Les capacités opérationnelles de l’OTAN : la France et la NRF

La fin de la guerre froide, l’émergence de nouvelles menaces et la multiplication de conflits armés, ont rendu la transformation de l’OTAN indispensable, entraînant une évolution sans précédent de ses capacités opérationnelles pour relever de nouveaux défis.

Les moyens militaires des pays membres de l’Alliance sont normalement placés sous commandement et contrôle nationaux, sauf lorsque ceux-ci sont affectés, en tout ou en partie, à l’OTAN, pour l’exécution de missions militaires décidées d’un commun accord, car l’OTAN ne dispose en permanence sur le plan militaire que d’un nombre limité de QG et de forces. L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a fait l’objet d’une véritable transformation au cours de ces dernières années. Une Alliance élargie après l’adhésion d’anciens pays de l’Europe centrale et orientale qui a su nouer des « Partenariats Pour la Paix » (PPP) avec des comme la Russie ou l’Ukraine.

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Joël-François Dumont

La fin de la guerre froide, l’émergence de nouvelles menaces et la multiplication de conflits armés, souvent éloignés du théâtre européen, ont rendu indispensable une transformation de l’OTAN entraînant une évolution sans précédent de ses capacités opérationnelles pour être en mesure de relever de nouveaux défis. Joël-François Dumont. (*) Paris, le 6 juillet 2007. 

A cet effet, le regroupement de grandes unités répondant aux menaces de la guerre froide a cédé la place à des forces beaucoup plus mobiles et plus performantes.

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Cette « force de réaction » comprenant un élément terrestre de la taille d’une brigade, une force navale opérationnelle, un groupe tactique avec porte-aéronefs, un groupe opérationnel amphibie et un groupe d’action de surface, ainsi qu’un élément aérien.

Cette NRF [1] a été pensée pour remplir tout un panel de missions, partout dans le monde, de la gestion de crise à l’assistance humanitaire [2] en passant par la lutte contre le terrorisme et les opérations de combat de haute intensité.

Logo de la NRF © OTAN

Cette « force de réaction » comprenant un élément terrestre de la taille d’une brigade, une force navale opérationnelle, un groupe tactique avec porte-aéronefs, un groupe opérationnel amphibie et un groupe d’action de surface, ainsi qu’un élément aérien.

Cette NRF [1] a été pensée pour remplir tout un panel de missions, partout dans le monde, de la gestion de crise à l’assistance humanitaire [2] en passant par la lutte contre le terrorisme et les opérations de combat de haute intensité.

Enfin, l’autorisation politique de déployer cette « force de réaction » est donnée au cas par cas par le Conseil de l’Atlantique Nord, qui est le principal organe décisionnel de l’OTAN.

Elle résulte bien évidemment d’une décision consensuelle, comme pour toutes les décisions prises par l’OTAN.

La NRF : le résultat d’une évolution en trois étapes

La mise en œuvre en 1994 par l’Alliance du concept militaire de « Groupes de forces interarmées multinationales«  (GFIM), approuvée lors du sommet de l’OTAN de janvier 1994 a constitué la première grande étape de cette nécessaire adaptation des forces armées alliées à leur nouvel environnement de sécurité. « Destinés en premier lieu à améliorer la capacité des pays membres de déployer, sur court préavis, des forces multinationales et interarmées adaptées aux exigences spécifiques d’une opération militaire donnée, les GFIM visaient à favoriser l’intégration de participants non-OTAN à des opérations de soutien de la paix dirigées par l’OTAN, notamment dans le contexte du développement de l’IESD (Identité européenne de sécurité et défense).»[3] Le concept de GFIM a été mis en pratique dans le cadre des opérations de maintien de la paix dirigées par l’OTAN dans les Balkans notamment.

Pour garantir que l’Alliance soit en mesure de réagir efficacement, et si nécessaire, dans la durée, à des crises comme celle du Kosovo, tout en restant capable d’assumer ses responsabilités fondamentales pour la défense des pays membres, une nouvelle étape a été franchie lors du sommet de Washington des 13 et 14 avril 1999 avec le lancement d’une Initiative sur les capacités de défense de l’OTAN, ou DCI. Celle-ci étant essentiellement concentrée sur les capacités de l’Alliance dans cinq domaines :

• Mobilité et aptitude au déploiement : capacité de déployer rapidement des forces, y compris dans des zones situées en dehors du territoire des États membres de l’Alliance ;
• Capacité de soutien :  capacité de génération de forces suffisantes pour des opérations de longue durée et capacité de maintien et d’approvisionnement des forces hors de leurs bases habituelles.
• Efficacité de la prise à partie : capacité de prendre efficacement un adversaire à partie dans tous les types d’opérations ;
• Survivabilité : capacité de protéger les forces et les infrastructure contre les menaces actuelles et futures; et, last but not least,
• Interopérabilité des communications : l’objectif recherché étant de disposer de systèmes de commandement, de contrôle et d’information (C2I) compatibles entre les pays contributeurs et permettant à leurs forces de coopérer efficacement.

Une troisième étape décisive devait être franchie le 21 novembre 2002, lors de la réunion du Conseil de l’Atlantique Nord qui s’est tenue à Prague. Au cours de ce Conseil, l’Organisation a décidé d’intégrer en mai 2004 sept nouveaux pays. Après cet élargissement de l’Alliance à 26 membres , les chefs d’États et de gouvernements ont approuvé une déclaration commune. Celle-ci précise qu’un « ensemble complet de mesures fondé sur le Concept stratégique de l’OTAN, afin de nous rendre mieux à même de relever les défis pour la sécurité des forces, des populations et du territoire de nos pays, d’où que ces défis puissent venir. Les décisions d’aujourd’hui se traduiront par la mise en place de capacités équilibrées et effectives au sein de l’Alliance, de manière que l’OTAN puisse mieux remplir toute la gamme de ses missions et répondre collectivement à ces défis, y compris la menace que représentent le terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. » Dans le paragraphe 2, il est souligné que ces « efforts pour transformer et adapter l’OTAN ne doivent être perçus comme une menace par aucun pays ou aucune organisation, mais plutôt comme une preuve de notre détermination à protéger les populations, le territoire et les forces de nos pays de toute attaque armée, y compris toute attaque terroriste, dirigée de l’étranger. »[4]

Avec le déploiement de forces alliées en Afghanistan, par exemple, loin du théâtre européen d’opération et pour une durée inconnue, l’OTAN se devait de poursuivre l’amélioration des capacités opérationnelles existantes des États membres et d’en développer de nouvelles dans huit domaines spécifiques portant sur 400 rubriques spécifiques :

• Défense contre les armes chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires ;
• Renseignement, surveillance et acquisition d’objectifs ;
• Capacité aéroportée de surveillance terrestre ;
• Systèmes déployables et protégés de commandement, contrôle et communication ;
• Efficacité au combat, y compris les munitions à guidage de précision et la neutralisation des défenses aériennes ennemies ;
• Transport aérien et maritime stratégique ;
• Ravitaillement en vol ;
• Unités déployables d’appui tactique/de soutien des forces au combat.

Parallèlement, des dispositifs étaient mis en place afin de faire un suivi et un bilan des progrès réalisés par les forces des pays membres.

Le sommet de Prague a également décidé la création de la Force de Réaction de l’OTAN (Nato Response Force), la NRF).

La NRF : un concept otanien

Ce concept approuvé en avril 2003 a été la réponse de l’Alliance atlantique aux changements de nature des engagements auxquels l’OTAN était susceptible d’être confronté. La NRF devenant la référence opérationnelle par excellence de l’Alliance Atlantique. L’OTAN souhaitant disposer de forces d’un haut degré de réactivité (5 à 30 jours), capables d’être rassemblées et projetées soit parce que le contexte l’impose (évacuation de ressortissants par exemple), soit pour éviter qu’une situation de crise ne s’aggrave. La NRF étant constituée à partir des contributions de forces de différents pays, qui sont soumises à un système de rotation selon lequel elles s’entraînent jusqu’à leur certification en tant que force interarmées, puis prennent l’alerte pendant les six mois suivants pour devenir des forces autonomes afin d’effectuer des opérations relevant de l’article 5 (défense collective) ou des opérations de réponse aux crises (hors article 5), telles que des opérations d’évacuation, ou l’appui à la gestion des conséquences d’une catastrophe (notamment des incidents chimiques, biologiques ou radiologiques). La NRF permettant à l’OTAN de disposer de forces d’un haut degré de réactivité, capables d’être rassemblées et projetées dans des délais de 5 à 30 jours n’importe où dans le monde.

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Le président Chirac au sommet de Prague — Photo Service de Presse de l’Élysée

A Prague, le président Chirac a rappelé que « le projet de ‘Force de réaction de l’OTAN’ que nous allons approuver permettra, par la mise en cohérence des forces de réaction rapide nationales, de mieux répondre aux nécessités de la gestion des crises menée jusqu’à présent sur une base ad hoc. Nous y sommes donc, sur le principe, tout à fait favorables.

Bien évidemment, cette force qui repose sur les moyens nationaux des États devra être développée selon des modalités compatibles avec les engagements que certains d’entre nous ont pris dans le cadre de l’Union européenne. Les éléments constitutifs de cette Force devront notamment pouvoir être mis à la disposition de l’une ou l’autre organisation sans droit de premier emploi. Notre objectif doit être l’efficacité dans la gestion des crises et non pas la compétition entre les organisations.

Dès l’origine, la France a vu les mérites de cette initiative pour l’Alliance et pour l’Union européenne. Elle a également précisé qu’elle participerait à cette Force si celle-ci était développée selon des modalités compatibles avec les engagements que l’Union européenne a pris à Helsinki, et dans la mesure où elle respectera le statut de nos forces vis à vis de la structure intégrée de Commandement. »

Une initiative soutenue depuis le début par la France

Sur le plan militaire, la France veut maintenir une aptitude à planifier et conduire des opérations interalliées d’envergure. Elle soutient depuis l’origine le concept NRF en y apportant des contributions significatives. Elle a également créé des états-majors de réaction rapide pour exercer à terme le commandement des différentes composantes de la NRF. Qu’il s’agisse du Corps de Réaction Rapide français de Lille pour la composante terrestre qui a été certifié le 8 juin 2007, du COM FR MARFOR de Toulon, pour la composante maritime, qui a obtenu sa certification en décembre 2005 ou du CDAOA de Taverny, pour la composante aérienne, qui a été certifié au printemps 2005. Ces états-majors peuvent également être engagés pour des opérations nationales, de l’OTAN ou de l’UE.

Le président Chirac n’a eu de cesse de rappeler que la France, qui est à la fois un des plus gros contributeurs des Nations unies et le troisième pays contributeur de l’OTAN, devait « marquer sa juste place et assumer ses responsabilités dans les engagements internationaux. »[5]  

La NRF et l’Armée de Terre

Si la professionnalisation de nos armées a été une occasion pour les armées de l’air et de mer de rénover et de moderniser leur outil de défense, pour l’armée de Terre, il serait plus exact de parler d’une refondation réussie, conduite sous l’impulsion du général Thorette. 

En quelques années, l’armée de Terre aura dissous ses divisions, de nombreux régiments, créé des États majors de Force, des brigades avec nos Alliés et, enfin, un QG pour le futur Corps de réaction Rapide français qui, le 5 juillet, a été certifié à Lille par les plus hautes autorités alliés, comme aucun avant lui ne l’a jamais été. Alors même qu’elle se réformait de l’intérieur, l’Armée de terre fournissait 80% des effectifs militaires sur les théâtres d’opérations extérieurs (OPEX), avec des matériels parfois inadaptés ou difficilement entretenus, faute de crédits du titre III. Que dire de l’adéquation des missions et des effectifs ou encore des conditions de vie et d’exercice du métier militaire ? Il suffit de reprendre à ce sujet les propres termes de Michèle Alliot-Marie pour comprendre les sacrifices consentis par nos militaires qui aujourd’hui obtiennent une reconnaissance internationale et qui mériteraient sur le plan national que leurs efforts soient mieux connus des Français, non pas qu’ils manquent de considération, mais peut-être parce qu’il n’est pas faux de rappeler que la défense a bien montré la voie de la modernisation de l’État.[6] La renommée internationale d’une armée n’est que la conséquence de son efficacité sur le terrain : celle-ci étant depuis longtemps reconnue à l’étranger.

Une ambition politique affirmée solennellement

Cette ambition politique a été réaffirmée lors la création du « Quartier général du Corps de Réaction Rapide – France« . Lors de la présentation de ce projet au cours de sa visite à l’armée de Terre, le président Chirac avait tenu ces propos : « J’ai pu, à ce propos, observer avec un très vif intérêt, tout au long de cette visite, avec quel enthousiasme vous préparez l’avenir. Les matériels nouveaux que vous m’avez présentés traduisent concrètement la modernisation attendue de vos équipements. Sans aucun doute, Tigre, NH90, VBCI, Félin, permettront à l’armée de Terre de maintenir son ancrage dans le peloton de tête des quelques armées qui comptent dans le monde. De même, la maîtrise de l’information sur les champs de bataille, sous toutes ses formes, répondra aux nécessités des engagements futurs.

A cet égard, il était indispensable, et vous l’avez bien compris, de développer nos capacités à agir, à diriger, à commander en milieu multinational, notamment sous l’égide de l’OTAN ou de l’Union Européenne. 

J’ai pu apprécier, à travers la présentation du PC/HRF, l’adaptation importante, en termes d’organisation du commandement, qu’imposait ce projet. Il implique un investissement humain considérable, un investissement à la mesure des ambitions que nous nous sommes fixées.[5]

Le Secrétaire général de l’OTAN était présent à Lille le 5 juillet pour marquer l’importance pour l’Alliance de cette certification du QG CRR Fr. 

De g. à d.: le général Jean-Louis Georgelin (CEMA), le Secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, le ministre de la défense, M. Hervé Morin, Mme Martine Aubry, maire de Lille, le général Bruno Cuche (CEMAT), et le général Karl-Heinz Ackermann de la Bundeswehr, adjoint du général de Kermabon, CDT le QG CRR Fr -- Photo CRR-FR. -
De g. à d.: le général Jean-Louis Georgelin (CEMA), le Secrétaire général de l’OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, le ministre de la défense, M. Hervé Morin, Mme Martine Aubry, maire de Lille, le général Bruno Cuche (CEMAT), et le général Karl-Heinz Ackermann de la Bundeswehr, adjoint du général de Kermabon, CDT le QG CRR Fr — Photo CFAT Lille

Le 5 juillet à Lille, le QG CFR-Fr recevra une lettre formelle de l’OTAN des plus hautes autorités militaires alliées en Europe pour s’entendre dire qu’il avait atteint « la pleine capacité opérationnelle », après la confirmation de l’attribution le 8 juin dernier de cette reconnaissance. Une vraie première pour une Armée de terre réorganisée après la professionnalisation des armées, qui à son tour entrera dans le club très fermé des certifiés NRF et HRF.

Pour y parvenir, après deux années d’efforts, le Quartier général du Corps de Réaction Rapide – France, installé dans la prestigieuse Citadelle Vauban à Lille, avait conduit du 8 au 23 mars 2007, un dernier exercice considéré comme majeur baptisé « Citadel Challenge 07 » sur les camps militaires de Mourmelon et de Suippes (Marne).[7]

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Vue du QG CRR-Fr à Mourmelon — Photo BCH Gilas, CNP11 Lille

4.200 militaires appartenant à 24 pays ont participé à cet exercice placé sous le commandement du général de Kermabon dont l’adjoint est le général Ackermann de la Bundeswehr. L’objectif étant de démontrer que le QG CRR-Fr était en mesure d’obtenir cette « certification OTAN » après avoir satisfait aux incontournables 50 critères principaux, décomposés en 375 sous critères.

Cinq domaines étaient particulièrement concernés :

– la politique générale (règles d’engagement, respect des institutions gouvernementales du pays),
– la doctrine,
– les opérations,
– les systèmes d’information et de communication (sécurisés) et
– la logistique.

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24 heures sur 24, les officiers de liaison du JOC sont à pied d’œuvre — Photo © Joël-François Dumont

Une première étape avait consisté en une série d’échanges et de visites à l’OTAN et à Lille pour vérifier que les STANAG (les standards OTAN) étaient bien respectés. Dans cette première phase,[8] 22 critères sur les 50 ont été vérifiés (administration, politique générale et SIC). La deuxième étape [9] consistant en fait un contrôle sur le terrain des 28 critères restants, comme si on était en temps de crise.

Le QG CRR-Fr, ainsi certifié OTAN, en complétant de manière stratégique le dispositif des états-majors opérationnels de la Force d’Action Terrestre, permettra à la France, troisième pays contributeur de l’OTAN dans les OPEX, de commander une force multinationale de plus de 50.000 hommes, qu’elle soit placée sous les ordres de l’OTAN ou de l’Union européenne. 

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Le général de Kermabon, Cdt le CRR FR, présente l’exercice Citadel Challenge — Photo © Joël-François Dumont

Au niveau du commandement, la NRF se traduit par un tour d’alerte pris par l’un des sept états-majors de niveau corps d’armée (CA) certifié « High Readinness Forces » (HRF), en mesure de se déployer sur un théâtre dans un délai de 5 à 30 jours (un état-major HRF hors du tour NRF doit être en mesure de se déployer dans un délai de 90 jours).

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Le général de Kermabon explique les avantages de la certification — Photo © Joël-François Dumont

La France prendra donc avec l’état-major du CRR Fr le tour numéro 11 dans la prochaine NRF au cours du deuxième semestre 2008. Un bon point aussi pour les réservistes français et étrangers présents: ceux-ci étant appelés à jouer un double rôle dans ce genre d’opération. Profiter de leur expérience militaire et de leur savoir-faire civil pour aider à résoudre des problèmes dans des régions où la paix doit être maintenue (Peace Keeping) ou assurée (Peace Making), l’État de droit ayant disparu.[10]

Les missions de la force de réaction de l’OTAN, dont le principe est d’être la « première force à entrer sur le terrain et la première force à quitter le terrain » sont multiples :

– agir en tant que force autonome sur des opérations relevant de la défense collective (Article 5) ou des opérations de réponses de crises (hors article 5), telles que des opérations d’évacuations, de gestion des conséquences d’une catastrophe, d’appui dans une situation de crise humanitaire ou de lutte contre le terrorisme ; 

– être la force d’entrée initiale facilitant l’arrivée de forces de remplacement plus importantes ;
– 
montrer la détermination de l’OTAN et sa solidarité en vue d’éviter les crises opérations de réaction rapides à l’appui de la diplomatie selon les besoins.

NRF 5 : l’Armée de l’Air aux commandes

La NRF reposant sur un cycle d’alerte triennal, et l’OTAN ne disposant que de deux états-majors de composante air (CC Air Ramstein et CC Air Izmir), honorant chacun une année d’astreinte, il fut fait appel aux structures nationales pour combler la troisième année. La France et la Grande-Bretagne s’étant portées volontaires, le commandement suprême de l’OTAN décidait alors de placer les six premiers mois (NRF 5 du 1er juillet 2005 au 11 janvier 2006) sous commandement air français et les six suivants (NRF 6 du 12 janvier 2006 au 30 juin 2006), sous celui des Britanniques. Dans un partage équilibré des responsabilités, un partenariat franco-britannique fut retenu entre l’Armée de l’Air et la Royal Air Force pour ces périodes d’alerte, dans un principe d’alternance. La France formant l’ossature de la composante air de la NRF 5, la Grande-Bretagne celle de la NRF 6. Ces deux nations fournissent ensemble 80% des personnels de la structure de commandement Air, 40% des moyens aériens pour la NRF 5 et 6, l’intégralité des moyens de soutien sur les trois bases susceptibles d’être déployées. Ces bases se divisent en deux bases de 1500 personnes près du théâtre opérationnel (anglaise et française), et en une base plus éloignée de 400 personnes (française), permettant aux avions stratégiques de pouvoir amener logistique et matériel au plus proche de la zone de conflit sans risque d’être abattu. Les autres nations de l’OTAN se chargeant des compléments en personnels et matériels. Le commandement interarmées étant, quant à lui, assuré par l’état-major otanien de Lisbonne, le commandement de la composante maritime par l’Italie, la composante terre par l’Espagne et les forces spéciales par les États-Unis d’Amérique.

Préparation et certification

La mise en oeuvre de la composante air est du ressort de la Défense Aérienne et des Opérations Aériennes (CDAOA) dont les personnels ont  honoré la majorité des places attribuées aux Français dans la structure de commandement et de conduite. La structure française, très proche des structures britanniques et de celles de l’Otan, fait appel à une doctrine et à des procédures nationales totalement interopérables avec celles de nos alliés. Une interopérabilité qui permet à tous les officiers étrangers de s’intégrer parfaitement en conservant leurs habitudes fonctionnelles acquises au sein de leurs structures d’origine. En fait, la NRF 5 a représenté un défi majeur pour toute l’Armée de l’Air, principalement en matière d’interopérabilité des systèmes d’information et de communication (SIC) avec ceux de l’OTAN et de soutien des alliés sur les bases déployées.

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AWACS escorté de Mirage 2000 C— Photo © Armée de l’Air

Le besoin en matière de transport stratégique et de soutien logistique s’est avéré lui aussi crucial et a nécessité des planifications phasées, en coordination avec les alliés. Afin d’être opérationnel le 1er juillet 2005, le CDAOA a profité de toutes les occasions pour entraîner les structures de commandement et de conduite des opérations. Citons pour mémoire plusieurs grands exercices : « Opera 2003, Eolo 2004 », mais c’est surtout au cours de deux derniers exercices, grâce à des objectifs réalistes, qui ont permis à l’armée de l’air d’affiner ses capacités de déploiement et de direction d’une composante aérienne, obtenant la reconnaissance de l’Alliance avec la certification des niveaux « NRF » et « HRF » concrétisant ainsi sa capacité à commander et à conduire une force aérienne ainsi que sa préparation au déploiement rapide et à son soutien. Cette double certification attestant d’une capacité opérationnelle, que l’armée de l’air peut offrir tout à la fois à l’Otan et à l’Union Européenne ou à toute autre organisation interrégionale légitimement mandatée par la communauté internationale.

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Mirage 2000 C en patrouille — Photo © Armée de l’Air

« Airex 05« , qui s’est déroulé en janvier 2005, qui fut un exercice réaliste pour toutes nos capacités de déploiement, de soutien et de systèmes d’Information et de Communication. Cet exercice a permis dans un premier temps la validation initiale de l’état-major de composante aérienne par l’OTAN selon des critères spécifiques prédéfinis. 

Du 17 mai – 2 juin 2005, eut lieu un exercice majeur « Allied Action 05 » mettant en scène l’ensemble des composantes opérationnelles dans un scénario prévoyant le déploiement fictif de l’ensemble des forces otaniennes qui seraient engagées dans une opération réelle. Cet exercice a validé l’ensemble des composantes avant la prise d’alerte le 1er juillet 2005. et a permis de prouver l’efficacité et l’interopérabilité des SIC  » air  » français conçus par l’état-major de l’armée de l’air. À ce titre, il faut rappeler le développement d’une  » passerelle  » novatrice et performante (IEG, Interface Exchange Gateway) nécessaire pour la connexion du réseau protégé français au réseau  » secret Otan « . Les résultats ont été excellents et ont ouvert d’ailleurs la voie à une meilleure intégration des réseaux nationaux à ceux de l’Alliance. 

L’état-major interarmées était dirigé par l’Amiral Ulrich, sur l’USS Mount Whitney, où l’état-major de la composante air était en partie représenté par le général Hendel et ses planificateurs. Ce noyau travaillant par liaison satellitaire avec l’état-major dédié à la planification de l’exercice installé sur la base de Taverny. Le découpage de cet état-major a permis de déployer moins de personnel en mer et d’avoir en permanence une équipe qui puisse travailler sous les directives du général Hendel, à plusieurs centaines de kilomètres du théâtre des opérations. La présence des experts air, auprès du commandant de la force, assurant une meilleure synergie et permettant de proposer les moyens  » air  » les plus appropriés aux situations, notamment pour le traitement des cibles à haute valeur ajoutée (TST ou Time Sensitive Target). Pour la programmation et la conduite des opérations aériennes sur le théâtre, le centre de conduite était déployé sur la base de Solenzara. 

Au cours de ce dernier exercice, l’OTAN validera l’ensemble des structures de commandement, alors que chaque pays garantissait la certification et l’aptitude de ses propres forces. 

Aujourd’hui, un engagement de la NRF serait donc placé sous l’autorité d’un officier général français qui disposerait alors d’environ 180 avions et de 6 000 hommes venant des divers pays de l’Otan. Cet engagement doit s’appuyer sur une montée en puissance de la composante aérienne dans un délai de cinq à quinze jours. 

Le savoir-faire de l’armée de l’Air

En conclusion, la NRF 5 a mis en exergue le  » savoir faire  » de l’armée de l’air au sein d’une coalition multinationale. Nos aviateurs étant connus pour cultiver leur capacité à travailler en interarmées avec nos alliés, ont démontrant leur souci permanent de réactivité lors d’un déploiement très exigeant en termes de délais. 

Au 1er juillet 2005, affirmant une parfaite interopérabilité de ses moyens avec l’ensemble des éléments air engagés au sein de la NRF, l’armée de l’air permettait ainsi à la France d’être nation cadre dans la direction d’opérations nouvelles dans une dynamique compatible avec les engagements pris vis-à-vis de l’Union Européenne et de l’OTAN, comme l’avait demandé le président de la République le 5 janvier 2005, pour assumer le commandement et la conduite d’une opération aérienne. Comme le rappelait l’ancien CEMAA, le Général d’armée aérienne Richard Wolsztynski devant la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée Nationale : « l’atout principal de l’armée de l’air réside dans sa cohérence opérationnelle globale. Trois à cinq armées de l’air au monde seulement disposent de la capacité à se projeter sur un théâtre d’opération situé à des milliers de kilomètres et à y exercer une pression de façon durable. C’est cette cohérence opérationnelle globale qui, liée à la réactivité des différentes composantes de l’arme aérienne, permet aujourd’hui à l’armée de l’air de disposer des capacités d’action et de commandement dans un cadre multinational, notamment sous l’égide de l’Union européenne et de l’OTAN.»[11]
L’armée de l’air française et l’OTAN

Lors de l’intervention dans l’ex-Yougoslavie, l’intervention de l’armée de l’air française a été citée en exemple à l’OTAN à la fois pour l’importance et pour la qualité de ses interventions, devançant toutes les autres armées de l’air européennes, venant très largement devant la RAF, laquelle a même été devancée par la force aérienne royale des Pays-Bas !

Poursuivant son effort de rénovation, l’armée de l’air a multiplié ses « centres d’excellence » pour mieux s’engager dans le processus d’accréditation de l’OTAN. Qu’il s’agisse du CDAOA de Taverny reçoit de très nombreux stagiaires étrangers (qui ne viennent d’ailleurs pas seulement d’Europe) qu’il prépare à la planification et à la conduite d’opérations complexes. Ce centre d’excellence accroît significativement l’interopérabilité humaine nécessaire à l’efficacité opérationnelle d’armées de l’air, de nature souvent très différente, engagées ensemble sur les théâtres d’opérations.

C’est ainsi qu’en 2007, le CASPOA du CDAOA est devenu le cinquième de ces centres à obtenir cette reconnaissance de l’OTAN. Créé il y a 10 ans, le CASPOA CoE a « accueilli en 2005 plus de 400 stagiaires comprenant près de 130 étrangers dont plus de 50% étaient européens » comme l’a affirmé le CEMAA aux rencontres parlementaires du 26 janvier 2006. Basé à Taverny, ce centre  reçoit de très nombreux stagiaires étrangers qu’il prépare à la planification et à la conduite d’opérations complexes. Placé actuellement sous le commandement du colonel français Jean-Christophe Zimmermann, ce centre d’excellence accroît significativement l’interopérabilité humaine nécessaire à l’efficacité opérationnelle d’armées de l’air, de nature souvent très différente, engagées ensemble sur les théâtres d’opérations. Son objectif étant

– de renforcer l’expertise de l’OTAN dans le domaine des opérations aériennes,
– de répondre aux besoins d’interopérabilité liés au contexte nouveau,
– de soutenir le développement de la doctrine et des concepts et de prodiguer formations et entraînements à l’OTAN et aux nations partenaires.

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Les généraux Patrick de Rousiers et Lance Smith ratifient la charte de l’OTAN — Photo OTAN

C’est ainsi que le général Lance Smith, commandant suprême allié « Transformation » de l’OTAN, et le général Patrick De Rousiers, commandant de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA), ont signé un mémorandum d’entente le 23 janvier 2007. Un acte constituant une étape importante vers la reconnaissance par l’OTAN du Centre d’analyse et de simulation pour la préparation aux opérations aériennes comme centre d’excellence («CASPOA CoE»).

French Navy « Ready for NRF 8 »

Depuis le mois de janvier 2007, la France fournit la capacité amphibie de la composante maritime de la Nato Response Force (NRF). Plus qu’une mise à disposition de moyens, la marine nationale est à la tête des forces amphibies au sein d’une structure commandée par un amiral espagnol. Pour la première fois, la marine nationale est entrée « dans le tour d’alerte NRF » aux côtés des Britanniques, des Espagnols, et des Italiens. L’interopérabilité de la marine avec l’OTAN est complète.

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Embarquement d’un LCAC à bord du BPC Tonnerre lors des exercices de certification

Test d’interopérabilité : la Marine utilise des transports de chaland de débarquement (TCD); l’US Navy utilise des Landing craft air cushioned (LCAC). Pour la première fois un LCAC va se ranger dans le ravier, là où se tiennent deux TCD (Documents DGA).

Test d'interopérabilité réussi -- Photo © Marine Nationale. -
Le moment de vérité… Photo © DGA

Depuis octobre 2005, notre pays dispose en effet d’un poste de commandement capable de commander la composante navale d’une force de réaction rapide de l’OTAN. La France a été dernièrement la nation hôte de l’exercice « Brilliant Midas 06 » de certification par l’OTAN de la NRF 8 dirigée par l’Espagne.

La première rotation de la force, qui comptait 9 500 hommes environ, a été inaugurée le 15 octobre 2003, une année à peine après l’annonce de sa création par le Secrétaire américain à la défense, Donald Rumsfeld. Cette force de réaction fonctionne par rotation. Les pays membres de l’OTAN affectent des moyens auprès de celle-ci pour une période de six mois. La participation à la NRF est précédée par une mise en condition de six mois pendant laquelle les moyens des unités sont évalués au cours d’exercices complexes. L’état-major de commandement amphibie (Commander Amphibious Task Force : CATF) fourni par l’état-major de force aéromaritime de réaction rapide français (HRF(M) HQ) et l’état-major de CLF fournit par la 9° brigade légère blindée de Marine ont obtenu la certification OTAN lors de l’exercice Brilliant Midas 06 qui s’est déroulé au début du mois d’octobre au large des côtes méditerranéennes françaises. La France a ainsi prouvé qu’elle était capable d’assurer le commandement d’une opération amphibie au sein de la NRF 8. Cette certification met notamment l’accent sur l’interopérabilité, les capacités opérationnelles, la logistique, l’aptitude à se projeter. Pour les systèmes d’information et de commandement, c’est un challenge de haut niveau puisque pas moins de 150 ordinateurs reliés à différents réseaux fonctionnent et cohabitent au sein du PC embarqué a bord du Mistral… Quant au commandement opérationnel de la NRF, il est assuré en alternance par le Commandement OTAN des forces interarmées de Brunssum et de Naples et par le quartier général interarmées de Lisbonne.

Le 18 octobre 2006, l’amiral Alain Oudot de Dainville, chef d’état-major de la marine, auditionné par la Commission de la Défense Nationale et des Forces Armées sur le projet de loi de finances pour 2007, a « jugé la gestion de la crise au Liban riche en enseignements… Elle a constitué la première opération interarmées conduite par le centre de commandement des opérations maritimes de niveau opératif HRF (High Readiness Force), certifié en 2005, comme noyau du commandement des forces maritimes. Les capacités du bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral en matière de commandement et d’opérations amphibie ont été confirmées. Par ailleurs, l’opération Baliste a souligné l’importance des frégates d’escorte pour assurer la protection d’une force sous la menace de missiles. Les bâtiments et leurs équipages ont montré leur polyvalence et leur capacité d’adaptation, alors que les missions ont évolué au gré de la situation diplomatique et sur le terrain. La souplesse et la réactivité d’une force en mer, associées à sa liberté de mouvement, offrent une large palette d’options au chef d’état-major des armées. Enfin, les relations avec les services de soutien, au plus près des forces, ont contribué à cette réactivité. Le Mistral, qui n’est pas encore admis au service actif, a ainsi été équipé, sans délai, en moyens de transmission et de commandement. »[12]

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Le TDC Siroco ravitaillant la FINUL pendant les bombardements au Sud-Liban — Photo Marine nationale © Julien Imbert

Après avoir rappelé que l’été dernier, « en moins de dix jours après le début de la crise au Liban, une force navale composée de deux bâtiments amphibies et de deux frégates d’escorte était sur place. L’opération Baliste a permis, dans un premier temps, d’évacuer 7 700 ressortissants, d’acheminer 500 tonnes de fret humanitaire et de soutenir la FINUL. Ensuite, cette force a dirigé et soutenu le détachement du génie chargé de la reconstruction des ponts vitaux pour le Liban, par la mise en place des structures Bailey. Elle a pris part également à la surveillance des côtes libanaises, au sein de la FINUL. Depuis début octobre, ce dispositif maritime est allégé : une frégate est maintenue dans la zone d’opérations, tandis qu’un bâtiment amphibie reste en alerte[12

Participation de la Marine Nationale à la NRF 8

– un État Major Amphibie de type CATF

– 8 bâtiments : Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral, les transports de chalands de débarquement (TCD) Siroco et Orage, les frégates Cassard et Guépratte, le bâtiment de commandement et de ravitaillement (BCR) Meuse et les chasseurs de mines Pégase et Verseau

– L’Armée de Terre fournit une force « d’entrée en premier » de 650 hommes ainsi que les véhicules et les hélicoptères qui peuvent être projetés depuis nos bâtiments amphibies.  

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Le BPC Mistral à Beyrouth — Photo Marine Nationale © Pascal Fournier

Au début du mois de décembre 2006, le secrétaire général de l’OTAN a déclaré l’ensemble de la NRF « fully operational and ready for a full range of missions » La rotation de la NRF à laquelle la France participe est donc la première force de réaction à pouvoir être employée pour l’ensemble des missions assignées à une force de réaction rapide, plutôt cantonnée jusqu’à présent dans des opérations à dominante humanitaire.

Les Forces Spéciales et la NATO Response Force

La NATO Response Force (NRF), instituée lors du sommet de Prague en 2002 a atteint sa maturité au sommet de Riga fin 2006. Force interarmées et interalliée d’environ 25 000 hommes projetables en 5 à 30 jours, elle est destinée à fournir une première réponse rapide aux menaces identifiées par l’Alliance. Pour les crises importantes, elle interviendrait en premier et serait renforcée par une force plus importante du dispositif d’intervention de deuxième échelon de l’OTAN appelé High Readiness Force (HRF). Ainsi la NRF est une force d’urgence et devient un échelon avancé lorsque le traitement de la crise dépasse ses capacités.

La NRF est armée à tour de rôle par les troupes de différentes nations de l’Otan qui sont placées en alerte pour des périodes de 6 à 12 mois. Un système de préparation opérationnelle et de relève des unités d’alerte a été mis en place par Shape et associe tous les grands commandements permanents de l’OTAN.

Naturellement, les forces spéciales ont été intégrées comme quatrième composante au sein de la nrf. Elles y complètent les capacités offertes par les composantes terrestre, aérienne et maritime.

Le point de vue de l’OTAN sur les forces spéciales est très proche de celui des grandes nations de l’alliance. Sur un théâtre donné, les forces spéciales arment une composante – le Special Operation Component Command (socc) – aux côtés des autres que sont le lcc (Land Component Command), l’acc (Air Component Command) et le mcc (Maritime Component Command). Jusqu’à présent seules trois nations de l’OTAN étaient reconnues aptes à armer le poste de commandement de la composante des opérations spéciales. Ce club restreint n’est pas fermé et quatre nations devraient prochainement le rejoindre.

Les forces spéciales vues par l’OTAN

L’OTAN s’est intéressé aux forces spéciales et a vraiment perçu l’intérêt de leur emploi en opération à partir de 1998 : il s’agit donc d’une vision récente. Le premier document sur la politique des forces spéciales de l’OTAN a été publié en 1999.

La définition des opérations spéciales de l’OTAN souligne le contrôle politico-militaire étroit et l’emploi qui peut être complémentaire ou indépendant des opérations conventionnelles menées par les trois autres composantes.

Les opérations spéciales sont des activités militaires menées par des forces spécialement désignées, organisées, entraînées et équipées faisant appel à des techniques opérationnelles et à des modes d’emploi non usuels dans les forces conventionnelles. En fonction des objectifs à atteindre, on peut en mener dans tout type d’opérations militaires en temps de paix, comme en période de crise et de conflit, indépendamment des opérations menées par les forces conventionnelles ou en coordination avec elles. Les opérations spéciales se distinguent des opérations conventionnelles par le degré de risque physique et politique accepté, par les modes d’action utilisés, par les principes d’emploi, la discrétion, l’autonomie et la chaîne de commandement très directe. Les forces spéciales constituent un moyen souple, adaptable et unique en leur genre, qu’on les emploie seules ou en complément d’autres forces, pour atteindre des objectifs militaires stratégiques ou opératifs.

Les trois principaux types de missions des forces spéciales sont :

  • La reconnaissance spéciale (principalement l’acquisition du renseignement par des moyens humains) ;
  • L’action directe (actions offensives précises très limitées dans le temps et l’espace, les missions de contre-terrorisme en font partie) ;
  • L’assistance militaire (de l’instruction de forces étrangères à leur encadrement au combat).
  • La composante de théâtre des forces spéciales de la NRF

La NRF intègre une composante de forces spéciales (Special Operations Component Command, socc) appelée à être engagée par le commandement de théâtre (Deployable Joint Task Force HeadQuarters, djtf hq) aux côtés des autres composantes lcc, mcc, acc.

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Commandos des Forces Spéciales à l’entraînement — Photo © Joël-François Dumont

La structure actuelle du SOCC est la suivante :
–  un poste de commandement interarmées et interalliés (SOCC HQ) ;
– quatre groupements de forces spéciales (Special Operations Task Group, SOTG) composés d’une centaine de commandos, dont un plus particulièrement apte à l’engagement en milieu aquatique ;
–  un sous-groupement héliporté (Special Operations Air Task Unit – Rotrary Wings, SOATU-RW)
–  un sous-groupement d’avions de transport tactique (Special Operations Air Task Unit – Fixed Wings, SOATU-FW).

Il convient de noter que les avions et hélicoptères sont tout particulièrement affectés aux opérations spéciales. Comme les commandos des sotg, ils sont donc plus précisément aptes aux missions discrètes, souvent nocturnes, loin des bases de départ et en environnement hostile.

Pour assurer une bonne coordination avec les autres composantes terrestre, aérienne, maritime, sur le théâtre, le socc détache des éléments de liaison (Special Operations Element, sole) au sein de chaque poste de commandement de composante. Un élément de conseil dans l’emploi des forces spéciales et d’appui à la planification est également inséré au sein du poste de commandement de théâtre (Special Operations Planning and Liaison Element, sople, détaché auprès du DJTF).

A la différence des postes de commandement (PC) des autres composantes qui sont armés par des PC permanents de l’OTAN, le pc du SOCC est armé par une nation cadre qui s’appuie sur son organisation nationale, renforcée pendant les périodes de montée en puissance et d’alerte de la NRF, par des officiers et sous-officiers des forces spéciales d’autres nations de l’OTAN. C’est la grande particularité des forces spéciales au sein de la NRF, car l’OTAN ne dispose pas de pc permanent pour les opérations spéciales.

Les nations aptes à armer le poste de commandement des forces spéciales de la NRF

Depuis 2002, plusieurs nations cadres ont été reconnues aptes à armer le PC du SOCC et à commander la composante opérations spéciales de la NRF : les États-Unis, la Grande Bretagne et la France. L’Espagne vient de rejoindre ce club restreint en juin 2007. L’Italie, l’Allemagne et la Turquie souhaitent faire reconnaître leur aptitude d’ici 2010.

La France fait donc partie des nations qui comptent en matière de forces spéciales dans l’OTAN. Elle participe activement aux réflexions sur la place et l’emploi des forces spéciales au sein de l’OTAN et dans la NRF.

Suite au sommet de Riga elle s’est engagée comme nation contributrice en troupes aux côtés de l’Espagne dans le tour d’alerte nrf 9 qui débute en juillet 2007. Elle fournit l’un des quatre sotg commando et des officiers insérés dans le pc de socc. En juillet 2009, la France devrait être nation cadre du socc de la NRF 13 pour une durée de 6 mois. Le cos (commandement des opérations spéciales) travaillera donc dès 2008 à la montée en puissance de cette composante.

Notons enfin que la France a également démontré sa capacité à participer ou à commander la composante opérations spéciales de théâtre, dans des opérations multinationales en Afghanistan (Operation Enduring Freedom) et en république démocratique du Congo (opérations Artémis et EUFOR-RD Congo). Elle a même été la première nation cadre d’un pc européen de forces spéciales de théâtre, lors de l’opération eufor-rdc. La Suède et le Portugal avaient alors accepté de fournir des troupes au sein du SOCC de l’Union européenne (UE). Cette expérience opérationnelle est grandement appréciée par l’OTAN et elle participe au rayonnement des forces spéciales françaises auprès des autres nations de l’Alliance ou de l’UE.

La place des forces spéciales de l’OTAN dans la NRF n’est pas figée. Elle est actuellement tout particulièrement étudiée.

En effet les forces spéciales sont une ressource limitée pour chaque nation. Or cette ressource est très employée par les nations, mais aussi par les coalitions ou l’OTAN en Afghanistan et en Irak.

La réduction du format de la composante forces spéciales de la nrf semble désormais acquise. La prochaine évolution pourrait concerner la simplification du dispositif de préparation opérationnelle qui précède le tour d’alerte NRF des forces spéciales. 

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(*) Dossier réalisé par Joël-François Dumont, Auditeur à l’IHEDN, pour le N°128 de la revue Défense  avec l’aide des Officiers de presse des SIRPA Air, Terre, Marine, des Forces Spéciales et du QG CRR Fr à Lille.

[1] La force de réaction de l’OTAN (NATO Response Force) ou NRF est une force à haut niveau de préparation, faisant appel aux technologies de pointe et composée d’éléments des forces terrestres, aériennes, navales et spéciales que l’Alliance peut déployer rapidement partout où cela sera nécessaire. Elle est capable de s’acquitter de missions dans le monde entier en accomplissant toute la gamme des opérations, qu’il s’agisse d’évacuations, de gestion des catastrophes, de lutte contre le terrorisme et en faisant office de « force d’entrée initiale » pour des forces de remplacement plus importantes. À l’heure actuelle, la Force compte 17 000 hommes. Il est prévu qu’elle atteigne sa capacité opérationnelle finale en octobre 2006 ; elle comptera alors quelque 25 000 hommes et pourra commencer à se déployer dans un délai de 5 jours et soutenir des opérations pendant 30 jours et plus si elle est réapprovisionnée. Cette force donne à l’OTAN les moyens de réagir rapidement n’importe où dans le monde à divers types de crises. Elle est aussi le moteur de la transformation de l’OTAN sur le plan militaire. (Source: OTAN). 
[2] L’armée de l’Air a d’ailleurs, entre autres, dirigé le déploiement des forces de l’OTAN pour l’aide humanitaire suite au tremblement de terre d’octobre 2005 au Pakistan. (Source: Armée de l’Air). 
[3] Source OTAN. 
[4] Déclaration de Prague : extraits des paragraphes 1 et 2. 
[5Discours de M. Jacques Chirac, Président de la République, lors de sa visite à l’armée de Terre. Olivet – Loiret, le jeudi 24 juin 2004. 
[6] Allocution du Ministre de la défense, Michèle Alliot-Marie, devant la 56ème session nationale de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale. Paris le 2 février 2004.Sources: DICoD et IHEDN
[7] Voir Vers la certification OTAN du QG CRR-Fr ?
[8] Interim Operational Capability (IOC). 
[9] Final Operational Capability (FOC). 
[10] Voir l’Allocution du CEMAT devant la Commission Consultative des Réserves de l’Armée de Terre
[11Audition du Général d’armée aérienne Richard Wolsztynski, Chef d’État-major de l’Armée de l’Air le mercredi 20 octobre 2004. Lire également La direction de la composante aérienne de la NRF 5 : Extrait d’Une armée de l’Air réactive, en constante adaptation (p.36) de l’avis N°2572 présenté le 12 octobre 2005 au nom de la Commission de la défense nationale et des forces armées sur le projet de Loi de finances pour 2006 (N°2540) Tome VI : Défense, préparation et emploi des forces (Air), par Jean-Louis Bernard, député du Loiret (UMP).
[12Compte-rendu n°6 de l’Audition du chef d’état-major de la marine.