La tranchée des baïonnettes est un des deux mythes modernes datant de la Première Guerre Mondiale, avec le « Debout les morts ! » de Péricard.[1] Le monument commémoratif est situé sur le territoire de la commune de Douaumont, (Meuse).
La tranchée des baïonnettes est un des deux mythes modernes datant de la Première Guerre Mondiale, avec le « Debout les morts ! » de Péricard.[1] Le monument commémoratif est situé sur le territoire de la commune de Douaumont, (Meuse).
Entrée de la « tranchée des baïonnettes »
Dans l’imaginaire collectif, Verdun a laissé de nombreux récits témoignant de la violence de cette bataille. Parmi eux, un des plus connus est celui de la « tranchée des baïonnettes », où des soldats furent ensevelis debouts et armes à la main par la terre projetée par la pluie d’obus qui les frappa. D’une grande puissance évocatrice, cette appellation recouvre toutefois une réalité contestable, qui relève peut-être plus de la légende, voire du mythe, que de l’histoire.
Le récit le plus répandu concernant la tranchée des baïonnettes veut que, au mois de juin 1916, des soldats se préparant à l’offensive aient été recouverts par des vagues de terre provenant de l’impact des obus tombant tout autour de leur tranchée. Les fusils à baïonnette dépassant du sol témoigneraient de cet événement, leurs propriétaires ayant été ensevelis les armes à la main.
Tranchée des Baïonnettes – Entrée du mémorial
Impressionné par ce récit, un riche banquier américain, Georges T. Rand, fit don de 500 000 FRF pour construire un mémorial à l’emplacement de ce qui a commencé par être nommé « Tranchée des fusils ». En décembre 1920, le président de la République, Alexandre Millerand, se rendit au bois Morchée, sur le territoire de la commune de Douaumont (Meuse), afin d’inaugurer le mémorial de ce qu’on appellera désormais la « Tranchée des baïonnettes ».
Le récit le plus répandu concernant la tranchée des baïonnettes veut que, au mois de juin 1916, des soldats se préparant à l’offensive aient été recouverts par des vagues de terre provenant de l’impact des obus tombant tout autour de leur tranchée. Après-guerre, des fouilles permirent de découvrir 21 corps de Français, morts pendant les hostilités. quatorze furent identifiés, puis enterrés dans le cimetière de Fleury, avant d’être déplacés vers la nécropole nationale – l’Ossuaire – de Douaumont. Les sept corps inconnus furent ré-inhumés dans la « Tranchée des baïonnettes ».
Pour autant, nombreux sont ceux qui remettent en cause le récit entourant la fameuse tranchée. Tout d’abord, aucun des corps en question n’a été retrouvé en position verticale, les armes à la main. Ils soulignent par ailleurs qu’il est physiquement impossible que des obus tombés irrégulièrement à proximité de la tranchée aient pu combler régulièrement l’abri de la terre soulevée par leurs explosions. De plus, les obus ne peuvent fermer les tranchées. Bien au contraire, les dégâts que ce type d’artillerie inflige à la topographie a tendance à disloquer les fossés et à en éparpiller les parois et les hommes qu’ils abritent.
De plus, les alignements de fusils ou de baïonnettes le long d’une tranchée étaient fréquents. Enfin, nombreuses sont les voix qui précisent qu’après une offensive, il fallait enterrer rapidement les corps inertes, y compris ceux des ennemis. Le plus pratique était alors donc de combler de terre un boyau de tranchée inutilisé.
Entre mythe et réalité, la « Tranchées de baïonnettes » montre surtout à quel point la Grande Guerre, et notamment la bataille de Verdun, a marqué au fer rouge l’imaginaire collectif. Alors que ce sanglant conflit s’achevait, les esprits s’échauffèrent et imaginèrent des récits glorieux où la Nation se sacrifiait pour la Patrie.
[1] 8 avril 1915 : « Debout les morts ! » : Début avril 1915, sur ordre du généralissime Joseph Joffre, les troupes françaises tentent de reprendre aux Allemands le saillant de Saint-Mihiel, sur la Meuse. Dans le secteur du Bois Brûlé, le 95e régiment d'infanterie, chargé d'une manoeuvre de diversion, réussit à s'emparer d'une tranchée. Pendant qu'on la réaménage, les troupes d'assaut se retirent dans un boyau voisin pour prendre du repos.
Parmi elles figure la compagnie de l'adjudant Jacques Péricard (39 ans).
Le matin du 8 avril, quand survient une violente contre-attaque allemande, la compagnie encaisse le choc. Pratiquement encerclée, elle est galvanisée par l'exhortation fameuse de son adjudant : « Debout les morts ! ».
L'anecdote sera relatée par l'écrivain Maurice Barrès suite à sa rencontre avec Jacques Péricard.
Ce dernier finira la guerre comme lieutenant. Il proposera en 1921 de ranimer chaque jour la flamme du Soldat inconnu, sous l'Arc de triomphe et, sous l'Occupation, dirigera la Légion française des combattants fondée par le maréchal Pétain. L'un de ses huit enfants est Michel Péricard, réalisateur d'une émission célèbre des années 1960 : La France défigurée. Il fut également maire de Saint-Germain-en-Laye et président de l'Assemblée nationale. Source : Herodote.net.
Voir également :
La SPA 75 est centenaire ! par SIRPA Air (2016-07-08)
Verdun 2015 : La légende de la « tranchée des baïonnettes » par Domenico Morano (2016-07-28)
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