Source : Armée de l’Air et de l’Espace – Paris, le 23 novembre 2015.
Le 22 novembre 1915, dans les collines serbes, un blessé était évacué du front par avion vers un hôpital. Retour sur les prémices de l’évacuation aérienne.
Officiers pilotes de l’escadrille MF 99 S – Au premier plan et de gauche à droite : Cne de Rochefort – Cdt Vitrat – Ltt Martinet – Au second plan et de gauche à droite : Cne Tuslane – Cne de Lareinty-Tholozon – Cne Richard Mavet – Docteur Dumas – Cne André Mortureux – Cne Paulhan – Photo d’origine prise par André Mortureux, copie conservée au Musée de l’air de Belgrade, transmise par Boris Ciglic via David Méchin.[1]
Le 22 novembre 1915, Louis Paulhan, fondateur de l’aviation moderne et membre de l’escadrille MF99S,[1] évacuait par les airs Milan Stefanik, pilote volontaire slovaque, qui souffrait d’une grave atteinte pulmonaire. Milan Stefanik est connu pour être un des fondateurs de la nouvelle nation tchécoslovaque.[2]
Il faut attendre 1917 pour qu’un avion sanitaire soit véritablement transformé en ambulance volante. La première démonstration eut lieu le 25 septembre devant Justin Godard, sous-secrétaire d’État au service de santé, et en présence de la presse qui lui décernera aussitôt le titre de « père de l’aviation ». Les deux premières (et seules) évacuations réalisées avec le Dorand AR eurent lieu en janvier et mars 1919 au Maroc. À la fin de la Grande Guerre, la France est le premier pays au monde à utiliser à une grande échelle en milieu opérationnel les avions à des fins sanitaires, au Maroc et au Levant, où près de 7 000 patients ont pu être transportés.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les premières perfusions en vol et le rapatriement aérien en France d’un poliomyélitique sous assistance respiratoire sont effectués.
Fruit d’une collaboration étroite entre les aviateurs et le corps médical, l’aviation sanitaire a bénéficié tout au long du XXe siècle des progrès de la réanimation médicale et des avancées de la technique aéronautique. Développée d’abord dans un contexte militaire, elle s’est entre-temps imposée comme une nouvelle discipline médicale au bénéfice de toutes les populations.
Inauguration d’une stèle en Serbie
À l’occasion de cet anniversaire, une stèle commérant l’engagement de l’escadrille française MF99S en Serbie en 1915 a été inaugurée le 12 septembre 2015 en Serbie. L’ambassadeur de France en Serbie et le prince Alexandre ont dévoilé une plaque symbolisant l’avion de Maurice Farman, alors utilisé par l’escadrille MF99S.
À l’initiative de l’aéro-club local, la ville de Smederevska Palanka en Serbie a rendu un hommage émouvant à cette escadrille.
L’escadrille MF99S
Au début de 1915, la France envoie en Serbie une escadrille dotée de six avions Farman XI sous le commandement du lieutenant Vitrat.
Les avions s’installent sur le terrain de Banjica à Belgrade, alors que le soutien logistique reste à Smederevska Palanka.
Cette escadrille rendra d’inestimables services à l’armée serbe, en menant d’abord des missions de reconnaissance profonde. L’ingéniosité des mécaniciens amène progressivement les équipages à utiliser ces avions comme bombardiers, puis comme chasseurs. Fin 1915, l’escadrille suivra l’armée serbe dans sa retraite à travers les monts d’Albanie : les avions rejoindront la côte adriatique par les airs, tandis que les personnels de soutien vivront le « Golgotha albanais » aux côtés de leurs camarades serbes.
[1] Voir Escadrille MF 99S – MF 99 – F 399 & Escadrille 525 – 2e escadrille serbe par David Méchin. Source : Alain Denis.
[2] Voir : Milan Rastislav Štefánik et Le bataillon Foch et la Résistance franco-slovaque (29.08.1998)