Pour saluer l’efficacité de leur intervention, le président de la République a décider d’honorer les unités déployées au Mali. Entretien au salon du Bourget avec le LCL François Tricot sur « l’intervention en premier » de l’Armée de l’Air française au Mali. Une capacité que la France a mis en oeuvre avec succès en Libye dont l’U.S. Air Force avait jusque là l’exclusivité…
Le 50ème salon aéronautique et de l’Espace qui se tient du 17 au 23 juin 2013 au Bourget et le traditionnel défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées – lieux emblématiques chargés d’histoire – ont prévu de rendre un hommage particulier aux unités qui ont participé à l’intervention au Mali. Une intervention armée, décidée dans l’urgence, par le président de la République, François Hollande, en réponse à l’appel au secours du président malien, au nom d’un peuple déjà mis en coupe réglée au nord par des jihadistes qui se préparaient à envahir le sud du pays. « Confrontée à des combattants aguerris » … l’armée malienne qui avait subi deux déroutes successives, était bien incapable de défendre la souveraineté de l’État.
Au Bourget, Honneur aux unités qui ont pris part à l’intervention au Mali
Dans ce contexte, « notre intervention a été décidée au profit d’un État malien en situation de fragilité, qui ne contrôlait plus ses frontières depuis longtemps, laissant libre cours à toutes sortes de trafics. Les Nations unies estiment ainsi à treize milliards de dollars la valeur marchande de la drogue ayant transité en 2012 par le bassin sahélo-saharien, soit huit fois le budget de l’État malien » [1] L’opération Serval, lancée en janvier 2013, sera saluée dans le monde entier. Des États-Unis à l’Europe sans oublier l’Afrique où « le professionnalisme » des armées françaises a été unanimement reconnu. « Un engagement à nul autre pareil dans notre histoire militaire récente » comme le rappellera l’amiral Édouard Guillaud, clôturant la session annuelle de la 20ème promotion de l’École de guerre, qui rendra un hommage appuyé « à l’audace et au caractère innovant de la manoeuvre » ainsi qu’au très « haut niveau d’intégration interarmées » des forces armées françaises.[2] L’intervention « en premier » de l’armée de l’Air, comme en Libye, avec un préavis de quelques heures, sera déterminante. Au Bourget, Joël-François Dumont s’est entretenu avec le lieutenant-colonel François Tricot, commandant l’escadron Normandie-Niemen,[3] dont les hommes évoqueront quelques aspects de cette intervention, et pas seulement pour la plus grande joie des anciens, très admiratifs eux aussi… Le Bourget, le 20 juin 2013.
Le LCL François Tricot, commandant l’escadron de chasse Normandie-Niemen
European-Security : Mon Colonel, notre armée de l’Air est intervenue « en premier » au Mali depuis le Tchad et depuis la France. Entrée en premier comme elle l’avait déjà fait en Libye à un moment critique. Vos chefs en tirent une certaine fierté et partagent avec l’US Air Force cette capacité. Que faut-il comprendre par « entrée en premier ».
LCL François Tricot : Lorsqu’une opération commence, quelle que soit la nature de cette opération, il y a toujours des doutes. « Entrer en premier », agir en premier, signifie être capable en amont de lever une grande partie de ces doutes, de préparer et d’organiser soi-même les premières actions. C’est tout un ensemble.
Opération Serval : Retour de mission à N’Djaména
D’un côté, on a la connaissance du théâtre. Rapidement on est capable de mettre en place toutes les structures de commandement et tous les moyens de communication nécessaires pour déclencher l’opération. Une fois que celle-ci est en route, le plus souvent avec des Alliés, chacun donne des « briques » qui en s’assemblant permettent de monter une opération aérienne type OTAN comme on en a l’habitude. Mais il y a très peu de nations, et nous en tirons une grande fierté, qui sont capables dans un premier temps d’installer déjà toute la « colonne vertébrale » d’une opération.
Rentrer en premier, c’est donc à la fois, la capacité des équipages à faire face à nombre d’inconnues, être capable d’exécuter la mission de suite, sans pertes, en ayant derrière tout le soutien nécessaire aux opérations.
Rafale du Normandie-Niemen survolant le Mali
European-Security : Vous parlez de « préparation » : quand on voit le délai donné à l’intervention de nos armées et particulièrement de notre armée de l’Air, que ce soit en Libye ou au Mali, cette « préparation » se compte en heures…
LCL François Tricot : C’est aussi la force de notre armée. Il y a des choses que nous pouvons « anticiper ». Au quotidien, tant au niveau des unités que des états-majors, nous travaillons sur les zones où nous sommes susceptibles d’aller. Toute la chaîne renseignement suit en permanence certains théâtres, certains pays.
Au fil des mois, une intervention au Mali semblait devoir s’imposer à terme. Nous n’avons pas été surpris d’apprendre qu’il se passait quelque chose au Mali… On savait qu’il se passerait quelque chose. La France a dû réagir rapidement par rapport à l’attaque des forces jihadistes.
Mirage F1 CR positionnés sur l’aéroport de Bamako (14 janvier 2013)
Avec ou sans préavis ! C’est ce qui fait la force d’une armée qui est capable de s’entraîner correctement au quotidien. Les équipages ont pu partir très rapidement. Les pilotes qui étaient à N’Djamena au Tchad sur Mirage 2000 et F1 ont pu intervenir dans un délai de quelques heures parce qu’ils sont compétents, formés et suffisamment entraînés. Les autres pilotes qui sont partis de France sont partis, eux aussi, sans préavis.
N’Djaména : Armement de nuit des Mirage 2000
En moins de 12 heures, ils étaient prêts. Derrière, les mécaniciens étaient en place pour rassembler les avions, les équiper et assembler l’armement. Dans le même temps, toute une chaîne logistique s’est mise rapidement en place. Elle est capable alors de projeter dans un délai de moins de 24 heures des avions de combat modernes, puissamment armés pour aller frapper leurs objectifs à plusieurs milliers de kilomètres.
Mirage 2000D déployés depuis N’Djamena vers Bamako (17 janvier 2013)
European-Security : Mon Colonel, vous commandez un escadron de chasse prestigieux, descendant du fameux régiment de chasse Normandie-Niemen, créé en 1942.[3] Vous étiez vous-même au Mali ?
Le GAA Paloméros remet le drapeau du Normandie-Niemen au commandant d’escadron
LCL François Tricot : En effet, l’escadron a participé aux opérations au Mali, dès le mois de janvier. Pour le Normandie-Niemen, j’ai envie de dire que cela a été un retour en Afrique, le retour du Normandie-Niemen dans les opérations aériennes. Néanmoins, il faut savoir que la plupart du personnel qui constitue le Normandie-Niemen aujourd’hui est très expérimenté, car il avait déjà participé aux opérations en Afghanistan ou en Libye.
European-Security : Le Normandie-Niemen était basé à Reims avant d’être transféré à Colmar-Meyenheim puis à Mont-de-Marsan.[4] Cette prestigieuse unité, le « Neu-Neu », est entrée dans la légende en Russie : il n’est donc pas étonnant de voir de nombreux Russes passer vous rendre visite, même ici au Bourget ?
Le LCL François Tricot présente son unité au CEMA russe en visite au Bourget
LCL François Tricot : Les liens entre la Russie et le Normandie-Niemen sont très importants. L’année dernière nous avons eu l’honneur de recevoir le chef d’état-major de l’armée de l’Air russe et son Excellence, Monsieur l’ambassadeur de la fédération de Russie, à l’occasion des célébrations des 70 ans du Normandie-Niemen.[5] Il y a vraiment un lien entre ce pays et cette unité.
European-Security : Les sacrifices faits en Russie par une poignée de nos compatriotes en guerre contre le système nazi sont restés gravés dans les mémoires.
Un magnifique monument rappelle leur courage. C’est aussi votre sentiment ?
LCL François Tricot : Il y a en effet de très nombreuses écoles qui portent le nom de Normandie-Niemen en Russie.
L’histoire de ce pilote français dont le Yak tombe en panne qui refuse d’abandonner son mécanicien russe qui, à l’arrière de l’avion, n’ayant pas de parachute ne pouvait pas sauter est à peu près inconnue en France, alors qu’elle est connue de tous en Russie.[5]
Les deux décèderont ensemble : le pilote français d’origine aristocratique et le mécanicien russe incarnant dans son pays « l’homme du peuple ».
Roland de la Poype — Photo © SHD
Ce lien qui s’est créé entre ces deux mondes – il faut remettre les choses dans leur contexte de l’époque – a marqué le peuple russe.[6] De même les Russes nourrissent une certaine admiration pour nos grands anciens de la Deuxième Guerre Mondiale. Malheureusement, plusieurs nous ont quitté ces derniers temps.[7] A chaque fois, on a remarqué la présence de délégations russes importantes et de très haut niveau. S.E. l’ambassadeur de Russie se déplaçant aux Invalides chaque fois pour rendre hommage à nos anciens, dont Roland de la Poype et Pierre Lorillon.
European-Security : Les grands journaux, les grands magazines d’information américains, ne tarissent plus d’éloge devant les prouesses accomplies par nos armées et particulièrement notre armée de l’Air, que ce soit en Libye ou au Mali pour leur savoir-faire et un professionnalisme reconnu et apprécié par les militaires de l’autre côté de l’Atlantique. Ceci a très certainement contribué à un réchauffement de nos relations et à redresser dans l’opinion américaine une image de marque ternie il y a une dizaine d’années après le « French bashing » [8] qui a accompagné notre refus de participer à la guerre d’Irak. Comment voyez-vous cette relation bilatérale aujourd’hui ?
LCL François Tricot : Les relations ont toujours été bonnes entre les deux pays. Le fait est que nous travaillons facilement ensemble grâce aux procédures et aux équipements standardisées dans le cadre de l’OTAN, notamment. Cela a commencé après la première guerre du Golfe, en ex-Yougoslavie. Puis avec l’Afghanistan, les opérations ont duré plusieurs années. Les armées ont appris à se connaître. Il y a eu la Libye où nous avons montré que nous étions capables de tenir un rôle de leader.
Patrouille de Mirage 2000 entre le Tchad et le Mali
Les avions français ont été les premiers sur le territoire libyen : trois patrouilles de Rafale successivement avec des 2000D, des 2000-5, des ravitailleurs et un E3-F. Toute la chaîne de l’armée de l’Air qui a été capable de frapper en premier. Mais surtout elle avait les moyens de rassembler une grande quantité de renseignements au préalable et en toute autonomie.
Les Américains sont des gens très pragmatiques qui ont l’habitude des opérations et qui aiment bien les résultats. Ils ne sont pas dans l’affichage : ils sont dans le résultat. Et donc ils ont vu de quoi nous étions capables. On leur a fait cette démonstration en Libye, on l’a refaite au Mali. Ce sont des gens qui respectent l’efficacité, le sérieux. Ce n’est donc pas une surprise pour nous qu’ils prennent ainsi les choses. Nous nous en réjouissons, car cela montre que nous sommes tout à fait crédibles. Et s’il pouvait encore y avoir un doute dans l’esprit de certains, ce qui m’étonnerait, les derniers sont levés.
Le général Norton Schwartz (CEMAA US) remet la DFC au CDT Guillaume Vernet
European-Security : On peut citer également l’Afghanistan où un pilote d’hélicoptère français du Pyrénées en échange aux États-Unis, parti en Afghanistan avec son unité, a sauvé de nombreuses vies américaines, britanniques et alliées, ce qui lui a valu l’année dernière en France la remise de la plus haute décoration américaine remise à un étranger depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale.[9]
LCL François Tricot : Tout à fait. C’est un très bon signal pour les deux armées. Il y en a d’autres aussi qui ont fait de grandes choses qui avec l’U.S. Air Force, qui avec nos amis britanniques. Il y a là quelque chose de remarquable mais qui va dans la logique des relations entre les deux pays.
European-Security : Vous avez dans le Normandie-Niemen un pilote d’échange britannique qui vole donc sur Rafale.
LCL François Tricot : En effet il est arrivé. Il a commencé sa formation en France à la rentrée 2012. Il est à l’escadron depuis le mois d’avril et là il poursuit sa réattribution des qualifications.
European-Security : Vous-même, mon Colonel, vous avez également été pilote d’échange avec une armée de l’Air étrangère. Qu’est-ce que cela vous a apporté ?
LCL François Tricot : Partir à l’étranger, voir une autre armée, quel que soit le poste, quelle que soit la spécialité, c’est forcément enrichissant. C’est vrai dans le monde civil, c’est tout aussi vrai dans le monde militaire. Cela nous permet de voir qu’il y a beaucoup de choses identiques dans les façons de faire.
L’aviateur, j’ai envie de dire, quel que soit son pays, reste le même homme passionné, professionnel, forgé par ce métier qui a des impératifs de rigueur et de travail que l’on retrouve un peu partout.
Le GAA François Mermet (2S) et Jean-François Briand avec un pilote du Normandie-Niemen
Du fait de l’OTAN, il y a beaucoup de choses standardisées qui font qu’on n’est pas dépaysé lorsqu’on arrive dans une autre armée de l’Air et pourtant on découvre à la fois un pays et d’autres façons de penser. Cela permet de voir ce qui peut être utile dans notre pays, dans notre façon d’aborder certaines façons de travailler. D’un autre côté, nous aussi nous apportons aussi notre retour d’expérience. Alors l’échange, ce n’est pas seulement deux pilotes, deux officiers qui passent d’un pays à l’autre, une fois qu’on est sur place, c’est aussi communiquer avec les gens avec qui l’on travaille au quotidien.
Pour ma part, j’ai été en Allemagne. J’ai actuellement dans mon escadron un pilote britannique sur Rafale. Il est là pour découvrir ce que nous faisons. De la même façon, l’escadron s’enrichit de lui, pose des questions sur son pays. Lui nous présente des choses sur son armée de l’Air, ce qui nous permet de mieux nous connaître. Sachant que lorsque nous partons en opération, on travaille avec ces gens quelques années après.
Ravitaillement en vol d’un Rafale du Normandie-Niemen par un C135 F
Un jour au Mali, un ravitailleur américain est arrivé d’Espagne, au milieu de la nuit noire africaine, isolé. Vous arrivez derrière un ravitailleur américain. Tout se fait naturellement. Les procédures sont les mêmes, l’équipement est identique. Vous enchaînez sur ce ravitaillement et puis vous repartez sur votre mission, j’ai envie de dire comme si de rien n’était.
Ce n’est pas une particularité de la mission tout d’un coup de travailler avec un tanker américain. Cela peut aussi être un avion ravitailleur allemand avec lequel on a également travaillé pour le Mali. Là nous préparons le défilé du 14 juillet avec nos amis allemands pour célébrer le cinquantenaire du traité de l’Élysée. C’est pareil. Ils sont venus pour les briefings. Il va y avoir des répétitions. Tout se passe facilement.
Rafale du Normandie-Niemen (BA118)
European-Security : Avant de dire un mot du Rafale qui est, sans aucun doute, un, sinon le seul avion omni rôle aujourd’hui, on peut dire que chaque avion a des atouts particuliers. Vous avez vous-même été pilote d’échange français dans la Luftwaffe en Allemagne et voliez sur Tornado. Comme les Super-Étendard modernisés en Afghanistan, ces deux appareils ont des spécificités encore uniques qui ont été mises à profit sur le théâtre afghan. Compte tenu de ces différences, avec des avions qui peuvent exécuter des missions particulières, quels enseignements avez-vous pu tirer de votre Tornado en Afghanistan ?
LCL François Tricot : On se rend compte que les gens, quel que soit leur appareil, sont capables de trouver les meilleures solutions pour effectuer la mission dans les meilleures conditions par rapport à ce que leur donne l’appareil. Chaque type d’avion a ses limitations mais aussi ses points forts.
Le GAA Abrial, CEMAA, avec le CNE Tricot et son co-équipier allemand devant leur Tornado
Le CNE tricot et son co-équipier de la Luftwaffe devant le Tornado qu’ils ont utilisé en Afghanistan
On a vu que le Tornado avait certaines particularités intéressantes, comme le fait que ce soit un bimoteur, qu’on retrouve aujourd’hui sur Rafale. Quand on a la chance de passer de monomoteur sur bimoteur, on voit qu’il y a quand même des avantages. Après, tout ce qui était moyen de reconnaissance était quasiment identique à ce que l’on avait en France. En termes de capacité, de résolution de capteurs, tout cela est assez bien standardisé.
European-Security : Mon Colonel, vous commandez un escadron de Rafale qui porte un nom prestigieux. En tant que pilote, que pensez-vous de cet avion ?
LCL François Tricot : Lorsqu’on arrive sur Rafale, on redécouvre le plaisir du vol, au cas où on l’aurait perdu… On retombe un peu en enfance. C’est un avion qui est exceptionnel, dans la mesure où il est bon partout. Pour faire une comparaison, vous avez à la FNAC des diagrammes pour les appareils photo, ces toiles d’araignées avec les points forts et les points faibles de chaque appareil. Le Rafale dans certains domaines peut être battu par un autre appareil. Dans certains domaines précis, quelques appareils sont peut-être meilleurs que lui sur un ou deux points, mais par contre, ils vont être moins bons dans tous les autres.
Le Rafale offre cette homogénéité, c’est-à-dire qu’il est très bon partout. Cela vous donne un diagramme bien rond ou octogonal. Il n’y a pas de point faible. Il est très bon en air-air, il est très bon en reconnaissance, il est très bon en attaque au sol. C’est le même avion, ce sont les mêmes équipages qui peuvent faire toutes ces missions. C’est-à-dire que l’interface qui a été faite, l’intégration du système dans l’appareil font que pour un pilote ou un équipage il est aisé de passer d’une mission à l’autre.
European-Security : Vous allez participer à ce défilé aérien du 14 juillet ?
LCL François Tricot : Oui, je serai dans le « box », juste derrière. Je serai le leader du box « connaissance- anticipation », donc reconnaissance. Je verrai en effet l’A400M, un Rafale du 1/7 Provence de Saint-Dizier avec un Typhoon allemand. C’est sympa pour moi aussi.
European-Security : Merci mon Colonel, et bon vol au Normandie-Niemen !
Joël-François Dumont
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[1] Voir « Édouard Guillaud : Les trois enseignements stratégiques de l’opération Serval« : Audition du chef d’état-major des armées (CEMA), sur les enseignements de l’opération Serval devant la Commission de la défense nationale et des forces armées. (Source : Assemblée Nationale, 22 mai 2013).
[2] Voir « Distinguer les permanences et les contingences« . Sources : EMA et ESG (20 juin 2013).
[3] Voir Escadron de chasse 2/30 Normandie-Niemen. 273 victoires homologuées pour 869 combats livrés en 4534 heures de vol, 37 victoires probables et 47 avions ennemis endommagés. Sur 96 pilotes, 42 seront tués. Avec ces 273 victoires sur 5240 missions, l’escadron Normandie-Niemen est devenue l’unité de chasse la plus titrée en France. Transféré au Maroc en mars 1947, le « Normandie-Niemen » accomplit sa transformation sur Mosquito, avant de rejoindre la base de Rabat-Sale.
Les campagnes d’Indochine le transportent sur la plate-forme de Saigon, d’où il participe aux opérations sur P-63 Kingcobra et Hellcat. Affecté une nouvelle fois en Afrique du Nord, il est équipé de P47 et gagne la base d’Oran « La Senia ». En 1952, les avions à réaction « Mistral » supplantent les P47. Le groupe de chasse se scinde en deux quelques mois plus tard pour former la 6ème escadre de chasse, qui comprend alors l’escadron 1/6 « Oranie » et le 2/6 « Normandie-Niemen ». Transformée sur Vautour II N, l’unité est rattachée à la 30e escadre de chasse, après dissolution de la 6ème escadre, pour devenir l’escadron 2/30.Le 2/30 quitte définitivement l’Afrique du Nord le 13 mars 1962 et rejoint la base d’Orange, avant d’être affecté à Reims, en 1966. En décembre 1973, l’unité abandonne ses Vautour II au profit des premiers Mirage F1 français.
Insigne de l’Escadron de chasse 2/30 Normandie-Niemen
L’amitié franco-russe et les traditions communes acquises au combat ne se sont pas démenties et permettent de nombreux échanges. Ainsi les visites de Mig 29 en 1991, ou de Sukhoï Su 27 de la patrouille des « Russians Knights » en septembre 1992 . L’escadron est dissout le 13 octobre 1993 et recréé immédiatement sur la base de Colmar pour devenir l’Escadron de Chasse EC 1/13 « Normandie-Niemen » (ex 1/13 « Artois », dissous lui aussi ce jour !) et équipé de Mirage F1CT. Le 1er juillet 1995, l’escadron change encore une fois d’appellation pour devenir l’Escadron de Chasse 2/30 « Normandie-Niemen ». Il est constitué de 4 escadrilles (insignes non portés) : Rouen, Le Havre, Cherbourg et Caen ; (Source : Aeromil-yf).
[4] Le 25 juin 2012, l’escadron de chasse 2/30 «Normandie-Niemen» a officiellement été mis en service opérationnel sur la base aérienne 118 de Mont-de-Marsan, lors d’une cérémonie présidée par le général Jean-Paul Paloméros, chef d’état-major de l’armée de l’air. À cette occasion, le lieutenant-colonel François Tricot s’est également vu remettre le commandement de cette prestigieuse unité, (la troisième) désormais équipée d’avions de chasse Rafale. Voir le « Normandie-Niemen renaît sur Rafale » et « la réactivité suppose la cohérence« .
[5] Mémorial Normandie-Niemen, Rue Raymond Phelip – B.P. 124, 27701 Les Andelys Cedex. Tél : 02 32 54 49 76. E-mail : normandie.niemen@wanadoo.fr. Site internet : http://memorial-normandie-niemen.com/
[6] Lire « Une banque russe réanime le Mémorial Normandie-Niemen au Bourget » de Maria Tchobanov in La Russie d’Aujourd’hui (18 juin 2013).
[7] « Les obsèques de Roland de la Poype ont été célébrées, le 30 octobre 2012, en la cathédrale Saint-Louis des Invalides, à Paris. La mémoire de ce compagnon de la Libération, ancien pilote des forces aériennes françaises libres (FAFL) a été saluée au cours d’une cérémonie religieuse suivie d’une cérémonie militaire, présidée par le colonel Fred Moore, chancelier de l’ordre de la libération. »
À l’issue du service religieux, en présence du GAA Denis Mercier, CEMAA, les honneurs militaires ont été rendus à Roland de la Poype, dans la cour d’honneur des Invalides, par un détachement de la base aérienne 123 d’Orléans et en présence d’une délégation du régiment de chasse 2/30 « Normandie-Niemen ». (Source : SLT Christelle Hingant, AA).
Voir également « Une foule venue nombreuse pour rendre hommage à Roland de la Poype » (Source : Armée de l’Air), « Roland de la Poype, pilote du Normandie-Niemen est mort« in le Monde et « Marcel Albert, un as de Normandie-Niemen vient de nous quitter » (Source : ASAF).
[8] «Voir : « Washington-Riyad : de la relation spéciale au divorce? » de François-Bernard Huyghe et les nombreuses interventions de l’ambassadeur de France aux États-Unis, M. Jean-David Levitte.
[9] Le général Norton Schwartz (CEMAA US) décore de la Distinguished Flying Cross le CDT Guillaume Vernet devant le mémorial Lafayette à Marnes-la-Coquette (13-07-2011).