L’Union européenne : vers un agrandissement ?

Tous les regards se portent naturellement vers Bruxelles dés que l’on parle d’agrandir l’Union européenne. A défaut de candidat, on ne peut plus « élargir » celle-ci à l’Ouest ni au sud à moins d’élargir nos façades maritimes Au Nord, restent deux irréductibles : la Norvège et l’Islande. A l’Est, par contre, les pays-candidats [1] se « pressent au portillon ». Ne parlons pas du Brexit, car c’est un sujet qui fâche outre-Quiévrain et pas seulement… Pour ce qui est de la Norvège, comme pour la Suisse ou l’Islande, « la procédure n’a pas abouti » ! La Norvège a eu deux grandes occasions : en 1972 en même temps que le Danemark, l’Irlande et le Royaume-Uni; la deuxième fois en 1994 avec l’Autriche, la Finlande et la Suède. Par deux fois, en 1972 et 1994, par voie référendaire, le peuple norvégien a refusé l’adhésion du pays à l’Union européenne. L’une des raisons et pas des moindres était motivée par des craintes à propos des quotas de pêche imposés par Bruxelles… La Norvège est avec l’Islande le seul pays nordique à ne pas faire partie de l’Union européenne. L’UE compte 27 pays, parmi lesquels on distingue ceux qui sont dans la zone euro (ils sont 20), ceux qui sont membres de l’espace Schengen (ils sont 27 — mais pas les mêmes puisque la Suisse et la Norvège en font partie). sans oublier ceux qui sont membres de l’OTAN,.. On peut en conclure qu’il n’y a donc pas que l’Orient qui soit compliqué !

— Source : Euradio — 14 novembre 2023 —

L’édito de Quentin Dickinson sur euradio. L’occasion de découvrir la diplomatie et l’actualité européenne sous un nouvel angle.

Laurence aubron : Alors, Quentin Dickinson, avez-vous passé une bonne semaine ?

Quentin Dickinson : Plutôt oui, parce que ces derniers jours auront permis d’y voir un peu plus clair dans la saga sans fin (mais à rebondissements) de l’élargissement de l’Union européenne à de nouveaux pays-membres.

Laurence aubron : On pense à l’Ukraine et à la Moldavie, mais il y en a d’autres, non ?

Quentin Dickinson : En effet. Mais débutons par l’Ukraine et la Moldavie, puisque vous y faisiez mention. Ces pays sont tous deux candidats au statut de candidat, lequel permet d’ouvrir la négociation individuelle avec chacun des deux.

L’affaire progresse pour eux, puisque ce statut vient de leur être accordé, mais elle ne sera pas conclue en quelques semaines – songez que la Turquie est candidate depuis 1987 et que cette négociation-là est de longue date au point mort, et mériterait d’ailleurs que l’on y mette fin, mais tant Bruxelles qu’Ankara redoutent l’effet négatif d’une telle officialisation de l’échec et de l’évaporation de tout intérêt chez les uns comme chez les autres. Donc : patience.

Cependant, vous avez raison : d’autres se pressent au portillon de l’UE, et se montrent moyennement heureux de se voir doubler dans la queue par Kyev et par Chișinău. Ce sont les pays des Balkans occidentaux, tous (à l’exception de l’Albanie) anciennes composantes de feu la Yougoslavie. Or, le plus grand d’entre eux, la Serbie, s’est placée dans la roue de Moscou et encourage activement le soulèvement des Serbes du plus petit d’entre eux, le Kosovo.

La Macédoine du Nord est encore loin de satisfaire aux conditions posées par les Vingt-sept. Conclusion, seul le Monténégro tire véritablement son épingle du jeu. On rappellera toutefois que la négociation d’adhésion à l’UE se conduit au fil de trente-six chapitres politiques ou économiques, destinés à s’assurer que l’impétrant soit en mesure de bénéficier pleinement de la qualité (et des contraintes) du statut de membre de l’Union européenne. Les Vingt-sept chefs d’État et de gouvernement de celle-ci donneront leur feu vert lors d’un Sommet à Bruxelles le 14 décembre ; l’unanimité étant requise, on examinera de près l’attitude de la Hongrie, de la Slovaquie, et de la Pologne, c’est-à-dire des trois pays eurosceptiques.

Laurence aubron : Vous avez, je crois, détecté un élément nouveau dans le dossier de l’immigration en Europe

Quentin Dickinson : C’est cela – et de ce qui suit, il n’est nullement question au cours de l’actuel débat sur la question en France. L’information, c’est que le chef du gouvernement italien, Mme Giorgia Meloni, vient de parapher un accord bilatéral avec son homologue albanais pour la construction en Albanie de deux centres de rétention de migrants clandestins renvoyés d’Italie. Ces centres devraient être opérationnels dès le printemps prochain, et auraient la capacité à accueillir 36.000 personnes par an.

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Ursula von der Leyen, à gauche, et Giorgia Meloni, au centre, lors de la visite du camp des migrants à Lampedusa — Photo  Riccardo De Luca © Union européenne, 2023 —

Je ne suis pas sûr que ce nombre, qui paraît à première vue considérable, apporte la solution espérée par Mme Meloni, car – d’après mes calculs – depuis le 1er janvier de cette année, ce sont près de 150.000 migrants qui ont débarqué en Italie (et l’année n’est pas finie). Toujours est-il que c’est une tendance qui se dessine ailleurs, notamment au Royaume-Uni et en Autriche, qui entendent renvoyer les migrants en situation irrégulière vers le Rwanda, lequel est demandeur de ces contrats avec des pays occidentaux.

Laurence aubron : Et vous voulez cette semaine féliciter les jeunes Européens, c’est cela ?

Quentin Dickinson : Absolument, en tout cas les 8.500, âgés de 16 à 30 ans, qui ont participé au mois de juin aux ateliers thématique tenus dans les locaux du Parlement européen à Strasbourg.

Quentin Dickinson

Ces jeunes viennent de publier leur rapport, qui contient quinze idées sur des thèmes bien utiles, telle la lutte contre la désinformation,[2] le statut des stagiaires, le climat, ou le gaspillage alimentaire.

Et, une bonne nouvelle ne devant pas en cacher une autre, nous pouvons aussi féliciter les deux lauréats 2023 du Prix de la Citoyenneté européenne : le premier est un blogueur estonien qui développe l’esprit critique des internautes et les aide à repérer la désinformation et la propagande cachée.

Quentin Dickinson — Photo © DR —

Ces jeunes viennent de publier leur rapport, qui contient quinze idées sur des thèmes bien utiles, telle la lutte contre la désinformation, le statut des stagiaires, le climat, ou le gaspillage alimentaire.

Et, une bonne nouvelle ne devant pas en cacher une autre, nous pouvons aussi féliciter les deux lauréats 2023 du Prix de la Citoyenneté européenne : le premier est un blogueur estonien qui développe l’esprit critique des internautes et les aide à repérer la désinformation et la propagande cachée.

La seconde est une infirmière tchèque qui propose des valisettes contenant les petits souvenirs que chaque enfant peut y placer dès sa naissance avec son petit bracelet nominatif et par la suite une peluche, une photo, une lettre – l’opération s’intitule Une Valise pour la Vie – vous, je ne sais pas, mais moi je l’ai trouvée originale, belle, et émouvante.

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[1] L’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, la Turquie, l’Ukraine, la Géorgie et la Moldavie. Là encore on pourrait distinguer les huit pays « officiellement candidats » et la Géorgie et le Kosovo dont les candidatures n’ont pas encore été acceptées.

[2] Il y a peu de pays qui ont compris que la lutte contre la désinformation était devenue vitale dans des démocraties ouvertes et perméables. S’il y a bien un domaine où l’Europe a montré — depuis huit ans déjà — qu’elle était capable de montrer la voie, c’est bien dans ce domaine depuis la création du groupe de travail East Stratcom, une équipe constituée d’experts qui ont principalement suivi une formation en communication, journalisme, sciences sociales et étude de la Russie.

Ce groupe de travail a reçu un mandat unique en son genre lorsque les dirigeants des 28 pays de l’UE se sont réunis à Bruxelles, les 19 et 20 mars 2015. Parmi les décisions concrètes sur lesquelles les participants à ce sommet se sont entendus « Le Conseil européen a souligné la nécessité de contrer les campagnes de désinformation menées par la Russie et a invité la haute représentante, en coopération avec les États membres et les institutions de l’UE, à élaborer pour le mois de juin un plan d’action sur la communication stratégique. À cet égard, la mise en place d’une équipe de communication constitue une première étape ».

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Après l’épidémie de COVID-19, l’épidémie de désinformation : une réponse forte aux menaces associées aux activités de manipulation de l’information et d’ingérence menées depuis l’étranger (FIMI).

Une équipe qui fait partie du service diplomatique de l’UE, dirigé par le haut représentant de l’UE.

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