octobre 1989 avec la décision de création de la brigade, relance franco-allemande de la politique des petits pas des pères fondateurs, en lien historique avec l’échec de la communauté européenne de Défense en 1954.
La Brigade franco-allemande en Afghanistan
C’est sur cette page aussi que s’est déroulée la montée en puissance de la brigade, engagée groupée deux fois en ex-Yougoslavie et en Afghanistan, devenue au fil du temps une grande unité aux capacités opérationnelles reconnues internationalement.
La Brigade franco-allemande en Afghanistan
2009, l’année du vingtième anniversaire, aura été l’année de toutes les craintes avant d’être celle de tous les espoirs. Année de toutes les craintes de voir une brigade vidée de sa substance par les réformes en cours en France qui, par la rationalisation des stationnements et des subordinations, aurait pu entraîner un déséquilibre fatal de cohérence en effectifs et en capacités.
La Brigade franco-allemande en Afghanistan
Année de tous les espoirs avec la claire relance politique du président de la République et de la Chancelière, matérialisée par décision du transfert a Metz [4] et celle de la création à Illkirch-Graffenstaden, à l’ombre du clocher de la cathédrale de Strasbourg, du 291ème bataillon allemand de chasseurs. Cette relance marque un tournant stratégique redonnant un nouveau souffle à la brigade en ouvrant une nouvelle page historique. 2010 voit en effet naître une brigade franco-allemande avec une nouvelle âme, forte de près de 6 000 hommes et femmes, rééquilibrée sur deux principales garnisons en France, Metz et Strasbourg, et sur trois en Allemagne, Müllheim, Donaueschingen et Immendingen, dotée de capacités opérationnelles remarquables, notamment en termes d’infanterie, de reconnaissance, d’acquisition et de frappe dans la profondeur.
Exercice Antares 2006
L’outil franco-allemand souhaité en 1989 est donc là, éprouvé et prêt à répondre aux sollicitations politiques, aussi bien au service de l’Union Européenne que de l’OTAN mais aussi ouvert sur un nouvel avenir par deux nations désireuses non plus uniquement de gérer un passé mais d’ouvrir un avenir avec une nouvelle dynamique. La brigade franco-allemande est, de fait, devenue au fil du temps plus qu’un outil militaire.
Elle le doit à son principal atout, ces vingt années d’expérience de la gestion de la bi-nationalité aussi bien opérationnelle qu’organique. Ces vingt années qui font d’elles une matrice unique de production d’une force armée unifiée à partir d’histoires, de cultures, de langues et de droits différents. Une matrice prête à s’ouvrir aux autres nations européennes qui le souhaiteraient [5] mais plus largement une doctrine d’exportation pour toutes les nations ayant eu à souffrir dans leur histoire de conflits régionaux.
La brigade franco-allemande en 2010 n’est donc plus uniquement le fruit de l’évolution d’un passé, elle est bel et bien un concept porteur d’avenir au service de l’Europe et de la paix.
(*) Le général de brigade Philippe Chalmel commande la Brigade franco-allemande.
[1] Source : Portail franco-allemand.
[2] Voir L’Eurocorps, traduction d’une volonté politique, par Chef de Bataillon Marie-Laure Barret, ORP (FR) de l'Eurocorps in Défense N°144.
[3] Numéro 144 de Défense, daté de Mars-avril 2010 de Défense, revue bimestrielle de l'Union des Associations des Auditeurs de l'Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN), réalisée par des bénévoles, « anciens de l'IH ». Abonnements: BP 41-00445 Armées.
[4] Qui reste subordonné à la brigade.
[5] La Belgique, l’Espagne et le Luxembourg sont d’ores et déjà représentés au sein de l’état-major.
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