Le Shogounat a procuré au Japon deux siècles et demi de stabilité, mais à quel prix ? Celui d'un isolement complet auquel, en 1853, l'expédition du Commodore Matthew Perry a mis un terme …
La bataille de Midway (5) : La montée vers la guerre
Le Shōgounat avait procuré au Japon deux siècles et demi de stabilité, mais à quel prix?[1] Celui d'un isolement complet auquel l'expédition du Commodore Perry avait mis un terme.[2] Comparé aux empires russe, britannique, français, néerlandais et chinois, le pays du Soleil levant était faible, avec des institutions fragiles et une économie moyenâgeuse. Le pouvoir japonais voulait à la fois rattraper son retard sur l'Europe mais redoutait par dessus tout de voir le pays succomber à terme aux influences étrangères, comme la Chine, pour finir dépecé en colonies. Influences dont ils ont néanmoins su habilement tirer parti. Les grandes puissances contribueront à l'instauration de l'ère Meiji entre 1866 et 1869 en aidant à restaurer le système impérial [3] qui forme le premier gouvernement. Les chantiers navals britanniques et français participent à l'élaboration de la marine impériale [4] qui disposera des navires les plus modernes du moment. Sur le plan économique, le Japon va très vite se développer en se dotant d'infrastructures dynamiques pour devenir, dés 1882, la première puissance régionale d'Asie. Tout ira bien jusqu'à ce qu'un scandale politique force le gouvernement à la démission en 1889.
La tour d'Hakkō ichiu à Miyazaki symbolisait le droit divin du Japon à dominer l'Extrême-Orient
Deux clans désormais se partageront le pouvoir, le Choshun et le Satsuma,[5] qui nomment le Premier ministre, avec le soutien des militaires, des ultranationalistes et des sociétés secrètes.[6] Un an plus tard, en 1890, le nouveau pouvoir décide à son tour de constituer son propre empire colonial. Le premier objectif est la Corée, longtemps partagée entre domination chinoise et domination japonaise: ce sera la guerre avec la Chine. Mais cet expansionnisme nippon est mal vu et jugé dangereux à terme par les Russes, soutenus par les Américains et les Européens, à l'exception notable de la Grande-Bretagne pour cause de relations privilégiées. Puis ce sera la guerre avec la Russie: sur terre à Port Arthur et en mer à Tsushima. La défaite russe sera totale. Au Traité de Portsmouth,[7] les Japonais se sentent frustrés malgré leur victoire. Lors de la Première Guerre Mondiale, le Japon, pour avoir été l'Allié des pays en guerre contre l'Allemagne, reçoit les colonies allemandes de Kiaochao en Chine,[8] les îles Marianne, Marshall et Caroline. Mais jugeant offensantes les limitations imposées à sa Marine,[9] le Japon poursuit ses programmes d'armement, les tenants de cet empire étant fortement inspirés par « l'Hakko Ichiu » [6] tant convaincus qu'à terme, la guerre avec l'Amérique deviendrait inévitable. Après avoir démontré précédemment [10] comment les Japonais, « tributaires de la mer pour leur ravitaillement en matières premières et en pétrole », entendaient tirer profit des offensives allemandes en Europe, l'Amiral Labouérie nous explique cette fois comment, par manque de vision stratégique globale, côté japonais, s'est effectuée cette montée vers la guerre du Pacifique en étudiant le projet élaboré à Tokyo, un projet se situant à deux niveaux : un projet général et un projet immédiat.
Par l'amiral Guy Labouérie, membre de l'Académie de Marine.[11] Brest, le 5 novembre 2005.©
1) Le projet général
Opérations de la 1ère Flotte aéronavale japonaise du 7.12.41 au 12.3.42
Le Japon veut profiter des difficultés des Britanniques lancés dans la guerre avec les Allemands et de celles des Français, vaincus, pour prendre un leadership définitif sur l’Asie extrême. Ce sera à la fois une revanche sur les colonisations européennes dans cet espace et le triomphe du Japon, race élue, tandis que la mainmise sur les mondes coréen et chinois et le cas échéant le sud-est asiatique, permettra par leurs ressources de se libérer de l’emprise américaine.
Les flottes américaine et britannique à Hong-Kong dans les années 1930
Toutefois initialement le Haut Commandement n’est pas partisan du plan de Yamamoto consistant à attaquer et détruire la Flotte américaine du Pacifique à Hawaï par une force de porte-avions japonais, et à y débarquer pour s‘emparer de l‘archipel pensant que posséder ces îles, outre l’effet psychologique considérable sur les Américains, donnerait au Japon une carte de négociation supplémentaire. Le Haut Commandement trouve beaucoup trop risqué, et beaucoup trop éloigné des “habitudes” d’une guerre “canon contre canon” dans laquelle les militaires japonais se sont essentiellement distingués jusqu’ici, de vouloir lancer ses porte-avions à des milliers de kilomètres ce qui ne s’est encore jamais fait!
Le CV Isoroku Yamamoto avec Curtis D. Wilbur, Secrétaire à la Marine U.S.
Néanmoins l’amiral Yamamoto [12] finira par convaincre de la nécessité de le faire si l’on ne veut pas se retrouver dans le cas d’être surpris sur le flanc par cette même flotte américaine pendant que l’on s’attaquerait à l’Asie du Sud Est. La conversion du Haut Commandement se fera graduellement en même temps que les militaires prendront le pouvoir de fait à Tokyo et que sera démontrée l’efficacité des porte-avions dans l’attaque britannique des cuirassés italiens à Tarente [13] bien que ces derniers, au mouillage, n’aient pas été dans les meilleures conditions pour se battre. La surprise par contre y avait trouvé son compte.
Le porte-avions Akagi, avec 3 chasseurs A6M Zéros sur le pont d'envol
Yamamoto y perdra toutefois la possibilité de débarquer directement aux îles Hawaï, car le Haut Commandement trouve cela trop compliqué nécessitant des moyens plus importants dont il aurait été plus difficile de camoufler les mouvements, d’autant que cela se ferait au détriment des autres opérations sur lesquelles on prélèverait les hommes et les matériels nécessaires. S’il avait obtenu gain de cause sur ce point, cela aurait pu sensiblement changer la donne initiale et compliquer à l’extrême les réactions américaines, sans toutefois rien changer au résultat final simplement retardé en ce qui concerne le Pacifique, car la perte des îles Hawaï n’aurait en rien modifié la puissance industrielle des États-Unis et ses capacités de réaction. Par contre les répercussions auraient peut-être été lourdes sur les fronts britanniques et russe où les convois de ravitaillement de matériel américain n’auraient pas eu initialement la même ampleur.
L'USS Enterprise en juin 1941 dans le Pacifique
2) Le projet immédiat
On peut le résumer simplement
“Devant les difficultés que les États-Unis ne cessent de nous susciter, économiquement et politiquement, les mettre devant l’évidence de nos capacités en les contraignant à la défensive par une attaque éclair avec destruction de leur flotte du Pacifique, à la suite de quoi il sera possible de nous emparer immédiatement de la totalité des territoires asiatiques qui nous intéressent et qui sont relativement peu défendus étant donnée la difficile situation militaire en Europe des nations coloniales correspondantes. Il faudra faire vite pour ne pas donner aux États-Unis le temps de se ressaisir devant le fait accompli. Cela sera d’autant plus efficace que nous pourrons prendre, en même temps que notre conquête du Sud-Est asiatique, leurs deux installations de Wake et de Guam qui pourraient être dangereuses pour nous.
En tant que tel, ce projet est techniquement excellent dans son ambition limitée géographiquement comme dans l’appréciation des risques courus ensuite face aux Britanniques et aux Hollandais avec un déploiement en éventail des moyens affectés à la conquête de ces territoires, tandis que seul un secret absolu peut permettre la surprise de l’attaque initiale.
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Ce sera Pearl Harbor [14] et la conquête de l’Asie du Sud-Est
Cette carte explicite la situation japonaise et américaine résultante à la veille de Midway après toutes les conquêtes japonaises. Elle illustre bien les situations relatives d’une vision régionale, la japonaise, et mondiale, l’américaine, en même temps qu’elle laisse présager que vouloir établir, même basée sur des îles, une ligne continue de défense n’a pas de sens en mer, car cette ligne pourra être allègrement tournée, les menaces en mer étant omnidirectionnelles.
Observations:
D’un point de vue opérationnel militaire ce projet est remarquable et sera magistralement exécuté, initialement par l’avancée silencieuse des six porte-avions de l’amiral Nagumo [15] dans le Pacifique Nord pour attaquer Pearl Harbor.
Chuichi Nagumo, Commandant le 1er Groupe aéronaval (Itokukuu Kantai)
L’ensemble des opérations qui suivront ce “haut fait” ou cette “traîtrise” suivant les commentateurs, où vont disparaître successivement la flotte américaine à l’exception heureuse des porte-avions et d’une escorte minimale, puis celle des Hollandais, des Britanniques et des Australiens, dans le Pacifique, face à l’éventail de fer et de feu des Japonais à travers le Sud-Est asiatique, vaudra une aura extraordinaire à l’amiral Yamamoto.
Par contre d’un point de vue politique et stratégique général c’est une erreur qui coûtera cher. C’est un projet de militaires sachant profiter de leur supériorité locale, de la surprise et de l’excellente qualité de leurs personnels, mais pas un projet d’hommes d’État qui auraient dû prendre en compte la totalité du terrain politique de l’action de guerre et ses conséquences dans le temps.
Maquette de Pearl Harbor pour un film de propagande japonais
S’imaginer qu’assommés par la destruction de leur flotte du Pacifique les États-Unis ne réagiront pas et iront peut-être même jusqu’à discuter avec le Japon relève d’une incroyable ignorance de ce que sont les États-Unis, leur puissance industrielle et leur réactivité, dès lors que l‘on touche à leur souveraineté et leur personnalité ![16] C’est ce qu’intérieurement pensait d’ailleurs l’amiral Yamamoto trouvant dangereux de se dresser contre les États-Unis dont il connaissait la puissance potentielle, y ayant été attaché naval. Aussi se contenta-t-il de fournir le meilleur outil du moment aux gouvernants, puisque c’étaient eux qui voulaient la guerre.
Même si cela est peut-être la conséquence du fait que les Allemands n’avaient pas prévenu le Japon de leur attaque de l’Union Soviétique [17] les Japonais ne préviennent pas à leur tour les Allemands, qui, consultés peu de temps auparavant, avaient pourtant donné leur feu vert à un déclenchement des hostilités avec les États-Unis.
C’est une autre erreur, certes bénigne compte tenu de l’éloignement des deux protagonistes, mais il y a toujours avantage à coordonner ses efforts, même aux deux extrémités du monde. Cela n’aurait probablement rien changé aux événements suivants mais aurait favorisé la confiance mutuelle des deux belligérants.
Si le Haut Commandement a fini par approuver le plan Yamamoto il n’apparaît guère que les marins avaient réellement pris en compte la totalité de la situation militaire japonaise, en particulier ses conséquences sur l’ensemble des opérations menées sur le continent depuis des années ce qui posera par la suite de difficiles questions d’affectation de ressources en hommes et équipements entre les diverses zones opérationnelles.
Enseignements
Le “patron”, commandant opérationnel, chef d’entreprise ou chef d’État ne doit jamais accepter comme tel de son niveau, un projet qui est du seul niveau de l’un de ses subordonnés, voire d’un des Directeurs les plus importants, y compris le Directeur Général.
Une chose pour le subordonné est de démontrer le bien fondé d’un projet qu’il propose, une autre pour le patron de le reprendre à son compte en en prenant la responsabilité et en envisageant la totalité des données et des conséquences immédiates et à terme. L’accepter automatiquement sans autre examen revient à perdre définitivement, pour le pire dans la plupart des cas, la conduite de son entreprise ou de son pays qui, lorsque c’est le fait des militaires, tombe en dictature. C’est l’immense danger que de donner des responsabilités d’État à des chefs militaires… Ils n’y sont pas préparés et l’histoire montre qu’ils sont toujours à l’origine de désastres humains même à l’époque où ils cumulaient les fonctions politiques et militaires. C’est toujours vrai, hélas! Dans près d’une moitié des États aujourd’hui sur la Planète, tous “démocratiques” bien sûrs, si l’on en juge leur présence à l’ONU, quand ce n’est pas à la commission des Droits de l’homme… mais faisant tous le malheur de leurs populations même s’ils se déguisent en civil!
Quand on a décidé de faire partie d’un groupe, d’une alliance etc. on est généralement perdant à terme à vouloir réaliser seul tout ou partie de l‘action sans accord ou sans en prévenir les autres intéressés.
Peut-être acceptable dans le monde d’hier où espace et temps pouvaient avoir de considérables dimensions, ce ne l’est plus aujourd’hui dans notre monde fermé où il n’existe plus de possibilité d’action isolée sans profondes répercussions un peu partout sur la planète, les Américains en font l’expérience tous les jours. Il en est de même de la quasi totalité des entreprises, que ce soit sur les marchés intérieurs ou plus encore sur l’ensemble du globe. Cela illustre l’importance de la “communication véritable” comme aide à la convergence de tous les acteurs vers un même but avec les éléments d’information/renseignement nécessaires et sa différence avec la diffusion d’informations vers l’extérieur qui peut prendre de tout autres aspects y compris la “tromperie”. Il faut des personnes remarquables et remarquablement formées pour conduire cet ensemble de “communication véritable”.
Si les dictatures, surtout militaires, paraissent avoir un avantage initial dans les débuts de conflits à leur initiative, car elles peuvent jouer de l’effet de surprise et de la rapidité de décision et d’exécution qu’un régime démocratique ne possède guère au début d’une crise, cela dure rarement longtemps!
C’est pour cela que l’OTAN avait baptisé la marine soviétique la “One Shot Navy” [18] considérant qu’un ordre de Moscou pouvait effectivement entraîner surprise et dégâts comme à Pearl Harbor, ce qui impliquait pour l’éviter une alerte constante des forces navales américaines au port comme à la mer, ce que les autres marines de l’OTAN avaient bien du mal à assumer, mais qu’ensuite cette marine soviétique serait détruite en quelques jours.
En réponse à cette question de l’initiative de régimes potentiellement dangereux et aujourd’hui des terrorismes, les Anglo-Saxons en sont venus à une approche de la légitime défense dite "active" pour éviter au maximum de faire tuer leur personnel et de perdre la face comme cela est malheureusement déjà arrivé.
La perte de face la plus célèbre est l’attaque du Pueblo,[19] navire espion américain par les Nord Coréens. Israël, en permanence au bord de la guerre et du terrorisme, est l’un des pays qui l’assume en permanence malgré les excès auxquels elle peut conduire.[20] D’autres, confondant la lutte gendarme-voleur sous une même loi avec les opérations de guerre dans l‘espace international, préfèrent continuer la vieille tradition “Messieurs les Anglais, tirez les premiers” qui depuis des siècles a coûté très cher à un pays comme la France. Heureusement les entreprises, lancées dans l’international, l’ont mieux compris et adoptent de plus en plus une véritable “intelligence économique”, défensive et offensive, gage de leur développement et de leur survie dans un monde concurrentiel de plus en plus difficile. Et les États eux-mêmes, y compris les plus figés dans leurs certitudes politiquement correctes, finissent par l’admettre et faciliter le transfert d’informations vers leurs entreprises pour leur permettre une meilleure adéquation de leur défense et de leur progression.
Si dans une démocratie on ne peut en aucun cas confier la décision politique et stratégique au sens le plus large aux militaires, la question est assez similaire pour les entreprises et les États.
Vouloir en confier la direction à de hauts fonctionnaires qui ne sont pas formés pour cela, quel que soit leur sentiment de supériorité sous prétexte d’appartenance à telle ou telle caste ou de conquête de tel ou tel diplôme, relève plus des relations d’amitiés plus ou moins népotiques ou de vanités excessives que d’efficacité, particulièrement dans le domaine social… Les expériences françaises en ce domaine le montrent régulièrement et sauf exception se traduisent trop souvent par des catastrophes économiques et sociales avec, hélas, l'enrichissement des responsables.
Dès lors que l’action d’une entreprise ou d’un pays revêt un aspect global avec plusieurs théâtres il est indispensable de disposer d’un homme capable de faire la synthèse de l’ensemble des missions et des moyens nécessaires pour décider de la logistique à attribuer à chacun de ces théâtres en fonction du projet politique général et des évolutions sur chacun d’eux.
Ce sera la gloire du général Marshall [21] qui, après avoir initialement sous estimé le danger avant Pearl Harbor, sera le “patron” militaire véritable des armées américaines et Alliées pendant toute la durée de la guerre, en répartissant l’ensemble des moyens militaires sur les divers théâtres en fonction des décisions politiques de son gouvernement. Les autres généraux et amiraux seront ses poings armés qui, courant les risques immédiats les plus grands, auront ensuite à juste titre les honneurs les plus visibles. Mais cela n’enlève rien à son immense talent et il n’est pas étonnant que ce soit lui qui ait eu la paternité du plan “Marshall” [22] qui permettra une reconstruction rapide de l’Europe de l’Ouest, reconstruction refusée par Moscou pour l’Europe de l’Est. Plus encore que par le passé (Carnot en France, Trotsky en Union Soviétique…) ce sont les grands « logisticiens » qui seront les vainqueurs, civils ou militaires, des opérations civiles ou militaires de demain.[23]
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Les forme-t-on?
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Les estime-t-on?
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Comment les emploie-t-on?
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En dehors du général Powell chez les Américains les promeut-on aux plus hauts rangs des Armées dans les autres pays? en France en particulier?
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Qu’en est-il dans les entreprises et les États?
Bien des questions brûlantes d’aujourd’hui seraient peut-être moins difficiles si on en avait confié la direction à des hommes et femmes formés à ces disciplines de l’Intelligence, de l’analyse, de la vision globale et du mouvement qui sont à la base de la véritable logistique nécessaire au XXIème siècle avec les capacités de décision correspondantes. Ce seront les stratèges de demain, revenant ainsi à la définition donnée en 1902 par le Grand Larousse illustré: “logistique: terme employé autrefois à peu près dans le même sens où l’on a employé depuis celui de stratégie!…” qui montre que nos prédécesseurs manifestaient un solide bon sens et avaient de véritables stratèges.[24]
Guy Labouérie
[1] Le terme shōgun (ou shōgoun), du japonais shōgun (将軍 [ɕo̞ːɡɯᵝɴ]), signifie « général ». C'est l'abréviation de seiitaishōgun (征夷大将軍), que l'on peut traduire par « grand général pacificateur des barbares ». Néanmoins, après qu'il fut attribué à Minamoto no Yoritomo, le titre devint héréditaire de la lignée Minamoto, indiquant le dirigeant de facto du Japon (dictateur militaire), alors même que l'empereur restait le dirigeant de jure (en quelque sorte le gardien des traditions). Le titre de seiitaishōgun fut par la suite abandonné lors de la constitution au XIXe siècle du Kazoku, c'est-à-dire de la noblesse japonaise.
Casque de Samouraï photographié au QG de l'US Navy à Yokosuka (Japon)
En 1869, les oligarques de la période Meiji, dans le cadre de leurs réformes d'occidentalisation du système politique japonais, fusionnèrent le Kuge (la noblesse de la Cour impériale de Kyōto) et les daimyōs (les seigneurs locaux) en une seule classe aristocratique. Itō Hirobumi, un des acteurs de la restauration Meiji et plus tard l'un des auteurs de la Constitution de 1889 (Constitution de l'Empire du Grand Japon), destinait le Kazoku à servir de rempart pour l'empereur et l'institution impériale « restaurée »
Les Tokugawa gouverneront en tant que shōgun jusqu'en 1867
Le Shōgunat Tokugawa (徳川幕府, (Tokugawa bakufu) est une dynastie de shōguns qui dirigèrent le Japon de 1603 à 1867. En 1603, après s'être fait attribuer le titre de shōgun à la suite de l'élimination de tous les clans rivaux conduisant à l'unification du pays sous son autorité, Tokugawa Leyasu fit du village d'Edo (江戸?, Porte de la rivière), la nouvelle capitale Edo, qui deviendra Tōkyō (« capitale de l'Est ») à partir de l'ère Meiji. Leyasu était donc le premier shogun de la dynastie des Tokugawa, qui règnera sur le Japon jusqu'à la restauration Meiji en 1867.
Mausolée du Shogun Tokugawa Lemitsu à Nikko
Le premier shogun de la dynastie fut Tokugawa leyasu, le dernier fut Tokugawa Yoshinobu. Leur règne est plus connu sous le nom d'époque Edo, du nom de la ville qu'ils choisirent pour capitale : Edo (aujourd'hui Tokyō) afin de s'éloigner de Kyōtō la capitale impériale.
Yoshinobu sera le 15e et dernier shogun du shogunat Tokugawa
[2] Voir Midway (2) : Retour sur le passé: effet mémoire Les États-Unis, après avoir établi des relations diplomatiques avec Tokyo, ont signé le 31 mars 1854 un traité historique avec le Japon, rompant ainsi un isolement qui avait duré deux siècles.
[3] L'ère Meiji. Sur la restauration Meiji, voir: " A Diplomat in Japan" by Sir Ernest Mason Satow, qui fut Ambassadeur de Grande-Bretagne à Tokyo et conseiller des Japonais.
[4] "Nihon Kaigun" ou "Teikoku Kaigun". Au début de la Seconde Guerre Mondiale, la marine impériale japonaise était sans doute la plus puissante du monde. Avec 10 porte-avions, 1500 aviateurs, des avions de chasse considérés comme les meilleurs du moment, 12 croiseurs de bataille, et aussi une des toutes premières forces sous-marines du monde avec tout une série de navires différents. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, 56 sous-marins de plus de 3000 tonnes ont été construits: 52 étaient japonais. Le Japon avait également 65 sous-marins ayant des rayons d'action excédant 20 000 nautiques naviguant à 10 nœuds. En 1945, le Japon avait construit les 39 sous-marins diesels-électriques de 10. 000 CV, et tous les 57 autres capables de dépasser les 23 nœuds en surface. Ils ont également fabriqué 78 sous-marins de poche pouvant atteindre les 19 nœuds en plongée. Quant aux torpilles japonaises électriques et silencieuses de type 92 ou de type 95 qui se sont avérées être de loin les meilleures, employant de l'oxygène pur pour brûler le kérosène, multipliant par 3 leur portée. Elles étaient bien supérieures aux torpilles américaines de type Mark 14.
84 sous-marins de poche en cale seiche à Kure (19 octobre 1945)
Les Japonais avaient un concept d'emploi qui s'est révélé mauvais. La doctrine navale japonaise reposait sur l'emploi de la force au cours d'une seule bataille décisive, comme ce fut le cas à Tsushima, 40 ans plus tôt. Au lieu de couler des navires de commerce, les sous-marins servaient à collecter des renseignements sur les agissements de la flotte ennemie avant de les attaquer au large de leurs bases. Ils en couleront 184 alors que la Kriegsmarine en a coulé 2.840. Ce qui a fonctionné en 1942, ensuite, du fait des résultats obtenus par les services américains de renseignement, et du fait de l'effort de guerre américain, a changé la donne. Sans parler des sous-marins de poche. La marine impériale en construira des centaines, mais leur efficacité reste à prouver. A Pearl Harbor, le 28 août 2002, une équipe du Laboratoire de recherche sous-marines de Hawaï a retrouvé le cinquième Midget qui a coulé à 5 milles de l'embouchure par 400 mètres de fond. Là encore, si l'alerte donnée par les officiers de l'USS Ward qui l'avait mitraillée avait été prise au sérieux, l'attaque de Pearl Harbor n'aurait peut-être pas été aussi dévastatrice !
[5] Voir sur le site Clio.fr cette excellente Chronologie du Japon: Un archipel aux ressources limitées; Des origines à l'apogée médiéval (1811); La révolution des Meiji (1867-1894); Le Japon, première puissance d'Extrême-Orient (1895-1932); La tentation impériale et son échec (1932-1945).
[6] Les sociétés secrètes "Himitsu Kessha". Voir "Japan's Dark Background (1881-1945)". Le premier but de ces sociétés secrètes, fréquentées par des ultranationalistes, des militaires et des industriels était de remettre au goût du jour un vieux concept, « l'Hakko Ichiu » ou "les 8 coins du monde sous un seul toit" – japonais s'entend ! Il émanait du décret pris en 660 Avant J.-C. par l'empereur Jimmu to réunir sous un même toit la Chine, la Corée et le Japon. Repris sous forme de slogan au début des années 30 au Japon, les empereurs japonais, de droit divin, se devaient d'exercer leur pouvoir impérial de part le monde. Une tour a même été érigée en 1940 à Miyazaki pour commémorer le 2600ème anniversaire de l'avènement de Jimmu. L'Hakko Ichiu était devenu l'objectif suprême du pouvoir japonais à la fin des années 30.
[7] Traité russo-japonais de Portsmouth, (New Hampshire, USA), signé le 5 septembre 1905 consacrant la défaite du tsarde toutes les Russies, Nicolas II. Le Japon établit un protectorat sur la Corée en 1905, qui se transformera cinq ans plus tard en annexion. Les Japonais préfèrent parler de "fusion nippo-coréenne" ou "Nikkan Heigô"
[8] Après la guerre de 1894-1895 entre le Japon et la Chine pour la possession de la Corée, l'île de Formose est passée sous contrôle japonais. Le traité de paix négocié avec les puissances européennes avaient donné Port Arthur à la Russie pour 25 ans. En 1898, Kiaochao a été donné à l'Allemagne; le "nouveau territoire" adjacent à Kowloon et Wei-Hai-Wei à la Grande-Bretagne pour 99 ans. Londres rendra en 1930 à Pékin Wei-Hai-Wei.
[9] Programmes d'armement japonais: Texte du Traité de limitation des armes navales de 1922 signé à la Conférence de Washington (12 novembre 1921-6 février 1922) entre les États-Unis d'Amérique, l'Empire britannique, la France, l'Italie et le Japon. Cette première Conférence suivie d'une autre à Londres quelques années plus tard limiteront particulièrement le tonnage japonais et seront considérées comme des mesures vexatoires à l'encontre du Japon.
[10] Voir Midway (2) : Retour sur le passé: effet mémoire et Midway (3) : Le terrain
[11] L'Académie de Marine a été fondée en 1752. Dissoute comme toute ses consoeurs pendant la Révolution, elle n'a été réactivée qu'en 1921. Son siège est à Paris.
[12] L'Amiral Isoroku Yamamoto, Commandant en chef des "forces navales japonaises combinées" était réticent contre l'entrée en guerre du Japon contre les États-Unis, mais une fois cette guerre décidée par le Haut Commandement, il concevra le plan d'une attaque surprise sur Pearl-Harbor en privilégiant l'emploi des porte-avions et des "avions-suicide". Après la défaite de Midway, les Japonais perdront les îles Salomon. C'est au cours de cette bataille que l'avion de l'amiral Yamamoto sera abattu. C'est ainsi que devait périr l'un des plus brillants stratèges japonais qui n'aura pas vu venir l'ampleur de la riposte des Américains qui, après avoir connu l'humiliation de Pearl Harbor, n'auront pas hésité à utiliser l'arme atomique pour s'assurer de gagner la guerre au plus vite face à une armée ennemie armée prête au sacrifice suprême.
[13] Si la marine italienne avait complètement sous-estimé le rôle des porte-avions et ne s'était pas préparée à la guerrequ'elle allait devoir livrer, les Japonais, sauront eux tirer les leçons de Tarente et s'en inspirer avant de lancer leur attaque sur Pearl Harbor! L'Opération Judgement: placée sous les ordres de l'Amiral Andrew Cunningham, commandant la Royal Navy en Méditerranée, restera une grande "première" aéronavale. L'objectif était de mettre un terme à la suprématie italienne en Méditerranée, la flotte française étant bloquée à Toulon. Dans la nuit du 11 novembre 1940, une attaque surprise est lancée contre une partie de la flotte italienne ancrée dans le port de Tarente où se trouvent côte à côte six cuirassés: le Vittorio Veneto, le Giulio Cesare, l'Andrea Doria, le Littorio, le Conte di Cavour et le Caio Duilio, 9 croiseurs et 8 destroyers italiens, protégés par une DCA qui se révélera impuissante contre les 21 avions Swordfish de la Royal Navy. Armés de torpilles, ces avions provenant du porte-avions HMS Eagle qui ne participera pas à la bataille embarqueront avec ceux du porte-avions HMS Illustrious, commandé par le CdV Boyd. Comme l'expliquent Catherine et Jacques Legrand dans leur Chronique de la Seconde Guerre mondiale: « C'est un énorme succès pour les Britanniques…Le raid de Tarente ne coûta aux Britanniques que deux appareils du Fleet Air Arm, l'équipage de l'un d'eux s'était fait capturé … Cette attaque prouva une fois pour toute la menace que représentent les forces aéronavales pour les navires qui mouillent dans des ports. Les Américains ne retinrent pas de leçon de cela et en paieront le prix à Pearl Harbor. »
[14] Les forces japonaises engagées à Pearl Harbor: Le 1er Groupe aéronaval (Itokukuu Kantai) est composée de 31 navires, parmi lesquels: 6 porte-avions, l'Akagi, navire amiral, le Hiryu, le Kaga, le Shokaku, le Soryu et le Zuikakutransportant 420 avions de chasse et de bombardement; de 5 croiseurs, 9 destroyers, une force sous-marine importante, dont cinq grands sous-marins transportaient des sous-marins de poche et 8 pétroliers pour le ravitaillement.
Le 26 novembre 1941, cette flotte japonaise quitte la baie de Tanfan à Etorofu dans le nord des îles Kouriles pour Hawaï maintenant un silence radio absolu en prenant la route du nord. Elle suit le 42ème parallèle et observe un strict silence radio. La distance à parcourir est de à 3000 nautiques. L'objectif est Oahu. Le plan a été mis au point pendant un an par le vétéran de la guerre russo-japonaise, l'Amiral Isoroku Yamamoto. Pour avoir occupé plusieurs postes aux États-Unis et en Grande-Bretagne, celui-ci était convaincu qu'une guerre avec les États-Unis qui durerait plus de six mois à un an ne pouvait qu'être perdue. Toute guerre devait donc être très rapide et le plus destructrice possible pour amener les Américains autour d'un tapis vert. La destruction éclair de la flotte américaine du Pacifique avait pour but de consacrer la primauté de l'Empire japonais en Asie et de lui assurer la maîtrise du Pacifique. L'Amérique isolationniste par nature encore "sous le choc" ne penserait qu'à négocier. La Russie immobilisée par les divisions allemandes, les Pays-Bas et la France occupés, la Grande-Bretagne en difficulté dans son ancien empire colonial, le Japon pouvait, enfin, avoir l'ambition de créer sous sa coupe « une sphère de co-prospérité dans la grande Asie orientale ».
Le 20 novembre, le Japon lancent un ultimatum aux US pour qu'ils cessent de soutenir la Chine et acceptent de lui livrer du pétrole, car depuis le mois de juillet, les pays occidentaux avaient imposé un embargo sur la vente de pétrole au Japon. Washington répond le 26, sans savoir qu'une flotte faisait mouvement vers Oahu… S'ils voulaient constituer leur empire, les Japonais se devaient donc de" frapper fort, maintenant" pour éviter de voir les Allemands, victorieux sur le théâtre d'opérations européen, venir s'approprier avant eux les richesses des colonies des pays européens vaincus par eux, en particulier les matières premières et le pétrole dont ils étaient entièrement dépendants.
Photo prise par un pilote d'avion lance-torpilles japonais
L'attaque sur Pearl Harbor déclenchée le dimanche 7 décembre 1941 à l'aube coulera ou endommagera 8 croiseurs de bataille, 3 croiseurs légers, trois destroyers et quatre bâtiments de soutien, détruisant également. 87 avions et 77 avions de l'USAir Force Army basés à Hawaï. Le bilan sera très lourd, mais aurait pu être encore plus désastreux, côté américain: 2403 militaires et civils tués, 1178 blessés. Côté japonais: 29 avions avec 55 pilotes et 5 sous-marins de poche et leurs 9 membres d'équipage. En fait, aucun porte-avions américain n'était présent; les sous-marins américains n'ont pas été touchés, pas plus que les réserves de carburant ni les chantiers de réparation navale, ce qui devait permettre rapidement à Pearl Harbor de redevenir rapidement une base de première importance dans le Pacifique.
[15] Le Vice-amiral Chuichi Nagumo (1886-1944) est un officier de la vieille école. Spécialiste de l'attaque à la torpille et des grandes manœuvres de la Marine impériale japonaise, comme il ne connaît pas grand chose aux porte-avions, on lui adjoindra pour étoffer son équipe le commandant Minoru Genda, "cerveau de l'aéronavale impériale", un pilote chevronné, le commandant Mitsuo Fuchida, véritable meneur d'hommes qui conduira l'attaque aérienne en lançant à la radio le fameux message "Tora, Tora, Tora" (Tigre, Tigre, Tigre) et le contre-amiral Rynosuke Kusaka. Nagumo commande l'Itokukuu Kantai, c'est à dire le 1er Groupe aéronaval. Les porte-avions américains n'étant pas à Pearl Harbor et ignorant leur position exacte, par prudence, Nagumo a préféré ne pas lancer pas une troisième vague d'assaut, chose qui lui a été reprochée par la suite. Celle-ci aurait en effet peut-être pu détruire le porte-avions USS Enterprise (CV-6), de retour à Pearl Harbor entre-temps, tout autant que les précieux dépôts de carburant de l'US Pacific Fleet, les sous-marins présents, ainsi que les ateliers de réparation navale restés intacts. Donné comme le "vainqueur" à Pearl Harbor, Nagumo sera le grand perdant à Midway où les Japonais perdront 4 porte-avions. Pearl Harbor restera une erreur stratégique majeure. Sur ce sujet, lire le témoignage de deux anciens pilotes japonais qui se trouvaient sur le porte-avions Akagi, dont le célèbre Mitsuo Fuchida qui sera grièvement blessé à Misway, publié dans Midway, The Battle that doomed Japan d'abord en japonais en 1951, puis en anglais en 1955.
[16] Voir les moyens accordés par les deux "lois d'expansion navale": le Naval Expansion Act du 14 juin 1940 et le Naval Expansion Act du 19 juillet 1940, ainsi que le rapport du Sénateur Walsh: The Decline and Renaissance of the (US) Navy 1922-1944, Prepared by Senator David I. Walsh, Chairman of the Committee on Naval Affairs, United States Senate. Brief History of Naval Legislation from 1922 to 1944 Pointing Out the Policy of the Government During These Years and Steps Taken in Recent Years to Rebuild Our Navy to its Present Strength. Presented by Mr. Walsh of Massachusetts, June 7 (legislative day, May 9), 1944. Le 19 juillet 1940, la Loi Vinson-Walsh Act (the Two-Ocean Navy Act) autorisera une augmentation de 70% des moyens de l'U.S. Navy.
[17] Les Allemands n’avaient pas prévenu les Japonais de l'attaque contre l’Union Soviétique le 21 juin 1941, pas plus que Tokyo n'avertira Berlin de l'attaque de Pearl Harbor.
[18] cf. Les leçons de l’Océan: (9) Mahan, l’anti-Clausewitz « On peut douter que l’amiral Gortschkov avec son incroyable développement des quatre flottes soviétiques ait réellement compris la pensée de Mahan et ce qu’est l’Océan malgré l’illusion de puissance qu’elles ont pu suggérer pendant quelques décennies auprès des esprits continentaux car ce n'était pas le cas des marins qui avaient surnommé cette marine la " one-shot navy " . Leur effondrement rapide montre les limites d’une construction non assise sur des fondements maritimes et non projetée sur une politique d’avenir. » par l'Amiral Guy Labouérie.
[19] Le 5 janvier 1968, l'USS Pueblo, navire espion américain, débute sa mission par une escale au port japonais de Sasebo avant de reprendre la mer le 11 pour une surveillance en mer du Japon à travers le détroit de Tsushima. Il est intercepté au large de Wonsan par les Nord-Coréens le 23 janvier 1968. Au cours de l'assaut donné par des navires nord-coréens soutenus par des Mig, un marin américain sera tué, plusieurs seront blessés. Les 82 survivants seront capturés et détenus pendant onze mois dans des conditions inhumaines avant d'être rapatriés le 23 décembre 1968. Le navire est aujourd'hui au musée de Pyongyang. L'Amérique ne répondra pas, malgré une mobilisation considérable de son aviation. L'équipage a réussi à détruire tous les documents secrets avant d'être arrêté. Leur chef, le Capitaine de vaisseau Llyod Mark "Pete" Bucher, décédé le 29 janvier 2004, dont l'attitude a forcé le respect de ses hommes pour avoir maintenu leur moral pendant ces longs mois de détention dans un camp aurait du être traduit en cour martiale, sans l'intervention du Secrétaire à la Marine. En 1989, le Pentagone leur a finalement reconnu le statut de prisonnier de guerre (POW) au lieu de celui de simple prisonnier en leur donnant une médaille… L'aviation américaine qui se trouvait à moins de cinq minutes du Pueblo serait intervenue, les choses eurent certainement été différentes. La Chambre des Représentants lui rendra un hommage posthume le 13 septembre 2004. Un hommage tardif.
[20] Lorsque l'USS Liberty, navire de surveillance américain effectuant une mission de surveillance similaire en Méditerranée orientale a été attaqué le 8 juin 1967 par l'aviation israélienne et par trois vedettes lance-torpilles, 34 marins américains sont morts. Ceci s'est passé sept mois avant l'interception du Pueblo. Son Commandant, le Capitaine de vaisseau William L. McGonagle, a reçu la médaille d'honneur du Congrès pour avoir réussi à sauver son navire. Témoignage de James M. Ennes, Jr., Officier de pont sur le Liberty publié dans le Guardian de Londres.
[21] Texte du discours du Général George Catlett Marshall, Secrétaire d'État américain, prononcé le 5 juin 1947 à l'université d'Harvard. Ce discours fut suivi de la création de la Conférence de Coopération économique européenne, qui donnera naissance à la future OCDE dont le siège est à Paris. Le général Marshall recevra le prix Nobel de la Paix en 1953 pour son action.
[22] Cet "Economic Recovery Program" (ERP) appelé Plan “Marshall” (The Marshall Plan) fut officiellement lancé par leprésident Harry S. Truman le 3 avril 1948. L'Amérique offrait 20 milliards de dollars d'aide aux pays européens dévastés par la guerre, l'Allemagne fédérale comprise, à la condition de coopérer sur le plan économique. Moscou et les pays satellites de l'URSS refusèrent cette aide, considérée comme "un piège". En 1953, déjà 13 milliards avaient été injectés et l'économie européenne redémarrait. Les États-Unis ont également profité de ce plan en vendant leurs biens et en les transportant en Europe.
[23]Voir Société de l'information ou de l'ignorance ? de l'Amiral Guy Labouérie.
[24] De nombreux liens ayant été désactivés, après vérification, certains ont été modifiés, d'autres supprimés. En particulier les photos provenant de l'U.S. Naval Historical Center qui ont été transférées au Naval History and Heritage Command.
Lire également du même auteur : dans la série "les leçons de la bataille de Midway"
Penser l'Océan avec Midway : Relire l’amiral Nimitz
Midway (13) : Commentaires généraux
Midway (12) : La bataille du 4 juin 1942
Midway (11) : Appareillages et transits des forces
Midway (10) : Le dispositif américain
Midway (9) : Le plan d’opération japonais
Midway (8) : Projets japonais après Pearl Harbor
Midway (7) : Les réactions américaines après Pearl Harbor
Midway (6) : Lacunes mises en évidence par Pearl Harbor et conséquences
Midway (5) : La montée vers la guerre
Midway (4) : La situation immédiate
Midway (3) : Le terrain
Midway (2) : Retour sur le passé: effet mémoire
Midway (1) : Une OPA hostile ratée
Midway (1) : Une OPA hostile ratéeDans la série "les leçons de l'Océan"
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- Les leçons de l’Océan: (9) Mahan, l’anti-Clausewitz
- Les leçons de l’Océan: (8) l’ignorance: Clausewitz
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