Frégate Sachsen : Lors de son lancement, un missile explose en mer de Norvège

Maudite semaine pour l’Allemagne… Entre la chancelière Angela Merkel plus que jamais en sursis et la Mansschaft éliminée de la Coupe du monde en Russie, il ne manquait plus qu’une catastrophe en mer de Norvège, évitée grâce au sang-froid des marins allemands de la Frégate Sachsen … 

Maudite semaine pour l’Allemagne… Entre la chancelière Angela Merkel plus que jamais en sursis et la Mansschaft éliminée de la Coupe du monde en Russie, il ne manquait plus qu’une catastrophe en mer de Norvège, évitée grâce au sang-froid des marins allemands de la Frégate Sachsen …  

Comme quoi le vieil adage « Jamais deux sans trois ! » se vérifie des deux côtés du Rhin…

La frégate de défense aérienne Sachsen -- Photo © Bundesmarine. -
La frégate de défense aérienne Sachsen (Classe F124 Sachsen

La frégate allemande Sachsen (F129), un des fleurons de la Deutsche Marine, participait à une campagne de tir en mer de Norvège dans une zone de manœuvre dédiée, lorsque le mauvais départ d’un missile surface-air SM-2 a occasionné une explosion à l’avant du bâtiment, à hauteur de la passerelle, située en aplomb des tubes de lancement.

Par miracle, deux marins seulement ont été légèrement commotionnés et ont très rapidement pu reprendre leur service.

Dans une vidéo tournée sur la deuxième frégate, on entend nettement le bruit de l’explosion et l’on voit une gerbe de flammes impressionnante, un panache de fumée. La vidéo montre également la rapidité avec laquelle le service anti-incendie a réagi pour circonscrire l’incendie.

Cette vidéo permet de compter en secondes le temps qu’il a fallu pour maitriser l’incendie

Une enquête a été ouverte pour connaître les raisons de cet accident pourtant rarissime. 

S’il est encore trop tôt pour définir la cause de cet accident de tir, selon le CF Patrice Théry (R), deux questions se posent : « La cause de non-départ du missile est-elle liée à une non-ouverture des taquets de retenue du missile dans son tube de lancement ou bien a une défaillance du booster ?» Notre expert ne croit « pas que ce soit la charge militaire qui ait détoné mais plutôt la charge propulsive… Une explosion de la charge militaire aurait provoqué une destruction massive avec des effets collatéraux importants sur les autres silos ».

Document © Deutsche Marine. -
Partie supérieure du VLS des silos SM-2

En tout cas, si l’on en juge par cette photo diffusée par la Deutsche Marine « les effets constatés sur la partie supérieure du VLS des silos SM-2 ne portent pas les marques d’une explosion telle qu’on pourrait l’attendre avec une explosion d’une puissante charge militaire, mais plutôt la marque d’un violent coup de chalumeau incendiaire ».

Pour mémoire, « l’HMS Sheffield a été perdu aux Faklands non pas par l’explosion d’un Exocet qui a traversé le bateau de part et d’autre sans exploser mais en laissant son booster allumé dans le bateau… cela prouve l’effet dévastateur du booster « encagé »…»

La frégate de défense anti-aérienne Sachsen se trouvait avec la frégate ASM Lübeck au nord du cercle polaire. Un premier tir s’était déroulé sans problème avant une dernière vérification du missile qui n’avait rien donné.

Tir d'un missile SM-2 par la frégate de défense aérienne Sachsen -- Photo © Bundesmarine. -
Tir en 2004 d’un missile SM-2 par la frégate Sachsen

Le 19 juin, sur le site de la Bundesmarine, un papier signé de Harstad, donnait quelques informations sur cet exercice auquel participe également le bâtiment de soutien logistique Bonn, ancien navire amiral de la force navale de l’OTAN en mer Égée. Les trois navires avaient quitté leur port d’attache le18 de Wilhelmshaven pour rejoindre le port norvégien de Harstad. Avec pour objectif de tester leurs systèmes d’armes et en particulier leurs missile mer-air NSSM et RAM.

Sous bonne escorte, les navires avaient été accompagnés vers le centre de test d’Andoya, à l’extrémité nord de la Norvège à 180 nautiques du cercle polaire, dans une zone où le soleil brille 24H sur 24… Le centre est équipé de systèmes de télémesure et de suivi des cibles. Des drones sont là pour rendre les essais aussi performants que possibles.

Après l’accident, les navires ont regagné le port de Harstad pour évaluer les dégâts. Rien ne dit que la deuxième frégate poursuivra seule les essais de torpilles Mk 46 prévus au programme.

Pour cette deuxième campagne de tirs en Norvège après celle de 2016, on peut dire que la chance alliée au sang-froid de l’équipage était au rendez-vous. On peut aussi rendre hommage aux responsables de la communication qui avec cette vidéo diffusée très rapidement, qui a été reprise dans tous les média d’Asie sans oubloier les sites pro-russes dits de « réinformation » alors qu’en Allemagne elle n’a pas fait l’objet de la moindre publication. Ce n’était pour tant pas l’image qui manquait ! 

Autre exception notable, le site français Mer et Marine qui, ces dernières années, s’est imposé par la qualité de ses écrits.

Commentaire d’Éric H. Biass, rédacteur en chef technique :

Si la tête du missile n’a pas explosé en la circonstance, c’est du au fait que la plupart des charges de projectiles de grand calibre (pratiquement tout calibre supérieur au 40mm ─ torpilles et obusiers) sont équipés d’un système de sécurité qui empêche la mise à feu tant que la munition n’a pas parcouru une distance de sécurité déterminée depuis son point de lancement ou de mise à feu. Le système de sécurité ne se dévérouille qu’au bout d’un certain temps ou d’une certaine distance parcourue, ou les deux. 

Joël-François Dumont

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