La réalité n’est pas toujours ce qu’elle semble être, mais les impressions comptent. La Chine aime à dire qu’elle est le plus important et le meilleur partenaire économique de l’Afrique, mais les chiffres disent bien autre chose.
Par EUvsDisinfo | 20 juin 2025 —
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Alors que le monde s’intéresse davantage à l’Afrique, deux acteurs majeurs sortent du lot : la Chine et l’Union européenne (UE).
La Chine fait souvent l’actualité parce qu’elle construit des routes et octroie des prêts. Elle est donc souvent perçue comme le principal partenaire commercial et le meilleur allié de l’Afrique. Mais il s’agit davantage d’un mythe que de la réalité. La véritable question n’est pas seulement de savoir qui donne le plus d’argent. Il s’agit plutôt de savoir qui aide l’Afrique à se développer de manière durable, grâce à des emplois, des écoles et des économies fortes.
La Chine est devenue un acteur important en Afrique au cours des deux dernières décennies, notamment depuis le lancement du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) en 2000. Les échanges commerciaux, les projets d’infrastructures et les prêts ont considérablement augmenté. L’Europe reste toutefois le premier partenaire commercial, le premier investisseur étranger et la principale source d’aide publique au développement (APD) de l’Afrique.

L’APD est l’aide fournie par les gouvernements pour améliorer, par exemple, les écoles, les hôpitaux et les emplois dans d’autres pays. L’UE et la plupart de ses États membres font partie du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE, qui contrôle et examine l’utilisation des fonds destinés au développement. Cela signifie que l’Union européenne et ses pays collaborent pour offrir un soutien qui aide directement les sociétés africaines, et qu’ils surveillent la façon dont ces fonds sont utilisés. En 2022, l’UE et ses États membres ont versé 19,9 milliards de dollars d’APD. D’après les estimations, la Chine, qui ne rend pas compte des aides allouées selon les règles de l’OCDE et qui combine souvent aide et prêts aux entreprises, aurait fourni entre 5 et 7,9 milliards de dollars d’aide étrangèrela même année.

Une différence marquée au niveau des investissements directs étrangers
En termes d’investissement, l’UE est de loin devant, avec un total de 309 milliards d’euros d’investissements directs étrangers (IDE) en Afrique en 2022. Ces investissements devraient augmenter sous l’impulsion de la Stratégie Global Gateway de l’UE, lancée en 2021. Cette stratégie s’attache à bâtir des infrastructures durables et à mettre en place de solides partenariats économiques. Plus de la moitié de ses grands projets bénéficient à l’Afrique, notamment dans les domaines de l’énergie, des transports, du numérique et de l’agriculture.

Bien que modestes par rapport aux IDE chinois dans d’autres régions, les flux d’IDE chinois à destination de l’Afrique ont augmenté de manière stable depuis 2003, passant de 75 millions de dollars à 3,96 milliards de dollars en 2023. Cette année-là, les principaux pays bénéficiaires étaient le Niger, l’Afrique du Sud, l’Angola et la République du Congo. La Chine a financé des infrastructures clés partout en Afrique, notamment des routes, des voies de chemins de fer, des ports et des réseaux, ainsi que des bâtiments publics. Toutefois, à l’instar du chemin de fer Mombasa-Nairobi au Kenya, nombre de ces projets s’accompagnent de prêts importants et soumis à de nombreuses conditions. Par ailleurs, la Chine a ralenti ses dépenses récemment.
Et au niveau de la balance commerciale
Des différences majeures sont aussi constatées au niveau des échanges commerciaux. Avec l’Europe, l’Afrique vend plus qu’elle n’achète. Cela signifie que ce partenariat lui permet de dégager un excédent commercial. En 2022, l’Afrique a exporté pour 247 milliards de dollars de marchandises vers l’UE, et en a importé pour 187 milliards. Avec la Chine, c’est le contraire: L’Afrique a exporté pour 118 milliards de dollars de marchandises et en a importé pour 164 milliards. Ceci a entraîné un déficit commercial de 40 milliards de dollars en faveur de la Chine. Cela signifie que l’Afrique dépense plus qu’elle ne gagne et que plus d’argent quitte le continent qu’il n’en reste. Cela montre également à quel point la Chine dépend des matières premières africaines et combien il est important pour l’Afrique de commencer à exporter davantage de produits finis apportant plus de valeur ajoutée.

La Chine et l’Europe souhaitent toutes deux collaborer avec l’Afrique. Mais la question clé est: quel partenariat aide les jeunes Africains à se bâtir un avenir grâce à de meilleurs emplois, à une éducation plus solide et à des économies plus florissantes dirigées par des Africains?
L’Europe importe davantage de produits africains, investit plus à long terme et propose une aide au développement assortie de contrôles et de responsabilités clairs. La Chine apporte des financements et des infrastructures, mais reste en deçà du niveau d’investissement et d’échanges commerciaux de l’UE.
Alors la Chine est-elle vraiment le principal partenaire de l’Afrique et le meilleur pour elle? Les titres accrocheurs des journaux peuvent dire que c’est le cas, mais les faits disent autre chose. En termes de croissance durable, d’emplois enrichissants et d’investissements réels dans l’humain, le partenariat entre l’Afrique et l’UE est plus solide à tous les égards. Il est temps de ne plus croire au mythe mais de parler en termes d’argent, d’impact et d’avenir. Car ce dont l’Afrique a besoin, ce n’est pas d’une communication tapageuse mais de partenaires qui travaillent avec elle, et non pas uniquement pour elle.
Voir également :
- « Europe or China: Who is Africa’s biggest economic partner? » — (2025-0620) —
- « Le vent souffle vers l’Est : la vulnérabilité des jeunes Africains face à la propagande anti-occidentale » — (2024-0319) —
- « Comprendre la situation concernant les voix africaines qui soutiennent la Russie: les trois pièges à éviter » — (2023-0922) —
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