Source : https://euvsdisinfo.eu/fr/ – Bruxelles, le 10 février 2022
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Alors que les efforts diplomatiques pour stopper l’escalade agressive le long des frontières ukrainiennes se po
Alors que les efforts diplomatiques pour stopper l’escalade agressive le long des frontières ukrainiennes se poursuivent, les médias pro-Kremlin ne cessent d’attiser les tensions avec des messages incendiaires et trompeurs. La majeure partie de ces messages s’adresse principalement au public russe, à qui l’on répète quotidiennement que l’Occident, l’OTAN et les États-Unis menacent la Russie.
Des sondages réalisés par le Centre analytique Levada indépendant montrent que la plupart des Russes (environ la moitié des personnes interrogées) accusent les États-Unis et l’OTAN d’être responsables de l’escalade actuelle et que seuls environ 4 % pensent que la responsabilité en incombe aux dirigeants russes. Près de huit ans après l’annexion illégale de la Crimée et le début de l’agression armée dans le Donbass, reconnaître que le Kremlin menace en fait l’Ukraine est une position marginale en Russie.
Ces attitudes sont le fruit du travail des médias russes contrôlés par l’État, qui cultivent depuis des années le mythe d’une Russie «encerclée», alimentant les peurs (selon Levada, 56 % des Russes craignent une guerre mondiale) et déformant délibérément les valeurs, l’histoire et les politiques de l’Ukraine, de l’UE et de l’OTAN pour des millions de Russes.
Renverser la relation de cause à effet
Dans un contexte de renforcement continu de la puissance de feu militaire russe le long des frontières ukrainiennes, plusieurs membres de l’OTAN ont commencé à fournir à l’Ukraine des armes à courte portée et des armes clairement défensives. Mais pour les médias pro-Kremlin, c’était l’occasion d’affirmer que l’OTAN poussait l’Ukraine à un conflit. De multiples variantes de ce message de désinformation ont été diffusées dans le passé et continuent de circuler aujourd’hui en Russie, dans les zones non contrôlées par le gouvernement en Ukraine, en Géorgie et ailleurs.
Dans le même temps, les sanctions imposées à la Russie en 2014 à la suite de l’annexion illégale de la péninsule de Crimée et de la déstabilisation de l’Ukraine continuent d’être présentées comme un outil illégitime «contre la Russie».
Ce ne sont là que quelques exemples de la manière dont les médias contrôlés par l’État russe déforment délibérément les causes et les effets pour masquer la responsabilité du Kremlin dans l’escalade des tensions et pour maintenir le public national dans la peur (et donc, le contrôler).
Construire les discours déclencheurs
Le Kremlin utilise la désinformation et la manipulation de l’information également pour créer un espace de manœuvre politique et, surtout, militaire.
Afin de maintenir l’option d’une agression militaire directe ouverte pour le Kremlin, les organes de désinformation ainsi que les experts et les politiciens pro-Kremlin ont entretenu des récits sur des atrocités imminentes contre la population du Donbass.
Il s’agit notamment d’allégations infondées selon lesquelles l’armée ukrainienne préparait des «provocations», notamment des explosions dans des installations industrielles de production de produits chimiques dangereux et le déploiement de l’agent neurotoxique toxine botulique. Les États-Unis ont également été accusés de planifier une opération sous «fausse bannière» visant à attaquer aux armes chimiques le Donbass, impliquant l’empoisonnement de l’eau potable.
Il convient de noter que les médias pro-Kremlin déforment depuis longtemps les faits relatifs aux armes chimiques, notamment en niant les attaques à l’arme chimique perpétrées par le régime syrien et en accusant les États-Unis de stocker des armes chimiques.
Pour s’assurer que le public russe croit à ces récits de désinformation macabres sur l’Ukraine, les médias pro-Kremlin martèlent depuis des années l’image d’une Ukraine «Nazie» inhumaine. Dans le passé, ces discours étaient accompagnés d’assurances néo-impériales selon lesquelles les Ukrainiens et les Russes étaient «un seul peuple», y compris depuis le sommet même du Kremlin. Aujourd’hui, les médias pro-Kremlin ne prennent plus de gants: RT Russie s’est écartée du récit d’«un seul peuple», affirmant que les «Ukrainiens veulent du sang russe», alors que la Russie a la responsabilité de sauver les frères et les citoyens de Lougansk et Donetsk de leurs «ennemis».
Éliminer les médias indépendants
Pour le Kremlin, il a fallu des années de destruction systématique des médias indépendants pour arriver au point où la désinformation peut être librement utilisée pour soutenir directement une posture militaire agressive et des opérations hostiles à l’étranger.
Récemment, nous avons vu le Kremlin prendre de nouvelles mesures pour éliminer l’accès aux médias indépendants dans le pays, puisque les autorités russes ont interdit le diffuseur international public Deutsche Welle et ont fermé son bureau à Moscou.
Les médias contrôlés par l’État russe ont rapidement annoncé que Deutsche Welle était une source de propagande de l’OTAN, poursuivant avec des efforts plus larges pour établir une fausse équivalence entre le respectable média mondial Deutsche Welle et RT DE.
La décision des autorités russes est intervenue après que le régulateur allemand des médias a interdit au radiodiffuseur russe contrôlé par l’État RT DE d’opérer en Allemagne en raison de l’absence d’une licence valide. En revanche, Deutsche Welle avait opéré en Russie avec toutes les licences et accréditations nécessaires.
L’interdiction imposée à Deutsche Welle fait suite à un autre ordre des autorités russes pour de multiples médias de supprimer les actualités précédemment publiées faisant référence aux enquêtes anti-corruption de l’équipe d’Alexei Navalny. En décembre 2021, un tribunal russe a décidé de restreindre l’accès au site web d’OVD-Info, un projet russe indépendant de défense des médias et des droits de l’homme. Ce ne sont là que les dernières illustrations de la répression systématique de la liberté des médias et des autres droits fondamentaux en Russie.
Désinformation russe sur l’Ukraine :
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The Kremlin’s Playbook : Fabricating Pretext to Invade Ukraine – More Myths (February 19, 2022)
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