Midway (13) : Commentaires généraux

« Dans les années 20 et 30, bien avant Pearl-Harbor, à Newport, les responsables de la planification, comme les stratèges à Washington, avaient toujours envisagé un conflit potentiel dans le Pacifique avec le Japon.»

Midway (13) : Commentaires généraux

De l’aveu même du Secrétaire américain à la Marine, Gordon England,[1] « dans les années 20 et 30, bien avant Pearl-Harbor et notre entrée en guerre formelle, les responsables de la planification, (Wargamers) à Newport comme les stratèges à Washington avaient toujours envisagé un conflit potentiel dans le Pacifique avec le Japon. Le Japon était une puissance émergente avec des objectifs expansionnistes. Le « Plan Orange »[2] a été écrit et peaufiné année après année. Mais à l’époque on pensait vraiment que les États-Unis devaient se préparer à livrer deux guerres en même temps, une avec le Japon et l’autre dans l’hémisphère occidental. Mais dès le début – que le second front soit l’Allemagne ou la Russie – il y avait un consensus écrasant pour donner la priorité à la protection de l’hémisphère occidental… » En cas de guerre dans le Pacifique,[3] la stratégie prévue était donc celle du « containment » défensif : il fallait tenir ses positions. Propos tenus une semaine avant que le porte-avions Midway,[4] entré en service en 1944 ne devienne un monument vivant à la mémoire de Midway. En perdant quatre porte-avions, un croiseur lourd, trois destroyers, 291 avions [5] et 4.800 hommes, sans parler des blessés ou des navires endommagés, la marine impériale japonaise devait payer un très lourd tribut et ne pas se remettre de la perte de ses meilleurs pilotes. L’US Navy perdra elle un porte-avions, le Yorktown et le destroyer Hammann qui tentait de lui porter secours,145 avions et 307 hommes.

Midway sonnera le glas de la supériorité aéromaritime japonaise dans le Pacifique. Les experts continueront, n’en doutons pas, de rechercher des éléments pour comprendre ce qui reste encore difficilement compréhensible de la part du Haut-Commandement japonais, ou de la part de stratèges pourtant réputés.[6] Un exemple: pourquoi Nagumo a t-il donné l’ordre à tous ses avions de patrouille de voler au dessus de la mer pour affronter les avions lance-torpilles américains, alors que la doctrine d’emploi des porte-avions précise bien qu’une bonne attaque doit toujours être menée simultanément par des avions-torpilleurs à basse altitude et par des chasseurs-bombardiers à haute altitude en piqué sur leur cible avec des bombes ? L’intérêt de Midway est double: le premier étant de rappeler que ce fut la première – et de loin la plus grande bataille aéronavale de notre histoire – choses que la plupart des gens ignorent. Le deuxième, après avoir tiré les grandes les leçons d’un passé encore récent, comme l’Amiral Labouérie a tenté de le faire au cours des douze précédents papiers, consiste à dégager en guise de conclusion, les enseignements de Midway qui restent toujours valables pour l’avenir, par rapport à des situations ou à des données dont l’actualité demeure le lot habituel, en les appliquant à notre monde quotidien. 

Par l’amiral Guy Labouérie, membre de l’Académie de Marine.[7] Brest, le 31 décembre 2005.©

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Amiral Guy Labouérie – Photo © Joël-François Dumont

Sans revenir sur l’ensemble des enseignements proposés après chacune des phases précédentes de “Midway”, certaines des réflexions générales issues de cette bataille sont applicables dans notre quotidien, qu’il soit celui des affaires, celui de la politique ou plus modestement celui de chaque personne en tant qu’elle est acteur non seulement de sa propre vie mais aussi, à divers niveaux, de tout ce qui se passe dans son pays, du moins dans les démocraties où la liberté de penser et d’agir a encore un sens.

La leçon la plus immédiate et la plus actuelle,[8] que l’on puisse tirer de Midway tient à l’ observation suivante: Une fantastique énergie pyramidale s’use et se démobilise avec le temps, et d’autant plus vite qu’elle trouve en face d’elle une énergie transversale organisée en dispositif, à base de délégations et d’initiatives. Avec pour corollaire, qu’à certain moment, une cible apparemment terrible peut se trouver sans force, pendant des heures voire des jours, pour peu que l’on soit capable directement ou indirectement de couper ou de paralyser son énergie. Si le cas le plus évident ici est celui des porte-avions japonais paralysés au moment de leurs manœuvres d’aviation, on en trouve de multiples exemples dans les OPA où bien des manœuvres, pas toujours “éthiques” pour reprendre un terme employé sans discernement, visant à paralyser financièrement, socialement, technologiquement … l’entreprise cible. Le monde des syndicats en a une large habitude, spécialement et excessivement en France, et la politique peut également aller à des excès condamnables, individuellement et collectivement, à force de calomnies et autres « affaires » comme on l’a vu il y a plus de trente ans pour déstabiliser Georges Pompidou… Et ce triste jeu continue. Quand on se trouve dans ces situations, c’est l’énergie que l’on est capable de garder ou de restaurer rapidement qui permet un autre dénouement que celui espéré par l’Autre.

L’énergie est une donnée d’autant plus importante qu’elle fait intervenir et inter-réagir quatre énergies distinctes pour aboutir par fusion/multiplication, et non par addition, à l’énergie globale mise en œuvre.

Il s’agit de celle, première, du Projet, celle du Patron de l’opération ou des opérations, celle de l’ensemble des personnels concernés, enfin celle physique des moyens matériels disponibles. Elles ne trouvent leur symbiose, leur réalité, leur puissance réelle que dans celle du dispositif (cf. infra) qui est à la fois la concrétisation de la stratégie qui l’inspire à partir du Projet et la manifestation de l’énergie globale lui donnant la capacité de se réaliser. Si l’on s’est beaucoup interrogé sur le concept d’énergie avec de fantastiques découvertes d’ordre physique, on s’est peu préoccupé de l’apport de la pensée européenne et surtout asiatique autour de l’énergie psychique individuelle comme collective. Or il y a beaucoup à y apprendre même si l’on peut penser que le volet collectif ne fut pas un des soucis de Yamamoto au-delà de la force brute, ce qui à l’époque était le cas le plus général des pays à grandes armées de Terre comme l‘Allemagne, la France ou la Russie.

Quand Lao Tse dit qu’il faut être capable « au moment voulu de concentrer toutes ses facultés sur le but à atteindre », cela peut et doit s’appliquer à l’ensemble des moyens humains et matériels. L’impact « psychique » sur les personnes, aussi bien du projet auquel on veut les faire adhérer que de la personnalité du (ou des) chef(s) qui va les conduire à l’action, est fondamental et ne découle pas de l‘excellence des raisonnements ou des capacités cérébrales des individus.

  • Il en est de même de la combinaison des moyens matériels qui ne procureront pas la même énergie globale dans n’importe quelle formation.

L’ensemble à construire est très délicat, très complexe, les mathématiques n’y sont à peu près d’aucun secours pas plus que les fascinantes théories du chaos. C’est d’un autre ordre d’où l’importance qu’il faut y attacher.Les personnes ne mettront pas en œuvre la même énergie, la même détermination, la même imagination, suivant ce qui leur est demandé et celui qui le leur demande, suivant le projet et suivant le patron sur le terrain, et suivant les moyens dont ils pourront se servir.

A l’époque actuelle l’ordre brutal avec ration de vodka, tel que le décrivait le maréchal Youkov lançant ses cosaques à travers des champs de mines, ne sera ni donné, du moins dans les démocraties, ni efficace sauf peut-être chez les terroristes islamistes, la drogue physique et/ou psychologique devant largement y aider. Celui qui demande, celui qui commande, ne sera crédible que dans la mesure où ce qu’il demande, ce qu’il commande, découle d’une vision globale énergisante.

La vision est la grande oubliée d’aujourd’hui alors que c’est elle, qui doit servir de référence aux différents niveaux où doit se préparer et conduire l’action.

Le manque de vision globale de la situation Japon/États-Unis a été patent dans les opérations de la marine japonaise y compris dans l’attaque de Pearl Harbor, même en la comprenant seulement comme le point de départ des conquêtes japonaises vers le Sud-Est. Nimitz a une vision bien plus complète de la situation. Sans cette vision du marin prenant en compte l’ensemble des caractéristiques du Pacifique et des actions de guerre navale, en s’appuyant sur un des maîtres de la pensée stratégique que fut Mahan, il se serait peut-être rendu aux raisons de son gouvernement qui le voulait proche des côtes et Midway serait tombée.

  • Toute vision régionale, réductrice, limitée, conduit inexorablement à des erreurs dans l’analyse de la situation et par suite dans l’action

Ce fut celle du Japon dans son attaque des États-Unis, une puissance mondiale alors qu’il n’était qu’une puissance régionale sans les ressources arrières lui permettant de durer.

Il a par contre tiré les leçons de sa défaite pour se construire et s’imposer dans le domaine économique comme une puissance mondiale avec l’outil de l’Intelligence, culminant à partir de 1995 sous divers noms dans ce que l’on a appelé en France le “technoglobalisme”, recherche mondiale de toute information utile au Japon et à l’ensemble de ses activités, ce que jusqu’ici l’Europe a été incapable de faire. Si les entreprises confrontées tous les jours au global et y étant de plus en plus en plus sensibles ne peuvent plus négliger la vision à moyen et long terme, par contre le manque de vision est flagrant, quoi qu’on en raconte, en politique. Il en résulte entre elles suivant les pays des divergences d‘appréciation parfois profondes de situation dans le domaine socio-économique. Alors que la Politique devrait mener un jeu global sur la planète océane, que ce soit pour un pays comme pour l’Union Européenne, où sont les Churchill, les Jean Monnet et les De Gaulle, les Hommes d’État dont nous aurions besoin aujourd’hui?

Combien de dirigeants d’une cité, voire d’une région, traitent-ils les questions importantes pour leurs concitoyens à partir d’une vision globale, ou mieux glocale autre leçon tirée par les Japonais de leur défaite, qui leur permettrait de résoudre au mieux les questions du moment en les orientant vers l’avenir au lieu de se contenter d’à peu près quand ils ne se réfugient pas dans le déni des réalités. Ce furent, ce sont toujours, à la différence de nombreux partis de gauche européens, la difficulté et l’incroyable paradoxe de la gauche française incapable de rompre avec une idéologie réductrice enfermée dans une désolante ligne « Maginot » lui faisant croire, au rebours de la réalité mondiale qu’elle refuse, que les solutions qu’elle promeut sont d’importance mondiale! Mélange d’obscurantisme et de vanité, qui malheureusement s’est dévoyé de façon déplorable dans ce que l‘on appelle l‘extrême-gauche! La question est d’ailleurs la même pour la majorité des syndicats et les déclarations décentrées des uns et des autres sur la “mondialisation” l’illustrent sans fard au détriment des progrès du pays, de la création de richesses et donc des emplois.

On ne peut accéder à cette vision indispensable que dans la mesure où ceux qui devraient l’assumer disposent et emploient des outils intellectuels permettant d’en examiner toutes les données dans leur triple état, d’origine, de présence et de futur, chez soi et chez l’Autre.

Les marins américains disposaient depuis la fin de la guerre de Sécession, en l’améliorant de façon continue, d’un outil méthodologique très complet pour les situations d’affrontement et d’hostilité, interdisant en particulier une attitude intellectuelle comme celle de l’amiral Ugaki, au moment de son jeu de guerre. Après des aller/retour entre les deux rives de l’Atlantique jusqu‘après la Deuxième Guerre Mondiale, les marines occidentales l’ont fait leur depuis, de même que les Armées désormais, en essayant de l‘étendre aux situations de crise.

Dans les situations de plus en plus difficiles de maintenant pour tous acteurs, militaires comme civils et politiques, il y faut un ensemble de disciplines de plus en plus variées dont seule la référence à la Finalité commune du Projet peut permettre la confluence et la connivence des esprits, condition du succès.

Les méthodes de travail sont nombreuses suivant la nature des projets et la littérature devient immense sur le sujet, mais il faut ne jamais oublier, à l’ère du tout informatique et du tout scientifique, qu’elles doivent toutes s’appuyer sur les humains dès lors que ce sont eux qui doivent agir et que l’étude des risques de toute nature qui est indispensable doit toujours être complétée par celle des chances sauf à s’immobiliser ou refuser l’action ce qui consiste à laisser le terrain à l’Autre. La transformation des gouvernants en gestionnaires en est la conséquence la plus immédiate à la tête des États, comme dans certaines entreprises.

Le Projet est la donnée immédiate de l’Action hors de laquelle on va d’amateurisme en immobilisme quelles que soient l’importance et la nature des moyens affectés et des objectifs proposés. 

Un Projet qui ne repose pas sur une vision globale, générale, mondiale le cas échéant, de ses intérêts et de ses vulnérabilités ainsi que celles de l’Autre ou des Autres avec qui on pourrait être en concurrence, indifférence, coopération ou hostilité, n’a que peu de chances de se voir réalisé. Si l’on pouvait peut-être en faire abstraction à l’ancienne ère d’un monde ouvert, immense, à conquérir, où la supériorité en moyens matériels pouvait faire merveille, c’est désormais terminé sur notre planète fermée où seule cette globalité donne la supériorité non seulement à terme mais également dans l’immédiat par l’analyse qu’elle permet à tout moment.

C’est évidemment plus facile pour un État sans concurrence interne comme les États-Unis que pour l’Union Européenne qui n’arrive pas à trouver de Projet commun que ce soit pour sa politique extérieure ou sa politique de Défense pour n’en citer que deux. Il faut dire que c’est très difficile pour “Babel”, une Babel qui a perdu la vision de ses fondateurs et dont la vocation européenne de chacun des États s’arrête un peu trop souvent aux subventions ou avantages qu’ils attendent de Bruxelles.

Il y a quatre ordres de faits dont Midway nous rappelle qu’on ne peut s’abstraire aujourd’hui dans quelque projet que ce soit, le projet militaire étant aujourd’hui probablement le plus facile à concevoir dans son aspect technique et tactique car, au-delà, il dépend du Projet politique dont il est généralement bien difficile de savoir ce qu’il est, les politiciens ayant une répugnance naturelle à s’avancer sur des options qui pourraient leur être reprochées y compris par leurs amis aux élections suivantes!

Ces quatre données sont :

  • l’Intelligence, 
  • la Logistique,
  • le Temps et
  • les Hommes,

hétérogènes, pluriels et interactifs d‘une façon de plus en plus subtile en fonction des progrès technologiques qui ne cessent de s’accélérer.

L’Intelligence est un terme toujours ambigu en français. Midway en éclaire la signification anglo-saxonne préférée: “Savoir pour agir”.

C’est ce que Nimitz a remarquablement fait. En France, derrière ce terme se cachent deux autres acceptions du mot. D’une part il décrit les capacités cérébrales des personnes dont hélas bien des exemples indiquent qu’elles ne brillent pas nécessairement par la véritable connaissance des gens et des choses, et d’autre part il s’exprime préférablement par “savoir pour comprendre” ce qui, toujours indispensable, est aussi une grande tentation pour notre péché mignon: la théorie, pouvant se dévoyer en idéologie et tout cela sans agir ou avec le minimum d‘action. C’est pour la même raison qu’excellents en recherche fondamentale, les Français ont souvent le plus grand mal à exploiter leurs trouvailles, au point que maints découvreurs vont faire fructifier leur travail dans d’autres pays plus habitués à l’action et moins au discours et à la gratifiante philosophie politique de l’immobilisme. Le sexe des Anges n’est pas propre à l’ancienne Constantinople. La réalité de l’Intelligence, pour ceux qui veulent peser sur l’avenir, le leur, celui de leur entreprise, celui de leur pays, c’est l’ensemble “Savoir pour Comprendre pour Décider pour Agir”, dont tous les termes sont interactifs jusqu’au Terme du Projet.

  • Seuls ceux qui sont capables de les maîtriser peuvent être des « patrons ».

Le savoir est donné par la continuité de l’information, certaine, incertaine, floue, inconnue, et même insoupçonnée (pauvre Nagumo!) avec tous les moyens et technologies, etc. nécessaires, tandis que le comprendre est la capacité d’aller à l’essentiel de cette information en fonction du Projet, pour imaginer et conduire les meilleurs moyens et manœuvres jusqu’à l’obtention des objectifs ou finalités proposés.

A l’aune de cette mesure les amiraux américains ont été très supérieurs à leurs homologues japonais, dans la décision et dans l’action.

Cette Intelligence doit être offensive et manipulatrice chaque fois que nécessaire. Quand on lit les auteurs de certains discours français sur l’intelligence économique – et mieux vaut ne pas parler de renseignement – leur refus des réalités voire pour certains leur angélisme, finiraient par faire croire que l’Intelligence les a totalement désertés.

Sur ces sujets nous sommes en retard d’une génération non pas tant dans les moyens matériels ou la capacité d’analyse mais dans la mentalité qui a tendance à assimiler intelligence avec espionnage quand ce n’est pas trahison ou à la refuser simplement pour des raisons de coût ou pire par peur de perdre de l‘influence voire simplement de l‘importance. Si la mentalité américaine avait été celle là, ils n’auraient pas été capables de maîtriser l’offensive sur Midway.

L’Intelligence est renforcée par la mémoire vivante de l’entreprise comme de la société, permettant de comprendre le pourquoi et le comment de la situation du moment, les siens comme ceux de l’Autre.

Encore faut-il entretenir ces mémoires vivantes à ne pas confondre avec les presque toujours inutiles et lugubres commémorations ou à l’extension des musées! Si musées et commémorations sont indispensables à la culture et l’adaptation au passé réel d’un peuple, comme instrument de l’intégration des citoyens, encore faut-il les choisir et il ne faut pas que cela devienne systématique et qu’en ouvrant jour après jour ces instruments du souvenir on oublie la mémoire de bien des éléments immédiats du pays comme par exemple l’arrivée d’immigrés de diverses cultures confrontée à l’histoire d’un peuple qui n’avait pas hésité à faire le massacre de la Saint Barthélemy. Y réfléchir avant aurait évité bien des erreurs!

Du point de vue de la Mémoire on peut dire que Midway commence politiquement à la prise des îles Brooks, stratégiquement à son baptême et son administration par la Marine américaine, opérationnellement par Pearl Harbor et la décision de Nimitz de se battre au Large, tandis qu’elle s’exécute tactiquement par la conduite de l’attaque des porte-avions japonais par l’ensemble des forces américaines, même si les attaques des avions basés à terre n‘ont pas été réellement coordonnées avec celles des porte-avions, les moyens de communication de l‘époque ne le permettant pas facilement.

Combien d’entreprises ont-elles une véritable mémoire qui les lance en avant et leur permet de durer en s‘appuyant sur cette mémoire pour évoluer de façon continue en fonction de l‘évolution des marchés, des technologies, etc.?

Combien d’États ont-ils des livres d’histoire qui ne soient pas des récits d’histoires arrangées qui vont en réalité en sens inverse de ce qui permettrait d‘avancer vers l‘avenir?

Les exemples de la Turquie et du Japon, pour n’en citer que deux, sont assez révélateurs de cette incapacité à regarder en face les réalités, d‘où les difficultés pour trouver des solutions aux situations qui en découlent. Mais nous-mêmes en France sommes-nous sûrs de traiter la Révolution et bien d’autres thèmes dans nos écoles d’une manière qui ne soit pas plus ou moins cyniquement et idéologiquement faussée? Et qu’en est-il des hurlements de certains, toujours les mêmes d’ailleurs, sur la colonisation et l’esclavage où le moins que l’on puisse constater, au-delà d’une systématisation idéologique et d’un désir effréné d’exposition médiatique, c’est une ignorance profonde de la réalité de ces faits à leur époque, à toute l‘évolution qui s‘en est suivie, et aux données globales concrètes d‘aujourd’hui?

La Logistique mobile est un complément obligatoire de l’Intelligence pour construire un véritable dispositif. C’est la base de la mobilité stratégique.

C’est comme cela qu’elle était déjà envisagée par Léon VI le Sage, empereur de Byzance dans son “Tactica” au Xème siècle, où il précisait comme important d’embarquer sur les navires de charge accompagnant les trirèmes de combat, ou « dromones », non seulement tout ce qui est nécessaire au soutien des forces engagées dans une opération mais aussi de multiples matériels dont on pourrait avoir l’utilité en cas de surprise ou de besoin inattendu, « de façon à ne pas connaître d’échec, faute de cette précaution ». Certains États au XXIème ne l’ont toujours pas compris ni pris en compte, alors que vivant sur une planète de plus en plus océane, c’est par la logistique et le mouvement qu’ils pourraient faire avancer concrètement leurs projets, défendre leurs intérêts et affirmer leur souveraineté dans ce qui en reste. Sur ce point Midway est également instructif.

La logistique est la donnée la plus importante sur laquelle ont buté les plans japonais qui n’avaient pas pris en compte les distances auxquelles ils vont être affrontés pour la première fois en situation de guerre, ce qui n‘était pas le cas lors du raid sur Pearl Harbor effectué en période de paix. C’est une des raisons pour lesquelles Yamamoto n’a pas eu la possibilité de regrouper ses forces après le désastre du 4 Juin pour attaquer à nouveau Midway. Ses ravitailleurs étant déjà désorganisés à la suite du mauvais temps il ne lui aurait été possible de présenter un véritable dispositif offensif qu’à la condition d’en prendre le temps, un temps qui lui était interdit par son plan d’opérations. S’il avait disposé, à l’image de celle que développeront par la suite les États-Unis, d’une capacité de mobilité stratégique qui dit bien son nom et d’une formation en dispositif de ses moyens, les porte-avions américains auraient eu bien du mal à s’opposer à lui avec succès. On peut même penser qu’ils auraient perdu, mais cela serait resté comme Pearl Harbor un coup d’épée dans l’eau, car même si les Japonais avaient envahi Midway, voire Hawaï, ils n’auraient jamais eu les moyens logistiques pour “tenir” face au développement de la marine américaine qui, six mois après Midway, pouvait déjà aligner près de quinze porte-avions avec tout l’accompagnement nécessaire. De ce point de vue les réserves du Haut État-Major japonais étaient bien plus réalistes que l’engouement à courte vue de leurs marins.

Si nous commençons en France à avoir des formations intéressantes en logistique, nous en sommes encore trop souvent à une logistique matérielle nationale où le camion paraît être le roi alors qu’en 2020 il aura tellement saturé les routes, autoroutes, canaux et ferroutages divers qu’il faut la penser dès maintenant à une toute autre échelle et avec de tous autres moyens.

Le Temps est non seulement une donnée essentielle mais aussi hétérogène, d’autant plus difficile à maîtriser que le temps du Projet, celui des acteurs sur le terrain, et celui des moyens matériels engagés sont très différents, chacun pouvant varier indéfiniment de l’immédiat au très long terme et inversement en fonction de rythmes particularisés eux-mêmes extrêmement variables.

Il est indispensable d’en maîtriser l’ensemble pour commander avec succès… Il en est de même en Politique où c‘est encore plus subtil et délicat. Si en ce qui concerne chacun de nous le Temps conduit à la mort, il est aussi, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, “pulsion de vie”. On le retrouve aussi bien dans les textes les plus anciens que dans le fait que nous sommes capables de le plier dans certaines conditions à nos projets: notre pensée et notre volonté nous donnent un certain pouvoir sur le temps… c’est l’essence même de la création et de l’Action. Il faut néanmoins se souvenir que quoi qu’il se passe, quoique l’on ait à décider, quoi que l’on pense et projette dans le futur, tout tient dans ce terme très fort “maintenant”, qui marque nos limites et celle de nos projets, remet à sa juste place tous les conservatismes comme toutes les idéologies. Rien ne se réfère, ne se décide, ne s’agit que dans ce “maintenant”, éclairé dans sa gestation par la Mémoire et dans ses conséquences par la prospective et ses nombreux outils. Il domine toute action et la conscience qu’en ont eu Japonais et Américains a permis aux seconds de jouer en permanence de l’Anticipation, seule façon de saisir au mieux l’instant décisif qui peut se manifester à un moment qui généralement ne se reproduira pas. C’est ce qui a fait la gloire de la TF 16, suite plus que probable d’une remarquable appréciation cinématique globale entre toutes les forces mises en jeu qui a permis l’arrivée à l’instant décisif des bombardiers de la TF 16 même si l’amiral Spruance s’est défendu d’avoir eu ce génie.

L’espace/temps de l’Océan est différent de celui de la terre, y compris pour les militaires dans l’emploi de l’indispensable aviation embarquée, enrichie aujourd’hui des missiles de croisière, qui donne allonge, vitesse et autonomie politique.

Il en est de même pour de multiples activités civiles grâce à l’embarquement d’hélicoptères que l’on retrouve de plus en plus souvent sur les navires de recherche, plates-formes pétrolières, y compris grands yachts privés, etc. Terre et Mer ont des “signatures temporelles” différentes, mais complémentaires désormais sur notre planète.

L’Océan a le Temps, et face aux urgences de la terre, il agit lentement mais sûrement, ce qui permet à ceux qui le connaissent bien de maîtriser au mieux toutes les possibilités d’anticipation que lui procure cet espace/temps surtout lorsqu’il est complété par l’Intelligence. Il connaît l’urgence face aux situations dangereuses des navigations mais pour lui rien n’est jamais perdu et il a toujours en vue le but de sa navigation qu‘elle soit pacifique ou guerrière.

Si les terriens se massacrent par millions, d’autant plus et plus vite qu’ils ont moins d’espace comme en Europe occidentale, l’Océan prend son temps et fait son effort à ses rythmes pour préparer, transporter et soutenir les moyens nécessaires à une victoire finale comme cela a été le cas lors des deux Guerres Mondiales européennes du XXème siècle. Il en est de même de l’activité commerciale grâce au navire transocéanique, dont le développement augmente dans des proportions similaires à celle des besoins et des désirs d’une population mondiale qui croît vers les 10 milliards d’individus d’ici 2050. Aussi est-il très regrettable que nos entrepreneurs et nos politiques ne paraissent pas prendre la mesure des investissements à faire pour les trente prochaines années dans ce domaine, au lieu de laisser nos concurrents, européens, américains et asiatiques, s’en emparer. Nous y perdons des dizaines de milliers d’emplois. N’oublions jamais que notre pays, en tête dans le propulsion vapeur des navires au milieu du XIXème siècle a continué à subventionner la construction de voiliers jusqu’en 1919, tandis que Britanniques et Allemands prenaient la tête du commerce maritime mondial… Nous sommes incorrigibles.

  • Les Hommes sont la pièce centrale de tout dispositif dans quelque activité que ce soit

Assez étrangement il y a eu ces dernières années dans les affaires militaires des tentations de la gommer avec des théories du “zéro mort”, sauf évidemment chez l’adversaire, ou de “presse boutons”, qui ont toutes deux fait faillite comme le montre l’actualité car seuls les hommes peuvent conduire et terminer une action ou une opération militaire.

On retrouve ces mêmes tentations dans bien des entreprises pour de sombres motifs de rendement qui multiplient malheurs et désordres et contrairement aux apparences il en est de même dans les États où l’on confond souvent quantité et qualité des fonctionnaires, d’où des luttes homériques se faisant sur le dos des populations, de l’emploi et du développement des richesses.

Midway démontre des deux côtés l’importance des hommes, de leur courage face à l’adversité, des valeurs qu’ils incarnent et défendent, de leur imagination, leur créativité, leur agressivité intelligente… Si les Américains ont gagné c’est grâce aux erreurs des “patrons” adverses qui intellectuellement et moralement n’ont pas été à la hauteur de leur Projet, alors que les qualités individuelles des Japonais valaient celles de leurs adversaires américains. Cela indique à la fois l’importance de tous ceux qui participent à une action quel que soit leur niveau de responsabilité et celle, plus importante encore car elle entraîne le tout, de ceux à qui est confié le commandement. Cela est vrai partout.

La façon de commander – différence fondamentale entre Nimitz et Yamamoto – est essentielle d’autant que les situations d’aujourd’hui exigent des hommes à Métis, des hommes de synthèse et de haute culture, capables de maîtriser en permanence la situation et ses évolutions comme de passer de l’attente rusée à l’exécution chaque fois que nécessaire ou chaque fois que se présente l’occasion. Cela implique le sens des délégations d’autant plus indispensables que le Projet est plus important et les moyens plus nombreux, plus complexes et plus diversifiés. Pour sélectionner ces patrons il faut se méfier des formations qui sacrifient trop à l’esprit d’analyse, au goût excessif des diplômes, au confort d’idéologies confortables et qui répugnent naturellement à tout ce qui a une connotation non logique, passionnelle c’est-à-dire humaine, et à s’y affronter pour le bien de l’ensemble. Seuls y atteignent ceux qui sont avant tout capables d’une “vision” globale de la situation dans son passé, son présent et l’avenir qu’on veut obtenir avec toutes leurs conséquences… Encore faut-il que ceux qui ont peur de tout alors même qu‘ils occupent les plus hautes fonctions ne finissent pas par les décourager de s‘y manifester pour le plus grand dommage du pays et le bien de ceux chez qui ils se rendront en désespoir de cause. La révocation de l’Édit de Nantes en est l’exemple le plus affligeant dans notre histoire pour ne pas parler de bien des situations actuelles avec l’exode des cerveaux et des finances qu‘il est stupide de nier.

  • Le “dispositif” est l’organisation générale de ses moyens de toute nature dans un Espace/Temps/Intelligence que l’on veut imposer à l’Autre

Il est la clé de la réussite ou de l’échec plus encore peut-être que les moyens matériels mis à disposition. Il accélère et manifeste l’énergie de l’ensemble, « énergie tenant à la cohérence et aux liaisons de ses points forts, elle-même fonction d’une exacte appréciation de leurs distances, distances de toute nature, physique, culturelle, technologique, financière, etc. »

Midway l’illustre remarquablement dans le domaine naval. Clausewitz l’avait perçu en en faisant le « fils de la stratégie » mais limité au terrestre il n’a pas pu développer toutes ses ressources. C’est Mahan qui l’a le mieux compris dans ses observations et recommandations d‘où est sortie la notion de « Task Force ». On peut en étendre le concept à tout ce qui concerne l’action sur notre planète depuis l’activité amoureuse jusqu’aux plus grandes opérations financières, économiques ou politiques en le distinguant du terme “réseau” qui recouvre surtout l’ensemble des moyens de communication et/ou les relations de toute nature, internes ou externes, mais qui n’impliquent pas nécessairement une action commune dirigée et commandée par un « Patron ».

  • Le réseau a plus une connotation et un but d’influence, d’information, de présence silencieuse ou ostensible, etc.

Certaines organisations peuvent cumuler les deux aspects comme les « pieuvres » des diverses maffias, particulièrement les familles siciliennes et les triades chinoises et d‘une certaine façon les « nébuleuses » des terrorismes internationaux. Les entreprises ont compris l’intérêt du dispositif tel que les marins le pratiquent, puisque la plupart d’entre elles ont pris à leur compte la notion navale de Task Force, ensemble de moyens complémentaires agissant sous le commandement d’un patron pour une mission déterminée, réalisant exactement l’énergie transversale adaptée au projet, ce qui n‘élimine surtout pas les réseaux officiels et/ou informels travaillant directement ou indirectement, consciemment voire inconsciemment, pour elles.

  • C’est par le dispositif et en lui que s’exécute l’action proprement dite que ce soit aux niveaux tactique ou opérationnel d’ampleur plus ou moins grande suivant la finalité recherchée par le Projet et l’ensemble des moyens matériels et humains mis à la disposition du “patron” de ce dispositif.

Il repose sur quatre mots Apparence et Intention, Immédiat et Terme du Projet ou de l’Action, et doit satisfaire aux deux principes de l’Action en milieu concurrentiel et/ou hostile, celui d’Incertitude et celui de Foudroyance, avec un point d’interrogation central: quels hommes? quel patron?

Pour le bâtir, ou mieux l’organiser au sens étymologique du terme : fonctionnement synergique de la matière vivante, et en ce qui concerne les humains de la matière pensante, il faut deux conditions hors desquelles il n’aurait pas de sens: l’Intelligence et la Logistique mises au service du projet inséré dans la vision globale de qui l’on est? ce que l’on veut? dans quel monde? pour quoi faire? A Midway on se rend vite compte que le Japon ne possédait pratiquement aucune des conditions qui lui auraient permis après la traîtrise de Pearl Harbor de bousculer les Américains jusque sur leurs approches du Pacifique et que son Haut-Commandement en était conscient. Face à l’organisation en fer de lance des Japonais, sans logistique mobile, sans Information, qui vont jusqu’à ne pas diffuser celles qu’ils acquièrent à ceux qui en auraient prioritairement besoin, et sans soutien mutuel possible, les Américains malgré leurs moyens très inférieurs en nombre mettent en œuvre un véritable dispositif. Très proche des idées générales de Mahan, il a une double base physique, Hawaï avec le Commandant en chef et ses services d‘Intelligence et de réparations, Midway et l’ensemble de ses moyens de renseignement [9] aérien et de défense, et enfin les deux Task Force, mobiles par définition, possédant les moyens de frappe aérienne à distance.

Il est animé par la Résolution du Patron du théâtre et celle des grands exécutants Fletcher et Spruance, allant jusqu’à celle qui lance les pilotes américains dans des attaques sans succès possible immédiat sinon comme coopération première à la victoire ultérieure de leur pays dans le Pacifique.

L’ensemble des moyens des deux Task Force doit être capable d’une part de durer à la mer aussi longtemps que nécessaire et d’autre part de frapper dans l’immédiat d’une information donnant l’occasion de le faire. A son échelle c’est une illustration de ce qu’a été et continue d’être jusqu’à aujourd’hui la stratégie navale: une grande capacité de durée à la mer hors de vue et d’atteinte et une toute aussi grande capacité de frappe brutale immédiate, d‘où le fantastique intérêt politique, diplomatique, stratégique et militaire du porte-avions.

Qui n’a pas vu à la mer une Task Force de porte-avions d’attaque américain aujourd’hui a bien du mal à se représenter la puissance et la flexibilité qu’elle incarne. Il en est de même d‘une force amphibie pouvant attendre avant de frapper puis de se retirer dans les eaux internationales, car les expériences récentes du Liban, Irak, Côte d‘Ivoire… montrent sans ambiguïté que la présence de troupes étrangères n‘est plus longtemps supportée par les populations. Seule la Marine des États-Unis avec les « Marines » et les moyens spatiaux nécessaires conjugue les deux à une échelle significative. Quant aux Japonais, ils ont confondu puissance et énergie, alors même que leur manque de dispositif réduisait par éclatement leur puissance sans leur donner d’énergie.

  • Une telle façon d’envisager les rencontres avec des moyens adaptés n’est pas limitée au domaine militaire.

Elle est très intéressante pour de nombreuses activités sur notre Planète Océane, émiettée, archipélisée, pleine de flou et de brouillard où de multiples manœuvres sont d‘autant plus recommandées que l‘on est capable de tromper l‘Autre jusqu‘au dernier moment comme l‘ont fait les Américains. Cette observation est toujours valable dans la plupart des affaires du monde. Il suffit de regarder l’évolution de la situation en Irak pour le constater et à quel point les banlieues françaises n’étaient heureusement pas globalement « organisées », contrairement à ce que l’on a dit parfois, ce qui a permis de les “pacifier” sans avoir besoin d’aller très haut dans l’échelle de la Force publique malgré l’extension des troubles à de multiples foyers. Il faudrait y porter la plus grande attention pour l’avenir si l‘on ne veut pas voir s‘y développer cette fois ci une véritable organisation que l‘on aurait infiniment de mal à contrôler.

Au delà des Task Force de circonstance en fonction d’objectifs précis, il devrait en être de même globalement pour toute entreprise comme pour tout État. S’ils veulent avoir l’énergie maximale pour réussir leurs projets, il et elle doivent se penser et s’organiser en dispositif global. Pour l’entreprise, qu’elle soit ou non entreprise-archipel, c’est avec ses trois grands systèmes de forces:

  • le capital,
  • le management,
  • la force de travail,

qu‘elle doit s‘organiser pour aboutir à une adhésion de l‘ensemble des personnels à un projet commun mené par le Président.

Or depuis quelques dizaines d’années on assiste à la dégradation continue de ces notions de base où l’excès des demandes du capital entraîne celui du management qui, se sachant sur siège éjectable, demande des garanties elles aussi excessives tandis que la force de travail ne demande plus, à l’imitation des deux autres, qu’à avoir plus de rémunération contre moins de travail même si ce travail est excellent… Ces attitudes sont suicidaires à terme et se traduisent par des pertes d‘emploi dans les pays développés puisque c‘est le personnel qui est le plus cher et que c‘est donc lui qui doit diminuer! C’est d’autant plus grave si l’on doit s’affronter à d’autres entreprises organisées en véritable dispositif. Midway le rappelle à ceux qui l’oublieraient et qui ne comprennent pas que cela réagit directement sur le marché de l’emploi car il est désormais mondial et aucun gémissement n‘y changera rien comme le montre ce que l‘on appelle les « délocalisations » qui sont des exportations de savoir faire mais trop souvent faussées financièrement et humainement sur le long terme.

Sans projet prenant en compte l’Espace/Temps/Intelligence/Droit/Médias, et s’appuyant sur un véritable dispositif général, on peut faire un “coup”, avec une Task Force appropriée comme les Japonais sur Pearl Harbor… ou comme certaines exportations juteuses où l’on « oublie », parce que trop chères, la logistique et l’information… Mais ensuite on perd le marché au profit d‘un autre, ce qui est logique car le manque de dispositif général est signe du manque de Projet crédible ou du moins de l’inadéquation du projet affirmé avec la réalité des faits, ce qui fut le cas des Japonais.

La question est la même à l’échelon des États, en plus difficile et plus complexe, mais “les faits sont têtus” et les idéologies partent régulièrement à la “poubelle de l’histoire” telle que la proclamaient à notre intention ceux qui en ont été les grands spécialistes et qui, tombant dedans par un juste retour des choses, ont ruiné leur pays. Aussi la seule façon de prendre en compte ces faits est de les connaître, mais dans leur totalité et non pas par des a priori ou des éléments seulement subjectifs en commençant par le mépris voire la haine de l’Autre quelles qu’en soient les raisons. A partir de cette connaissance on peut alors commencer à gouverner et abandonner le triste fonctionnement actuel en groupe de gestion du quotidien se pliant à toutes les surenchères au fur et à mesure de la perte de confiance des gouvernés. Le cas français devient dramatique de ce point de vue. Si Nimitz s’était contenté de gérer ses moyens, il aurait rapidement été démissionné de son commandement.

Elle est à la fois souffrance par les possibilités qu’elle ferme dans son choix et liberté par concentration des énergies sur ce choix. Elle n’est pas instant unique mais elle est continue d’un bout à l’autre de l’action et aux divers niveaux où elle s’exerce, jusqu’à l’obtention des résultats recherchés par le projet. Elle n’a guère de sens sans délégations et sans informations dès que la situation devient complexe.

La triste expérience de la formation japonaise montre à quel point une décision unique au départ de la flotte du Mikado a rapidement entraîné une catastrophe. Il en est de même aujourd’hui dans toutes les organisations pyramidales qui ont tendance à très vite s’immobiliser et perdre leur énergie initiale si elles ne sont pas compensées par un ensemble de délégations donnant à chaque niveau un espace de liberté lui permettant d’inventer les solutions de son niveau qui soient porteuses de dynamisme et de succès dans le respect de la finalité du Projet. C’est la clé du fonctionnement en dispositif comme l’ont marqué les amiraux américains. Aujourd’hui, ère de l’immédiat, c’est d’autant plus important et se traduit au moins dans les marines affrontées à des situations évoluant très rapidement par le « commandement par veto » merveilleux accélérateur des actions et réactions, à la condition de disposer à chaque niveau de décision des hommes capables de l’assumer.

Quand on voit le fonctionnement de certains États avec plus de quarante ministres et sous-ministres, on se rend compte de la paralysie progressive qui s’installe très vite, quand bien même on tente de la combattre par la multiplication de comités interministériels… généralement incapables de prendre de véritables décisions. En effet, le fondement de la Décision à quelque niveau qu’elle s’exerce est d’être, après toutes les consultations et études nécessaires, le fait d’une seule personne qui en prend la responsabilité. Chacun des amiraux américains a pris les siennes dans ses décisions au niveau où il était placé et cette attitude est descendue jusqu’à l’échelon individuel dans l’attaque des porte-avions japonais. Cette prise de responsabilité a de moins en moins cours, semble-t-il, étant souvent remplacée par la « danse des parapluies ».

Pratiquement permanents dans les jugements que l’on porte aussi bien sur son projet que sur les divers possibilités d’action, les deux principes d’Incertitude et de Foudroyance sont, dans le respect de la ou les finalités du projet, les références essentielles dans les choix que fera chaque patron. Aussi faut-il insister sur les risques considérables que l’on prend en confondant principe et procédé.

Il est assez étrange qu’il puisse y avoir une littérature aussi développée sur ce sujet où suivant l’humeur des uns et des autres on a fort peu ou beaucoup de principes,[10] mélangés avec des procédés, mélange souvent explosif! Il est vrai que principes et procédés sont étroitement liés mais à les confondre on confond ce qu’il en est de la manière d’être et ce qu’il en est de la façon d’agir.

C’est Sun Tse qui est le plus profond sur ces sujets, comme sur bien d’autres d’ailleurs dont le renseignement, car il a compris avant les autres que le principe est de l’ordre du structurel, de la substance, du fondamental, du permanent, et qu’il en est fort peu dans notre monde humain, alors que le procédé l’est de celui du conjoncturel, de la contingence, de la situation du moment et qu‘il faut en inventer en permanence pour surprendre l’Autre, sa validation se faisant au fur et à mesure du déroulement de l’action, par référence aux principes.

A Midway les Japonais ont érigé en principe leur supériorité matérielle et l’attaque de vive force, alors que ce n’était qu’une des données acceptables techniquement pour Pearl Harbor et sans rapport avec l’affaire bien plus complexe et difficile qu’était cette nouvelle attaque. Dès lors ils ne pouvaient que s’accrocher à ce principe malgré les évidences apparues dès le jeu de guerre d’Ugaki. Le résultat a été à la hauteur de l’erreur. En France, on a toujours été et l’on est toujours ferme sur de faux principes, spécialement en politique, conséquence du goût excessif de la théorie et de l‘idéologie, mais y compris malheureusement parfois dans les Armées. “ La défensive seule est républicaine” proclamait Paul Reynaud, ce qui en soi est quand même inouï comme déclaration mais explique bien de nos attentismes et de nos malheurs…! tandis que le Maréchal Pétain avait, parmi bien d’autres prononcées par ses pairs, ces fortes paroles en 1935: “Le front continu, cette grande révélation de la guerre, est la meilleure des garanties. Le front continu suffit à tout”… On l’a vu hélas! avec la victoire des panzers allemands en 1940. De telles déclarations, dont on peut trouver les équivalents aujourd’hui dans un certain nombre de déclarations politiques, manifestent une faiblesse mentale et morale, aggravée depuis 1968 où un brillant journaliste n’a pas hésité à la traiter de « sida mental », que l’on retrouve à l’œuvre dans bien des positions et des déclarations sur les grandes questions du moment, que ce soit en économie, en social et dans l‘Éducation nationale! On la retrouve dans le peu d’intérêt séculaire du pays pour sa Marine et ses marins qu’il n‘était pas question d’écouter, sauf au rare moment de la guerre de l‘Indépendance des États-Unis d‘Amérique, dont la Révolution a malheureusement ruiné toutes les promesses qui se sont achevées à Trafalgar. Ce fut une démonstration terrible que lorsque les patrons, y compris Napoléon, ne sont pas à la hauteur pour quelque raison que ce soit, le résultat ne se fait pas attendre. Il est temps, pour reprendre un mot à la mode que sur ce sujet comme sur bien d’autres on assiste à une « rupture » pour le bien du pays en commençant par celle du galimatias habituel des discours officiels sur la nécessité de la réforme!

S’il ne faut pas généraliser les leçons d’une bataille et vouloir les étendre sans discernement, car heureusement les conditions de la concurrence et de l’hostilité sur notre planète ne montent pas nécessairement à ces extrêmes de la violence que nous avons connus, le fait de passer de façon de plus en plus évidente vers une Planète émiettée, hétérogène, floue, dangereuse… une Planète Océane, donne à cette bataille navale un intérêt particulier.

– D’une part, en effet, elle se présente comme un cas concret, limité mais réel, du passage des solutions séculaires centrées sur la Force, les gros bataillons, le sang versé, à celles mettant en œuvre l’Intelligence, la souplesse, les dispositifs mobiles, et tout ce qui met l’accent sur la qualité humaine sous tous ses aspects. C’est l’inverse de la solution unique qui ne cesse de s’effondrer sous nos yeux dans les politiques nationales comme internationales.

– D’autre part, pour qui veut “penser l’Océan”, comme source de réflexions sur notre Planète Océane, elle est une bonne occasion d’approfondir sa pensée sur la situation actuelle, la dimension particulière et éclatée du Temps, l’intelligence, la nécessité de l’esprit de synthèse, la globalisation, les risques et le flou, avec l’évidence qu’il n’y a pas de navigation sans but, sans finalité, l’inaction y étant inconcevable, tandis que sont de plus en plus indispensables l’esprit de décision et la Résolution que ce soit face aux éléments ou face aux hommes!

– De plus, elle manifeste de manière remarquable aussi bien dans le succès américain que dans l’échec japonais l’importance du respect des deux principes de l’action en milieu hostile ou concurrentiel – l’Incertitude et la Foudroyance – et celle de ne jamais vouloir donner à des procédés ce statut de principe dont on sera ensuite esclave. C’est certes reposant dans ce dernier cas puisque on ne peut discuter un principe, et cela convient donc trop bien à beaucoup d‘incapacités ou de refus de responsabilités.

– Par ailleurs, elle rappelle que toute activité sur notre planète, au même titre que sur l’Océan, doit se penser comme un tout et que compte tenu de son hétérogénéité seules de larges délégations dans l’action peuvent permettre de la contrôler dans ses applications. En effet, s’il est relativement facile de transformer la terre et de la plier à ses besoins et ses désirs avec parfois de redoutables conséquences, il n’en n’est pas de même de l’Océan. On ne peut rien contre sa puissance et l’ensemble hétérogène de ses caractéristiques, ce pourquoi il est une exceptionnelle école de formation, de formation continue, pouvant préparer des « patrons » particulièrement avertis comme Nimitz pour les marins et comme bien d‘autres dans leurs activités si variées soient-elles. L’Océan est “maître es-globalité et es-délégation” et il est bon de suivre ses leçons en toute activité.

– Enfin, compte tenu de la lenteur qui est inhérente à l‘Océan, que ce soit dans ses mouvements internes comme dans ceux de ses navires, il ne trouve son plein usage que dans la capacité de marier en permanence ce qui est du court voire très court terme face à l’ensemble des données immédiates de la navigation et des risques divers dus aux éléments et aux hommes, et celles du Terme voire du long terme pour les buts de la navigation, tandis que l‘avion, le missile et les technologies modernes lui donnent des possibilités de rapidité incomparables.

La bataille de Midway aura été, et avec elle tous ses acteurs, un moment particulier, spécial mais très important car, outre son impact immédiat sur la conduite de la guerre du Pacifique chez les deux adversaires, elle est encore aujourd’hui porteuse d’enrichissantes leçons pour tous ceux qui, aux affaires civiles, militaires et politiques, veulent dépasser les enfermements pyramidaux, hexagonaux, nationalistes… qui prolifèrent encore à la surface du globe, et prendre la véritable mesure de notre monde du XXIème siècle. Pour y réussir il faut des hommes capables de répondre en permanence à la question suivante: « Ce dont nous disposons et que nous comptons mettre en action en termes d’Hommes, d’Intelligence, de Mobilité, de Temps, d’Énergie et de Dispositif, est-il cohérent avec la stratégie choisie pour atteindre, à travers ses objectifs, la Finalité recherchée par et dans la vision sur laquelle est bâti notre Projet ?»

Intelligence de la vision, Intelligence de la délégation et Intelligence du Temps, soutenues par l’Intelligence/Information, dans l’ensemble de ses tenants et aboutissants comme ce fut le cas à Midway, sont les premières manifestations de ce qui est plus que jamais nécessaire aujourd’hui. A nous tous de savoir en tirer les leçons qui nous conviennent où que nous soyons situés et à en faire notre profit. C’est peut-être aussi, à l’époque où l’on met tout en doute ou en dérision, un hommage à tous ceux qui sont morts pour leurs pays et spécialement ceux qui ont donné leur vie pour la liberté dont nous jouissons toujours.[11]

Guy Labouérie

[1] Discours prononcé à Arlington, (Virginie), le 3 juin 2004 lors du dîner anniversaire de la bataille de Midway par le Secrétaire à la Marine, Gordon England. Voir également le discours de l’ancien Secrétaire à la défense, James R. Schelsinger: « Midway in Retrospect: The Still Under-Appreciated Victory ».

[2] War Plan Orange: « La seule surprise de cette guerre avec le Japon sera les Kamikaze » dira Nimitz… En fait, les Américains s’attendaient à une attaque japonaise contre les Philippines. Les Japonais, eux, à une attaque dans une zone proche de leur pays. Il ne faut pas oublier qu’au début des années 1920, le Japon et la Grande-Bretagne étaient alliés. Les Japonais avaient une flotte supérieure à la flotte américaine dans le Pacifique et les navires de guerre japonais occupaient les ports des îles données aux Allemands après la Première Guerre Mondiale, îles qui contournant l’Australie, rendaient impossible la défense des Philippines. En 1921 à la Conférence navale de Washington, les États-Unis réussiront à substituer à cette alliance entre la Grande-Bretagne et le Japon un traité à 4 entre la Grande-Bretagne, le Japon, la France et les États-Unis, traité (The Washington Naval Arms Limitation Treaty of 1922) par lequel le Japon acceptait de limiter le tonnage de ses navires, en contrepartie duquel notamment, Londres et Washington limitaient leurs constructions de navires dans le Pacifique. Voir l’étude d’Edward Wittenberg: « Far Eastern Strategy and The Washington Conference of 1921-22 ». Durant les années 30, le « plan Orange » prévoyait un triangle de défense stratégique allant de Panama à Hawaï jusqu’à l’Alaska. A la fin des années 30, 3 bases aéronavales étaient implantées en Alaska, la première à Sitka (1937). The Joint Army-Navy Orange Plan de 1938 a été revu en avril 1941 et appelé « WPO-3 » (Liste des plans stratégiques de l’US Navy). Lire The Pacific Naval War as One Coherent Campaign, 1941-1945 par Thomas C. Hone et Trent C. Hone, publié dans l’International Journal of Naval History. Voir enfin Sea Power and maritime Affairs: Lesson 12: Naval Strategy and National Policy 1919-1941. Enfin, Away All Boats: The Army-Navy Maneuvers of 1925.

[3] Pour les Américains, la guerre du Pacifique se déroulera en quatre phases:

Carte du théâtre Pacifique dans la 2e Guerre Mondiale -- Source: West Point. -
Carte du théâtre Pacifique dans la 2e Guerre Mondiale

1ère phase: du 7 décembre 1941 à juin 1942, les Japonais mènent l’offensive dans le Pacifique en attaquant avec succès la flotte du Pacifique à Pearl Harbor,en prenant l’île de Wake et Guam, en envahissant et en conquérant les Philippines, Hong Kong, la Malaisie et en s’emparant de la base britannique de Singapour. La conquête de la Birmanie coupera la Chine de ses voies d’accès vers les Alliés à l’Ouest. Les îles de Sumatra et de Bornéo tomberont à leur tour, apportant un approvisionnement en pétrole. Mais les victoires américaines en mer de Corail et à Midway vont marquer un coup d’arrêt à l’avance japonaise en juin 1942.

La 2ème phase est une sorte d’impasse: entre juin 1942 et mi-43, ni les USA, ni le Japon ne maîtriseront les territoires, la supériorité en mer ou dans les airs pour prendre une offensive et saisir l’initiative. Ce sera l’exemple de la bataille de Guadalcanal.

La 3ème phase: la période de juin 1943 à septembre 1945 sera marquée par des offensives alliées; D’un côté la campagne du Général Mac Arthur dans le sud-ouest du Pacifique, avec des opérations amphibies jusqu’à la chaîne des îles Salomon et jusqu’à la côte nord de Nouvelle Guinée avec les Philippines comme objectif final. De l’autre, la campagne de l’Amiral Nimitz au centre du Pacifique. La stratégie de Nimitz étant de faire mouvement vers le Japon et d’imposer à la marine impériale une bataille décisive qui se déroulera en deux temps dans la mer des Philippines, en juin 1944 d’abord, puis dans le golf de Leyte en octobre 1944. Les deux campagnes de Mac Arthur et de Nimitz n’en feront plus qu’une pour envahir les Philippines. Puis ce sera l’invasion d’Iwo Jima et d’Okinawa.

Au cours de la 4ème et dernière phase, les bombardements de l’Army Air Force opérant des B-29 Superforteresses volantes  depuis les îles Mariannes ont commencé à lancer des bombes incendiaires sur le Japon, ces raids atteignant un point culminant avec le largage le 6 août 1945 d’une bombe atomique sur Hiroshima et le 9 sur Nagasaki. Le Japon se rendra aux Alliés le 2 septembre 1945.

[4] L’USS Midway a été le premier porte-avions américain à avoir son port d’attache basé à l’étranger. De 1973 à 1991, il avait son port d’attache à Yokosuka. Il est aujourd’hui ancré à San Diego où il est devenu un musée très fréquenté.

[5] Le fait que la bataille de Midway soit considérée comme une grande victoire navale ne doit pas faire oublier le rôle joué par l’aviation des deux camps, qu’il s’agisse d’avions embarqués sur porte-avions ou d’avions basés à Midway. Voir la note [3] dans Midway [10] : Le dispositif américain consacrée à l’U.S. Army Air Force et à son chef prestigieux, le général Henry Harley Arnold (1885-1950). Il sera le seul officier général américain à obtenir cinq étoiles dans l’US Army et plus tard dans l’US Air Force.

Général Henry Harvey Hap Arnold, CDT l'US Army Air Forces -- Photo USAAF. -
Général Henry Harley « Hap » Arnold 

Les Américains ont utilisé une grande variété d’avions de toutes sortes à Midway: le Brewster F2A-3 ‘Buffalo’, de la flottille VMF-221 des Marines décollant de Midway ne volera qu’en cette occasion. Complètement dépassé par les Zero, 13 des 20 avions engagés seront abattus au cours de la première attaque.

  • Avions de l’US Navy

Embarqués sur porte-avions: Avions-torpilleurs Douglas SBD-3 Dauntless; bombardiers lance-torpilles Douglas TBD-1 Devastator et chasseurs Grumman F4F-4 Wildcat.

Douglas SBD-3 Dauntless et Grumman F4F-4 Wildcat sur l'USS Santee (ACV-29) -- Naval History and Heritage Command. -
Douglas SBD-3 Dauntless et Grumman F4F-4 Wildcat sur l’USS Santee (ACV-29) en 1942 

Embarqués sur d’autres navires: Curtiss SOC-3 ‘Seagull (Biplan de reconnaissance)

A terre: les Consolidated PBY-5 et 5A Catalina pour la reconnaissance et les bombardiers lance-torpilles Grumman TBF Avenger.

  • Avions de l’US Marine Corps (basés à Midway

Douglas SBD-2 Dauntless (Bombardier) —  Vought SB2U-3 Vindicator (Bombardier) — Grumman F4F-3 Wildcat (Chasseur) — Brewster F2A-3 Buffalo (Chasseur)

Battle of Midway: U.S. Marine Corps Source: Hough, Frank O., Verle E. Ludwig and Henry I. Shaw, Pearl Harbor to Guadalcanal, Vol. 1 of History of U.S. Marine Corps Operations in World War II. (Washington: Historical Branch, G-3 Division, Headquarters, U.S. Marine Corps): pp. 205-231.

  • Avions de l’US Army Air Corps (basés à Midway)

Martin B-26 Marauder (Chasseur-bombardier armé de torpilles)

Boeing B-17 E Flying Fortress (Bombardier lourd)

Army Air Force: Battle of Midway Source: Craven, Wesley Frank and James Lea Cate, Plans and Early Operations, January 1939 to August 1942 Vol. 1 of The Army Air Forces in World War II. (Chicago, IL: University of Chicago Press, 1948): pp. 451-462.

Brewster F2A-3 (2 August 1942) -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Chasseur Brewster F2A-3 Buffalo piloté par le CdF Joseph C. Clifton

Le Buffalo, beaucoup trop lent, deviendra un avion d’entraînement. Il en sera de même pour les 11 Vought SB2U-3 ‘Vindicators’ de la flottille VMSB-241 du Corps des Marines.

Avions-torpilleurs Douglas TBD-1 "Devastator" de la 6ème flottille (VT-6) embarquée sur l'USS Enterprise (CV-6) en vol. Collection du Vice Amiral George C. Dyer, USN (R) -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Devastator » de la 6e flottille (VT-6) embarquée sur l’USS Enterprise (CV-6) en vol

Ils quitteront Midway avec les bombardiers SBD-2 Dauntless de la même unité, mais trop lents. 3 Vindicators seront perdus au cours de cet engagement, puis deux autres encore.

Des TBD Devastator de la VT-6 à bord de l'USS Enterprise se préparant à décoller durant la bataille de Midway -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Des TBD Devastator de la VT-6 à bord de l’USS Enterprise se préparant à décoller

Les plus grandes pertes enregistrées furent celles des avions lance-torpilles Douglas TBD ‘Devastator’ des flottilles VT-3 (flottille du Saratoga), VT-6 et VT-8 : 35 sur 40 seront détruits.

Vought SB2U-3_Vindicator -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Chance Vought SB2U-3 ‘Vindicator  

Patrouille de Grumman TBF Avenger -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Grumman TBF Avenge

TBM-1 Avenger -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Grumman TBM-1 Avenger

Ils seront remplacés par les Grumman TBF Avengers dont six premiers exemplaires venaient d’être livrés à Midway pour leur premier engagement mal coordonné contre les porte-avions japonais.  Sur 6, 5 seront détruits, le sixième rentrant par miracle à sa base.

Patrouille de Grumman TBF Avenger escortée par 24 F-4U Corsair -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Patrouille de Grumman TBF Avenger escortée par 24 F-4U Corsair

Mais cet avion jusqu’au Jour J en juin 1944 sera l’un des meilleurs jamais produits par l’Amérique pour ses besoins et ceux de ses Alliés. Le président George W. Bush père pilotera un de ces appareils pendant la guerre.

Les 4 nouveaux B-26 Marauder n’ont pas eu beaucoup de succès dans leur rôle de bombardiers. Armés de torpilles, ils ont particip^é à la bataille de Midway.

Bombardier B-26B Marauder de l'USAAF -- Photo USAAF. -
Bombardier Martin B-26 Marauder  

Aucune cible atteinte: deux appareils détruits.

B-17 Flying Fortress en mission de bombardement -- Photo USAAF. -
  B-17 Flying Fortress

Gravure de C. Ross Greeningn pilote de l'USAAF (Équipe Doolittle) prisonnier de guerre en Allemagne -- Document USAAF. -
Gravure de C. Ross Greeningn pilote de l’USAAF (Équipe Doolittle) prisonnier en Allemagne

Consolidated B-24D Liberator du 93rd Bomb Group -- Photo USAAF. -
Le B-24 Liberator a été construit à 18482 exemplaires… dont 12000 pour l’USAAF !

Même chose pour les B-17E. Aucun ne sera perdu, mais aucun ne réussira à bombarder ses objectifs à haute altitude. Ils seront remplacés par la suite par les B-24 Liberator, et beaucoup plus tard par les B-29 Superfortress. Pour plus de détails, lire le rapport officiel de l’Office of Naval Intelligence, « The Battle of Midway, June 3-6, 1942, United States Navy » retranscrit par Jerry Holden pour l’HyperWar Foundation

Douglas A-24 Banshee (Version USAAF du SBD Dauntless) -- Photo USAAF. -
Douglas A-24  Banshee (Version USAAF du SBD Dauntless de la Navy) 

Douglas A-24B Banshee (Version USAAF du SBD Dauntless) -- Photo USAAF. -
Douglas A-24B Banshee

Celui qui s’est le mieux comporté à Midway fut le Douglas SBD ‘Dauntless, qu’il s’agisse des versions 2 de la VMSB-241 de Midway et les autres des trois porte-avions disponibles comme avions de reconnaissance et avions-torpilleurs.

Patrouille de Douglas SBD Dive Bomber -- Photo Naval History and Heritage Command. - 
Douglas SBD Dauntless

Ce sont les Douglas SBD Dauntless et les avions lance-torpilles Douglas TBD-1 Devastator qui couleront les porte-avions japonais lors de la bataille de Midway, sous la couverture aérienne des Grumman F4F Wildcat.

Un avion torpille Douglas TBD-1 Devastator largue une torpille Mark XIII -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Un avion lance-torpille Douglas TBD-1 Devastator largue une torpille Mark XIII

Sur le front, l’autre avion très utilisé a été le Grumman F4F ‘Wildcat’ de la flottille VMF-221 utilisant une version Mark 3 depuis Midway et les flottilles VF-3, 6 and 8 mettant en œuvre la version Mark 4 depuis les trois porte-avions, avions bientôt remplacés par des F5F Hellcats.

f4f wildcat2
Grumman F4F ‘Wildcatde la 3ème flottille (VF-3)

Les patrouilles de reconnaissance et de sauvetage étaient principalement effectuées par des Consolidated PBY-5 and 5A Catalina décollant de Midway. C’est un Catalina qui donnera l’alerte, mais aussi l’un d’entre eux qui sera le premier avion abattu.

Les Curtiss SOC-3 ‘Seagull ’  transportés par des croiseurs de la TF 16 et de la TF 17 seront lancés en vols de reconnaissance les 5 et 6 juin.

Hydravion de reconnaissance Curtiss SOC "Seagull" catapulté d'un croiseur lourd de la classe New-Orleans --Photo Naval History and Heritage Command. -
Hydravion de reconnaissance Curtiss SOC Seagull catapulté d’un croiseur lourd de la classe New-Orleans

Hydravion de reconnaissance Curtiss SOC-1 Seagull -- Photo Naval History and Heritage Command. - 
Hydravion de reconnaissance Curtiss SOC-1 Seagull

Le premier avion détruit à Midway par les Japonais sera un Grumman J2F-2 ‘Duck’. Enfin, des B-24 seront employés le soir du 6 juin pour des raids nocturnes sur la base japonaise installée sur l’île de Wake occupée, mais ils rateront leur objectif.

Grumman J2F-3 Duck -- Photo US Navy. -
Grumman J2F-2 Duck   – Photo USMC

Grumman J2F-3 Duck -- Photo USMC. -
Patrouille de Grumman J2F-3 Duck de l’US Marine Corps

Avec l’arrivée des nouveaux modèles plus puissants de Corsair, les flottilles embarquées de l’aéronavale américaine et des Marines bénéficieront de la supériorité aérienne dans leur conquête des îles du Pacifique et au cours des combats aériens engagés contre les derniers modèles de Zéro, notamment.

Un des premiers FAU-1 Corsair en vol (1942) -- Photo US Navy. -
Un des premiers FAU-1 Corsair en vol (1942)

Après la guerre avec le Japon, il sera employé en Corée avant d’être remplacé par des avions à réaction plus puissants et mieux armés. 

Le Corsair sera immortalisé grâce à la série télévisée « Baa Baa Black Sheep » (« Les têtes brûlées »). Interprétant à l’écran le rôle de Grégory « Pappy Boyington », (1912-1988) pilote mythique de la flottille VMF 214 de l’USMC pendant la Seconde Guerre Mondiale, Robert Conrad.

Gregory "Pappy" Boyington -- Photo USMC. -
Le colonel Gregory « Pappy » Boyington enterré au cimétrière national d’Arlington

En 1938 la Navy cherche un appareil pour succéder à son chasseur embarqué, le Wildcat, dont l’une des missions sera d’assurer la supériorité arienne. Le concept retenu par l’ingénieur Rex B. Beisel est de faire « le plus petit avion possible avec le plus gros moteur possible ». Deux ans plus tard, le cahier des charges est modifié pour incorporer un blindage visant notamment à protéger les réservoirs. L’armement est également renforcé : en plus de deux fois 4 bombes de 235 kg, six mitrailleuses de 12.7 au lieu de 4 dont deux de 7.62 et deux de 12.7. Le , le dossier définitif de l’avion de série est présenté. Le , l’aéronavale américaine passa une première commande de 584 Corsair, livrables un an plus tard. Dans le cadre de la Loi-Prébail, l’avion est également vendu au Royaume-Uni et à la Nouvelle-Zélande.  L’avion au moment de sa mise en service est considéré comme le plus rapide de sa génération : 400 nautiques, soit 640km/h pour un poids Les Britanniques recevront leurs premiers Corsair en juin 1943 et seront les premiers à le mettre en œuvre sur porte-avion. L’US Navy et les Marines vont employer le Corsair dans le Pacifique où l’avion se couvrira de gloire avant de devenir un avion de légende grâce aux « Têtes brûlées » après que les exploits de la VMF-214 commandée par le major Gregory M. « Papy » Boyington fassent la Une des journaux. (Robert Conrad dans le rôle de Gregg Pappy Boyington)

Écusson de la flotille VMA-214 Blacksheep de l'USMC. -
Écusson de la flottille VMA-214 Blacksheep de l’USMC 

Connu sous le nom de « mort sifflante » au Japon en raison du bruit que faisait l’air sur les bords d’attaque des ailes, le Corsair poursuivra sa carrière jusqu’en 1968 et sera construit à 12 583 exemplaires. Après la guerre, une centaine d’exemplaires seront livrés à la France et d’autres à l’Argentine, au Honduras et au Salvador. (Source: Wikipedia).

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F4U restauré aux couleurs de l’USMC dans les années 2000Photo Gerry Metzler
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Corsair de l’aéronavale, ailes repliées, à l’Avia Expo (2002)Photo

Les pilotes de l’US Navy et de l’USMC ont été les principaux utilisateurs du Chance Vought F-4U Corsair, successeur du Wildcat, un avion qui s’est particulièrement illustré dans le Pacifique et qui restera en service jusqu’en 1968 ! La série télévisée « Les Têtes brûlées » (Baa Baa Black Sheep) a popularisé sa sihoutette trapue et son aile en mouette inversée pour réduire …   

Corsair F4U-4 hondurien restauré -- Photo CC Cogset -
Corsair F4U-4 hondurien restauré

Vought F4U-4B Corsair de la VF-113 appontant sur l’USS Philippine Sea (CV-47) de retour d’une mission en Corée -- Photo Naval History and Heritage Command. -
Durant la guerre de Corée, le Corsair fut utilisé pour 80 % des missions d’appui au sol

Ci-dessous un Corsair piloté par Gerald Beck de Wahpeton (N.-D.) qu’il a lui-même magnifiquement restauré. Cette photo a été prise en vol par Douglas Anderson, Directeur des programmes du Musée de l’Air de Fargo, dans le Dakota du Nord.

Corsair restauré par Gerald Beck -- Photo © prise en vol par Douglas Anderson, directeur des programmes du Musée de l'Air de Fargo (Dakota du Nord). -

A part le Mitsubishi A6M Zero et l’avion lance-torpille B5N1 Kate, également embarqué sur porte-avions, tous les autres avions japonais étaient considérés comme dépassés.

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Zéro A6M2 Modèle 21 restauré par Gerald Beck – Photo © Douglas Anderson

Le modèle le plus avancé était le Mitsubishi A6M2 Model 21, appelé Reisen, ‘Zeke‘ ou encore Zero. Il était armé de 2 canons de 20mm, de deux mitrailleuses de 7,7. Cette splendide photo d’un Zéro A6M2 Modèle 21, entièrement restauré par Gerald Beck de Wahpeton (N.-D.) a également été prise par Douglas Anderson. Plusieurs de ces avions se trouvent encore dans des musées, comme cet autre A6M2 Zero de Mitsubishi au Musée national de l’USAF, mais la plupart ne sont généralement pas en état de voler. Celui qui se trouve reproduit ici et qui se trouve au Musée de Fargo a été fabriqué en décembre 1942 et affecté un mois plus tard à l’une des flottilles de chasses embarquées du porte-avions Zuikaku. Son pilote Katsuma Shigemi a été abattu  le 4 février 1943 au dessus de l’île de Bougainville.

Pilotés par les meilleurs pilotes de l’aéronavale japonaise, les Zéro étaient très rapides, particulièrement manoeuvrables mais leur blindage s’est avéré trop léger. La version sur flotteur du Zéro Nakajima A6M2-N ‘Rufe‘, mais n’ont pas été utilisés à Midway.

Les Nakajima B5N1 ‘Kate’  ont été employés comme chasseurs-bombardiers et comme avions-torpilleurs à la fois. Mais le changement de types d’armes s’est avéré à chaque fois une grande perte de temps. Ils seront remplacés par la suite par des Nakajima B6N ‘Jill’ entre 1943 et 1944.

L’avion lance-torpille Aichi D3A1 ‘Val’ jouera un rôle de premier plan dans les premières victoires japonaises et est censé avoir coulé plus de navires alliés que tout autre avion des forces de l’Axe. Ils seront remplacés par les versions mark 2 et 3 du Yokosuka D4Y1 ‘Judy ’ .

Un Kawanishi E7K1 ‘Dave flottant a été lancé du croiseur Haruna, de même qu’un Mitsubishi F1M ‘Pete et un Aichi E13A ‘Jake du croiseur Tone ainsi que deux Aichi E13A ‘Jake’  du croiseur Chikuma. Le premier modèle dépassé sera abandonné, mais le Jake compte-tenu de son autonomie de 15 heures sera utilisé pendant toute la durée de la guerre.

A la fin de la guerre, la plupart des avions encore valides ont été répartis en escadrons de Kamikaze.

  • Avions japonais embarqués sur porte-avions

Aichi D3A-1 ‘Val Bombardier
Nakajima B5N1 ‘Kate Bombardier lance-torpille
Mitsubishi A6M2 ‘Zero Chasseur
Yokosuka D4Y1-C ‘Judy Bombardier lance-torpille transformé en avion de reconnaissance (basé sur Heinkel He 118)

  • Avions japonais basés sur des navires de guerre

Kawanishi E7K1 Type 94 ‘Dave Biplan de reconnaissance
Mitsubishi F1M ‘Pete Biplan de reconnaissance
Aichi E13A ‘Jake Monoplan de reconnaissance

    (Basés sur ravitailleurs dans la flotte du groupe d’invasion)

Mitsubishi A6M2 -N ‘Rufe Chasseur
Mitsubishi F1M ’Pete Avion de reconnaissance

    (En attente, basés à terre, pour venir en renfort après la prise de Midway)

Mitsubishi G4M1 ‘Betty Chasseur-bombardier lance-torpille (basé à Wake Island)
Kawanishi H8K1 ‘Emily Hydravion de reconnaissance (basé à Jaluit Island

[6] Le choix d’avions très lents par l’Amiral Nagumo est encore une faute inexplicable. Mitsuo Fuchida, dans son livre « Midway, the Battle That Doomed Japan » (Midway, la bataille qui a ruiné le Japon) publié en 1955 relève toutes les erreurs du commandement japonais. Les formations de porte-avions et les navires chargés de les protéger étaient séparés… Pire que tout, les Japonais attaqués de toutes parts étaient obligés de se battre à très basse altitude, ce qui permit à des avions pilotes Dauntless de couler en quelques minutes trois des 4 porte-avions japonais.

[7] L’Académie de Marine a été fondée en 1752. Dissoute comme toute ses consœurs pendant la Révolution, elle n’a été réactivée qu’en 1921. Son siège est à Paris.

[8] Tous les thèmes qui suivent, centrés sur la bataille de Midway, sont développés d’un point de vue beaucoup plus général dans le livre de Guy Labouérie: « de l’Action » publié aux Éditions Economica en 2001.

[9] Documents de référence: A Priceless Advantage: US Navy Communications Intelligence; Introduction; Part One: The Battle of the Coral Sea et Part Two: The Battles for Midway and the Aleutians et Bibliographie par Frederick D. Parker de la National Security Agency retranscrit par Patrick Clancey pour l’HyperWar Foundation. The Japanese Story of the Battle of Midway: Rapport publié par l’Office of Naval Intelligence en mai 1947, transcrit par Jerry Holden pour l’HyperWar Foundation.

[10] Sur les Principes et procédés, cf. Guy Labouérie « Stratégie » (ADDIM 1994).

[11De nombreux liens ayant été désactivés, après vérification, certains ont été modifiés, d’autres supprimés. En particulier les photos provenant de l’U.S. Naval Historical Center qui ont été transférées au Naval History and Heritage Command. 

Lire également du même auteur : dans la série « les leçons de la bataille de Midway »

Penser l’Océan avec Midway : Relire l’amiral Nimitz            

Midway (13) : Commentaires généraux

Midway (12) : La bataille du 4 juin 1942

Midway (11) : Appareillages et transits des forces

Midway (10) : Le dispositif américain

Midway (9) : Le plan d’opération japonais

Midway (8) : Projets japonais après Pearl Harbor

Midway (7) : Les réactions américaines après Pearl Harbor 

Midway (6) : Lacunes mises en évidence par Pearl Harbor et conséquences 

Midway (5) : La montée vers la guerre

Midway (4) : La situation immédiate

Midway (3) : Le terrain

Midway (2) : Retour sur le passé: effet mémoire

Midway (1) : Une OPA hostile ratée

Dans la série « les leçons de l’Océan »

Dans la série « analyse stratégique »

  • Avions japonais embarqués sur porte-avions

Aichi D3A-1 ‘Val Bombardier
Nakajima B5N1 ‘Kate Bombardier lance-torpille
Mitsubishi A6M2 ‘Zero Chasseur
Yokosuka D4Y1-C ‘Judy Bombardier lance-torpille transformé en avion de reconnaissance (basé sur Heinkel He 118)

Kawanishi E7K1 Type 94 ‘Dave Biplan de reconnaissance
Mitsubishi F1M ‘Pete Biplan de reconnaissance
Aichi E13A ‘Jake Monoplan de reconnaissance

    (Basés sur ravitailleurs dans la flotte du groupe d’invasion)

Mitsubishi A6M2 -N ‘Rufe Chasseur
Mitsubishi F1M ’Pete Avion de reconnaissance

    (En attente, basés à terre, pour venir en renfort après la prise de Midway)

Mitsubishi G4M1 ‘Betty Chasseur-bombardier lance-torpille (basé à Wake Island)
Kawanishi H8K1 ‘Emily Hydravion de reconnaissance (basé à Jaluit Island

[6] Le choix d’avions très lents par l’Amiral Nagumo est encore une faute inexplicable. Mitsuo Fuchida, dans son livre « Midway, the Battle That Doomed Japan » (Midway, la bataille qui a ruiné le Japon) publié en 1955 relève toutes les erreurs du commandement japonais. Les formations de porte-avions et les navires chargés de les protéger étaient séparés… Pire que tout, les Japonais attaqués de toutes parts étaient obligés de se battre à très basse altitude, ce qui permit à des avions pilotes Dauntless de couler en quelques minutes trois des 4 porte-avions japonais.

[7] L’Académie de Marine a été fondée en 1752. Dissoute comme toute ses consœurs pendant la Révolution, elle n’a été réactivée qu’en 1921. Son siège est à Paris.

[8] Tous les thèmes qui suivent, centrés sur la bataille de Midway, sont développés d’un point de vue beaucoup plus général dans le livre de Guy Labouérie: « de l’Action » publié aux Éditions Economica en 2001.

[9] Documents de référence: A Priceless Advantage: US Navy Communications Intelligence; Introduction; Part One: The Battle of the Coral Sea et Part Two: The Battles for Midway and the Aleutians et Bibliographie par Frederick D. Parker de la National Security Agency retranscrit par Patrick Clancey pour l’HyperWar Foundation. The Japanese Story of the Battle of Midway: Rapport publié par l’Office of Naval Intelligence en mai 1947, transcrit par Jerry Holden pour l’HyperWar Foundation.

[10] Sur les Principes et procédés, cf. Guy Labouérie « Stratégie » (ADDIM 1994).

[11De nombreux liens ayant été désactivés, après vérification, certains ont été modifiés, d’autres supprimés. En particulier les photos provenant de l’U.S. Naval Historical Center qui ont été transférées au Naval History and Heritage Command. 

Lire également du même auteur : dans la série « les leçons de la bataille de Midway »

Dans la série « les leçons de l’Océan »

Dans la série « analyse stratégique »