La B.A.105 d’Évreux célèbre trois anniversaires: les 50 ans de la base et du C160 Transall et les 25 ans de la mise en service opérationnel du Casa CN 235. Une occasion de rendre hommage à trois symboles de l’aviation de transport militaire française.
Pour l’occasion, 70 militaires allemands de la Luftwaffe se sont joints aux convives, anciens des unités concernées par le C160 Transall et le Casa CN 235. Étaient également présents une délégation de l’European Air Transport Command (EATC)[1] et des membres de l’association nationale du transport aérien militaire (ANTAM), cette dernière ayant largement participé à l'organisation de l'événement.
La cérémonie s’est déroulée en deux temps. L’après-midi : des démonstrations aériennes d’un Casa et d’un Transall mais aussi d’anciens aéronefs de transport comme le Broussard, le DC 3 Air France, le Junker 52 ou le Nord 2501 ont été organisée ; à la suite de quoi, les nombreux invités ont pu apprécier le spectacle «Le Transall dans tous ses états», mis en scène et réalisé par Xavier Gras.
Le DC3 d'Air France a toujours du succès…
À noter également la présence d’Alex Berger, producteur exécutif du Bureau des légendes, et Gilles Malençon, scénariste du film Les chevaliers du ciel.
Le Junker 52 était également de la fête…
Le C160 Transall, 50 ans de service opérationnel
Arrivé dans les forces aériennes françaises en 1967, le C160 Transall est l’un des symboles de la coopération franco-allemande.
«Le Transall a été la cheville ouvrière de l’activité de nos armées pendant un demi-siècle pour la gestion des crises, nous conférant mobilité et réactivité et permettant la réalisation de nos opérations dans un spectre très large d’effets militaires et de service public», a rappelé le général Marbœuf à la lecture de l’ordre du jour n°40 du général André Lanata, chef d’état-major de l’Armée de l’Air.
Lecture de l'ordre du jour lors de la célébration des 50 ans du Transall sur la B.A.105
Que ce soit au Tchad, au Cambodge ou, plus récemment, au Levant, cet aéronef tactique a servi sur tous les théâtres sur lesquels la France a été engagée. En 1992 la flotte Transall a été renforcée avec l’arrivée des premiers Casa 235.
Évreux une base spécialisée dans le transport aérien
Au lendemain de la sortie de la France du commandement intégré de l’Otan et du retrait consécutif des forces américaines de l‘emprise aérienne d’Évreux, celle-ci devient la base aérienne 105 le 1er novembre 1967.
À partir de 1978, l’escadron de transport 1/64 « Béarn » rejoint l’escadron 2/64 « Anjou » sur la BA 105, qui devient un site majeur de l’aviation de transport militaire française.
Au cours de l'été 2016, les Casa CN 235 précédemment stationnés sur la base aérienne 110 de Creil, ont rejoint les C160 Transall au sein de la 64e escadre de transport (créée elle à l'été 2015) sur la base aérienne 105. Vous pourrez ainsi découvrir une présentation complète de cette escadre dans le Air actualités numéro 705 d'octobre 2017.
Depuis, la base ébroïcienne ne cesse de prendre de l’importance. En effet, sur les dix dernières années, elle a vu ses effectifs augmenter de 80%. Et cette dynamique se poursuivra avec l’arrivée des C130J et la création en 2021 de la première unité aérienne franco-allemande.
Et le général Marbœuf de conclure : « Cette base saura préparer l’avenir grâce à son sens de l’innovation, déjà démontré dans le projet Smart Base », lancé le 29 juin 2015 sur la base aérienne 105 d’Évreux.
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En janvier 1957, l'Allemagne de l'Ouest et la France sont intéressées par un appareil de transport militaire à moyen rayon d'action, sur la base d'un projet présenté par Nord-Aviation comme appareil de patrouille aéro-maritime. Nord-Aviation n'ayant pas les moyens de produire seul un projet d'une telle ampleur, il fut décidé en
de créer le consortium Transport Allianz, dans le cadre d'une collaboration franco-germano-italienne, pour remplacer les avions de transport alors en service, dont la conception remontait à la Seconde Guerre mondiale dont le Douglas C-47 Skytrain, ou de l'immédiate après-guerre tel le Breguet Deux-Ponts.
Bréguet Deux ponts au Musée de Berlin-Gatow
L'Italie s'étant retirée du projet, la conception du Transall fut assurée par des entreprises françaises et ouest-allemandes, soit Nord-Aviation pour la France, et les firmes Weser Flugzeugbau (WFB) et Hamburger Flugzeugbau (HFB) pour l'Allemagne de l'Ouest. Assemblé à Brême et à Hambourg pour l'Allemagne et à Bourges pour la France, il a volé pour la première fois le
à Melun-Villaroche, aux mains du chef-pilote de Nord-Aviation Jean Lanvario2 et construit à 169 exemplaires, soit 50 pour la France, 110 pour l'Allemagne de l'Ouest dont 20 exportés en Turquie, prélevés sur la commande d'origine allemande, et 9 en Afrique du Sud. L'armée de l'air française a perçu ses appareils entre juin 1965 et novembre 1984.
C160 Transall Ville de Kolwezi [2]
Une seconde série fut lancée à la fin des années 1970 : le C-160 NG (Nouvelle Génération), doté d'une avionique modernisée, de deux réservoirs de carburant supplémentaires et d'un système de ravitaillement en vol. La fabrication était cette fois assurée par Aérospatiale pour la France, Messerschmitt-Bölkow-Blohm et Vereinigte Flugtechnische Werke pour l'Allemagne.
L'assemblage final s'est alors fait sur les chaînes d'Aérospatiale à Toulouse, et le C-160 NG a volé pour la première fois le 9 avril 1981 29 exemplaires furent fabriqués uniquement pour la France, dont quatre C-160H destinés à servir de relais de transmission et deux C-160G d'écoute électronique.
De 1994 à 1999, tous les C-160 français ont été rénovés via une amélioration de leur avionique et l'addition d'un système de contre-mesures antimissiles. Les C-160F ainsi rénovés ont été renommés C-160R (« rénové »). Les appareils de la Luftwaffe ont suivi un programme similaire d'extension de vie chez BAE Systems, mais tous les appareils français et allemands ont commencé à atteindre leur limite de fin de vie en 2005.
C160D Transall de la Luftwaffe
En 2013, alors que les vingt derniers Transall français devaient tenir jusqu'en 2018, il est désormais prévu de ne mettre ces derniers à la retraite qu'en 2023 au plus tôt. Leur nombre est en baisse rapide, passant de 38 C-160NG fin 2012 à 33 fin 2013. Ils ont alors un âge moyen de 36 ans et leur entretien aura coûté 163 millions d'euros.
L'armée de l'air décide la transformation de 7 C-160NG (version ravitailleur-ravitaillable) pour les équiper d'une carène servant aux missions ISR (intelligence surveillance & reconnaissance). En juin 2015, commencent les essais du premier appareil.
Le premier appareil concerné, est, comme les cinq suivants, un Transall. Cette carène était destinée à l'origine à accueillir la tuyauterie se déroulant vers l'aéronef ravitaillé, qui sera remplacée par une boule optronique MX20 et une vis sans fin servant à la sortir. Une carène spécifique devra être produite sur mesure pour chaque appareil.
L'intérêt de cette transformation sera d'effectuer les missions ISR en vol pressurisé, alors que jusqu'à présent les forces spéciales de l'escadron de transport d'opérations spéciales (ETOS) 3/61 Poitou devaient les effectuer portière ouverte.
En 2016, l'ensemble des C-160 français est basé sur la base aérienne 105 Évreux-Fauville.
Tous les appareils de la force aérienne sud-africaine ont déjà été retirés du service en 1998, tandis que l'armée de l'air turque continue d'utiliser 20 appareils obtenus d'Allemagne (C-160T). Source : Wikipedia.
[1] Le Centre Multimodal des Transports par le le général Philippe Carpentier, commandant le CMT (2010-02-27)
[2] L'adieu aux armes du Transall "Ville de Kolwezi" par le Général de brigade Philippe Gasnot (2012-08-22)