14 juillet : Les coulisses du vol en A330 MRTT « Phénix »

L'A330 « Phénix » a survolé Paris à l’occasion des répétitions du 14 juillet. Retour sur ce premier vol avec à son bord, le LCL Guillaume, pilote expérimenté sur MRTT (Avion multirôle de ravitaillement en vol et de transport).

Le 11 juillet 2018, l’A330 « Phénix » a survolé Paris à l’occasion des répétitions du 14 juillet. Retour sur ce périple avec à son bord, le lieutenant-colonel Guillaume, pilote expérimenté sur MRTT (Multi Role Tanker Transport – Avion multirôle de ravitaillement en vol et de transport).

Survoler Paris n’a rien d’anodin, qui plus est un 14 juillet, aux commandes du futur avion de transport stratégique de l’Armée de l’air, nommé A330 MRTT (Multi Role Tanker Transport – avion multirôle de ravitaillement en vol et de transport) « Phénix ». Un exercice de précision et de timing.

Premier survol de paris pour le Phénix -- Photo Olivier Ravenel © Armée de l'Air. -
Premier survol de Paris pour le Phénix

C’est en Espagne, au sein des locaux d’Airbus Defense and Space, que nous retrouvons l’équipage pour ce vol. Les deux pilotes aux commandes pour le défilé seront un pilote d’essais espagnol d’Airbus et un pilote de l’Armée de l’air, le lieutenant-colonel Guillaume, revenu récemment en France après trois ans en échange au sein de la Royal Australian Air Force sur KC-30A. Ensemble, ils vont préparer et survoler la capitale française. « Le fait de partager le cockpit avec un pilote d’Airbus et un ingénieur navigant d’Airbus, un pilote de la direction générale de l'armement (DGA), symbolise toute la forte coopération entre l’industriel, la DGA et l’Armée de l’air », ajoute le lieutenant-colonel Guillaume.

10 h 00, première étape : le briefing

Pendant deux heures, pilotes et équipage, préparent le vol. Objectif : reprendre tous les points clés de la mission. À partir de l’ordre particulier d’opération, l’équipage ajuste le vol. « Dans ce document, nous retrouvons par exemple les axes d’attentes, les horaires des différentes patrouilles ou encore les procédures pour sortir du hold (circuit d’attente) » ajoute l’officier. Tout est minutieusement analysé : pétrole, itinéraire, zone de contrôle, fréquence radios, météo. 

Le LCL Guillaume prépare sa mission -- Photo Olivier Ravenel © Armée de l'Air. -
Le LCL Guillaume prépare sa mission 

En amont de ce vol, le lieutenant-colonel Guillaume a également participé à la reconnaissance d’axe à Paris et à la répétition à Châteaudun. Il a donc en sa possession tous les éléments nécessaires à la bonne exécution de la mission.

12 h 50, le MRTT s’envole en direction de la France

Sur le tarmac de Gétafé, situé à une demi-heure de Madrid, l’A330 MRTT arbore avec élégance l’inscription « Armée de l’air ». Grâce à la puissance de ses deux moteurs, le MRTT s’envole en quelques secondes. Il débute son vol par une phase sous contrôle du trafic aérien civil. Avant d’être pris en compte une heure et demie plus tard, par les contrôleurs militaires de la base aérienne d’Évreux. Hors de question de survoler Paris, immédiatement. Tous les aéronefs participant au défilé se retrouvent dans un circuit d’attente. « Les contrôleurs militaires organisent notre attente et assurent la déconfliction par rapport aux autres appareils, ajoute l’officier. Le jour J, il y aura quand même plus d’une centaine d’appareils en vol. » Dans la zone d’attente, un Mirage 2000D suit méticuleusement les mouvements de l’A330. Le 14 juillet, ils seront au nombre de quatre.

15 h 00, survol des Champs-Élysées

Top ! À la radio, l’heure officielle de passage est donnée à l’A330. « À bord, nous calculons ainsi l’horaire de sortie du circuit avant de débuter le survol de la capitale, détaille l’officier. Nous devons être précis à plus ou moins de trois secondes et maintenir une vitesse sol à 300 nœuds plus ou moins 5. L’intérêt de maintenir ces éléments est d’assurer la sécurité des vols. Il ne faut pas être trop proche des avions précédents ou trop près des suivants. »

Première participation du MRTT au 14 juillet -- Photo J.-L. Brunet © Armée de l'Air. -
Première participation du MRTT « Phénix » au 14 juillet 

Le jour J – 14 juillet

Le survol dure moins de 40 secondes. Mais la concentration est intense dans le cockpit. Pour l’équipage l’enjeu est majeur. « Le point de vigilance numéro 1 est de sortir à l’heure du circuit d’attente, confie le lieutenant-colonel. Si nous n’arrivons pas à tenir notre horaire de passage, nous pouvons être retirés du défilé. » Après le passage sur les Champs-Élysées, l’avion a regagné l’Espagne, lieu où il décollera à nouveau samedi vers 07 h 30. « Aujourd’hui, nous sommes passés à l’heure à moins de deux secondes avec une bonne position, confie le pilote. Nous serons donc au rendez-vous samedi. »

Samedi 14 juillet, l’A330 suivra exactement le même scénario. L’avion sera intégré au tableau « Projection de puissance », accompagné par quatre Mirage 2000D. Il passera ainsi au-dessus des Champs-Élysées après la patrouille de France et le tableau « Modernisation de la composante aéroportée ».

MRTT « Phénix », un nouvel avion de pointe

L’arrivée de l’A330 MRTT « Phénix » fera entrer l’Armée de l’air dans une nouvelle ère. Il assurera les missions de transport de personnel et de fret, de ravitaillement en vol, de relais de renseignement et sera un acteur central de la mission de dissuasion aéroportée. Le premier exemplaire atterrira à Istres en octobre 2018 et sa mise en service opérationnelle est prévue pour 2019. En plus de remplacer les C-135, le MRTT succédera aussi aux deux A340 et aux trois A310 de l’escadron de transport 60 « Estérel ».

Voir également :

Lieutenant-colonel Guillaume, pilote sur « Phénix » A330 MRTT (Avion multirôle de ravitaillement en vol et de transport) (13-07-2018)