Il semble qu’il n’y ait plus guère que deux partis politiques pour rappeler que le candidat à l’élection présidentielle ne peut pas être un Pétain ou un de Gaulle au petit pied…
Par l’Amiral Guy Labouérie, membre de l’Académie de Marine (1). Brest, le 17 septembre 2005 (©).
- L’avalanche menace, De Gaulle avait raison !
Avalanche dérisoire d’auto-désignations pour la future présidentielle, de plus en plus présentée comme un choix personnel entre le peuple et celui, qui, dans son auto admiration ne perçoit pas qu’il ruine le fondement démocratique du pays, et qu’il serait incapable dans la plupart des cas d’assumer les responsabilités correspondantes.
Il semble qu’il n’y ait plus guère que deux partis politiques en France capables de rappeler que le candidat à l’élection présidentielle ne peut pas, ne doit pas être un Pétain ou un de Gaulle au petit pied – insupportable syndrome “Jeanne d’Arc” – faisant au pays l’offre de sa personne, mais le choix par l’ensemble de son parti de son meilleur candidat.
A défaut on tombe dans la pétaudière, ce qui est en train de se manifester avec une multitude de candidats autoproclamés, dont la plupart font semblant d’ignorer leur propre passé, leur incapacité souvent déjà prouvée et leur ignorance du monde réel.
Reconnaissons que les médias ont un rôle déplorable dans cette affaire car, pour eux, rien n’est plus intéressant, pensent-ils, que de célébrer soit la parole, la coiffure ou la baignade bauloise, soit le génie d’opposition négative de la région rouennaise, soit l’antique retour aux croisades vendéennes, soit l’imbécillité sénile des courbettes à la statue des Pyramides, soit le centrisme des caramels mous, soit le faux patriotisme et l’amnésie communiste, quand ils ne se perdent pas dans de lamentables commentaires sur les histoires de lit des uns et des autres, au nom bien sûr de la modernité, etc.
Le pire est la floraison de ces oublieux de leur propre histoire et de leurs héritages malsains, ces soi-disant convertis à la démocratie incapables d’assumer leurs choix décennaux, que ce soit en faveur des millions de morts du communisme international, ceux qui agressaient nos propres soldats blessés à leur retour d’Indochine, ceux qui baignant dans une mer d’anarchismes aux noms divers, y compris parfois les plus respectables, n’ont pas hésité à soutenir pendant des années des systèmes politiques criminels à travers la planète, tandis que d’autres ancrant leurs professions de foi dans l’ignorance se croient les sauveurs d’une Planète dont ils n‘ont aucune idée ni expérience réelle, etc.
Que les jeux des deux principaux partis politiques ne soient pas toujours limpides ni très lucides dans leurs alliances pour obtenir telle ou telle majorité locale ou nationale est une affaire habituelle et regrettable, mais si l’on ne veut pas être submergé par les autodésignations d’incapables qu’ils soient trotskistes (qui gomment tout du fondateur et de ses crimes !), maoïstes (idem), altermondialistes et leurs ignorances anarchistes, moustachus divers et variés, il va falloir revenir à l’essence du jeu démocratique où de grands partis politiques ont projet et candidats dignes de ce nom pour gouverner un pays, surtout quand il est aussi difficile que le nôtre.
Pour l’heure, qu’on les aime ou pas, seuls le Parti Socialiste et l’UMP se montrent respectueux de la Démocratie et, qu’on les aime ou pas et quelles que soient leurs ambitions, leurs présidents ne cessent de rappeler à juste titre que c’est leur parti qui désignera son candidat par le vote de ses militants. Tous ceux qui se disant « membre » de ces partis prétendent ne pas tenir compte des militants se trompent gravement et trompent le pays. Il serait bon que forts de l’ensemble de leurs députés et sénateurs ces deux grands partis se mettent d’accord pour resserrer les conditions de la présentation des candidatures à la présidentielle, pour limiter, voire supprimer, le flot indécent des incapables surfant facilement sur ce qui gratte matériellement les Français dans l’immédiat, leur seul but étant d’atteindre les 5% pour être remboursés des frais consentis à leur propre gloire! Évidemment les médias ou plutôt les trop nombreux groupuscules de ratés qui s’y vautrent journellement et dont le financement devrait poser question, hurleront leurs habituelles sornettes sur l’atteinte à la démocratie, dont la plupart ignorent ce que c’est, sinon la défense de leurs intérêts personnels, au lieu de se pencher sur le fond et sur l’intérêt du pays. Il est urgent de voir diminuer cet invraisemblable éparpillement politicien, étalage une fois encore de notre exception et de son rapprochement continu vers une république bananière.
L’auto-désignation napoléonienne est insupportable dans une démocratie et nos grands partis possèdent suffisamment d’hommes de valeur, à l’intérieur de leurs déchirements, ambitions diverses, luttes de clans… pour trouver en eux le courage de cesser cette indigne mascarade dont nos médias commencent à être pleins.
Que sera-ce dans dix huit mois? Mais on peut penser et espérer que le peuple français les approuvera pour peu qu’ils lui donnent en même temps l’information nécessaire pour voir pourquoi nous en sommes arrivés là en trente ans et laisser les “chiens” aboyer au passage de la nouvelle caravane France.
On peut toujours rêver
Guy Labouérie
(1) L’Académie de Marine a été fondée en 1752. Dissoute comme toute ses consoeurs pendant la Révolution, elle n’a été réactivée qu’en 1921. Son siège est à Paris.