Pour Sergeï Alexandrovich Karaganov, l’objectif des ennemis de la Russie est de réduire la capacité de résistance des Russes au capitalisme mondialiste moderne jugé injuste et nuisible à l’homme et à l’humanité. L’homme lige de Vladimir Poutine se félicite de l’accélération du processus de nationalisation de l’élite politique et de la liquidation de l’élite économique « Comprador » restée soumise à l’Occident (vieux thème douguinien remontant aux années Eltsine). Il plaide aujourd’hui pour des frappes nucléaires sur les pays qui soutiennent l’Ukraine. Les Occidentaux n’ont plus peur de la Russie, se lamente Karaganov. Il est temps de procéder à un vaccin de rappel pour briser la volonté de résistance européenne.
Source : Russia in Global affairs — 13 juin 2023 —
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Nous reproduisons ci-dessous les « réflexions » que nourrit Sergeï A. Karaganov « depuis longtemps, et qui ont pris forme après la récente Assemblée du Conseil de la politique étrangère et de défense, l’une des plus brillantes de ses 31 ans d’histoire.»
Menace croissante
Il me semble que notre pays et ses dirigeants sont face à un choix difficile. Il est de plus en plus clair que l’affrontement avec l’Occident ne prendra pas fin si nous remportons une victoire partielle ou même écrasante en Ukraine.
Si nous libérons complètement les régions de Donetsk, Louhansk, Zaporozhye et Kherson, ce sera une victoire minimale. La situation s’améliorera quelque peu si nous libérons d’ici un an ou deux de tout l’Est et du Sud de l’actuelle Ukraine. Mais tout de même, il restera un tronçon peuplé d’ultra-nationalistes encore plus aigris, armés jusqu’aux dents– une plaie saignante qui menace d’inévitables complications, d’une reprise de la guerre. Une situation presque pire pourrait survenir si, au prix de sacrifices monstrueux, nous libérions toute l’Ukraine et restions sur un monceau de ruines avec une population qui nous hait. Il faudra plus d’une décennie pour la « rééduquer ».
Chacune de ces options, en particulier la dernière, détournera la Russie du pivot nécessaire de son centre spirituel, économique et militaro-politique vers l’Est de l’Eurasie. Nous serons coincés dans l’orientation occidentale peu prometteuse. Et les territoires de l’Ukraine actuelle, principalement ceux du centre et de l’ouest, détourneront nos ressources – managériales, humaines, financières. Ces régions étaient également fortement subventionnées à l’époque soviétique. L’inimitié avec l’Occident continuera, celui-ci soutiendra une guérilla larvée.
Une option plus attrayante est la libération et la réunification de l’Est et du Sud, et une capitulation imposée au reste de l’Ukraine avec une démilitarisation complète, la création d’un État tampon et ami. Mais un tel résultat n’est possible que si et quand nous pourrons briser la volonté de l’Occident d’encourager et de soutenir la junte de Kiev, forcer les Occidentaux à battre en retraite stratégiquement.
L’Occident est en train de perdre la capacité d’aspirer les richesses du monde entier
Et ici, j’en viens à la question la plus importante, dont on ne parle presque jamais.
La raison profonde, voire la raison principale, de la crise ukrainienne, de nombreux autres conflits dans le monde, ainsi que de l’augmentation générale de la menace militaire – réside dans l’échec accéléré des élites dirigeantes occidentales modernes, portées au pouvoir par la phase de la mondialisation des dernières décennies, notamment les élites compradors en Europe (les colonialistes portugais appelaient compradors ces marchands locaux qui les servaient).
Cet échec s’accompagne d’un changement rapide et sans précédent des rapports de force dans le monde en faveur de la Majorité Mondiale, dont la locomotive économique est la Chine et en partie l’Inde, et dont la Russie s’est vu conférer par l’histoire un rôle de soutien militaro-stratégique. Cet affaiblissement exaspère non seulement les élites impériales-cosmopolites (Biden et Cie), mais effraie également les élites impériales-nationales (Trump). L’Occident est en train de perdre la capacité qu’il a eue pendant cinq siècles d’aspirer les richesses du monde entier, imposant d’abord par la force brutale son ordre politique, économique et établissant sa domination culturelle. Il ne faut donc pas s’attendre à une fin rapide de la confrontation défensive mais agressive menée par l’Occident.
Cet effondrement des positions morales, politiques et économiques qui couvait depuis le milieu des années 1960, a été interrompu par l’effondrement de l’URSS, mais a repris avec une vigueur renouvelée dans les années 2000 (les jalons ont été les défaites des Américains et de leurs alliés en Irak, Afghanistan, ainsi qu’en 2008.
Pour arrêter cette dégringolade, l’Occident s’est temporairement consolidé. Les États-Unis ont transformé l’Ukraine en force de choc afin de l’utiliser pour lier les mains de la Russie, le noyau militaro-politique du monde non occidental libéré du carcan du néocolonialisme. Idéalement, les Américains aimeraient bien sûr faire éclater notre pays, affaiblissant ainsi drastiquement la superpuissance alternative montante, la Chine. Quant à nous, soit nous ne réalisions pas l’inévitabilité d’une collision, soit, économisant nos forces, nous tardions à lancer une frappe préventive. Et en outre, en nous conformant la pensée militaro-politique moderne, principalement occidentale, nous avons imprudemment relevé le seuil d’utilisation des armes nucléaires, évalué de manière inexacte la situation en Ukraine et lancé une opération spéciale ratée.
Désherbez ceux qui résistent
Sentant leur effondrement, les élites occidentales se sont mises à nourrir activement les mauvaises herbes qui avaient percé sur le sol de soixante-dix ans de prospérité, de satiété et de paix – toutes ces idéologies anti-humaines : déni de la famille, de la patrie, de l’histoire, de l’amour entre un homme et une femme, de la foi, des idéaux supérieurs, tout ce qui constitue l’essence de l’humanité. Désherbez ceux qui résistent. Le but est de priver les gens de mémoire afin de réduire leur capacité à résister au capitalisme « mondialiste » moderne, de plus en plus manifestement injuste et nuisible à l’homme et à l’humanité.
En cours de route, les États-Unis affaiblis achèvent l’Europe et d’autres pays qui en dépendent, essayant de les jeter dans le brasier de la confrontation avec l’Ukraine.
L’objectif est de mankurtiser les gens
Les élites de la plupart de ces États ont perdu leurs repères et, affolées par l’échec de leurs propres positions à l’intérieur et à l’extérieur, conduisent docilement leur pays à l’abattoir. Et ces élites européennes, conscientes de leur fiasco, de leur impuissance, caractérisées par la dégradation de leur niveau intellectuel et la perte de leur culture stratégique, se laissent aller à une russophobie séculaire, – leur haine est presque plus féroce qu’aux États-Unis.
Le vecteur de développement de la plupart des pays occidentaux indique sans équivoque un mouvement vers un nouveau fascisme et un totalitarisme «libéral» — pour l’instant.
De plus, et c’est la chose la plus importante – les choses iront là-bas de mal en pis. Des trêves sont possibles, mais une réconciliation ne l’est pas. La colère et le désespoir continueront de croître par vagues, avec des hauts et des bas. Cette dérive de l’Occident mène clairement vers la Troisième Guerre mondiale. Elle est déjà en train de s’allumer et peut s’embraser par accident, vu l’incompétence et l’irresponsabilité croissantes des cercles dirigeants de l’Occident.
L’introduction de l’intelligence artificielle, la robotisation de la guerre augmente la menace d’une escalade involontaire. Les machines peuvent échapper au contrôle des élites en plein désarroi.
Le parasitisme stratégique
La situation est aggravée par le « parasitisme stratégique » – depuis 75 ans de paix relative, les gens ont oublié les horreurs de la guerre, ils ont cessé d’avoir peur même des armes nucléaires. Partout, mais surtout en Occident, l’instinct de conservation s’est affaibli.
J’étudie l’histoire de la stratégie nucléaire depuis de nombreuses années et je suis arrivé à une conclusion sans équivoque, même si elle ne semble pas tout à fait scientifique.
L’apparition des armes nucléaires est le résultat de l’intervention du Tout-Puissant, qui a été horrifié lorsqu’il a vu que des peuples, les Européens et les Japonais qui les ont rejoints, ont déclenché deux guerres mondiales au cours d’une génération, qui ont fait des dizaines de millions de morts ; il a donc doté l’humanité d’une arme d’Armageddon, voulant montrer à ceux qui avaient perdu leur peur de l’enfer que celui-ci existe.
C’est sur cette peur que reposa la paix relative des trois derniers quarts de siècle. Maintenant, cette peur s’est dissipée. L’impensable du point de vue des conceptions précédentes sur la dissuasion nucléaire est en train de se produire – les cercles dirigeants d’un groupe de pays, dans un accès de rage désespérée, ont déclenché une guerre à grande échelle dans le ventre d’une superpuissance nucléaire.
La peur de l’escalade nucléaire doit être rétablie. Sinon l’humanité est condamnée
Désormais, sur le sol de l’Ukraine, ne sont pas seulement en jeu l’avenir de la Russie, le futur ordre mondial, mais la survie du monde qui nous est familier, qu peut laisser la place à une planète couverte de ruines radioactives empoisonnant les restes de l’humanité.
En brisant la volonté d’agression de l’Occident, non seulement nous nous sauverons, nous libérerons enfin le monde du joug occidental qui a duré cinq siècles, mais nous sauverons aussi toute l’humanité. En poussant l’Occident dans la catharsis et l’abandon par ses élites de l’hégémonie, nous le forcerons à battre en retraite avant qu’une catastrophe mondiale ne se produise. L’humanité aura une nouvelle chance de se développer.
La solution
Naturellement, il y a un dur combat à venir. Il faut aussi résoudre nos problèmes internes – pour enfin nous débarrasser de l’occidentalisme dans les esprits et des occidentalistes dans la strate managériale, des compradors et de leur mode de pensée (ici l’Occident, involontairement, nous aide puissamment).
La Russie « État civilisation »
Le voyage de trois cents ans à travers l’Europe nous a apporté beaucoup de choses utiles, a contribué à façonner notre grande culture. Nous préserverons soigneusement, bien sûr, cet héritage européen. Mais il est temps de rentrer chez nous. De nous mettre, en utilisant les bagages accumulés, à vivre selon nos propres moeurs. Nos amis du ministère des Affaires étrangères ont récemment fait une véritable percée en qualifiant la Russie d’« État civilisation » dans notre conception de politique étrangère. J’ajouterais – une civilisation des civilisations, ouverte au Nord et au Sud, à l’Ouest et à l’Est. Maintenant, le vecteur principal du développement est le Sud, le Nord et, avant tout, l’Est.
La confrontation avec l’Occident en Ukraine, quelle qu’en soit la fin, ne doit pas nous détourner de notre mouvement interne stratégique – spirituel, culturel, économique, politique, militaro-politique – vers l’Oural, la Sibérie, le Grand Océan. Nous avons besoin d’une nouvelle stratégie ouralo-sibérienne, qui comprend plusieurs projets spirituels puissants, dont, bien sûr, la création d’une troisième capitale située en Sibérie. Ce mouvement devrait enfin faire partie de la formulation urgente du « rêve russe » – l’image de cette Russie et du monde que l’on veut atteindre.
J’ai écrit maintes fois, et je ne suis pas le seul, que les grands États sans grande idée cessent de l’être ou ne vont tout simplement nulle part. L’histoire est parsemée d’ombres et de tombes des puissances qui ont perdu leur idée. Cette idée doit être créée d’en haut, elle ne vient nullement d’en bas, comme le croient les imbéciles ou les paresseux. Elle doit répondre aux valeurs profondes et aux aspirations du peuple et, surtout, nous faire tous avancer. Mais formuler cette idée est le devoir de l’élite et de la direction du pays. La formulation de cette idée-rêve a pris un retard inacceptable.
Il faut que l’Occident « s’effondre »
Mais pour que l’avenir ait lieu, il est nécessaire de vaincre la résistance des forces du passé – l’Occident. Si cela n’est pas fait, une guerre à grande échelle et, probablement, la dernière guerre mondiale pour l’humanité sera presque certainement inévitable.
Et j’en viens à la partie la plus difficile de cet article. Nous pouvons nous battre pendant encore un an, deux ou trois, sacrifiant des milliers et des milliers de nos meilleurs hommes et broyant des dizaines et des centaines de milliers d’habitants du territoire appelé maintenant l’Ukraine, qui sont tombés dans un piège historique tragique. Mais cette opération militaire ne peut se terminer par une victoire décisive sans imposer un recul stratégique voire une capitulation à l’Occident. Nous devons forcer l’Occident à renoncer à essayer de revenir en arrière, à renoncer à ses tentatives de domination mondiale et nous devons le contraindre à se tourner vers lui-même, à digérer sa crise actuelle.
Grosso modo, il faut que l’Occident « s’effondre » simplement et n’empêche pas la Russie et le monde d’avancer.
Et pour cela, il est nécessaire de restaurer en lui le sens perdu de l’instinct de conservation, en le convainquant que les tentatives d’épuiser la Russie en incitant les Ukrainiens contre elle sont contre-productives pour l’Occident lui-même.
Nous devrons restaurer la crédibilité de la dissuasion nucléaire en abaissant le seuil trop élevé d’utilisation des armes nucléaires, en remontant prudemment mais rapidement l’échelle de la dissuasion-escalade. Les premières mesures ont déjà été prises, ce qu’attestent les déclarations pertinentes du président et d’autres dirigeants, le début du déploiement d’armes nucléaires et de leurs vecteurs en Biélorussie et l’augmentation de la capacité de combat des forces de dissuasion stratégique. Il y a beaucoup de marches sur cet escalier. J’en ai compté deux douzaines. Nous pouvons même aller jusqu’à avertir nos compatriotes et toutes les personnes de bonne volonté de la nécessité de quitter leurs lieux de résidence à proximité d’objets susceptibles de devenir la cible de frappes nucléaires dans les pays apportant un soutien direct au régime de Kiev. L’ennemi doit savoir que nous sommes prêts à lancer une frappe de représailles préventive pour toutes ses agressions actuelles et passées afin d’empêcher un glissement vers une guerre thermonucléaire mondiale.
J’ai dit et écrit à maintes reprises que si nous construisons une stratégie de dissuasion correcte et la mettons en œuvre, le risque d’une frappe nucléaire « de représailles », et en fait de toute autre frappe sur notre territoire, peut être minimisé. C’est seulement si un fou siège à la Maison Blanche, un fou qui de surcroît hait son pays, que l’Amérique décidera de frapper en «défense» des Européens, entraînant une riposte, sacrifiant Boston pour Poznan. Les États-Unis et l’Europe en sont bien conscients, ils préfèrent simplement ne pas y penser. Oui, et nous avons contribué à cette inconscience par nos déclarations pacifiques. Ayant étudié l’histoire de la stratégie nucléaire américaine, je sais qu’après que l’URSS a acquis une capacité convaincante de riposter à une frappe nucléaire, Washington n’a pas sérieusement envisagé, bien qu’il ait publiquement bluffé, la possibilité d’utiliser des armes nucléaires sur le territoire soviétique. Si la possibilité d’utiliser des armes nucléaires était envisagée, c’était alors uniquement contre les troupes soviétiques avançant en Europe occidentale. Je sais que les chanceliers Kohl et Schmidt ont fui les bunkers dès que la question d’une telle utilisation s’est posée pendant les exercices.
Il nous faut gravir l’échelle d’escalade dissuasive assez rapidement. Étant donnée la dégradation de la plupart des élites occidentales– chacune de leurs démarches est plus incompétente et plus aveuglée idéologiquement que les précédentes. Et jusqu’à présent, on ne peut s’attendre à ce que ces élites soient remplacées par d’autres plus responsables et plus raisonnables. Cela n’arrivera qu’après la catharsis – leur renoncement à toute ambition.
Nous ne devons pas répéter le « scénario ukrainien ». Pendant un quart de siècle, nous n’avons pas écouté ceux qui prévenaient que l’élargissement de l’OTAN conduirait à la guerre, nous avons tenté de gagner du temps, de « s’entendre ». Il en est résulté un grave conflit armé. Maintenant, le prix de l’indécision est devenu bien plus élevé.
Utilisons les armes de Dieu
Mais que se passe-t-il s’ils ne reculent pas ? S’ils ont totalement perdu l’instinct de conservation? Alors il nous faudra frapper un groupe de cibles dans un certain nombre de pays afin de ramener à la raison ceux qui ont perdu l’esprit.
C’est un choix moralement terrible – nous utilisons les armes de Dieu, nous condamnant à de graves pertes spirituelles. Mais si nous ne le faisons pas, non seulement la Russie peut périr, mais très probablement toute la civilisation humaine sera condamnée.
C’est à nous de faire ce choix. Même nos amis et nos partisans ne nous soutiendront pas au début. Si j’étais chinois, je ne souhaiterais pas une fin trop rapide et décisive du conflit, puisqu’il fixe les forces américaines et permet d’accumuler des forces pour la bataille décisive – directe ou, conformément aux meilleurs préceptes de Sun Tzu, celle qui contraint l’ennemi à battre en retraite sans combattre. Je m’opposerais également à l’utilisation des armes nucléaires, car la montée de la confrontation au niveau nucléaire signifie un déplacement vers une zone où mon pays (la Chine) est encore faible. De plus, une action décisive n’est pas conforme à la philosophie de la politique étrangère chinoise, qui met l’accent sur les facteurs économiques (tout en accumulant la puissance militaire) et évite la confrontation directe. Je soutiendrais un allié, lui fournissant un arrière, mais je me mettrais à couvert derrière son dos, sans interférer dans le combat. […] Si la Russie utilisait des armes nucléaires, les Chinois la condamneraient. Mais à la place d’un Chinois je me réjouirais aussi in petto qu’un coup puissant ait été porté à la réputation et aux positions des États-Unis. […]
Pour l’Inde, et les autres pays de la majorité mondiale, y compris les pays nucléaires (Pakistan, Israël), l’usage de l’arme nucléaire est difficilement acceptable, tant pour des raisons morales que géostratégiques. S’il est utilisé et « avec succès », l’idée que de telles armes ne devraient jamais être utilisées et que leur emploi mène tout droit à l’Armageddon nucléaire, bref le tabou sur le nucléaire, seront remis en cause. Nous pouvons difficilement compter sur un soutien rapide, même si nombreux sont les pays du Sud qui seront ravis de la défaite de leurs anciens oppresseurs qui les ont pillés, ont perpétré des génocides, et imposé une culture étrangère.
On ne juge pas les vainqueurs
Mais au final, on ne juge pas les vainqueurs. Et on remercie les sauveurs. La culture politique européenne ne se souvient pas du bien. Mais dans le reste du monde, l’on se souvient avec gratitude comment nous avons aidé les Chinois à se libérer de la brutale occupation japonaise, les colonies à secouer le joug de la métropole. Si nous ne sommes pas compris au début, nous serons encore plus incités à nous améliorer. Ajoutons qu’il sera probablement possible de gagner, de raisonner l’ennemi sans mesures extrêmes, de le forcer à battre en retraite. Et dans quelques années, nous pourrons nous abriter derrière la Chine, comme elle le fait aujourd’hui derrière nous, en la soutenant dans son combat avec les États-Unis. Alors ce combat n’aboutira pas forcément à une grande guerre. Et ensemble, nous gagnerons pour le bien de tous, y compris celui des peuples occidentaux.
Alors la Russie et l’humanité, contre vents et marées, marcheront vers un avenir que je prévois radieux – multipolaire, multiculturel, multicolore, permettant aux pays et aux peuples de construire leur propre destin commun.
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Traduit du russe par European-Security
[1] Sergeï Alexandrovich Karaganov, politologue russe, dirige le Conseil de la politique étrangère et de défense. Nombreux sont ceux à l’instar de Boris Nikolayevich Pastoukhov à le considérer comme un proche de Poutine dont il partagerait sa vision de l’avenir de la Russie.
[2] « Certains propagandistes, comme le colonel à la retraite des services de renseignement extérieur Andrei Bezrukov, sont certains que l' »attaque ennemie » a en fait eu lieu il y a plusieurs décennies et que, depuis lors, le pays est sous le joug néocolonial de l’Occident. L’essence de ce « joug », selon M. Bezrukov, est que la Russie est obligée de « payer un tribut » sous la forme d’argent que les élites russes envoient à l’étranger tout en pillant le pays. Le président du présidium du Conseil de la politique étrangère et de défense, Sergei Karaganov, parle également de la Russie sous le « joug occidental » et estime que le « conflit » actuel permet enfin de s’en débarrasser.» Voir De l’apathie aux dénonciations : Comment la majorité russe s’adapte à la guerre par Kseniya Kirillova.
[3] Voir « Que signifie l’ultimatum russe aux occidentaux ?» par Françoise Thom in DeskRussie