Prix Guizot -Institut de France 2022 : And the Winner is... Françoise Thom

Le dernier livre de Françoise Thom » La Marche à rebours, un regard sur l’histoire soviétique et russe » (Sorbonne Université Presses) a reçu le Prix François Guizot-Institut de France. Ce prix, réservé aux historiens, récompense une œuvre d’histoire générale, d’étude du monde contemporain, des sociétés ou d’analyse politique récemment publiée ou diffusée, accessible à un large public par la plus prestigieuse institution française, l’Institut de France.

La marche à rebours_couverture — **La Marche à rebours – Regards sur l’histoire soviétique et russe (Françoise Thom)**

La Marche à rebours – Regards sur l’histoire soviétique et russe (Françoise Thom)

Allocution de Stéphane Coste, président de l’association François Guizot lors de la remise du Prix François Guizot-Institut de France 2022 à Françoise Thom pour son dernier livre « La marche à rebours ; regards sur l’histoire soviétique et russe » (Éditions ) — Grande Salle des Séances de l’Institut de France — Paris, le 4 octobre 2022 — Sources : Institut de France — et Association François Guizot —

Sommaire

La cinquième édition du Prix François Guizot-Institut de France (2022)

Monsieur le Chancelier,
Monsieur le Secrétaire Perpétuel,
Monsieur le président du jury,
Monsieur le vice-président du jury,
Mesdames et Messieurs les membres du jury du Prix François Guizot – Institut de France,
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Chère Lauréate,

En préambule, je rappellerai que cette journée nous associe pleinement à François Guizot puisqu’il est né le 4 octobre 1787, soit il y a exactement 235 ans.

Cette cinquième édition du Prix François Guizot-Institut de France est un événement majeur pour les membres de notre association et pour les descendants de François Guizot.

Nous remercions M. Xavier Darcos, chancelier de l’Institut, de nous accueillir ce soir dans le cadre historique de l’Institut de France, dont Guizot était très proche.

Nous remercions les membres du jury et plus particulièrement son président Michel Zink et son vice-président Patrice Gueniffey pour la qualité de leur travail permettant de célébrer pour 2022 l’ouvrage de Françoise Thom, « La marche à rebours ; regards sur l’histoire soviétique et russe. »

Stéphane Coste — Photo © DR

Chère Lauréate, nous vous félicitons d’être la cinquième récipiendaire du prix François Guizot-Institut de France pour votre livre.

Prix Guizot-Institut de France-2022 — **Xavier Darcos, Michel Zinc, Françoise Thom, Stéphane Coste et Patrice Gueniffey – Photo © Institut de France**

Un ouvrage majeur pour la compréhension de la vision du monde de la Russie

Votre ouvrage est majeur pour la compréhension de la vision du monde de la Russie, en particulier à travers la doctrine de l’Eurasisme. Il est par ailleurs au cœur de l’actualité à l’aune de la guerre russo-ukrainienne qui dure déjà depuis plus de sept mois.

Je souhaiterais faire quelques rapprochements entre certains de vos chapitres et François Guizot. Dans votre chapitre remarquable de clarté sur les états du Caucase du Sud (1917-1921), où la situation géopolitique locale était et reste toujours très compliquée comme l’atteste les récents échanges meurtriers entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, j’ai fait un rapprochement avec la crise d’Orient (1839-1841). Cette dernière opposait les Ottomans soutenus globalement par les Européens à leur vassal égyptien Méhémet-Ali soutenu de loin par les Français mais en fait neutre dans cette histoire. Dans ce qui deviendra plus tard le Liban et sa complexité, chaque protagoniste a utilisé à son profit, voire accentué les rivalités locales et les retournements d’alliances principalement entre les maronites et les druzes, avant que les troupes anglaises ne siffle la fin de la partie. Guizot, anglophile et fraichement nommé ministre des affaires étrangères à son retour de Londres aidera à résoudre la crise. Un grand portrait de Méhémet-Ali figure d’ailleurs dans l’entrée de la propriété familiale de Guizot au Val-Richer en Normandie.

L’effondrement du bloc communiste

Dans votre excellente partie concernant l’effondrement du bloc communiste et le relatif désordre qui s’en est suivi avant l’avènement de l’ère Poutinienne, on ne peut que faire un parallèle avec la révolution de 1848 entrainant le départ du roi et du gouvernement Guizot. Mais également l’avènement ultérieur d’un pouvoir autoritaire d’abord en tant que président puis en tant qu’Empereur représenté par Napoléon III. On pourrait d’ailleurs faire le même rapprochement avec la révolution d’octobre 1917 et l’avènement du régime bolchevique.

J’aurais aimé pouvoir vous présenter un avis de Guizot sur la doctrine de l’Eurasisme mais malheureusement, la Russie n’était pas sa priorité même si il suivait ce qui se passait dans le pays de par ses fonctions et de par son attachement à la princesse de Lieven, ancienne épouse de l’ambassadeur russe à Londres et elle-même d’origine balte. D’après Laurent Theis, que je remercie, il semblait considérer que la Russie faisait partie du concert européen. L’Asie semblait très loin.

Par-delà du prix Guizot-Institut de France que nous commérons ce soir, l’Association François Guizot active d’autres leviers afin de porter à la connaissance du plus grand nombre l’immense patrimoine intellectuel et culturel de François Guizot qui a traversé le XIXème siècle.

Ainsi le site www.guizot.com regroupe l’ensemble des éléments de sa vie et de son œuvre. Il est mis à jour régulièrement pour être le point de référence sur François Guizot.

François Guizot par Jean-Georges Vibert d’après un portrait de Paul Delaroche.

De même, depuis janvier 2020 plus de 1500 lettres de la correspondance, échangées entre François Guizot et la princesse Dorothée de Lieven entre 1836 et 1857 sont disponibles à tous via le site guizot.com sous la direction de Marie Dupond en charge de ce projet.

Elles permettent notamment de mieux appréhender les relations diplomatiques européennes du milieu du XIXème siècle.

Enfin, nous rappelons que notre seul objectif est de rendre les œuvres de Guizot le plus accessible possible à notre famille, aux chercheurs ou au grand public.

Stéphane Coste