L’E.T. franco-allemand « Rhin/Rhein » à Évreux

Au cœur de la Normandie, la Base Aérienne 105 « Commandant Viot » abrite une unité militaire unique en son genre : l’escadron de transport franco-allemand, baptisé « Rhin/Rhein ». Symbole fort de la coopération en matière de défense entre la France et l’Allemagne, cet escadron binational est le premier du genre à voir des aviateurs des deux nations travailler main dans la main, sur des aéronefs communs, pour des missions opérationnelles et d’entraînement. L’Escadron Franco-Allemand d’Évreux est une sorte de pionnier de la coopération de défense européenne.

Paris, le 4 mars 2024 — Source : Ministère de la Défense, Paris

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Lockheed Martin C-130J Super Hercules en vol — Photo Armée de l’Air et de l’Espace © Y. Cornet

Une Création Officielle Ancrée dans une Coopération Stratégique

Fruit d’un accord intergouvernemental signé le 30 août 2021, l’escadron a été officiellement créé le 1er septembre de la même année. Son inauguration officielle a eu lieu le 9 mars 2022. Cette initiative s’inscrit dans une volonté politique forte des deux pays de renforcer leur interopérabilité et de mutualiser leurs capacités de transport aérien tactique.

Une Flotte et des Équipes Intégrées

L’escadron « Rhin/Rhein » opère sur une flotte mutualisée de dix avions de transport tactique Lockheed Martin C-130J Super Hercules. La France contribue à hauteur de quatre appareils, dont deux versions ravitailleurs KC-130J, et l’Allemagne à hauteur de six, incluant également des capacités de ravitaillement en vol.

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Équipages du Rhin-Rhein sur la B.A. 105 d’Évreux — Photo Armée de l’Air et de l’Espace © M Bonnot

L’effectif de l’escadron est d’environ 260 militaires, répartis à parts égales entre l’armée de l’Air et de l’Espace française et la Luftwaffe allemande. Cette mixité se retrouve à tous les niveaux : pilotes, mécaniciens, et personnel de soutien travaillent en équipes binationales, la langue de travail commune étant l’anglais. Cette intégration poussée vise à créer une culture et des procédures opérationnelles communes, une véritable première à cette échelle. La pleine capacité opérationnelle de l’unité est prévue pour 2024.

Des Missions Variées au Service des Deux Nations et de l’Europe

Les missions de l’escadron de transport franco-allemand sont diverses et couvrent un large spectre des opérations de transport aérien militaire :

  • Transport de Troupes et de Fret : Assurer la projection de militaires et de matériel sur les théâtres d’opérations extérieures.
  • Aérolargage : Parachutage de personnel et de matériel.
  • Ravitaillement en Vol : Les versions KC-130J permettent de ravitailler en vol d’autres aéronefs, notamment les hélicoptères, une capacité cruciale pour les opérations spéciales.
  • Évacuations Sanitaires : Transport de blessés.
  • Missions Humanitaires : Apporter une aide d’urgence en cas de catastrophes naturelles ou de crises humanitaires.

L’escadron peut être engagé tant dans un cadre national, pour les besoins spécifiques de la France ou de l’Allemagne, que dans des opérations conjointes ou multinationales, sous l’égide de l’Union Européenne, de l’OTAN ou de l’ONU. L’unité a déjà participé à des missions opérationnelles, notamment en soutien des forces françaises et alliées en Roumanie, et a été engagée dans des opérations en Afghanistan, au Soudan et en Somalie.

Un Commandement Partagé, Symbole de Confiance Mutuelle

La structure de commandement de l’escadron « Rhin/Rhein » reflète son caractère binational. Pour la phase initiale, le commandement est assuré par un officier supérieur français, secondé par un officier supérieur allemand. Le principe de l’alternance du commandement entre les deux nations est un objectif clé, bien que les modalités précises de sa mise en œuvre à long terme soient encore en cours de définition. Au niveau des divisions, comme la maintenance et les opérations, le commandement est également partagé, avec un chef de division d’une nationalité et un adjoint de l’autre.

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Lockheed Martin C-130J Super Hercules — Photo Armée de l’Air et de l’Espace © Y. Cornet

Cette initiative pionnière à Évreux est bien plus qu’une simple mutualisation de moyens. Elle constitue un laboratoire pour de futures coopérations de défense en Europe, démontrant la viabilité et les avantages d’une intégration poussée entre forces armées alliées.

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