L’Entente cordiale: un accord qui allait jeter les bases d’une alliance décisive

Allocution de Sa Majesté la Reine Élisabeth II reçue au Palais du Luxembourg par le président du Sénat, M. Christian Poncelet et le président de l'Assemblée Nationale M. Jean-Louis Debré. 

Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs,

Je vous remercie de vos aimables propos.  Je vous suis reconnaissante de m'avoir permis de rencontrer, dans ce cadre magnifique, tant de représentants des deux chambres du parlement français, ainsi que quelques-uns de leurs confrères des deux chambres du parlement britannique,  à l'occasion du centenaire de l'Entente cordiale.

Cet anniversaire donne un sens particulier à ma visite d'État – la  quatrième que j'effectue en France. Pour revenir en arrière, il est l'occasion de célébrer la clairvoyance d'un accord qui allait jeter les bases d'une alliance décisive, qui aura permis à nos deux pays de traverser les turbulences du vingtième siècle.  Pour se tourner vers l'avenir, il nous donne à la fois l'occasion de remiser les tensions que nous avons connues récemment, et de répondre aux défis et aux promesses dont sera fait demain.

Nos deux pays ont choisi de faire de l'Europe et de l'Union européenne le principal vecteur de leurs aspirations économiques et politiques. Ce choix n'entame pas les liens d'amitié qui les unissent aux États-Unis – et n'a pas à les entamer. Il s'agit là de relations complémentaires. Nous nous employons plus que jamais à faire entendre la voix de l'Europe dans le monde,  et à doter la diplomatie européenne de la crédibilité militaire nécessaire pour permettre à l'Union européenne de mener,  le cas échéant, des opérations dans lesquelles l'Otan en tant que telle n'est pas engagée.

Dans le monde dangereux où nous vivons, nos deux pays ont tant à offrir quand ils conjuguent leurs forces – leur diplomatie, leur capacité militaire, le siège permanent qu'ils occupent au sein du Conseil de sécurité, et leur position au cœur de la Francophonie et du Commonwealth. Nos ancêtres ont su tourner la page de leurs différends il y a cent ans : à nous d'en faire autant.

Nous savons tous qu'il y a une limite à ce que peuvent faire les gouvernements. C'est là que nos parlements et nos peuples peuvent jouer un rôle d'éclaireurs.  Notre attachement mutuel à la démocratie parlementaire est le socle de notre liberté et de nos valeurs communes. La liberté est le bien le plus précieux que nous ayons, or elle n'est jamais acquise. Les liens que nos deux parlements entretiennent de longue date n'ont ni l'épaisseur ni le périmètre que les deux parties souhaiteraient leur donner. Les parlements continuent de jouer un rôle immense, non seulement à l'échelle nationale mais aussi dans l'édification de l'Europe de demain.

Peut-être nos deux peuples nous montrent-ils la voie. Plus nous nous rendons visite, mieux nous travaillons ensemble, plus nous nous établissons les uns chez les autres – avec l'enrichissement mutuel qui en résulte pour nos deux cultures, qu'il s'agisse de la scène musicale ou artistique, de la mode ou du sport – mieux nous nous connaissons. C'est dans cette sphère d'activité humaine éminemment grand public que les choses ont tant bougé ces dernières années. Les parlements peuvent non seulement suivre cette actualité de plus près, mais ils peuvent aussi en prendre l'initiative.  J'espère que le centenaire de l'Entente cordiale y contribuera.

Messieurs les Présidents, je vous remercie encore de cette somptueuse réception et de la chaleur de votre hospitalité. Je voudrais pour finir demander à toute l'assistance de se joindre à moi pour porter un toast aux parlements français et britannique, ainsi qu'à l'Entente cordiale.

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