Le Prix Nobel de la Paix 2025 est attribué à…

Suggérer le Nobel de la Paix pour Donald Trump relève d’une audace magnifique, presque aussi saugrenue que de réclamer pour Rocco Siffredi le prix Nobel de vertu.[1] Ce dernier a peu de chances de voir le jour car, depuis 1968, il n’est plus possible d’élargir les catégories. Greta Thunberg n’aura donc pas davantage le prix Nobel de l’environnement militant.

Certes, l’aplomb, lui, ne connaît aucune limite, surtout quand les grands ego barbotent dans le marigot de la suffisance.

Saluons au passage l’ironie d’Alfred Nobel, bâti sur un empire de dynamite. Ce grand malheureux en amour a laissé un héritage pétri de contradictions explosives. On dit que pour se venger de deux rivaux mathématiciens qui charmèrent son épouse, un Allemand et un Français, il a banni les chiffres de son Panthéon, une rancune devenue institution. D’où la création de la Médaille Fields…

Le prix est censé récompenser « le plus grand bénéfice apporté à l’humanité ». On cherche encore celui de M. Trump, hormis son art du racket déguisé en diplomatie.[2] Sa maîtrise de l’extorsion et du deal foireux est telle, qu’elle ferait passer le bon vieil Al Capone pour un simple amateur en affaires.

Hedy Belhassine a été inspiré par cette audace sans limite émanant d’un mâle Alpha dont on ne sait toujours pas quel est le plus sénile des deux, le pauvre Biden voué aux gémonies ou Donald himself ! That is the question.

Ce que l’on sait avec certitude c’est que pour 2025, c’est rapé pour les candidatures. Reste 2026, raison pour laquelle l’ambassadrice US auprès de l’UNESCO dont la seule mission est de pousser cette candidature MAGA quittera ses fonctions le 1er janvier prochain après avoir remis « la lettre ». A la suite de quoi les États-Unis se retireront de l’organisation comme cela a été annoncé il y a deux mois.

par Hedy Belhassine — Paris, le 21 août 2025 —

Après avoir été boire le thé en Alaska avec son voisin l’ours, un riche président, sentant sa fin prochaine, fit venir les chefs européens et prenant le monde à témoin : « gardez-vous » leur dit-il « de prolonger la guerre pour libérer l’Ukraine, mais je m’engage à vous vendre à bon prix toutes les armes dont vous aurez besoin.» Puis il leur assena quelques vérités qui témoignent de l’étendue de ses connaissances et de la perspicacité de sa pensée :

  • « Un cessez-le feu est inutile, il ne sert qu’à reconstituer les forces des combattants.
  • La guerre et l’occupation ennemie n’ont jamais empêché de tenir des élections.
  • Aucun immigré clandestin n’est entré dans mon pays depuis que je suis président.
  • Grâce à moi, les habitants de Washington peuvent sortir dans la rue sans crainte, on me dit que désormais, les restaurants sont pleins.
  • Ma femme s’occupe plus de notre fils que de moi même … 
  • Ma femme est très intelligente, comme moi »

Autour de la table, Macron n’a pas cillé, Meloni a regardé le plafond, nul n’a éclaté de rire. Même l’Allemand Merz qui, habituellement, prise la plaisanterie, s’est abstenu de pouffer.

Il faut dire qu’avant d’aller faire de la figuration à Washington, les européens avaient consulté des docteurs du cerveau qui leur avaient décrypté les troubles dont souffrait Donald. Ils avaient conseillé de ne pas le contrarier, de le flagorner, de le remercier plutôt dix fois qu’une pour ses prétendus bienfaits, et surtout de lui dire qu’il était le Phénix des hôtes de la Maison Blanche… Alors il ne se sentirait plus sa joie. Et de ne pas oublier de verser son obole, une centaine de milliards de dollars pour le rendre plus réceptif.

Donald est né avec une cuillère en argent dans le bec et la baraka au creux de la main. Il a tout osé, il a tout obtenu sans s’encombrer de diplômes universitaires. Il est rusé, hâbleur, menteur, tricheur, prétentieux. À force de trépidations, de séductions, d’arrogance, de menaces et de corruptions, rien ne lui a jamais résisté. La fortune et les femmes sont ses seules obsessions. L’une permettant d’acheter les autres. Le 18 trous est sa seule distraction.  Il est inculte, moche et vulgaire, pourtant, son épouse est éduquée, belle et raffinée. 

Fort heureusement, les dirigeants européens s’étaient concertés, et sans doute avec quelques complicités, ils avaient approché la belle Melania, la valeureuse épousée de Donald. 

Celle-ci est née en ex-Yougoslavie socialiste, à l’époque de l’empire soviétique. Son père mécanicien militait au parti communiste, sa mère était couturière. 

Après des études d’architecture et de design à l’université de Ljubljana, elle s’installe à Paris pour poursuivre une carrière de  mannequin avant de partir courir meilleure fortune à New York. Elle a 26 ans, elle est cultivée, proportionnée, charmante et souriante, elle parle plusieurs langues, elle a connu le petit monde en Europe, elle va découvrir le très grand en Amérique. 

Sa biographie nous dit qu’elle rencontre Donald au Kit Kat Club en 1998, qu’elle obtient un permis de séjour en 2001, qu’elle se marie en 2005, qu’elle devient citoyenne américaine en 2006, année de naissance de son fils Barron Trump.  

Depuis, elle subit le comportement erratique de son mari de 24 années plus âgé. Femme trompée, et humiliée mais femme de tête, elle encaisse sans broncher, forte de son immense popularité qui la rend politiquement incontournable. Sans elle, Donald n’aurait pas été élu. Avec élégance, sans y paraître, elle le tient à distance. En tous points, elle est l’envers de la face de son mari.

-
Melania lors de la prestation de serment de son mari Donald trump — Capture d’écran

Lors de la cérémonie  d’intronisation de Donald, elle nous a alertés à sa manière en arborant un couvre-chef dont le large bord lui dissimulait le regard. « Je porte le chapeau, je ne suis pas là, je ne veux pas voir les catastrophes qui s’annoncent… » semblait dire la Première Dame. De nature discrète, réservée, bien élevée, elle se consacre à des œuvres caritatives en limitant ses obligations au minimum protocolaire. 

Sans doute a t-elle mesuré la gravité de l’heure ? Elle est sortie de sa réserve. Elle a écrit à l’ours une lettre émouvante, un peu puérile, dont les termes ont probablement été soigneusement rabotés par le département d’État avant que Trump ne la remette en main propre à son destinataire.

Le contenu du message n’est pas important mais le signal inédit est fort. Il indique clairement la volonté de Melania d’exercer dans l’ombre la tutelle du président qui à chacune de ses apparitions donne l’impression de perdre les pédales, sautant du coq à l’âne, incapable de se concentrer sur un sujet plus de dix minutes.

Ce n’est pas la première fois qu’un président américain est physiquement et mentalement incapable de tenir pleinement son rôle.

En 1945, à Yalta, en Ukraine, où se décida le partage du monde de l’après-guerre, Franklin Delano Roosevelt était dans un état de santé qui ne lui permettait pas de tenir tête à Staline. Hélas, son épouse qui suppléait à toutes les décisions présidentielles n’avait pas été autorisée à faire le voyage…[3] 

Aujourd’hui, à Washington, devant la statue d’Eleanor Roosevelt (1884 – 1962) les touristes nombreux méditent ses paroles gravées dans le marbre :

« La seule limite à notre vision de demain sera nos doutes d’aujourd’hui. Avançons avec une foi forte et active. Liberté d’expression. Liberté de culte. Liberté de vivre sans besoin. Liberté de vivre sans peur » 

En Alaska, Trump aussi est venu sans Melania. Était-il en état de contredire Poutine ? La rencontre – deux heures trente d’entretien, douze minutes de conférence de presse – a été réduite au tiers de la durée prévue… 

Melania,dont l’ascendance sur Donald est avérée, sauvera t-elle l’Ukraine et l’Europe d’une braderie honteuse et Israël de la honte éternelle ? 

Les géants de la tech beni-oui oui de Trump - — Photo © IA E-S
Séance de louanges des géants de la tech au génie de Trump — Photo © IA E-S

La constitution des États-Unis prévoit que le vice-président et le cabinet peuvent prendre l’initiative de déclarer l’incapacité mentale du président mais cette décision doit être approuvée par les 2/3 du Congrès en cas de contestation.

-
Au bal des faux-culs, le shérif adjoint donne le la — JD Vance à la Maison-Blanche — White House Photo

Le scénario de la dégradation des capacités cognitives du président semble inéluctable. Bientôt, il est probable que son activité se réduira à des messages sur son réseau social Truth Social [4] et à de brèves apparitions soigneusement mises en scène. Melania Trump aura-t-elle la même vigueur et le même cran que Eleanor Roosevelt ? 

-
Illustration European-Security

En attendant le 3 octobre, le monde retiendra son souffle car ce jour là, le jury du Prix Nobel révèlera le nom du lauréat pour le prix Nobel de la Paix. Donald le veut. Donald l’exige. Il a obtenu des milliers de recommandations dont celles des Premiers ministres d’Israël et du Pakistan, tous deux parangons de la paix comme on le sait. 

Contrairement aux autres prix qui sont attribués par des Suédois,[5] celui de la paix est décerné par trois Norvégiennes et deux Norvégiens. Nul ne voudrait être à la place de ces cinq consciences dont les noms s’inscriront dans l’histoire : Anne Enger, Kristin Clemet, Gry Larsen,  Asle Toje et Jørgen Watne Frydnes (président). Leur choix est cornélien.

Célébrer Trump serait l’absoudre de sa complicité active et assumée avec les saigneurs de Moscou et de Tel Aviv, ce serait l’encourager à poursuivre sa politique de faux-semblants qui visent à normaliser l’occupation d’une portion de Ukraine par la Russie. Mais lui refuser le prix serait prendre le risque de l’enrager; ou bien à l’inverse de l’inspirer à redoubler d’efforts pour le mériter en 2026, 2027, 2028…[6]

La liste de 244 candidatures  est secrète mais la presse cite Elan Musk, un Sheikh du Qatar, Gisèle Pelicot, Médecins du monde…

Pour aider le jury, toutes les suggestions sont les bienvenues. En voici deux :

  • le père Pedro Opeka qui a sauvé des dizaines de milliers d’enfants de la misère, Slovène d’origine comme Mélania Trump, homme d’église et homme d’exception qui a sauvé des centaines de milliers de vie du berceau au cimétière. Condisciple argentin du pape François qui lui a rendu visite en septembre 2019 à Akamasoa.
Le père Pedro Opeka
Le père Pedro Opeka sur TF1 — Capture d’écran
  • et s’il fallait quelq’un de « politique », on pourrait penser à Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexeî Navalny l’avocat russe anti-corruption que Poutine a fait empoisonner, puis emprisonner et enfin odieusement assassiner. Avec un courage admirable elle poursuit et prolonge la lutte de son époux dont elle défend la mémoire pour la liberté et les droits humains en Russie. 

Voilà deux candidats sérieux pour un Nobel de la Paix. 

Pour consoler Donald et l’empêcher d’annexer la Norvège avec le Groenland, le Canada et le Panama, le Prix prestigieux pourrait être décerné conjointement à Ioulia Navalnaïa et à Melania Trump pour avoir supporté Donald ! Mais dans sa grande sagesse, on peut espoérer que Notre Seigneur reconnaîtra le meilleur de ses bergers et ne se laissera pas berner par le premier âne venu, fut-il le symbole républicain des États-Unis d’Amérique…

Hedy Belhassine

[1] Rocco Siffredi devra se contenter de ses deux nominations au XRCO Hall of Fame en 2001 et à l’AVN Hall of Fame en 2002. Ces « temples de la renommée servent à honorer les personnalités marquantes, ayant un impact significatif dans l’industrie pornographique.» Source : Wikipedia.

[2] Voir : « Face à Poutine, les Européens sont en position de force : L’administration Trump est en train de réaliser le sauvetage du régime de Poutine, dont elle a besoin pour racketter l’Europe, estime l’historienne Françoise Thom avant la rencontre entre Trump et Poutine » in Le Monde du 14 août 2025 p.22 —

[3] Eleanor Roosevelt, épouse de Franklin Delano Roosevelt a été la première First Lady aux États-Unis à avoir donné à son rôle une dimension politique et médiatique. Ce que l’on sait moins, c’est qu’en 1919, cette mère pratiquante de cinq enfants a découvert dans la valise de son mari des lettres d’amour de Lucy Mercer, qu’elle avait engagée comme secrétaire et dame de compagnie. Eleanor exige le divorce mais ne l’obtient pas pour préserver la carrière de son mari. Elle accepte mais à la condition que désormais elle sera séparée de corps et deviendra sa partenaire politique.

-

Elle mènera ainsi des combats politques de premier plan. C’est elle notammenent qui pèsera sur la décision d’engager les États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale et n’hésitera pas à rendre visite aux troupes américaines engagées dans le Pacifique. Elle fut à l’origine de la création d’une escadrille de chasse composée de pilotes noirs qui se battra en Italie et escortera les bombardiers sur l’Allemagne (Tuskegee Airmen). On lui doit également la création du corps féminin de pilotes de l’armée de l’air américaine, le Women Airforce Service Pilots.

Eleanor Roosevelt

— Photo FDR Presidential Library

En 1946, le président Truman la nomme aux Nations unies où elle présidera la commission des droits de l’homme. Après deux anénes de travail, avec le français René Cassin elles era l’inspiratrice du projet de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Féministe engagée, elle s’opposera au racisme et défendra le mouvement américain des droits civique. Source : Wikipédia.

A Paris on se demande toujours quel est le crétin qui a accordé à Franklin Delano Roosevelt une avenue dans le 8e, alors qu’il a toujours été anti-français et qu’on lui doit d’avoir livré à Staline l’Europe centrale et orientale. A Yalta, plutôt que sa femme, il a préféré emmener Harry Hopkins, son conseiller qui était un agent soviétique et qui a préparé tous les sommets alliés pendant la 2 Guerre Mondiale !

[4] Plateforme de microblogage détenue par le Trump Media & Technology Group (TMTG).

[5] La première cérémonie pour attribuer le prix Nobel a eu lieu cinq ans après la mort de son fondateur, à Stockholm, dans l’ancienne Académie royale suédoise de musique, le 10 décembre 1901. À partir de 1902, les prix furent remis par le roi de Suède, le 10 décembre de chaque année, hormis le prix Nobel de la paix qui est remis par le roi de Norvège car, « jusqu’en 1905, la Suède et la Norvège avaient le même souverain ; c’est à compter de la séparation de ces deux nations en 1905 que cette répartition des prix Nobel entre les deux pays fut arrêtée

[6] L’espoir fait vivre… (NDLR).

Voir également :

Analysis in depth:

What if Donald Trump were to receive the Nobel Peace Prize? The very idea seems so magnificently audacious that one might, not without a touch of dark humor, compare it to awarding the adult film star Rocco Siffredi the Nobel Prize for virtue. And yet, looking past the initial satire, this deeply controversial candidacy raises profound and urgent questions for the entire world. It places the Norwegian Nobel committee before a monumental geopolitical dilemma, a true « Gordian choice » from which there is no easy escape. To award him the prize would be to legitimize a worldview many find alarming; to deny him would be to risk the unpredictable wrath of a volatile global leader. Hedy Belhassine explores the portrait of a president whose diplomacy is described as little more than « racket disguised as diplomacy, » a brand of extortion so potent it would allegedly make Al Capone look like an amateur. For sure, there are growing concerns surrounding his cognitive capacities, which have led to a darkly comic scenario where European leaders are reportedly advised to manage him with flattery rather than facts. In this explosive context, an unexpected figure emerges as a potential key player: Melania Trump. Could she, in the manner of a modern-day Eleanor Roosevelt, become the quiet, stabilizing force behind an erratic presidency? Could she be the one to discreetly influence the destiny of Europe and Ukraine, saving them from what some fear could be a shameful and catastrophic sell-off?