En Allemagne, la pollution n’est pas que politique

A Bruxelles, on décortique jour après jour les déclarations intempestives de Donald Trump en élaborant une riposte éventuelle face à une augmentation des droits de douane américain. Que les États-Unis d’Amérique relancent leur guerre économique contre l’Europe, on s’y attendait. Par contre, personne n’était préparé à s’opposer à un monde nouveau en gestation où la force primerait le droit. Le moindre écart en Europe, tout ce qui pourrait modifier des équilibres, est examiné à la loupe. Ainsi le vote au Bundestag d’une proposition de Loi de la CDU sur l’immigration adoptée à une voix de majorité grâce au soutien de l’AfD. Trois semaines avant une élection générale qui va sceller le sort de la coalition tricolore, l’Allemagne est sous les feux des projecteurs de l’actualité. mais il n’y a pas que l’Allemagne… Dans sa rubrique européenne hebdomadaire sur euradio, Quentin Dickinson nous propose un rapide tour d’horizon… NDLR

Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L’occasion de découvrir la diplomatie et l’actualité européenne sous un nouvel angle.

Source : — euradio — Bruxelles, le 4 février 2025 —

Laurence Aubron : Quentin Dickinson, qu’avez-vous retenu de la semaine écoulée ?

Quentin Dickinson : D’abord, en Allemagne, cet étonnant pas de clerc de la part du chef de l’opposition démocrate-chrétienne (et potentiel futur Chancelier fédéral, à l’issue des législatives du 23 février) Friedrich Merz. En rompant avec le principe, en vigueur dans son pays depuis 1949, d’éviter toute collaboration avec des groupes ou partis héritiers du nazisme, M. Merz a réussi à faire adopter par le parlement fédéral des textes relatifs à la restriction de l’immigration et à l’expulsion de migrants en situation irrégulière, tout cela avec l’appui des députés de l’AfD, parti d’extrême-droite.

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Friedrich Merz en campagne à Erfurt (août 2024) — Photo Steffen Prößdorf – Wikimedia commons

Cependant, lesdites mesures restent facultatives – alors, on est tenté de dire : tout ça pour ça ?…

Laurence Aubron : Vous avez noté une autre information provenant d’Outre-Rhin, je crois ?…

Quentin Dickinson : C’est cela. Et, en Allemagne, la pollution n’est pas que politique, jugez-en : publié il y a quelques jours, un rapport, en l’occurrence élaboré pour le compte de l’association Greenpeace, décrit la pollution marine due aux per-et polyfluoroalkylées (plus commodément désignés par l’acronyme P-FAS) le long des côtes allemandes, tant de la Mer du Nord que de la Baltique. Or, les échantillons prélevés relèvent des concentrations de P-FAS quatre mille fois supérieures aux normes en vigueur en Norvège. A noter : laissés à eux-mêmes, les P-FAS se dispersent particulièrement lentement et leurs effets rémanents sont toxiques pour la santé humaine.

Si la réduction des P-FAS fait l’objet de la Convention de Stockholm de 2001, en revanche, l’Union européenne n’aura dirigé ses efforts de recherche à ce sujet que depuis une quinzaine d’années, en dépit du Règlement REACH CE 1907 de 2006 sur la protection humaine et de l’environnement.

C’est que les P-FAS, on les trouve un peu partout, dans les poëles à frire comme dans les extincteurs.

Enfin, le rapport recommande d’éviter le contact cutané avec l’écume des bords de mer. On ne sait si cette consigne sera toujours en vigueur l’été prochain.

Laurence Aubron : Et, toujours au bord de la Mer baltique…

Quentin Dickinson : …se trouvent (notamment) l’Estonie et la Lituanie, deux pays-membres de l’UE et de l’OTAN, qui viennent d’annoncer leur engagement à dépasser les 5 % de leur produit national brut consacré à la défense. Cet objectif est celui que Donald Trump exige désormais de ses alliés canadien et européens au sein de l’Alliance atlantique ; toutefois, des trente-deux pays de celle-ci, seuls vingt-trois atteignent actuellement le seuil précédent de 2 % du PNB, fixé il y a dix ans déjà. Le sujet fournira l’objet central des conversations du Sommet de l’OTAN en juin prochain.

Laurence Aubron : Et quelques brèves, pour conclure ce tour d’horizon ?…

Quentin Dickinson : Commençons par la Serbie, dont le Premier ministre, Miloš Vučević, a présenté sa démission, à l’issue de trois mois de manifestations à Belgrade et dans les principales villes du pays.

En cause, l’effondrement de l’auvent de quai de la gare de Novi Sad, deuxième agglomération de Serbie, chef-lieu de la Voïvodine, à la frontière serbo-hongroise, dont le maire a également renoncé à son poste. L’accident avait provoqué quinze morts. Or, le bâtiment ferroviaire venait de faire l’objet d’une rénovation complète, attribuée à un consortium chinois, et les manifestants mettent en parallèle la mauvaise qualité des matériaux avec la corruption manifeste liée au contrat.

Ensuite, à Strasbourg, la Cour de Justice de l’Union européenne vient de recevoir la plainte d’un certain Elon Musk contre les taxes d’importation dans l’UE de voitures électriques en provenance de Chine, qui représentent actuellement 20 % des ventes de ces véhicules en Europe, dont – qui l’eût cru ? – nombre de Tesla made in China

Enfin, des nouvelles du service public de l’audiovisuel, en l’occurrence au Royaume-Uni, dont le gouvernement envisage de conforter les recettes de nos confrères de la BBC, en augmentant la redevance due par les ménages abonnés aux diffuseurs Netflix ou autres Disney Channel+, ou alors en imposant directement ceux-ci, ce qui, au regard de leurs plantureux bénéfices, ne serait que justice, convenons-en.

Quentin Dickinson

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